wikipédia . à jour au 11 juin 2016
Paul VI
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Paul VI
Bienheureux catholique |
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Biographie
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Nom de naissance
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Giovanni Battista Enrico Antonio Maria Montini
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Naissance
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Décès
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Bienheureux de l’Église
catholique
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Pape de l’Église
catholique
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Élection au pontificat
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Intronisation
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Fin du pontificat
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Cardinal de l’Église catholique
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Créé
cardinal |
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Évêque de l’Église catholique
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Consécration épiscopale
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In nomine Domini
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Giovanni Battista Montini, né le 26
septembre
1897
à Concesio,
près de Brescia
(Italie)
et mort le 6
août
1978
à Castel
Gandolfo (Italie), est pape
sous le nom de Paul VI
(en latin
Paulus VI,
en italien
Paolo VI)
du 21
juin
1963
à sa mort, quinze ans plus tard. Il est béatifié le 19 octobre
2014. Il est fêté le 26 septembre.
Sommaire
Biographie
Origines
Les Montini ont une origine montagnarde1.
Brescia,
où Montini passa toute sa jeunesse
Issu d'une famille catholique, Giovanni Battista Enrico Antonio Maria
Montini est le fils de Giorgio Montini (1860-1943), directeur du
journal catholique Il cittadino di Brescia, plusieurs fois
parlementaire, et de Giuditta Alghisi (1874-1943).
Après avoir achevé ses études de droit en 1882, Giorgio Montini
prend la direction du journal catholique de la ville de Brescia,
Il Cittadino di Brescia. Représentant dans sa province du
Mouvement catholique (Movimento cattolico)note
1, il fonde des cuisines économiques, un
dortoir Saint-Vincent pour accueillir les déshérités, et un
"Secrétariat du peuple" destiné à donner des conseils
juridiques et administratifs aux paysans et aux ouvriers2.
Giuditta Alghisi est originaire de Verolavecchia,
un village situé au sud de Brescia.
Ayant perdu ses parents très jeune, elle fut placée sous l'autorité
d'un tuteur et envoyée dans un pensionnat religieux à Milan.
Elle épouse Giorgio Montini le 1er août 1895 à 21 ans,
quinze jours à peine après sa majorité.
Giovanni Battista Montini naît le 26
septembre
1897
à Concesio.
Il est baptisé
à l'église de Pieve di Concesio le 30 septembre de la même année3.
Il a deux frères : l'aîné, Lodovico, devint sénateur, et le
puîné, Francesco, médecin.
Comme le veut la coutume pour les familles bourgeoises de Brescia,
il est confié à une nourrice. C'est Clorinda Zanotti, une mère de
quatre enfants vivant à Sacca
di Nave (près de Concesio), qui s'occupe de lui
pendant quatorze mois.
Giorgio Montini meurt en janvier 1943. Giuditta meurt en mai 1943,
quelques mois après son mari.
Études (1902-1920)
Scolarité
En 1902, Giovanni Battista commence sa scolarité au collège
Cesare-Arici de Brescia, tenu par des jésuites.
Il y fait la connaissance d'Andrea Trebeschi, avec qui il entame ses
premières grandes actions pendant la Première
Guerre mondiale. Il fréquente également en parallèle
la congrégation Sante Maria della pace, inspirée par
Philippe
Néri.
De santé fragile4,
il est contraint de suspendre sa scolarité au bout de deux ans. Sa
mère le fait alors étudier à la maison.
L'année suivante (en 1905), Montini reprend l'école. Ses études,
quoique décousues, sont assez brillantes, si bien que ses camarades
le surnomment « le bûcheur ». Il doit suspendre à
nouveau ses études en 1910, toujours pour des raisons de santé. Ses
parents décident alors de le retirer définitivement du collège et
de lui faire donner des cours particuliers, afin qu'il puisse
présenter l'examen de fin d'études secondaires en candidat libre.
