hier samedi 30 Septembre, Pointe de Bill
A la suite des remises de prix
concluant les régates... Assis au côté de notre fille, qui
lit, absorbée et heureuse de l’être, je me laisse prendre.
Noté sur mon carnet. – Le ciel devenu gris, déteignant les
nuages. Le vent n’a pas augmenté, mais il est devenu
froid. – J’ai le devoir d’aimer vivre. Uniquement le
devoir de regarder ce que je vois. Question : qui regarde.
Toi paysage ou moi qui regarde ? Tu me fais regarder,
oublieux de moi-même, sans sensation que le vent à ma
gorge. De toute ma vie jusqu’à ce présent, à ce silence, à
ce regard, j’ai payé d’être moi, sans définition ni
fonction. Oui, j’ai regardé.
Choisi d’aller à la « messe
d’installation » de notre ancien recteur : Michel LE
PIVAIN, quatorze ans de ministère chez nous, pas
d’échanges intimes, pas de repas chez nous malgré mon envie, et pourtant
Marguerite a pleuré à l’annonce de son départ et c’est
Edith qui a souhaité que nous allions aujourd’hui à
Port-Louis… convaincue du spirituel chez cet homme rude et
sobre, sans aucun signe d’affectivité envers nous. Elle a
l’idée de revenir dans cette ville qui lui plaît
infiniment, les maisons, les pavés, la cohérence,
l’Histoire, la mer, la taille humaine. Michel LE PIVAIN :
célébration de la
messe particulièrement digne et fervente, mais sans jamais
d’ostentation ni d’artifice, sacrement de pénitence
administré avec une sobriété telle qu’il en ressort
l’essentiel, la présence de Dieu en conscience et en paix.
C’est un peu ce que je dis à une de ses nouvelles
paroissiennes, quand nous marchons vers l’église baroque,
très dépouillée de l’extérieur, bruine, énormément
d’ambiance, la mer comme autour d’une petite île. Parvis,
pour la remise des clés de l’église par la commune au
desservant : la municipalité représentée par le maire,
Daniel MARTIN. Echanges avec celui-ci : EM ? plus à l’aise
dans le mondial et l’européen que… le milliard et demi
pour le logement social va manquer. La ville est petite,
2.750 habitants mais unie, le bassin d’emploi de Lorent se
tarif, plus de production, que des services. Passage de la
sénatrice, ancienne maire, LR. Lui, divers gauche, le
physique de SAPIN avant que celui-ci n’enfle tant de
visage. L’église est très nue, sans acoustique,
sommes-nous prévenus, vitraux modernes pas laids, mais
sans plus. Cela change de notre vieille église, inspirant
par une façon d’épaisseur et de dimensions humaines, la
prière et la suite des générations. Le maire débite,
lisant, l’historique de l’église, malheureusement sans
sonorisation. Attention composée de notre ancien, restant
en aube. Présence du vicaire général mais qui ne marque
pas (la catastrophe avec le précédent : allure, études
romaines, et avenir…), deux diacres. Cérémonial de
l’installation ou prise de possession de nouvelle mission,
que j’ignorais et qu’à part le moment laïque (loi de
Décembre 1905), nous n’avions pas vécu à Surzur, il y a
quinze jours pour l’arrivée du Père Gwenaël AIRAULT :
présentation par le vicaire général, biographie et
diplômes, présentation de la paroisse, de ses structures
et organisations par deux laïcs, mais surtout, seul devant
l’autel, tabernacle ouvert, profession de foi (le Crédo en
français) et profession d’obéissance à l’Eglise, très
détaillée. C’est beau, prenant et sacramentel.
