rétrospectivement
écrit le Samedi Saint
. . . Pointe du Bill, 15 heures 21 + La mort
qui peut finir, l’éternité impossible selon les paramètres de
notre vie terrestre, mais garantie par la résurrection du Fils
de l’homme, et pas comme des ectoplasmes amputés de tout ce que
fut et fit leur début terrestre : je crois en la
résurrection de la chair et à la vie éternelle (dans cet ordre). Ma
propre finitude, rappelée par la fatigue se dépouillant de moi
pas facilement, cette épaule droite sans diagnostic tant
qu’elle n’est pas échographiée, de rendez-vous dans la
discipline qu’en fin Mai pour l’agglomération de Vannes. La
mission des époux l’un pour l’autre : le conduire, la conduire
au bonheur qui est relation à soi-même et à la vie bien plus
que toute situation matérielle ou tout ressenti. Le lieu de
nous-mêmes, chacun et tous, la prière. L’émerveillement autant
à l’instant qu’en lecture de vie qu’en rencontre si brève
soit-elle… de l’autre, quand l’ombre est lumière, présence,
qu’elle dévoile.
Expérience… même a
contrario. A la minute, un homme jeune monte dans la salle
haute de la base nautique, il cherche une poubelle y vider des
ferrailles et détritus ramassés sur la plage. Je lui montre. "
Bonne Pâque, s’il y a lieu ". Pierre, lui, me répond : " il y
a lieu…". Seul à la base, voici deux autres, ils voudraient
louer un
katamaran,
courriel au président de notre club et au chef de base : ils
ont appris la voile ici, et citent l’emblématique Pifou. La
demande… En pharmacie ce matin, l’une des laborantines
s’appelle Marie, l’officine et moi nous nous pratiquons depuis
cinq ans (des médicaments pour des relations mauritaniennes en
urgence et avec peu d’ordonnance…). Je lui dis que demain à
l’aube, quelqu’un l’appellera Marie. Elle cherchait le corps
de… ne le trouve pas, voit le jardinier, demande… Marie… Il se présente en
l’appelant par son nom à elle, et c’est elle qui reconnaît qui
Il est. Rabbouni…
Marie, cela vous dit quelque chose ? Mutisme, elle, le
pharmacien, les autres clients. Je dis ce qu’il en est. – Deux
nuits, un jour et demi, à Toulouse, je n’en connais que la
place du Capitole, les rives de la Garonne, visite ancienne à
la troisième de mes filleules. Beauté qui n’est pas immédiate,
puis le dépaysement devient accueillant. Oui, je suis
émerveillé par le tout que les paysages urbains qu’à foison
j’ai découverts, interrogés aimés. L’étonnante cathédrale au
socle rouge pour un porte-cloches, mais pas une flèche ou un
clocher, et à la nef, au chœur non alignés. J’en sors, la
jouxte à ma droite le palais national titré en lettres dorées,
et à son seuil une façon de guérite ou de cabine téléphonique
admirablement « taguée » pour développer la devise de nos
Républiques. Mais je veux regagner l’archevêché actuel, ne
sait plus retrouver la rue étroite Perchepinte. Je demande à
un policier municipal, sortant de la banque qui fait l’angle
de la place qui n’est qu’espace, avec une rue que je
n’identifie pas, comment aller à l’archevêché. Dom Robert LE
GALL, m’y héberge, mon ami fraternel depuis vingt-cinq ans,
débuts marqués par les derniers feux de ma belle fonction, et
les premiers d’une ultime impasse amoureuse : il pétille
d’humour, façon suprême de la charité quand la distance n’est
que respect et atteste de son expérience de l’amour divin et
de toutes vocations, et chacune a plusieurs étapes. Réponse du
policier, le palais national depuis 1793. Conférence
que j’ai été invité à donner aux Sciences Po. locaux par le
frère de mon compagnon d’examen au permis de conduire…
celui-ci casse du béton pour leur père, celui-là multiplie
stages et rédactions pour une carrière en ambassade ou dans
les lieux où s’observent et s’élaborent les stratégies de
défense. Je ne comprends qu’à quelques jours de l’exercice que
c’est la Semaine Sainte, et que je manque l’Office du Jeudi
Saint. Allez à celui du matin, m’est-il répondu.