Dès le collège, il rejoint l'association Manzoni, du nom de
l'auteur italien Alessandro
Manzoni, qui rassemblait des élèves et des étudiants
catholiques.
En 1913, il présente un examen d'études secondaires au lycée
d'État de Chiari
puis passe sa maturità classicanote
2 en juin 1916. Il entre au séminaire à la
rentrée suivante.
Séminariste sans passer par le séminaire
Naissance de sa vocation
Montini n'ayant laissé aucun journal intime ni mémoires, on ne peut
déterminer avec exactitude comment nait sa vocation. Plusieurs
épisodes de sa jeunesse concernant la religion l'ont néanmoins
marqué, ce qui a pu déclencher chez lui les premières
interrogations :
-
1907 : la famille Montini se rend à Rome et est reçue par le pape Pie X. La même année, Battista fait sa première communion et reçoit quinze jours plus tard le sacrement de confirmation.
Toujours la même année, les Montini déménagent au 17 via delle Grazie, à proximité de l'église Santa Maria delle Grazie. Ce sanctuaire marial est régulièrement fréquenté par la famille. -
1910 : à Chiari s'installe une communauté bénédictine. Battista, contraint de rester chez lui pour étudier, assiste souvent aux complies et y fait quelques retraites spirituelles. Montini resta toujours en contact avec les moines de cette abbaye : recevant en 1973 au Vatican des abbés bénédictins, il leur dit que c'est à Chiari qu'a germé sa vocation.
Enfin, après avoir quelque temps songé à la vie religieuse, Montini entre au séminaire en septembre 1916.
Déroulement du « séminaire »
C'est au séminaire Santangelo de Brescia
que Battista entre dès septembre 1916. Pourtant, il ne suit pas la
même formation que ses confrères séminaristes : son état de
santé demeurant fragile, le supérieur du séminaire et l'évêque
de Brescia acceptent d'emblée que le jeune homme ne soit pas soumis
à la vie d'internat. Assistant d'abord aux cours en habits civils,
Montini ne peut rapidement plus venir au séminaire. S'ensuit alors
une formation solitaire, à la maison, où quelques prêtres viennent
l'assister.
Ces temps de solitude lui permettent de garder un lien fort avec la
société qui l'entoure. Il prend tout d'abord la présidence de
l'association Manzoni en 1917, grâce à laquelle il lance une
« bibliothèque du soldat » destinée à envoyer aux
soldats du front de bons livres leur permettant de se distraire et
d'entretenir leur foi. Il fonde en parallèle la « Maison du
soldat français », où les soldats de France
peuvent lire des livres et journaux.
En juin 1918, Montini s'attelle à un autre grand projet :
défendre la liberté de l'enseignement. Il lance avec des amis le
magazine La
Fionda dans laquelle il réclame notamment la
création d'une université
catholique.
Enfin, il prend position en faveur du PPI
dont son père est député à trois reprises. Ce parti prône la
liberté de l'enseignement, la défense de la famille et d'autres
points plus administratifs.
Ces actions sociales entament nécessairement le temps de formation
sacerdotale du jeune séminariste, dont les études sont par
conséquent parcellaires et discontinues. Hormis les quelques cours
particuliers que certains prêtres viennent lui dispenser, il étudie
des compendiums
et lit des ouvrages éclectiques, religieux comme profanes. Ce sont
des « lectures variées et hétérogènes, vastes et
désordonnées6 ».
Le 21
novembre
1919,
Battista revêt enfin la soutane.
Six mois plus tard, il est ordonné prêtre : entre les deux
dates, il reçoit rapidement tous les ordres sacrés : la
tonsure le 30 novembre, le sous-diaconat
le 28
février
1920
sont quelques-unes des étapes le conduisant à l'ordination
sacerdotale.
Prêtre (1920-1954)
Ordination
Giovanni
Battista Montini, le jour de son ordination sacerdotale.
Après une retraite spirituelle qu'il doit interrompre à cause de la
chaleur, Montini est ordonné prêtre le 29
mai
1920.