Je me suis pris à rêver ? d’un
cérémonial de ce genre pour nos prises de fonctions
présidentielles. Le rite-même est beaucoup trop court et
sec : la remise des insignes de la Légion d’honneur, le
discours, la foule des invités, et auparavant la soirée
des résultats du scrutin, particulièrement calculé et
artificielle cette fois-ci : l’Europe et Bonaparte, les
pyramides, les Tuileries. La prétention depuis 1974 à
l’ère nouvelle, à la nouveauté de quelqu’un qui n’est
programmé que pour sept ans, puis cinq ans. Je voudrais
d’une part la marque de la continuité, ce pourrait être la
présence, pas seulement en accueil et en entretien seul à
seul en début de rituel, du sortant et de l’arrivant, mais
bien du prédécesseur, battu ou ne se représentant pas, et
si possible de tous les autres. Pas la fête de famille du
nouveau, mais la continuité française et républicaine. Et
un texte qui ne soit pas principalement à la discrétion de
l’arrivant mais qui soit une profession de nationale et
fonctionnelle, une énumération des devoirs, ceux du roi au
moment du sacre, ou les formulaires de serment dans
certains Etats, lees Etats-Unis et, à vérifier, la
République fédérale. Je voudrais aussi le recueillement
sur ce qu’est la fonction. Nos cérémonies de prise de
fonctions sont marquées par l’éphémère et une
personnalisation choquante. Il n’y a pas de commencement,
il y a relais et passage du flambeau, remise des clés, du
calice. Des institutions faites pour la continuité, une
élection faite pour conférer à celui qui l’emporte la
hauteur de vue, l’autorité morale, la liberté de penser et
le pouvoir d’arbitrer, mais plus de jouer lui-même avec ou
contre les autres, ou en solo. Le pays, la fonction
dépassant la personne, symbole de ce prêtre seul devant le
tabernacle, dans le silence de ses paroissiens, les
anciens et les nouveaux, revêtu des transmissions par
l’autorité publique, puis par l’autorité d’Eglise,
serviteur. Pas ses propres idées, mais ce que nous avons
reçu depuis deux mille ans, et qu’avaient préparé deux
mille ans aussi.
Les textes sont pastoraux, pas
dogmatiques. Ils sont de comportement, les nôtres : est-ce ma conduite qui n’est pas la
bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? [1]
L’orientation,
l’effectivité sans que notre passé soit jamais un crédit.
C’est la foi de Dieu en nous et Son respect pour la
liberté de Sa créature. Rien n’est figé, tout est au
présent. Si le juste se détourne de sa justice,
commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son
mal qu’il mourra. La
parabole des deux fils : mon enfant, va travailler
aujourd’hui à la vigne. Celui-ci répondit : je ne veux pas,
mais ensuite s’étant repenti, il y alla… Si le méchant se
détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la
justice, il sauvera sa vie… Le père alla trouver le second
et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : Oui
Seigneur, et il n’y alla pas. Enjeu de ma
vieillesse, c’est maintenant que tout se joue, défi et
aventure qui doivent m’enthousiasmer et me passionner
maintenant que je suis libéré de tout avenir et de toute
interrogation sur les préalables de mes décennies
antérieures et sur un état de vie à tant d’égards
professionnel ou affectif. Le présent, au sens littéral.
Les époques de ma vie, prophétie pour moi-même, ce qu’il
m’a été d’éprouver des autres, ce qu’ils recèlent, sont et
donnent, magnifiquement, et si apparemment ils exercent
les pauvretés ou mesquineries d’un système qu’ils servent,
c’est un encouragement pour être meilleur, moi, que le
« système » et ne pas me laisser obséder par ce que j’en
ai subi (carrière ou refus divers des éditions aux
entreprises) : après avoir vu cela, vous ne vous êtes
même pas repentis plus tard…. Paul, pasteur s’il en
est : ayez assez d’humilité pour estimer les autres
supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas
préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des
autres. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le
Christ Jésus (application
de la recommandation inouïe du Christ aux siens : soyez
parfaits comme votre Père du ciel est parfait). Texte admirablement
lus, surtout l’épître par un jeune garçon, le psaume
chanté d’une voix aussi prenante par l’un des diacres.
Homélie du nouveau recteur de
Port-Louis… dans
un maison, ce ne sont pas les fondations que l’on voit,
c’est l’humilité, c’est notre cœur à l’écoute de l’Esprit
Saint. Se faire humble et serviteur, comme le Christ, comme
la Vierge Marie. … Pour découvrir le monde de la rédemption,
il faut pratiquer le chemin de la conversion. Le chemin de
la sainteté est un chemin de conversion, le chemin de la
Croix. Ce pécheur qu’en chacun de nous par manque
d’humilité, nous avons du mal à reconnaître.
Des images que je n’ai pas su
retenir quand elles furent essentielles : la
signature-même des registres, les deux hommes en chasubles
vertes, penchés. Notre exemplaire Annie… messe à genoux,
chapelet aux doigts, depuis des années, sa communion à
genoux, si fervente, son histoire qu’elle a m’a dit en
très peu de phrases, un soir de l’autre été, au sortir de
notre « partage » mensuel d’évangile avec précisément
notre recteur, m’accordant à ces occasions seulement tous
les signes d’amitié, d’estime et de confiance… la voici
seule au pied des marches de l’autel, sans que la
procession de communion soit encore effective, et le
prêtre lui donne ce qu’elle attend, et ce dont je suis sûr
qu’elle vit.
