Simon prêcha d'abord en Égypte, en Mauritanie, en Libye ; saint Jude, après avoir prêché en Afrique avec beaucoup de succès, revint en Orient et annonça l'Évangile dans la Judée, la Samarie, la Syrie et la Mésopotamie. Simon et Jude se rejoignirent en Perse, et là ils combattirent et moururent ensemble.
Les choses extraordinaires que Dieu opéra par leurs mains les firent traiter avec respect par le roi de ce pays, qui leur laissa la liberté de prêcher leur doctrine si sainte et si nouvelle. Un fait vint ajouter à leur prestige : deux tigres, échappés de leur cage, étaient la terreur du pays. Au nom de Jésus-Christ, les Apôtres commandèrent à ces bêtes féroces de les suivre, et ils les emmenèrent dans leur maison. Le roi, toute sa cour et plus de soixante mille Perses se firent chrétiens. Des églises s'élevèrent sur les ruines des temples des idoles ; le triomphe du Christ était complet.
Mais l'ennemi des âmes déchaîna toute sa fureur pour arrêter les progrès de l'Évangile. Simon et Jude étant allés annoncer Jésus-Christ en d'autres villes, les païens voulurent les contraindre à sacrifier au soleil, qu'ils adoraient comme un dieu :
« Mon frère, dit alors Jude à Simon, je vois le Seigneur qui nous appelle.
“Et moi, reprit Simon, j'ai vu aussi Jésus-Christ entouré de ses Anges, et un des Anges m'a dit : ‘Je vous ferai sortir du temple et je ferai crouler sur eux tout l'édifice.’
Qu'il n'en soit pas ainsi ! ai-je répondu, peut-être quelques-uns se convertiront-ils !” »
Et voici qu'en ce moment un Ange leur dit à tous les deux : « Que choisissez-vous, ou la mort pour vous, ou l'extermination de ce peuple impie ? “Miséricorde pour ce peuple ! crièrent les deux Apôtres. Que le martyre soit notre partage !”»
Cependant les prêtres des dieux les exhortaient à sacrifier : « Le soleil, dit Simon, n'est que le serviteur de Dieu ; ce sont les démons qui résident en vos idoles ; je leur ordonne de sortir. » Et les démons, sous une forme horrible, sortirent des statues brisées. Alors le peuple se jeta sur les deux Apôtres et les massacra, pendant qu'ils bénissaient Dieu et priaient pour leurs bourreaux.
Pour approfondir, lire la Catéchèse
du Pape Benoît XVI :
>>> Simon le Cananéen et Jude Thaddée
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
>>> Simon le Cananéen et Jude Thaddée
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
©Evangelizo.org
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
11 octobre 2006
Simon le Cananéen et Jude Thaddée
Chers frères et soeurs,
Nous prenons aujourd'hui en
considération deux des douze Apôtres: Simon le Cananéen et Jude Thaddée
(qu'il ne faut pas confondre avec Judas Iscariote). Nous les considérons
ensemble, non seulement parce que dans les listes des Douze, ils sont toujours
rappelés l'un à côté de l'autre (cf. Mt 10, 4; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13),
mais également parce que les informations qui les concernent ne sont pas
nombreuses, en dehors du fait que le Canon néo-testamentaire conserve une
lettre attribuée à Jude Thaddée.
Simon reçoit un épithète qui
varie dans les quatre listes: alors que Matthieu et Marc le qualifient de
"cananéen", Luc le définit en revanche comme un "zélote".
En réalité, les deux dénominations s'équivalent, car elles signifient la même
chose: dans la langue juive, en effet, le verbe qana' signifie:
"être jaloux, passionné" et peut être utilisé aussi bien à propos de
Dieu, en tant que jaloux du peuple qu'il a choisi (cf. Ex 20, 5), qu'à propos
des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement
total, comme Elie (cf. 1 R 19, 10). Il est donc possible que ce Simon, s'il
n'appartenait pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, fût au
moins caractérisé par un zèle ardent pour l'identité juive, donc pour Dieu,
pour son peuple et pour la Loi divine. S'il en est ainsi,
Simon se situe aux antipodes de Matthieu qui, au contraire, en tant
que publicain, provenait d'une activité considérée comme totalement impure.
C'est le signe évident que Jésus appelle ses disciples et ses collaborateurs
des horizons sociaux et religieux les plus divers, sans aucun préjugé. Ce
sont les personnes qui l'intéressent, pas les catégories sociales ou les
étiquettes! Et il est beau de voir que dans le groupe de ses fidèles, tous,
bien que différents, coexistaient ensemble, surmontant les difficultés
imaginables: en effet, Jésus lui-même était le motif de cohésion, dans
lequel tous se retrouvaient unis. Cela constitue clairement une leçon pour
nous, souvent enclins à souligner les différences, voire les oppositions,
oubliant qu'en Jésus Christ, nous a été donnée la force pour concilier nos
différences. Rappelons-nous également que le groupe des Douze est la
préfiguration de l'Eglise, dans laquelle doivent trouver place tous les
charismes, les peuples, les races, toutes les qualités humaines, qui trouvent
leur composition et leur unité dans la communion avec Jésus.