Une dérogation avait dû lui être accordée du fait de son âge, le
Code de droit canonique disposant alors que le candidat devait avoir
vingt-quatre ans révolus.
Il célèbre sa première messe le lendemain dans le sanctuaire de
Santa
Maria delle Grazie, la nappe d'autel ayant été
taillée dans la robe de sa mère. Les images d'ordination qu'il a
fait imprimer portent une citation de Pie
X :
« Accordez, ô mon Dieu, que tous les esprits s'unissent dans
la Vérité et tous les cœurs dans la Charité ».
Études romaines
Arrivée à Rome
L'état de santé de don Montini ne lui permettant pas de lui voir
confier la charge d'une paroisse, son évêque Mgr Gaggia
décide de l'envoyer à Rome
pour compléter ses études.
La
Grégorienne,
une des universités de Rome où le père Montini poursuit ses
études.
Montini arrive à Rome le 10
novembre
1920.
Il y étudie dans deux universités : à la Grégorienne
(chez les jésuites) et à la Sapienza
(université d'État, laïque). Cette double formation coïncide avec
la ligne directrice qui orientera son pontificat : l'ouverture
vers le monde laïc.
Parallèlement à ses études, il continue de collaborer pour La
Fionda et écrit des nouvelles.
Il aide en outre son père à mener sa campagne électorale pour la
XXVIe
législature du royaume d'Italie. Le PPI n'y obtient
que 107 sièges. Pour la première fois, 35 fascistes (dont
Mussolini)
y sont élus.
Admission à l'Académie des nobles ecclésiastiques
Le 27
octobre
1921,
Montini est reçu au Vatican
en compagnie de Longinottinote
3 par Mgr Giuseppe
Pizzardo, substitut à la secrétairerie d'État.
Recommandé par Longinotti, Montini se voit proposer une inscription
à l'Académie
des nobles ecclésiastiques sise à Rome. Cette
institution de haut niveau avait été fondée en 1701
par Clément
XI
pour former les clercs destinés au service diplomatique du
Saint-Siège.
Entrée
de l'Académie
des nobles ecclésiastiques
Entré en novembre à l'Académie, Montini y étudie le latin,
l'histoire ecclésiastique, la diplomatie et le droit. Il publie un
opuscule commentant l'ouvrage d'un de ses amis prêtres le père
Bevilacqua : La Lumière et les ténèbres.
Quand Benoît
XV
meurt le 23
janvier
1922,
Montini va se recueillir devant la dépouille du Saint-Père exposée
dans la basilique
Saint-Pierre. Il assiste en outre au couronnement de
Pie
XI
le 2 février, toujours dans la basilique. Le nouveau pape reçoit
les élèves de l'académie le 6 mars, dont Montini.
Après avoir voyagé en Allemagne
et en Autriche
durant l'été 1922note
4, le jeune prêtre passe son doctorat en droit
canon le 9 décembre suivant.
Attaché à la nonciature de Varsovie
En mai 1923,
Montini apprend qu'il est affecté à la nonciature
de Varsovie
en tant qu'attaché à la nonciature. Sans attribution
déterminée, il ne touche aucun traitement et vit de l'argent que
ses parents lui envoient et des honoraires de messes. De la Pologne,
il suit la politique italienne et dénonce dans ses lettres le
rapprochement de certains membres du PPI avec le parti de Mussolini.
Don Battista est admis à revenir à Rome en octobre 1923, grâce au
nonce de Varsovie Mgr Lauri, et à son père qui fait
valoir que la santé de son fils supporterait très mal l'hiver
polonais.
Aumônier du Cercle romain de la FUCI
La FUCI
(Fédération
des universitaires catholiques italiens) est une
branche de l'Action
catholique italienne (ACI). Il s'agit d'une
association composée de différents cercles en liens étroits avec
la hiérarchie ecclésiastique, chaque cercle étant spirituellement
dirigé par un aumônier.
