09 heures 35 + Lectio divina 1: le choix et la joie du choix. Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône… Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur. Un comportement, la prudence de la vigilance et de la rectitude : tenez-vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Mais symétriquement, le comportement de Dieu avec nous qui Le choisissons : sois sans crainte, petit troupeau ; votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Et cette responsabilité de nous-mêmes, selon ce qui nous a été donné de naissance ou en cours de cette vie : à qui l’on a beaucoup donné, on demande beaucoup et à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. Dans ce que je vis et ai vécu, la foi - aux effets multiformes dans la psychologie humaine – n’est pas un choix de notre part, elle est un don et d’une telle puissance, d’une telle richesse que vouloir consciemment la refuser est inconcevable, mais l’oublier dans le glissement des jours, et plus encore en cas d’orages où nous ne courons qu’à nous-mêmes et dans l’effroi, est la forme insidieuse de la nier. J’aime cette nouvelle formulation de l’et ne nos inducas in tentationem… au lieu de l’ancienne façon : ne nous laisse pas succomber à la tentation, l’Église propose, avec plus de finesse et de pénétration psychologique, ne nous laisse pas entrer en tentation. Marguerite nous fait continuer ainsi : garde-nous toujours auprès de toi (ainsi l’oubli de Dieu, de Sa souveraineté et de Sa demande, ne pourra être notre cas) pour conclure comme Jésus nous l’a suggéré : et délivrez-nous du mal. Le Notre Père et le Je vous salue, Marie ! se terminent de même par l’aveu de notre condition pécheresse : en être délivré… Pour les auteurs du livre de la Sagesse, sans doute Juifs d’Alexandrie, un moment capitale intellectuelle du monde méditerranéen, si proche chronologiquement du temps du Christ, la nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Abraham et Sara, selon l’auteur de la lettre aux Hébreux, n’ont de comportement explicable que par la foi : penser que Dieu est fidèle à ses promesses. … La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.
Manifestement, ce fond mental et spirituel n’est plus le nôtre en Europe. Il éclairerait les comportements et l’expression de chacun, il mobiliserait les peuples.
Ce que je retiens de ces sept mois de bouleversement, certainement vécus très différemment selon les pays, y compris en Europe, c’est une revanche de la géographie physique et économique de l’Europe sur l’organisation universelle et le système de droit international qu’avait établis cette même Europe, mue par les Etats-Unis depuis la chute de l’hitlérisme, un centrisme euro-atlantique faisant s’aligner sur des principes et des mouvements de pensée des pays et des peuples totalement autres, et situés autrement : l’Afrique et le Proche-Orient en décolonisation, l’Extrême-Orient, simplifié à l’extrême après la défait du Japon… et de la France. Entre la fin de la guerre américaine du Vietnam (1973) et le début de la guerre russe en Ukraine (2022), se sont produits deux infiltrations capitales, mais aujourd’hui à un point mort : l’unification territoriale de l’Europe et l’entrée de la Chine populaire dans le système mondial (admission aux Nations-Unies en 1971, avancée de la « route de la soie » principalement marquée par une installation pérenne au port grec du Pirée et militaire à Djibouti, parmi d’autres points d’appui également étrangers au pays). Et par conséquent, une absence de principes et de fins dans lesquels s’inscriraient les événements. Nous ressentons des politiques de force, défiant tout ordre international. La même déliquescence caractérise notre vie nationale : les élections ne sont plus significatives puisque l’élu de 2017 périme les jurisprudences constitutionnelles, les partis traditionnels, y compris celui qu’il avait primitivement formé, et surtout ce qui avait fait consensus depuis la Libération : le rôle de l’État dans l’économie et dans la société, manifesté par une planification pluriannuelle et par des gestions tripartites des principales institutions de solidarité sociale. Il n’y a pas que notre économie ou notre société à ne plus être encadrées et voulues, il y a désormais le vau-l’eau d’une opinion publique à qui ni décision ni orientation ne sont proposées : l’exemple le plus dangereux est la mise au « débat » de nos politiques d’accueil des migrations, phénomène qui ne sera jamais bilatéral, qui est une constante mondiale appelant précisément à des ossatures intérieures plus conscientes et fortes dans chacun des pays d’accueil, principalement les pays anglo-saxons et l’Europe.
Nous recevons désarmés, y compris militairement, le mouvement d’une Histoire que ni la France ni l’Europe ne font plus. Nous n’arrivons pas même à être cohérents d’un mois à l’autre, vis-à-vis de nous-mêmes et vis-à-vis des autres. Symptomatiques : le choix allemand, en pleine guerre d’Ukraine, de l’avion de combat américain plutôt que notre Rafale ou l’avion de combat futur européen… le mot de souveraineté répudié par le nouveau chancelier allemand, explicitement en conférence de presse censément commune avec Emmanuel MACRON est affiché trois fois dans l »organisation du nouveau gouvernement (le numérique, l’industriel, l’agriculture)… le souhait rapporté par la presse et prêté au chancelier SCHOLZ : en finir avec la politique extérieure française (pas tant notre fiasco au Sahel que nos livraisons d’armes et de Rafale à des pays en guerre, les monarchies pétrolières tendant à annihiler les Yéménites… et l’attitude personnelle du président français répugnant à prendre parti pour l’Ukraine afin de se réserver pour la négociation avec la Russie, mais emmené de force à Kiev par le président du conseil italien et le chancelier allemand, puis objet, il y a trois jours, d’un jugement définitif et méprisant de la Russie : la France n’est pas un pays amical (depuis qu’accompagnant le premier départ de cargo d’Odessa se faufilant au ras des côtes roumaines et bulgares jusqu’aux Détros, pour encore se faire fouiller, EM a téléphoné trois quarts d’heures avec ZELLENSKI). A nos inconséquences et à notre évidente peur d’en découdre, répond la dislocation de nos amitiés et de nos aires d’influence traditionnelles.
Tout chavire et nous ne savons plus nager ni en politique intérieure nationale ni en constitution de l’Europe comme alternative impérieuse à la dérive mondiale vers le dérèglement, le cynisme, la force ?
1- Sagesse XVIII 6 à 9 ; lettre aux Hébreux XI 8 à 19 ; évangile selon saint Luc II 32 à 48
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