lundi 6 mai 2019
07 heures 51+ Le
mystère de
la mort, abstrait et vécu. Le même ? Un seul mystère ?
que celui de la vie. Téléphone hier matin de Geneviève M. que
je
ne reconnaissais pas aussitôt (ma chère cousine Geneviève L.),
mort de notre voisine Isabelle W. Le coma depuis quelques
jours selon
la correspondance nouée par internet avec son époux revenu
d’Afrique ou d’Asie quand la tumeur s’est déclarée. J’avais
alors entrepris de correspondre avec lui, interrogé à tort en
gendarmerie pour mon porte-document, puisqu’il n’est là que
trois semaines par an : la relation a été mise au clair, au
moins avec lui et les griefs qu’il nourrit envers nous,
s’estimant
agressé, alors que, etc. … avenir de notre voisinage sans
doute
changé, soit la vente et nous organiser pour une relation
normale
avec les prochains, soit la présence complète du vrai fauteur
de
trouble, quittant ses établissements, chacun minuscule et
peut-être
de rapport pour ici. Vie pratique qui pour ces heures-ci le
cède au
changement profond qu’apporte la mort à toute relation
humaine.
Cette femme, grossière au-delà du possible, autant que son
père,
m’impose maintenant respect et compassion. Certainement, une
âme
et un esprit dont nous ne saurons jamais rien, mais qui sont
maintenant à pied d’oeuvre, l’éternité. J’irai, par respect,
à la messe de funérailles demain après-midi, si nous avons de
nouveau la disponibilité
de l’entier de notre « parc automobile ». Précisément,
la question hier soir, quand ma chère femme et moi sommes à la
messe de six heures à la cathédrale : j’aime l’entendre
chanter et réciter à voix basse, j’aime me taire pour
l’entendre,
ne rien dire ni exprimer vocalement pour l’entendre, ou notre
Marguerite quand je suis à ses côtés. Est
descendu aux enfers…
qu’est-ce que cela veut dire ? Intuitivement, est complètement
mort, mais j’interroge google,
la littérature est abondante et conclut à l’universalité de la
mission rédemptrice et enseignante du Christ. Mon acception
confirmée, complétée aussi par un verset de saint Pierre 3
et le cher Benoît XVI prend au compte de toutes les
générations
chrétiennes le commentaire qu’inspire la
si considérable et évocatrice iconographie :
« Jésus
Christ, en descendant dans la nuit de la mort (…) prend Adam
et Ève
par la main, tous les hommes en attente, et Il les conduit à
la
Lumière. ».
08 heures 39 +
Prier, après
quelques instants au téléphone avec notre fille, puis avec ma
chère
femme. Ciel tranquille, calme de nuages diaphanes, parfois un
oiseau,
ni spectacle ni concert que le temps presque immobile (j’avais
d’ailleurs arrêté notre comtoise qui avançait).
08 heures 58 + Le
rapport à
la vie, c’est le rapport aux autres, aidé par la nature tout
entière, et c’est ce rapport aux autres qui rend supportable
et
perfectible notre rapport à nous-mêmes. La grâce, très
clairement
à l’oeuvre, ces heures-ci. Un discernement de ce que je peux
apporter ou défaire dans ma relation avec notre fille ou
plutôt sa
relation avec moi : ne pas peser… Et le mouvement, à nouveau,
très profond, de ma chère femme vers moi. Les jours qui
viennent :
immédiatement du rangement « lourd » avec Bernard, puis
le LCL, probablement bouclable en quelques heures, et enfin
prendre
le rythme quotidien : l’écriture de leur fils, notre
propriété arpentée avec nos chiens et reprise pour son
fleurissement autour de notre terrasse, sur le talus, autour
de la
pergola et au-dessus. Ré-enseigné par tous mes fléchissements,
par
la grâce me rendant aux autres, prendre le manche quand il est
de ma
responsabilité ou de ma compétence.
L’ouverture
par le psaume CXIX :
Lorsque
des grands accusent ton serviteur, je médite sur tes ordres.
Je
trouve mon plaisir en tes exigences : ce sont elles qui me
conseillent. J’énumère
mes voies : tu me réponds ; apprends-moi tes commandements.