Un an après son retour de Pologne,
Montini est nommé fin novembre 1923 aumônier du Cercle romain de la
FUCI par son protecteur et ami Mgr Pizzardo. Son travail
est de remettre de l'ordre dans ce cercle en y épurant ses activités
politiques agitées pour y remettre un sang neuf de vie culturelle et
religieuse, dans le but indirect de renforcer les liens entre la FUCI
et l'ACI.
Don Battista n'abandonne pas pour autant son combat politique et
milite pour l'indépendance du PPI face au fascime pour les élections
législatives de 1924.
Toutefois, le parti est divisé et n'obtient plus qu'une quarantaine
de fauteuils à l'assemblée.
Durant l'été 1924,
Montini fait un séjour d'un mois en France :
il prend des cours de français à l'Alliance
française de Paris
dispensés par René
Doumic, et visite notamment le musée
du Louvre et la ville de Lisieux
où repose sainte
Thérèse.
Secrétairerie d'État
Alors qu'il n'a que vingt-sept ans, Montini reçoit une lettre de Mgr
Pizzardo l'informant que le pape Pie
XI
l'autorise à le faire entrer à la secrétairerie
d'État. Il commence sa fonction le 24
octobre
1924
en tant que préposé, le poste le plus modeste.
Employé à la Curie
Après plusieurs mois d'apprentissage, on le nomme minutante
le 9
avril
1925
à la section des Affaires ordinaires. Il est chargé de rédiger,
d'après les instructions reçues, les brouillons, instructions et
circulaires envoyés par la section.
Montini continue en parallèle son apostolat auprès des jeunes,
travaillant au Vatican
le matin puis au Cercle romain de la FUCI l'après-midi. Son activité
apostolique n'est pas de tout repos : il organise des
conférences, donne des leçons sur la morale chrétienne et prêche
des retraites. Pourtant, un incident survient au printemps 1925 :
don Battista organise une semaine d'études sociales pour les jeunes
où son frère Lodovico, alors enseignant en sciences économiques et
sociales à Milan,
fait une intervention. Le quotidien du PPI vante l'engagement
politique des Montini dans lequel est inclus le jeune prêtre. Le
cardinal Pompilj
se plaint auprès de Mgr Pizzardo que le Cercle se
« politise ».
Camérier secret et aumônier national de la FUCI
Mais les événements internes à la FUCI
incitent le pape Pie
XI
à nommer Montini aumônier national de la FUCI
en vue de « dépolitiser » la fédération, de la
désolidariser du PPI et de contrôler les mouvements étudiants.
Pour donner plus d'autorité à l'aumônier, Pie
XI
le nomme camérier
secret, titre ne correspondant plus à aucune fonction
précise. Don Battista, que l'on appelle désormais Mgr
Montini de par sa fonction, donne une ligne plus culturelle et
religieuse à la fédération.
La direction spirituelle de la FUCI
n'est pas de tout repos, notamment à cause des multiples incidents
qui naissent entre les étudiants catholiques et les étudiants
fascistesnote
5. La tentative d'assassinat de Mussolini
le 31
octobre
1926
envenime ces incidents.
Montini adopte alors une nouvelle stratégie pour évangéliser le
milieu étudiant sans risquer de heurts : le combat culturel,
visant à former de l'intérieur le milieu étudiant en donnant un
nouvel élan à la culture catholique. C'est ainsi que Mgr
Montini fonde la maison d'édition Studium et crée un bimensuel,
Azione fucina. Tout en publiant des articles, il rédige aussi
une importante étude sur la vie et l'enseignement du Christ d'après
le Nouveau Testament. Ses écrits témoignent de l'influence qu'a eu
sur lui l'abbé Maurice
Zundelnote
6 et le philosophe Jacques
Maritainnote
7.
