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Un tribunal de Melbourne doit décider si les
preuves justifient le renvoi en procès du cardinal George Pell.
LE MONDE | 05.03.2018 à 10h51 • Mis à jour le 05.03.2018 à
11h02 | Par Isabelle Dellerba (Sydney, correspondance)
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Entre 1950 et 2010, 7 % des prêtres d’Australie auraient été visés par des accusations d’agressions sexuelles sur des mineurs sans que celles-ci fassent l’objet d’investigations, selon une commission d’enquête royale établie par le gouvernement australien en 2012. Cette dernière a conclu en décembre 2017 que, pendant des décennies, les principales institutions du pays – églises, écoles, orphelinats, clubs de sport – avaient « gravement manqué à leurs devoirs » de protection de l’enfance.
Redoutable équipe de défense
Si le cardinal Pell a été inculpé pour des actes qui auraient été commis il y a très longtemps, l’âge des victimes présumées et la nature précise des faits supposés n’ont pas été rendus publics. Le prélat de 76 ans a toujours clamé son innocence et entend profiter de la procédure judiciaire pour « laver son nom » : « L’idée même d’agression sexuelle m’est odieuse », avait-il déclaré en juin 2017.La première partie des auditions entamées lundi sera consacrée aux témoignages des plaignants. Elles auront lieu à huis clos et dureront une quinzaine de jours. Au total, une cinquantaine de témoins devraient être convoqués. Ils feront face à la redoutable défense du cardinal Pell, dirigée par l’avocat Robert Richter. Ce ténor du barreau, qui a compté parmi ses clients Julian Knight, un tueur de masse, et Mick Gatto, une figure de la pègre melbournienne, est réputé pour ses contre-interrogatoires pointilleux.
M. Richter devrait notamment demander pourquoi les premières accusations contre le prélat n’ont été portées que de longues années après les faits supposés. Il devrait également se pencher sur la crédibilité des plaignants. Son équipe avait demandé à avoir accès à leurs dossiers médicaux, une requête qui lui avait été refusée par la justice. Elle avait en revanche obtenu gain de cause concernant sa demande de documents à la chaîne australienne ABC.
C’est en effet dans le programme télévisé « 7.30 » que des journalistes avaient révélé, en juillet 2016, l’existence de plaintes contre le cardinal et diffusé le témoignage de deux quadragénaires l’accusant, face caméra, d’attouchements sexuels dans une piscine alors qu’ils étaient enfants à la fin des années 1970. Un troisième homme affirmait qu’il se serait montré nu devant trois garçons dans le vestiaire d’un club de surf pendant l’été austral 1986-1987.
Protocoles
Peu après la diffusion de cette émission, la police avait confirmé, sans fournir de détails, enquêter sur le numéro trois du Vatican. En octobre 2016, trois officiers s’étaient rendus à Rome pour l’entendre. Inculpé en juin 2017, il a été mis en « congé » du Saint-Siège pour pouvoir rentrer dans son pays et se défendre. « On ne doit pas juger le cardinal avant que la justice juge, avait estimé le pape François dès juillet 2016. Une fois que la justice aura parlé, moi, je parlerai. »
Lire aussi : Le
pape nomme une nouvelle commission antipédophilie
En 2014, le pontife avait choisi cet Australien issu des rangs
conservateurs de l’Eglise, énergique et réputé excellent gestionnaire, pour
diriger le nouveau secrétariat à l’économie chargé de gérer les finances du
Vatican. Cette nomination avait fait grincer des dents aux antipodes, où le nom
du cardinal était déjà associé, de manière indirecte, aux affaires de
pédophilie touchant l’institution.Nommé en 1973 vicaire à Ballarat, une ville de l’Etat du Victoria, il y avait officié alors qu’y sévissaient cinq prêtres pédophiles. Il avait été accusé de s’être tu voire d’avoir protégé certains d’entre eux. Entendu trois fois par la commission d’enquête royale sur ces faits et sur son action en tant qu’archevêque de Melbourne, il a toujours nié avoir eu connaissance des crimes commis à Ballarat, et rappelé qu’en 1996 il avait été le premier à mettre en place des protocoles pour répondre aux problèmes de ce genre dans l’Eglise australienne.
Sa défense a annoncé en juillet 2017 qu’il plaiderait non coupable de toutes les charges retenues contre lui dans l’hypothèse d’un renvoi en procès.
