lundi 2 octobre 2017

mon ange marchera devant toi - textes du jour


Lundi 2 Octobre 2017

Il est probable que la votation, hier dimanche, en Catalogne, non par la question à trancher, ni par le score indépendantiste, va marquer une ère nouvelle en Europe, peut-être aussi lourde de conséquences que la « chute du mur de Berlin », chute parce que celles et ceux qui tentaient comme souvent de l’escalader ou le passer en eurent le 9 Novembre 1989 la permission tacite : pendant vingt-hui ans, on avait tiré, on ne tira pas. Le capital hier est que Madrid a tenté par la force policière d’empêcher une votation pacifique. Les manifestants pour voter et pour protéger les lieux de vote – au moins à Barcelone – avaient, selon les images prises par des journalistes français, les mains levées. Ce n’est pas non plus un conflit entre deux peuples d’Espagne, car les violences policières, l’ensemble de la conduite de RAJOY, la présentation-même des événements sur la chaine publique madrilène, ont suscité des protestations des journalistes de télévision à Madrid. Mais si le processus de déclaration unilatérale de l’indépendance de la Catalogne se poursuit et aboutit, en forme de conflit, ou par un accord et un compris, il est apparu aujourd’hui – alors qu’à hier l’ensemble de la question catalane ne passionnait personne ailleurs qu’en Espagne – qu’elle va être contagieuse. Les Flamands, déjà autonomistes, ont délégué beaucoup à Barcelone, et le Premier ministre belge a le premier de tous les dirigeants dans l’Union européenne tenté une appréciation équilibrée : retenue demandée en politique aux Catalans et cessation des mesures de force au gouvernement central. On voit déjà la Corse, les Basques des deux côtés de la frontière, la révision totale des tracés en Europe centrale de l’Est notamment entre Hongrie et Slovaquie, peut-être même en Roumanie. Allant de soi en Europe, sans souvenir des deux après-guerres et des déplacements de populations et de frontières, le pacte, qu’a réussi l’Afrique de l’O.U.A. depuis 1963, a été l’intangibilité des frontières. Sans doute, cette intangibilité ne couvre-t-elle pas les sécessions à partir d’un ensemble : les maladresses puis les atrocités yougoslaves n’ont que vingt ans. Autrement dit, le 1er Octobre 2017 commencerait, aurait commencé un processus de désintégration de plusieurs Etats de la vieille Europe. On voit bien que le « toit européen » dont Jacques DELORS pensa qu’il suffirait à éviter l’anschluss de la DDR par la BDR (appelé réunification allemande), s’il était convenablement réaménagé et re dessiné, règlerait la plupart des problèmes pratiques, mais il ne règlera pas les questions d’amour-propre, les relectures de l’Histoire ? Nous entrons dans une phase toute nouvelle,, important bien plus que les ravaudages ou les dysfonctionnements de l’Union européenne, ces dix dernières années, et plus. Des dislocations, des « balkanisations », autant de reculs et de replis sur soi, tout simplement parce que les élans vers de plus grandes dimensions : l’Europe, ou des aspirations de plus en plus vives mais encore sans applications : la sincérité des démocraties, ne sont pas cultivés.

Ce matin, c’était une nouvelle parmi d’autres, ce soir ce serait la plus sanglante attaque individuelle contre une foule de hasard : la tuerie de Las Vegas avec quantité d’énigmes, puisque le tireur : Steve PADDOCK, 64 ans, retraité de l’armée et ayant combattu au Yemen, pur blanc, se serait converti à l’Islam. Daech aurait revendiqué l’action, quoique le tireur fou se soit suicidé. La vraie biographie serait autre mais ajouterait à l’inexplicable : comptable, retraité confortablement, amateur de beaux voyages : une vingtaine d’armes dans la chambre d’hôtel qu’il loue pour surplomber la foule en fête, et une dizaine au moins chez lui. TRUMP, élu par le lobby des vendeurs et détenteurs d’armes (en Juin 1992, début de la campagne présidentielle de CLINTON c/ BUSH senior, la question faisait déjà un débat décisif), n’évoque évidemment pas cette question préalable.

 Interrogation d’une tout autre échelle (à Las Vegas, près de cinq cent blessés et déjà 58 ou 59 morts) sur l’assassinat au couteau de deux jeunes filles à la gare Saint-Charles : le cri valant identification. L’assassin, déjà identifié sept fois depuis 2005, en situation irrégulière, gardé à vue deux jours avant ses crimes, passible d’extradition, mais le fonctionnaire habilité à la signer n’est pas là (préfecture du Rhône…) et pas de place en camp de rétention. Pendante ces jours-ci devant le Parlement, la loi anti-terroriste, dangereuse par elle-même puisqu’elle va pérenniser des dispositions d’exception, est hors sujet : ce qui importe, bien plus que le renseignement sans cesse évoqué comme la panacée, c’est le bon fonctionnement des procédures existantes, tout simplement et sans coût supplémentaire.