La montée du fascisme inquiète Montini, qui émet la plus grande
réserve au moment de la conclusion des accords
du Latran7
auquel il accepte toutefois d'assister. Peu de temps après, il
exclut de la FUCI les étudiants refusant de partir du Groupement
universitaire fasciste. Malgré ces concessions, il est repéré à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Curie comme un des tenants
de la ligne d'opposition au fascisme. Il rencontre de nombreux futurs
dirigeants de la démocratie chrétienne parmi lesquels Aldo
Moro avec lequel il entretient des rapports personnels
d'amitié.
Primo Minutante et démission forcée de la FUCI
Un an après la signature des accords du Latran, le cardinal Pietro
Gasparri abandonne sa charge de secrétaire d'État,
poste rapidement pourvu par le cardinal Pacelli, futur Pie
XII.
Ce changement de poste est précédé par un remaniement au sein de
la congrégation, et Mgr Montini est nommé primo
minutante en succession de Mgr Domenico
Tardini, nommé sous-secrétaire.
Malgré son nouveau poste et l'accroissement de la charge de travail
en découlant, Mgr Montini continue son apostolat auprès
des étudiants de la FUCI.
Néanmoins, le mouvement essuie bientôt de grandes difficultés, et
Montini se voit contraint d'en démissionner :
D'une part, la presse fasciste suspecte la FUCI et autres
mouvements catholiques d'êtres des « organisations
concurrentes des corporations fascistes », ce qui conduit
Mussolini
à interdire aux adhérents du Parti national fasciste d'appartenir à
tout mouvement d'Action catholique8.
Des accords sont signés le 2
septembre
1931
entre le Saint-Siège et le gouvernement, dans lesquels l'Église
fait de nombreuses concessions, ce que dénonce Montini.
D'autre part, Montini lui-même doit faire face à plusieurs
accusations :
-
Le nouvel aumônier du cercle romain de la FUCI, Mgr Ronca, dénonce la circulaire envoyée par Montini (aumônier national) pour Pâques 1931, dans laquelle il critique notamment « l'inutile et malséante multiplicité de candélabres, palmes, fleurs, etc. » qui décore les autels des églises9, ce qui choque plusieurs aumôniers locaux du mouvement ;
-
Son ouvrage La Via di Cristo (La Voie du Christ) n'obtient que difficilement le nihil obstat de l'évêque de Brescia ;
-
Enfin, des rivalités naissent entre la FUCI et les Jésuites, qui enseignent à la Grégorienne, l'enseignement des deux mouvements étant en « concurrence. »
Le 12
mars
1933,
un article anonyme d'Azione fucina annonce la démission de
Mgr Montini de sa charge d'aumônier national des
associations universitaires catholiques. Beaucoup pensent qu'il
s'agit là d'une démission forcée10.
Une fois démis de ses fonctions, Mgr Montini consacre son
temps, parallèlement au léger travail qu'il exerce à la
secrétairerie d'État, à l'enseignement et à l'écriture. Il
poursuit en effet son enseignement d'histoire de la diplomatie
pontificale à l'université
du Latran et assure un cours d'introduction au dogme
catholique dans la même université. Il publie en outre La Vie du
Christ et une Introduction à l'étude du Christ, et
réalise une traduction de La Religion personnelle du père de
Grandmaison. L'été 1934
est pour lui l'occasion de voyager en France,
en Grande-Bretagne
et en Irlande.
Il s'éloigne de Rome pendant toute l'année 1935
pour des raisons de santé, et se repose près de sa région natale
de Brescia.
À son retour, il retourne à son travail à la secrétairerie
d'État, sans entrain et avec lassitude.
Substitut aux Affaires ordinaires
Fonctions du substitut
Le
palais
apostolique, nouveau lieu de résidence de Mgr
Montini.
Lors du consistoire
du 13
décembre
1937,
le pape Pie
XI
crée cardinal Mgr Pizzardo. Ce dernier est remplacé aux
Affaires extraordinaires par Mgr Tardini, lui-même
remplacé à sa charge de substitut aux Affaires ordinaires par Mgr
Montini.