Montre-moi la voie de tes préceptes, que je médite sur tes
merveilles. Détourne-moi de la voie du mensonge,fais-moi la
grâce
de ta loi. J’ai choisi la voie de la fidélité, je m’ajuste à
tes décisions. Notre
ressemblance à Dieu et devenir comme Lui parce que nous Le
verrons,
Le voyons, Etienne en procès, à la suite des Apôtres, il est
coupable d’une propagande subversive pour l’ordre établi :
nous l’avons
entendu affirmer que ce Jésus, le Nazaréen, détruirait le Lieu
saint et changerait les coutumes que Moïse nous a transmises. 1
C’est
évidemment tronqué, car le Temple est détruit putativement,
sur
demande de Jésus, pour que Dieu, mis à l’épreuve en son Fils,
le rebâtisse en trois jours, rien de perdu au contraire… mais
une
démonstration de puissance, sinon de divinité. Une prophétie
plus
que l’ouverture d’un chantier. Quant à la Loi de Moïse, elle
n’est pas changée, ni frappée de péremption, elle est
accomplie,
pleinement aboutie.Le procès ne pèse pas au regard de ce
qu’offre
Etienne à ses bourreaux, sans
pouvoir résister à la sagesse et à l’Esprit qui le faisaient
parler… Tous ceux qui siégeaient au Conseil suprême avaient
les
yeux fixés sur Etienne, et ils virent que son visage était
comme
celui d’un ange. Jésus
nous fait revenir à l’essentiel : vous
me cherchez, non parce que vous avez vu des signes mais parce
que
vous avez été rassasiés… Travaillez non pas pour la nourriture
qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans
la
nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que
vous
donnera le Fils de l‘homme.
Dialogue alors, la foule est bien disposée comme très souvent
dans
les évangiles jusqu’au tête-à-queue et au découragement des
interlocuteurs : Que
devons nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? -
L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a
envoyé.
Formule reprise par le Prophète de l’Islam, l’envoyé, croire
en
celui-ci. Mais l’intense différence est la relation avec cet
Envoyé : Mahomet ne peut appeler au dialogue avec lui ni à ce
qu’on prie, puisque sa séparation d’avec le christianisme est
de
ne pas comprendre la Trinité et de la prendre pour la négation
de
l’unicité de Dieu, tandis que Jésus, l’Envoyé, est Dieu
Lui-même, il est le Fils, engendré,
non pas créé. Foi,
contemplation, suprême activité mais d’un autre ordre que le
« faire », est parfaitement compatible avec ce « faire »,
nos activités, le travail qui en sont transfigurés.
Lecture hier soir
des
trois premières pages du Canard, daté de mercredi
dernier. Elles
re-situent tout : EM n’est pas l’agitateur sans but que
beaucoup s’illustrer, non par dessein ou par égotisme, mais
par
entraînement dès que le son et la lumière lui sont présentés.
C’est certainement un destructeur mais avec un dessein, le
sien ou
comme agent d’un système ? toute la question d’une
interprétation de sa personnalité et de ce qu’il conçoit comme
de l’action, question non encore résolue. Il nous
déstructure :
le droit du travail, les statuts et les retraites, hantise de
toute
une droite dite libérale (pas libertaire…) depuis vingt-cinq
ans,
avec soit d’énormes contresens, soit de la démagogie :
l’administration et les « énarques » au plus près du
terrain, ce qui ne veut pas dire des gens, et ce qui est
surtout
oublier, qu’ils y sont, ai si les élus nationaux et locaux,
déjà
et depuis toujours. Sa réduction du gouvernement et du
Parlement à
de l’exécution, son refus du vote blanc et du referendum
(national) d’initiative citoyenne avouent clairement son refus
du
débat. A tel point que « le grand débat national » dont
on ne sait les contributions et synthèses que par bribes et
indirectement, n’a été que du remplissage et surtout
l’occasion
de ses 93 heures en scène. Faute d’adhésion et même de la
chercher, il est tout simplement l’agent de nos immobilismes
et de
nos empêchements, l’exact contraire de ce qu’il a prétendu
être
à son élection. Il change les noms et sigles, comme c’est
devenu
notre habitude nationale selon des dirigeants de l’Etat
(ainsi,
France
Stratégie
quand LJ en 1997 supprime l’outil idéal de concertation et de
projection qu’était notre planification depuis 1945), c’est ce
qu’il va advenir de l’E.N.A. dont le futur sigle rendra
impossible toute adjectivation : l’E.D.F.,
G.D.F., nos grands groupes industriels ou financiers,
l’immatriculation des voitures ont subi cette ablation de tout