Hier soir, juste
de retour en fin d’une journée de train qu’ont commencé les
admirables paysages le long de la Garonne et du canal du Midi.
Un bonheur que je nous voudrais en « trinité », ma femme,
notre fille et moi en voiture, tout est en demeures, en
semi-remparts, en églises trapues : Port-Sainte-Marie…
Marguerite m’a fait acheter de quoi manger un peu,
j’escomptais qu’elle ne tiendrait pas à aller à deux offices,
tant elle est fatiguée – croissance. Elle a voulu, elle prend
une aube de garçon, ma femme n’avait pas pensé à emporter la
sienne en allant la chercher au collège, servante d’assemblée.
Tout est en bois marron, rien de peint ou d’orné dans le cœur
de l’église paroissiale de Noyalo, chaleureuse et petite.
L’Office, la Croix, Jésus roi et souverain. Le Père Gwenaël
tient ensuite l’église ouverte, se tient à la disposition des
pénitents éventuels. Marguerite y va, quoique déjà confessée à
l’abbaye de Timadeuc, le mois précédent selon le cycle de sa
préparation à la confirmation. Je ne me suis pas préparé, mais
comment ne pas lui succéder. N réponse à l’exposé de ma
pauvreté et même de ma détresse, le prêtre est d’une
exactitude qui me bouleverse. Vous qui avez tellement le don
de l’émerveillement, demandez-en la reviviscence. Or, la
veille à table avec mon éminent ami Dom Robert, j’évoquais le
mot de GOETHE, l’admiration est la plus belle faculté de
l’homme. Le moine-archevêque réplique : l’émerveillement. Je
comprends la différence, ou plutôt le mouvement : l’admiration
est passive, même si elle est déjà un discernement, le
consentement à ce qui se perçoit, mais l’émerveillement est
actif, prenant, la beauté, la force et nous vibrent ensemble
de se donner mutuellement. Et c’est ma pénitence, le mouvement d’occupation
maintenant. Sans nous concerter, notre fille et moi écrivons
la même intention de prière. – Le thème de ce qu’il m’était
demandé d’exposer : être
ambassadeur, ma mention du Jeudi Saint que je ne
célèbre pas, donnant la préférence à mes jeunes auditeurs,
fascinants de bonne volonté, de disponibilité mais aussi d’un
manque de maîtres, de mentors, de cadres. Je suis attisé (plus
de cent participants à la proposition du cher Thibault C. et
de son association, plus de cinquante adresses internet
recueillies en conclusion, et déjà des messages). Je vais
tenter de me faire inviter à intervalle si possible mensuel et
par l’Institut d’Etudes Politiques en tant que tel : être
présent aux étudiants à la demande, exposés, débats, conseils
tête-à-tête tout en faisant retraite et communion avec mon
merveilleux ami. Et pourquoi pas ? une conférence de même
genre que la mienne, aux mêmes étudiants : être archevêque.
J’en ai un sous la main…
Autre rencontre
encore, une jeune fille qui répond affirmativement : la
Semaine Sainte, elle la suit. La place que je tente d’occuper
dans une queue de TGV plutôt que d’aller m’asseoir en banc de
métro à mon numéro, est la sienne, et elle la prend donc.
Travailler « sur » son ordinateur. Comme nous allons descendre
à la même gare, conversation : assistante parlementaire, deux
mi-temps, le député d’Haguenau, et celui de Narbonne. La
République en marche. Je
donne mon couplet : le soliste et beaucoup de pages au J.O.
mais quoi est fait ou se fait ? Elle m’adresse à BLANQUER dont
je reconnais le CV, j’apprends le dédoublement des classes
primaires comme premier actif du mandat en cours (ma chère
femme nuancera : seulement trois classes en Morbihan).
Dialogue suivi par tout le compartiment. Je demande et obtiens
ses coordonnées internet sur le quai de notre gare d’arrivée à
Vannes, et sous la pluie juste quand arrive à ma rencontre ma
chère femme. Je vais suivre. – Les désordres et violences dans
plusieurs universités, réseau d’un de mes accueillants à Sciences-Po. Toulouse : fantasme ou
souhait du grand précédent : Mai 68. Le mouvement du 22
Mars avait eu son début
vraiment français : la liberté sexuelle, à l’exact rebours des
pudibonderies et pénitences légales e réglementaires qui se
concoctent et se débattent. Voici qu’aujourd’hui le
commencement aurait pour origine une folie ou un forfaiture.