Cette promotion importante, faisant connaître Montini au-delà du
Vatican,
s'accompagne d'autres promotions annexes : consulteur de la
Congrégation consistoriale et consulteur de la Congrégation du
Saint-Office. Montini quitte alors le palais
du Belvédère pour loger au palais
apostolique, sous les bureaux de la Secrétairerie
d'État. En tant que substitut aux Affaires ordinaires, Montini
devient un proche collaborateur du pape et il est chargé des
relations du Saint-Siège avec les grands organismes de l'Église ;
il peut transmettre des recommandations et des directives de la part
de l'autorité supérieure, en plus d'un rôle d'intermédiaire où
il fait part notamment du point de vue du Saint-Siège à des
personnalités venant le visiter. Sa journée-type commence par une
étude des dossiers, puis une réception par le secrétaire d'État
Pacelli, avant la réception de cardinaux, évêques ou diplomates
lors des audiences qu'il accorde.
Seconde Guerre mondiale
Cependant, la survenance de la Seconde
Guerre mondiale bouscule cette organisation. Montini,
qui a assisté à la signature du concordat
du 20 juillet 1933 entre le Saint-Siège (représenté
par Pacelli, le futur pape Pie
XII)
et le Troisième
Reich11,
est en effet être un témoin privilégié de la guerre et de
l'action du Saint-Siège face à celle-ci. Le nazisme,
déjà condamné par Pie
XI
dans l'encyclique
Mit
brennender Sorge, continue d'inquiéter le
Saint-Siège quand l'Allemagne
annexe l'Autriche
en mars
1938, lors de l'Anschluss.
Le 10
février
1939,
le pape Pie XI meurt ;
son successeur, le cardinal Pacelli,
est élu le 2 mars suivant et prend le nom de Pie
XII.
Pendant le temps du conclave,
Montini veille à l'organisation matérielle des lieux où se
réunissent les cardinaux. Une fois élu, Pie XII
nomme le cardinal Luigi
Maglione secrétaire d'État, mais garde les deux
substituts. Montini et le pape se voient tous les jours avant la
guerre et pendant celle-ci, multipliant les audiences et les
productions de documents. En juillet et août 1939, le Dr
Manfred Kirschberg, de Paris, demande à Mgr Montini
d'attribuer aux juifs d'Europe un territoire en Angola
(territoire portugais) pour les préserver des persécutions, mais le
projet n'aboutit pas12.
Dès le début de la guerre, Montini se voit confier la
responsabilité du Bureau d'informations, organe de liaison entre les
prisonniers de guerre ou internés civils et leurs familles,
notamment en donnant à ces dernières des nouvelles des prisonniers
par radio. En janvier 1940, Pie XII
demande à Montini de diffuser des messages via Radio
Vatican pour dénoncer le sort réservé par les nazis
au clergé et aux civils polonais. Après l'entrée des Allemands
dans Paris
le 14
juin
1940,
Montini adresse un message de soutien à l'abbé Martin, seul
Français de son service13.
Outre les activités prenantes du Bureau d'informations, le substitut
accorde de nombreuses audiences aux diplomates en visite au Vatican,
et participe à la distribution de secours, par l'intermédiaire de
la Croix-Rouge,
aux prisonniers et aux populations civiles.
Rapidement, Mgr Montini est au centre de deux incidents
diplomatiques entre l'Italie
fasciste et le Saint-Siège. D'une part, fin avril 1941, il est
accusé par le ministre Galeazzo
Ciano d'avoir diffusé un tract
antifasciste à des étudiants romains, mais aucun tract n'est
retrouvé ; d'autre part, une note envoyée au Saint-Siège
l'accuse d'avoir organisé une réunion antifasciste dans les
appartements du Vatican, avec des diplomates étrangers :
l'information est vite démentie par le secrétaire d'État.