Tour de la ville sous la bruine,
le port devenu de plaisance, l’ambiance. La notice wikipédia m’apprend une période
espagnole à la « faveur » des guerres de Religion. Le
drame longtemps des côtes de notre pays, dominées par la
flotte des autres, l’anglaise pendant tout le XVIIIème
siècle : Dunkerque occupé à la suite du traité de 1763. La
science de nos rois : le sens des perspectives, de la
cohérence, de la logique de leur royaume, notre pays.
Ce qu’on appelle les
« nouvelles », ce qu’il se passe. Depuis des semaines,
mais je me l’énonce plus nettement, clairement
maintenant : l’époque est énorme, sans précédent pour
l’ensemble de son emprise, elle nous fait mondialement et
nationalement, nous ne la faisons pas. Ce ne sont pas les
multiples causes, thèmes et crises qui la font si forte
sur nous et nouvelle. C’est le manque de prise sur elle,
c’est notre manque de discernement, c’est l’absence de
prophétisme, l’absence d’une volonté de perspective. Nous
sommes tous peuples, toutes conditions de vie, toutes
géographie et histoire propres mêlées, nous ne sommes
ensemble que parce que nous sommes dominés par les
événements et les évolutions.
La Catalogne… le gouvernement
centrale abasourdit. Recommencer les erreurs qui firent la
guerre d’Espagne, avoir multiplié depuis huit jours les
actes de force et les arbitraires pour empêcher une
consultation et entrer ainsi dans ce que nous avons
connu : nos guerres coloniales, les répressions faisant
passer les indécis ou les favorables à l’hostilité. C’est
incompréhensible : se tenir à du texte. Comment le roi
n’a-t-il pas pris fait et cause, non pour l’indépendance
catalane mais pour une recherche de relations qui ne se
fondent pas sur la force et qui précèdent les éléments de
confrontation, les réduisent.
Deux jeunes femmes poignardées
gare Saint-Charles à Marseille. Re-discussion sur les
textes en débat au Parlement. Prétendre animer un pays
quel qu’il soit, le sécuriser par des textes. Evidence que
le renseignement est nécessaire, évidence aussi qu’il faut
des corps de sécurité et de veille formés aux lieux et aux
menaces et que cette arme est à constituer, l’armée
conventionnelle pour l’opération Sentinelle ne convient
pas plus que la police ou la gendarmerie. Débat sur France-Info. Importance des voix
pour la communication, du timbre : celle de COLLOMB, maire
de Lyon devenu ministre de l’Intérieur est aussi mal
ajustée que son physique pour un rôle d’autorité
nationale. La voix d’ERNENWEIN, rédacteur en chef de la
Croix, énorme,
rapante, destructive est désagréable : elle ôte tout goût
à écouter, toute qualité à ce qui est dit.
Mort d’Edmond MAIRE, Edith qui
l’avait rencontré il y quinze ans dans une fondation
d’objet social, le croyait mort. Le certain est son
envergure et son honnêteté, autant que son prédécesseur :
JEANSON, celui qui opéra la sécession vis-à-vis de la
C.F.T.C. et l’abandon de la référence chrétienne
explicite. Des personnalités de cette intégrité et de ce
rayonnement, de cette indépendance d’esprit ne se trouvent
pas actuellement.
Congrès des conservateurs en Grande-Bretagne. Les
institutions britanniques aussi dévoyées aujourd’hui que
les nôtres, hyper-présidentialistes, parce qu’elles ont
perdu - elles - la dogmatique consensuelle de la
souveraineté parlementaire. Le referendum de CAMERON était
une habileté qui est devenue tragique. Toute la classe
politique, et presque tous les intérêts outre-Manche
cherchent à ne pas appliquer le vote. Theresa MAY ne
tiendra pas. La probabilité va être un statut britannique,
de fait, d’exception ce que presque toujours on a voulu à
Londres. Donc, du flou, de même que l’ « initiative
européenne » d’EM ne porte pas à une novation, mais en
plusieurs domaines, pas négligeables il est vrai, au
rafistolage de l’intergouvernemental et de la zone euro.
Le cahin-caha partout tandis qu’à tout moment comme en
Catalogne ou en Birmanie peut éclater le drame parce que
le conflit a couvé, n’a pas été considéré, que toutes les
dimensions sont trop petites aujourd'hui alors qu'on
répété à satiété que nous sommes en mondial et en
planétaire....
[1]
- Ezéchiel XVIII 25 à 28 ;
psaume XXV ; Paul aux Philippiens II 1 à 11 ; évangile
selon saint Matthieu XXI 28 à 32
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