Le recteur de Montpellier aurait mandaté une bande de
cagoulés, pour « casser » le mouvement d’occupation (ne pas
appeler la police, procédure probablement déconseillé par le
ministre, surtout s’il est « bien ». Manque de p…, filmé et
mis n examen. Mais c’est peut-être l’allumette dans la pinède.
L’actuelle monocratie sauvée par l’indigence des syndicats (ou
plutôt de leurs dirigeants) : incapables d’union dans les
mouvements et « mobilisations ». L’erreur impardonnable de
MARTINEZ ne concertant pas la date prochaine pour une nouvelle
manifestation, et la fixant à trois jours du congrès de
MAILLY… et incapables de donner une force et une sémantique
nationales, la réclamation de tous, à ce que le gouvernement
va appeler, comme tous ses prédécesseurs (novation…) : le
refus égoïste des cheminots gavés, privilégiés et gâtés. La
réclamation nationale, c’est évidemment celle de la
démocratie, premier degré de la participation et celle-ci
impérative pour qu’effectivement les Français à l’unisson
avancent et surtout inventent. Et puis assumer continuité et
héritage, surtout quand on a été, moins en vue, mais autant ou
presque aux manettes pendant le mandat précédent… Que notre
déficit public « tombe » pour la première fois au-dessous des
3% du PNB tels qu’exigés par le
traité de Maastricht, cela ne s’est pas fait en un
trimestre de confection et de votation budgétaire, mais en
plusieurs années… peut-être obscures, dont l’efficacité se
vérifiera surement.
Il y a eu tout à
l’heure une barre sur la mer grise. En début d’après-midi
c’était au profond de ce golfe du Morbihan, le film argenté,
étincelant d’un fleuve : la marée montante. Maintenant voiles,
supports et planches sont lavés et rangés.
Cette nuit, toutes
les étapes de notre foi à revivre et réaffirmer, à motiver
selon ce que nous avons reçu. Cent six catéchumènes dans le
diocèse de Toulouse, une dizaine musulmans… taxi uber avant-hier soir. Le
chauffeur Quoique de physique et d’accent locaux se dit
musulman, il réagit à
l’évocation de ce qui se vit, la Semaine Sainte, il en sait le
sens, j’évoque la
lecture la plus facile l’évangile de Luc, vous installer
tranquillement lire d’affilée, avec whisky, vous laisser aller
jusqu’à être arrêté par une phrase et alors y demeurer. Il
acquiesce vivement et cite Cana, l’eau changée en vain.
Kabyle, berbère donc, judéo-chrétien d’origine. Je prends son
numéro de téléphone, il ne pratique pas l’internet. Je pense à mon voisin de
salle d’attente aux urgences il y a quinze jours, lui-aussi
musulman, sans pratique et craignant explicitement « le
jugement ». Je lui rappelle l’ouverture de chaque sourate du Coran
: Dieu miséricordieux
et compatissant… et
combien l’Eglise est depuis deux décennies ou trois en prière
très insistante et prêchée, adonnée à la miséricorde divine.
écrit rétrospectivement, dimanche de Pâques
08 heures 15 + Je
termine maintenant ma méditation du Vendredi-Saint et
les textes de l’Office de la Passion [1].
Oui, le roi de gloire… Quand Jésus leur répondit :
« C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à
terre… Es-tu le roi des
Juifs ? … Alors, tu es
roi ?... Voici, votre roi… Vais-je crucifier votre roi ? Le premier converti, dans
les heures et circonstances de la Passion, est bien Pilate, la
plus haute autorité païenne de l’époque pour les Juifs et
l’occupant. Il est sans a priori, c’est un sceptique : qu’est-ce
que la vérité ? ce qui
n’a pas empêché son discernement : moi, je ne trouve en
lui aucun motif de condamnation… Voyez, je vous l’amène dehors
pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de
condamnation… Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher. Mais il est peureux, la
foule, sa hiérarchie… si tu le relâches, tu n’es pas un
ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur.