Vos réactions (11)
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Victime 05/03/2018 - 13h45
M Richter va demander pourquoi les premières accusations sont arrivées si
tard ? C’est parce que les victimes finissent par parler, un jour : quand elles
étouffent.
max 05/03/2018 - 14h07
Tout à fait d'accord avec vous ! la honte empêche pendant très longtemps les
victimes de parler, surtout lorsqu'il s'agit de religieux, respectés par les
parents ... malheureusement
PATRICK LABIA 05/03/2018 - 13h24
si je comprends bien le cardinal Pell a pelé le jonc! et alors il n'a tué
personne;à une autre époque il aurait eu le prix nobel de littérature ou décoré
la chapelle sixtine;le vatican est il tombé à ce point sous la coupe des anti
harcèlement et autres féministes /vegan/moralistes/journalistes kasher?
Jacques Gisserot 05/03/2018 - 13h02
Les preuves, quelles preuves. Il y en a ou il n’y en a Pas. Parler de
preuves insuffisantes est un crime qui abolit toute idée de justice et par
dessus le marché une absurdité intellectuelle qui nie l’esprit et la raison.
Faire du doute une preuve est immonde et voir dans un faisceau de doutes une
preuve autre que celle de l’absence de toute preuve constitue un effondrement
moral pernicieux, contagieux et répugnant.
Marc D. 05/03/2018 - 12h49
Se montrer nu dans un vestiaire de garçons est une agression sexuelle? Ils
sont de plus en plus fous ces victoriens!
Hilare 05/03/2018 - 12h30
Doux Jésus.... Mais où va t-on si on ne peut plus se pencher
et embrasser un doux jésus....
*
* *
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Le pape nomme une nouvelle commission antipédophilie
Neuf nouveaux membres rejoignent le groupe d’experts,
dont le bilan est critiqué par les victimes d’agressions sexuelles au sein de
l’Eglise.
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http://img.lemde.fr/2018/02/15/0/0/3968/2645/534/0/60/0/a56cb63_5943564-01-06.jpgSept membres de la première commission ont été reconduits, neuf nouveaux les ont rejoints et sept sortants n’ont pas été retenus. Cette commission demeure présidée par le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston. Le Vatican a précisé qu’ainsi constituée, la commission comprenait des victimes d’agressions sexuelles, mais n’a pas précisé qui, afin de les préserver. La précédente commission comprenait deux victimes. Le Britannique Peter Saunders avait été prié de suspendre sa présence en 2016. L’Irlandaise Marie Collins avait fini par démissionner en mars 2017, accusant une partie de la curie romaine, en particulier la Congrégation pour la doctrine de la foi, de traîner les pieds dans la lutte contre la pédophilie.
Rapport sans réponse
Mais ces nominations sont loin d’apporter toutes les réponses. Catherine Bonnet, une pédopsychiatre française qui faisait partie de la première commission et qui n’a pas été reconduite, juge « très ennuyeux » de constater que les propositions faites au pape par la première commission, au terme de trois ans de travail, n’ont jusqu’ici eu aucune réponse. Le 21 septembre 2017, la commission avait remis au pontife un rapport qui formulait plusieurs actions concrètes, comme la levée du secret pontifical en cas d’agression sexuelle pour permettre aux victimes d’être mieux informées, et l’abolition du délai de prescription. « Il n’y a pas eu de réponse. Pour moi, c’est un souci », explique-t-elle.Elle regrette aussi que la commission sortante n’ait à aucun moment pu avoir de séance de travail avec le pape. « Nos propositions sont forcément complexes et délicates. Il est dommage que nous n’ayons pas eu l’occasion de les lui expliquer », ajoute-t-elle. Elle « espère qu’il y aura une certaine continuité et que la prochaine commission tiendra compte de ce qui a été fait ». Elle-même avait transmis au pape sa démission – que François a refusée – en juin 2017, faute d’avoir obtenu que la commission puisse lancer un appel public à témoignages auprès des victimes et de leurs associations, et que soit retenue l’obligation, pour les évêques et les supérieurs d’ordre religieux, de signaler les suspicions de violences sexuelles aux autorités.
Le même jour, samedi, Mgr Charles Scicluna, chargé par le pontife d’enquêter sur les accusations portées contre un évêque chilien par des victimes d’agressions sexuelles, a commencé ses auditions. Il s’est entretenu samedi, à New York, avec Juan Carlos Cruz, l’une des victimes du prêtre Fernando Karadima, un ancien formateur charismatique, reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir agressé des jeunes qu’il formait dans les années 1980 et 1990.