Face à cette mûe que tant d’indices permettent de considérer comme un changement d’époque : 1980 . 2001 déjà, la désolante diminution du politique, devenu seulement thème d’audiences télévisées et de vedettisation des présentatrices et des journalistes. Lea SALAME ce soir à Quotidien : le scandale pas tant de sa faconde et de son culot (fière de son émission avec le Premier ministre comme faire-valoir… jugeant si ce dernier a ou non accompli sa mission… énumérant les clients potentiels selon la promesse d’audience à leur comparution) que du fonctionnement de ce système des médias audio-visuel hissant sur le pavois pour plusieurs décennies avec couverture de magazines et entrée des politiques en dépendance de la déesse ou du dieu … Le risque aussi, terrible de ces émissions, donnant en direct la souffrance, le duel : samedi chez Laurent RUQUIER, cette députée agressée sexuellement par BEAUPIN, alors vice-président de l’Assemblée nationale et cette journaliste lui faisant payer son propre drame naguère : violée enfant par son père ou beau-père, chacune ayant commis un livre…. Il semble même qu’il y aurait eu non-lieu ! La moralisation de la vie publique, ayant fait l’objet d’une mise en scène à la MOLIERE pour sa signature à l’Elysée, ce n’est vraiment pas affaire de financement des partis ou des personnes, pas même de légalité, certainement pas de textes, c’est re-donner à la politique sa noblesse et son sacré, donc l’indépendance vis-à-vis des médias et la maîtrise de son portrait et de l’illustration-explication de son action, vis-à-vis du seul jury : les citoyens. Comment y parvenir ? sans doute par une retenue générale des élus, à commencer par le président de la République. La valeur intrinsèque, les résultats patents et non l’exhibition devenue une drogue jusqu’au plus haut niveau dans notre Etat.

 Prier… les textes pour aujourd’hui présentent, anachroniquement en apparence, nos anges gardiens : c’est d’eux que les enfants tiennent leur insigne dignité, c’est l’un d’eux que Yahvé désigne à Son peuple comme guide et éclaireur [1]. Les êtres spirituels, le monde qui ne se voit, la réalité dont nous ne ressentons que si peu, dont nous savons, d’expérience autant que de science si peu. Pourtant, l’univers originel, le milieu divin, cf. TEILHARD de CHARDIN. Les anges, intervention concrète – oui – de Dieu dans nos vies, Raphaël et Tobie, Gabriel et Marie, Michel de l’Apocalypse, prière de nos enfances. Google, uis wikipédia donnent des films, des exploitations du genre et même des extravagances empruntées à l’astrologie quand elle est fantaisie… j’interrogerai le catéchisme de l’Eglise catholique. Que disent nos textes du jour ? Je vais envoyer un ange devant toi, pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé. Roselyne DUPONT-ROC, chroniqueuse de Prions en Eglise note avec justesse que notre image reçue, ou notre imagination d’une présence mystérieuse derrière nous, à notre épaule, ne nous approche pas de la réalité. L’ange est devant nous, l’ange nous fait face : l’Exode, Marie, il marche à nos côtés, semblable au besoin : Raphaël et Tobie. Le travail conceptuel et la prière à propos de ces « anges gardiens » me semblent du même ordre, de même nature, de même mouvement que toute réflexion sur le mal. Les anges, le diable, toute personne spirituelle – sans doute distincte ? de nous – me paraissent au vrai les acteurs de cette apocalypse personnelle en chacun de nous : le combat spirituel, l’imploration du secours, la marche à la liberté, à la victoire, à la lumière. Le texte est puissant : cette présence et cette aide accompagnent un mouvement, permettent et confirment une orientation et font aboutir : au lieu que je t’ai préparé (ces places que le Christ part préparer pour Ses apôtres). Relation alors : respecte sa présence, écoute sa voix. Ne lui résiste pas ; il ne te pardonnerait pas ta révolte, car mon nom est en lui. Le seul péché impardonnable, selon Jésus : le péché contre l’esprit, majuscule ou pas, car c’est notre essence, notre condition native de créature voulue et aimée de Dieu. Celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux (nous deviendrons semblables à Lui quand nous Le verrons, cf. saint Jean… heureux les pauvres en esprit, car ils verront Dieu). L’art de Jésus : à partir d’une question oiseuse, d’une interrogation déplacée (exactement notre habitude nationale de débattre ce qu’il y a peu lieu de discuter, pour éviter d’aller au bout de pistes décisives…) : qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? pour nous amener à l’essentiel, mais qui se pratique aussitôt et quotidiennement. Jésus appela un petit enfant (il y en avait donc dans la foule qui se pressait autour du Christ) et il le plaça au milieu d’eux…. Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Si nous ne changeons pas, si je ne change pas… moi, tellement à courir et travailler à ce qui, acquis ou pas, ne durera que selon la chair… Notoriété, oeuvre, transmission, sécurisation des miens. Prière et effort sont des demandes, seulement, mais à Qui peut tout et Qui aime.
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[1] - Exode XXIIII 20 à 23 ; psaume XCI ; évangile selon saint Matthieu XVIII 1 à 10

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