HOMÉLIE DE SAINT AUGUSTIN SUR LE PSAUME 140
Seigneur, j'ai crié vers toi,
écoute-moi ! Nous pouvons tous dire cela. Ce n'est pas moi qui
le dis, c'est le Christ total qui le dit. Mais cela est dit davantage
au nom de son corps ; car, lorsqu'il était ici-bas, il a prié en
portant notre chair, et c'est au nom de son corps qu'il a prié son
Père. Tandis qu'il priait, de grosses gouttes de sang sortaient de
tout son corps. C'est ce qui est écrit dans l'Évangile : Jésus
priait avec plus d'insistance et il eut une sueur de sang. Ce
sang qui jaillit de tout le corps, n'est-ce pas la souffrance des
martyrs, qui appartient à toute l'Église ? Seigneur, je crie
vers toi, écoute-moi ! Entends la voix de ma prière quand je
crierai vers toi. Tu croyais avoir fini de crier, quand tu
disais : Seigneur, j'ai crié vers toi. Tu as crié, mais ne
t'apaise pas encore. Si la détresse est finie, c'en est fini de
crier ; mais si la détresse de l'Église et du corps du Christ se
maintient jusqu'à la fin du monde, il ne faut pas dire seulement :
J'ai crié vers toi, écoute-moi, mais aussi : Entends
la voix de ma prière quand je crierai vers toi.
Que
ma prière, devant toi, s'élève comme un encens, et mes mains,
comme le sacrifice du soir. Tout chrétien reconnaît que cela
s'entend habituellement de son chef en personne. En effet, tandis que
le jour déclinait, vers le soir, le Seigneur sur la croix donna sa
vie pour la reprendre ; il ne l'a pas perdue contre sa
volonté.
Cependant, nous sommes représentés là aussi.
Qu'est-ce qui a été cloué au gibet, sinon ce que le Seigneur a
reçu de nous ? Et comment peut-il se faire que Dieu le Père
délaisse et abandonne son Fils unique, qui n'est avec lui qu'un seul
Dieu ? Cependant, en fixant notre faible nature sur la croix,
puisque, selon l'Apôtre, l'homme ancien qui est en nous a été
fixé à la croix avec lui, c'est par la voix de cet homme qui
est en nous qu'il a crié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné ?
Voilà donc ce qui est le
sacrifice du soir : la passion du Seigneur, la croix du
Seigneur, l'oblation de la victime de notre salut, l'holocauste agréé
par Dieu. Ce sacrifice du soir, il en a fait, par sa résurrection,
l'offrande du matin. La prière qui s'élève, dans sa pureté, du
cœur fidèle, est comme l'encens qui monte de l'autel. Rien n'est
plus délectable que ce parfum du Seigneur, et tous ceux qui croient
doivent en être imprégnés.
Donc, l'homme ancien qui
est en nous a été fixé à la croix avec lui. Telles sont les
paroles de l'Apôtre. Et il ajoute : pour que ce corps du péché
soit réduit à l'impuissance, et qu'ainsi nous ne soyons plus
esclaves du péché.
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