C’est pourtant ce titre
que reconnaît à Jésus le Romain : Pilate avait rédigé un
écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit :
« Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Il a cru, il croit. Mais
décisivement, pas la hiérarchie religieuse et sociale des
contemporains du Christ : Alors les grands prêtres des
Juifs dirent à Pilate : « N’écris pas : ‘’Roi des Juifs’’, mais
cet home a dit : je suis le roi des Juifs. Ce qu’en fait, Jésus n’a
jamais dit, roi, totalement et simplement. C’est un autre
Romain, témoin insigne de la mort du Rédempteur qui va au bout
de la reconnaissance, mais ce n’est pas une observation de
Jean : vraiment, cet homme était le Fils de Dieu [2]. Il manque évidemment –
décisivement – le temps grammatical. Vraiment, cet homme est
le Fils de Dieu. Les synoptiques ne rapportent d’ailleurs,
mais quelle est leur source, sinon saint Jean ? ou la Vierge Marie pour
Luc ? qu’une reconnaissance encore incomplète : un juste…,
fils de Dieu, il manque l’article défini, l’exclusif. Le
Fils de Dieu, lui qui se présentait Lui-même, Fils de
l’homme. Oui, adorer
maintenant et toujours, embrasser ce qui porta et martyrisa la
chair, la chair-même qui va ressusciter, ce qu’alors personne
n’attend. Pas même, une espérance et une imagination. Alors
que tout au long de Son ministère public, le Christ annonçant
Sa passion chaque fois que l’enthousiasme prend Ses disciples,
la lie à Sa résurrection et date celle-ci…
Roi, mais
obéissant. Non par ordre, mais par Sa relation-même à Dieu, à
Son Père, au Père. Ce n’est pas de la subordination, c’est de
l’amour, c’est l’amour. Cette démonstration est le fond de
notre rédemption. Le péché, à sa racine, a été désobéissance :
Adam et Eve, les Hébreux au désert. La Rédemption est donc
obéissance. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses
souffrances l‘obéissance et, conduit à sa perfection, il est
devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut
éternel. C’est l’analyse
de la lettre aux Hébreux. La chair humaine du Fils de Dieu
fait homme, est portée à sa perfection, c’est ainsi qu’elle va
mourir, ainsi qu’elle ressuscitera. Humain parmi les hommes,
Jésus va au bout de la logique ineffable de la Rédemption , ce
qu’a prophétisé Isaïe. Il s’est dépouillé lui-même
jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors
qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour
les pécheurs. C’est vivre
et réaliser absolument la dialectique du Magnificat et des Béatitudes : l’inversion de toute
hiérarchie, de toute possession, de toute situation…parmi
les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissant il
partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même.
L’église de
Noyalo… Marguerite
et moi y sommes arrivés en avance… tout était marron, tout
était bois, images que je n’ai pas eu le réflexe de saisir, ce
sera l’an prochain si Dieu me le donne en vie et en prière. Ce
qu’il me vient alors… la
grâce d’être vieux, malade et, un jour pour nous tous, la
grâce d’être mourant : c’est la proximité de Dieu, alors je ne
suis même pas en demande, je suis dépendance, porté, emporté.
– Homélie du Père Gwenaël. Les trois dons du Jeudi-Saint, la
charité en acte, le sacerdoce, l’eucharistie… les trois dons
du Vendredi-Saint : l’humilité, le salut, la liberté. Nos
croix fleurissent avec le Christ, accepter notre croix avec
espérance, et celle du Christ avec confiance.
Extrait d’une
lettre d’un catéchumène à Toulouse, que nous lisait le matin
du Jeudi-Saint, le cher Dom Robert : il y a des larmes
d’amour qui durent plus longtemps que les étoiles du ciel.
[1]
- Isaïe LII 13 à LIII 12 ;
psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16 & V 7 à
9 ; évangile selon saint Jean XVIII 1 à XIX 42
[2]
- A la vue de ce qu’il s’était
passé, le centurion glorifiait Dieu, en disant : « Sûrement,
cet homme était un juste » . évangile selon saint
Luc XXIII 47 – Voyant qu’il avait ainsi expiré, le
centurion, qui se tenait en face de lui, s’écrira « Vraiment cet homme
était fils de Dieu » . évangile selon saint
Marc XV 39 - Quant
au centurion et aux hommes qui étaient avec lui gardaient
Jésus, à la vue du séisme et de ce qu’il se passait, ils
furent saisis d’une grande frayeur et dirent : « Vraiment
celui-ci était fils de Dieu » . évangile selon saint
Matthieu XXVII 54
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