repère, de tout « traçage » historique. C’est
mentalement une opération de déstructuration égale à celle
affectant nos institutions. Le
Canard
apprend surtout que la conférence de presse de l’autre jeudi a
été
la manière détournée et peu respectueuse des ministres et du
Premier d’entre eux, de « rendre des arbitrages »… en
finances, ou contre la fusion (qui ne s’en réjouirait) des
fonctions de conseiller départemental et de conseiller
régional :
en gestation depuis NS, des conseillers territoriaux. Ce n’est
pas
même la démocratie octroyée, c’est l’octroi pur et simple,
sans considération aucune de la Constitution. L’immobilisme
engendré par le manque d’égards et provoquant la réaction… les
« gilets jaunes » dont Juliette BINOCHE et Emmanuelle
BEART disent qu’elles en sont… Mon cher Pierre I. dix ans de
plus
que moi ou davantage, concours fonctionnaire (la fameuse
mixité
sociale, les voies d’accès, rien à inventer, elles sont là) a
modifié son opinion sur EM et me rejoint dans l’attente de
Gérard
LARCHER, mais « sans vouloir tuer personne ». Réforme de
l’E.N.A. nous n’en avons pas parlé au téléphone (sa santé
difficile, l’arthrose, à laquelle j’échappe encore :
chondrosulf
depuis
dix ans) mais la question est très précise, je ne sais comment
Frédéric THIRIEZ (mon avocat contre le Quai en 1995-1997 et
qui me
fit gagner, en partie presque entière par le fait que le
rapporteur
public… on disait, alors : commissaire
du Gouvernement) était Ronnie ABRAHAM, édifié
sur « le Département » pour y avoir été un temps
détaché comme conseiller juridique) y répondra. L’accès aux
« grands corps » et au tout-confort de carrière, le
vivier de toutes les opportunités au service de quiconque
recherche
un collaborateur qui « fasse bien » par son titre,
devrait ne plus se faire au concours de sortie et de
classement, mais
quelques années plus tard, dix ans peut-être. J’en ai été
toujours partisan, mais comment procéder : un nouveau concours
et ouvert à qui. Ou bien l’idée me vient. Deux concours :
celui de l’ex-ENA pour le recrutement par tous les ministères,
concours unique interministériel,
d’autant que la répartition des services et administrations
centrales peut changer selon les fusions, création et
agencements de
portefeuilles,
idée essentielle de 1945 et formation d’un esprit commun,
celui du
service de l’État, identifié à celui du bien commun, et un
autre, apparemment plus prestigieux, celui ouvert pour le
recrutement
des corps de contrôle, mais les études et la scolarité
seraient
uniques. –
Portrait
d’EM et de son relationnement avec nous ? Madame de STAËL 2
1 - Actes des Apôtres VI 8 à 15 ;
psaume CXIX ; évangile selon saint Jean VI 22 à 29
2- La plupart des hommes,
dites-vous, ne méritent pas qu’on attache le moindre prix à
leurs discours ; leur haine peu n’être rien, mais leur
insulte est toujours quelque chose. Ils s’égalent à vous,
ils font plus, ils se croient vos supérieurs quand ils vous
calomnient, faut-il leur laisser goûter en paix cet insolent
plaisir ? Avez-vous d’ailleurs réfléchi sur la rapidité avec
laquelle un homme peut se déconsidérer sans retour ? S’il
est indifférent aux premiers mots qu’on hasarde sur lui, si
sa délicatesse supporte le plus léger nuage, quel sentiment
l’avertira que c’en est trop ? D’abord de faux bruits
circuleront, ils s’établiront bientôt après comme vrais dans
la tête de ceux qui ne le connaissent pas ; alors il s’en
irritera, mais trop tard. Quand il se hâterait de chercher
vingt occasions de duel, des traits de courage désordonnés
rétabliront-ils la réputation de son caractère ? Tous ces
effort, tous ces mouvements présentent l’idée de
l’agitation, et l’on ne respecte point celui qui s’agite :
le calme seul est imposant. On ne peut reconquérir en un
jour ce qui est l’ouvrage du temps, et néanmoins la colère
ne vous permettant pas le repos, vous rend incapable de
trouver, ou d’attendre le remède à votre malheur. Je ne sais
ce qui peut nous être réservé dans un autre monde ; mais
l’enfer de celui-ci pour un homme qui a de la fierté, c’est
avoir à supporter la moindre altération à cette intacte
renommée d’honneur et de délicatesse, le premier trésor de
la vie – pp. 120.121 Delphine . An XI . 1803 . chez Maradan
à Paris . 582 pages en deux parties . L’auteure se dit alors
« madame de Stael-Holstein »
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