En ce qui
concerne ensuite Jude Thaddée, il est ainsi appelé par la tradition qui
réunit deux noms différents: en effet, alors que Matthieu et Marc
l'appellent simplement "Thaddée" (Mt 10, 3; Mc 3, 18), Luc l'appelle
"Jude fils de Jacques" (Lc 6, 16; Ac 1, 13). Le surnom de Thaddée est
d'une origine incertaine et il est expliqué soit comme provenant de l'araméen
taddà, qui veut dire "poitrine" et qui signifierait donc
"magnanime", soit comme l'abréviation d'un nom grec comme
"Théodore, Théodote". On ne connaît que peu de choses de lui. Seul
Jean signale une question qu'il posa à Jésus au cours de la Dernière Cène.
Thaddée dit au Seigneur: "Seigneur, pour quelle raison vas-tu te
manifester à nous, et non pas au monde?". C'est une question de grande
actualité, que nous posons nous aussi au Seigneur: pourquoi le Ressuscité
ne s'est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer
que le vainqueur est Dieu? Pourquoi s'est-il manifesté seulement à ses
Disciples? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde. Le Seigneur
dit: "Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père
l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui" (Jn
14, 22-23). Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également
avec le coeur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en nous. Le Seigneur
n'apparaît pas comme une chose. Il veut entrer dans notre vie et sa
manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un coeur
ouvert. Ce n'est qu'ainsi que nous voyons le Ressuscité.
A Jude Thaddée a été attribuée
la paternité de l'une des Lettres du Nouveau Testament, qui sont appelées
"catholiques" car adressées non pas à une Eglise locale déterminée,
mais à un cercle très vaste de destinataires. Celle-ci est en effet
adressée "aux appelés, bien-aimés de Dieu le Père et réservés
pour Jésus Christ" (v. 1). La préoccupation centrale de cet écrit est de
mettre en garde les chrétiens contre tous ceux qui prennent le prétexte de la
grâce de Dieu pour excuser leur débauche et pour égarer leurs autres frères
avec des enseignements inacceptables, en introduisant des divisions au sein de
l'Eglise "dans leurs chimères" (v. 8), c'est ainsi que Jude définit
leurs doctrines et leurs idées particulières. Il les compare même aux anges
déchus et, utilisant des termes forts, dit qu'"ils sont partis sur le
chemin de Caïn" (v. 11). En outre, il les taxe sans hésitation de
"nuages sans eau emportés par le vent; arbres de fin d'automne sans fruits,
deux fois morts, déracinés; flots sauvages de la mer, crachant l'écume de leur
propre honte; astres errants, pour lesquels est réservée à jamais l'obscurité
des ténèbres" (vv. 12-13).
Aujourd'hui, nous ne sommes
peut-être plus habitués à utiliser un langage aussi polémique qui, toutefois,
nous dit quelque chose d'important. Au milieu de toutes les tentations qui
existent, avec tous les courants de la vie moderne, nous devons conserver
l'identité de notre foi. Certes, la voie de l'indulgence et du dialogue, que le
Concile Vatican II a entreprise avec succès, doit assurément être poursuivie
avec une ferme constance. Mais cette voie du dialogue, si nécessaire, ne doit
pas faire oublier le devoir de repenser et de souligner toujours avec tout
autant de force les lignes maîtresses et incontournables de notre identité
chrétienne. D'autre part, il faut bien garder à l'esprit que notre identité
demande la force, la clarté et le courage face aux contradictions du monde dans
lequel nous vivons. C'est pourquoi le texte de la lettre se poursuit
ainsi: "Mais vous, mes bien-aimés, - il s'adresse à nous tous - que
votre foi très sainte soit le fondement de la construction que vous êtes
vous-mêmes. Priez dans l'Esprit Saint, maintenez-vous dans l'amour de Dieu,
attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie
éternelle. Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié..." (vv. 20-22).
La Lettre se conclut sur ces très belles paroles: "Gloire à Dieu,
qui a le pouvoir de vous préserver de la chute et de vous rendre irréprochables
et pleins d'allégresse, pour comparaître devant sa gloire: au Dieu
unique, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force
et puissance, avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles. Amen"
(vv. 24-25).
On voit bien que l'auteur de
ces lignes vit en plénitude sa propre foi, à laquelle appartiennent de grandes
réalités telles que l'intégrité morale et la joie, la confiance et, enfin, la
louange; le tout n'étant motivé que par la bonté de notre unique Dieu et par la
miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ. C'est pourquoi Simon le Cananéen,
ainsi que Jude Thaddée, doivent nous aider à redécouvrir toujours à nouveau et
à vivre inlassablement la beauté de la foi chrétienne, en sachant en donner un
témoignage à la fois fort et serein.
* * *
Je suis heureux de vous
accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue particulièrement les Sœurs de
Jésus-Marie et les servants de messe de la Haute-Ajoie, en Suisse. En vous
mettant à la suite des Apôtres, soyez attentifs à redécouvrir et à vivre
toujours plus intensément la beauté de la foi chrétienne et à en donner un
témoignage fort et serein. Que Dieu vous bénisse !
© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
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