Les « gauchistes » contre l’évêque
Juan Carlos Cruz et au moins deux autres personnes accusent Mgr Juan Barros d’avoir été au courant, et même témoin, de scènes d’agressions et d’avoir couvert ces faits, y compris après être devenu évêque, en 1995. François l’a nommé dans le diocèse d’Osorno début 2015 et il a accusé les laïcs et les membres du clergé qui protestent, depuis, contre cette nomination, d’être manipulés par des « gauchistes ».« Ce fut une longue entrevue, difficile sur le plan émotionnel. Pour la première fois, j’ai le sentiment qu’on nous écoute », a commenté Juan Carlos Cruz, samedi, après avoir rencontré Mgr Charles Scicluna. Selon M. Cruz, la conversation a porté aussi sur le rôle qu’auraient joué d’autres évêques chiliens ainsi que deux cardinaux, Francisco Javier Errazuriz et Ricardo Ezzati, dans la protection de Fernando Karadima. Le cardinal Errazuriz est membre du conseil des neuf cardinaux dont s’est entouré le pape. Une longue lettre de témoignage, écrite par Juan Carlos Cruz, aurait été transmise à François par l’intermédiaire du cardinal O’Malley dans le courant de l’année 2015. Mgr Scicluna, qui préside un conseil du Vatican chargé d’examiner les recours de prêtres soupçonnés de délits graves, comme les viols sur mineurs, était attendu lundi au Chili, où il devait recueillir d’autres témoignages.
Vos réactions (4)
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WTF il y a 2 semaines
Le pape (et par extension ses prédécesseurs) donne l'impression de faire à
peu près autant contre la pédophilie dans les rangs de l'Eglise que ce que fait
Donald Trump (et par extension ses prédécesseurs également) contre la
prolifération des armes aux USA... Dans ces 2 cas les enfants paient un lourd
tribu. Bienvenue dans le 3ème millénaire !
Cyril il y a 2 semaines
Si vraiment l'Eglise voulait régler le problème, ce serait soit par le bas
(exemplarité des sanctions), soit par le haut (femmes prêtres, autorisation du
mariage...) et les 2 en même temps, finalement, ce serait le minima ! Et là, je
regarderai l'église catholique d'un autre œil !
Openeye il y a 2 semaines
C'est le bon moment pour rappeler que Clémenceau avouait que, lorsqu'il
voulait ne pas s'occuper d'un problème, il créait une commission pour s'en
occuper. Le pape connait ses classiques, de toutes évidences.
munstead il y a 2 semaines
Il fait encore mieux! Il dissout la commission quand elle ne lui plaît pas
et en nomme une autre…
Vos réactions (8)
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rob il y a 2 semaines
Comme d'habitude, on enterre les problèmes. Ce pape se décrédibilise de jour
en jour. D'abord le soutien au pédophile chilien; maintenant nomination d'une
commission avec une majorité de gens qui ont soutenu ou soutiennent les prêtres
pédophiles. Bref du grand n'importe quoi.
micélium il y a 2 semaines
la pédophilie c'est ce qui va tuer l'église catholique.elle agonise et c'est
pas un spectacle pour les enfants
Yaka Fokon il y a 2 semaines
Bon pour être curé, évêque, etc il faut avoir un sexe masculin mais il est
interdit de l'utiliser. Solution radicale: la chirurgie,
WTF il y a 2 semaines
Le pape (et par extension ses prédécesseurs) donne l'impression de faire à
peu près autant contre la pédophilie dans les rangs de l'Eglise que ce que fait
Donald Trump (et par extension ses prédécesseurs également) contre la prolifération
des armes aux USA... Dans ces 2 cas les enfants paient un lourd tribu.
Bienvenue dans le 3ème millénaire !
Cyril il y a 2 semaines
Si vraiment l'Eglise voulait régler le problème, ce serait soit par le bas
(exemplarité des sanctions), soit par le haut (femmes prêtres, autorisation du
mariage...) et les 2 en même temps, finalement, ce serait le minima ! Et là, je
regarderai l'église catholique d'un autre œil !
mdut il y a 2 semaines
Alors on passerait du célibat obligatoire au mariage obligatoire ? Et sinon,
les prêtres célibataires seraient en permanence soupçonnés de pédophilie ? Et
enfin, pensez-vous que tous les pédophiles sont célibataires ? La réponse oui
serait une lourde erreur. Les solutions simplistes à un problème complexe
n'ont, en général, que peu de valeur.
Openeye il y a 2 semaines
C'est le bon moment pour rappeler que Clémenceau avouait que, lorsqu'il
voulait ne pas s'occuper d'un problème, il créait une commission pour s'en
occuper. Le pape connait ses classiques, de toutes évidences.
munstead il y a 2 semaines
Il fait encore mieux! Il dissout la commission quand elle ne lui plaît pas
et en nomme une autre…
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