En novembre 1941, le substitut préside la nouvelle « Commission
pour les secours », chargée d'envoyer des aides financières
et des médicaments aux prisonniers, alliés ou non. À partir de
1942, le Saint-Siège est informé du sort réservé aux Juifs
d'Europe. Ceux de Slovaquie
sont momentanément préservés de la déportation grâce à
l'intervention de la Secrétairerie d'État14
mais, très vite, on informe le Saint-Siège des conséquences de ces
interventions : le 24
juin
1942,
le nonce
apostolique à Berlin
Cesare
Orsenigo informe Mgr Montini que les
démarches tentées en faveur des Juifs « ne sont pas bien
accueillies ; au contraire, elles finissent par indisposer les
autorités »15.
À partir de ce moment, le Saint-Siège, et en particulier le pape
Pie
XII,
réagissent discrètement face aux atrocités nazies, de peur des
représailles16.
À partir de septembre 1942, Montini se trouve au cœur d'un complot
visant à renverser Mussolini17.
La princesse Marie-José
de Belgique, belle-fille du roi Victor-Emmanuel
III,
est reçue en audience le 3
septembre
1942
par Mgr Montini. Elle explique au substitut que le peuple
italien est prêt à abandonner le régime fasciste, que des hommes
sont prêts à assurer la relève et qu'une paix séparée peut être
conclue avec les Alliés18.
Montini, à qui sa fonction permet de rencontrer les diplomates
alliés, fait donc part de ce projet aux Alliés, qui font preuve de
bonnes dispositions. Néanmoins, ils mettent en œuvre leur propre
stratégie : ils commencent par débarquer
en Afrique du Nord le 8
novembre
1942,
se rapprochant ainsi de l'Italie. À l'issue du bombardement de Rome
par les Alliés le 19
juillet
1943,
Montini accompagne Pie
XII
dans les rues de la ville afin de prier et de secourir les pauvres.
L'approche des Alliés ébranle le gouvernement fasciste ; le 24
juillet
1943,
le Grand
Conseil du fascisme vote les pleins pouvoirs au roi
Victor-Emmanuel
III.
Le 25 juillet au matin, l'un des membres du Conseil qui a voté les
pleins pouvoirs, Alberto
De Stefani, demande à Montini que le Saint-Siège
serve d'intermédiaire entre les Alliés et le nouveau gouvernement à
venir19.
Le lendemain, le roi demande au maréchal
Badoglio de former un ministère et ce dernier fait
arrêter Mussolini. Le 13
août
1943,
un nouveau bombardement allié survient sur Rome : Montini
accompagne à nouveau le pape sur les lieux touchés afin de
réconforter la population. Le lendemain, le gouvernement Badoglio
proclame Rome « ville ouverte ».
Jusqu'à la fin de la guerre, Montini est témoin des différents
événements qui touchent Rome, notamment l'occupation de la ville
par les Allemands à partir du 10
septembre
1943,
puis sa libération par les forces alliées le 4
juin
1944.
Cette guerre est aussi pour lui le temps des épreuves : ses
parents meurent en 1943, et plusieurs de ses amis sont déportés
dans des camps
de concentration ; enfin, son ami Longinotti (qui
l'avait fait entrer à l'Académie
des nobles ecclésiastiques), meurt dans un accident
de voiture en 1944.
Après la guerre
Le secrétaire d'État Luigi
Maglione meurt d'une crise
cardiaque le 22
août
1944.
Le pape Pie
XII
ne le remplace pas et la fonction de secrétaire d'État reste
vacante jusqu'à l'élection de Jean
XXIII.
Malgré cela, Mgr Montini a un rôle important dans les
relations diplomatiques entre le Saint-Siège
et les États sortant de la guerre. Bien qu'il n'ait pas pris place
dans le dialogue entre Pie
XII
et le gouvernement français pour remplacer quelques évêques
« collaborateurs »20,
il sert d'intermédiaire entre le pape et Jacques
Maritain, nouvel ambassadeur de France près le
Saint-Siège, au sujet de la responsabilité du peuple allemand. Pie
XII avait en effet
estimé que le peuple allemand n'était pas collectivement coupable
de la Seconde
Guerre mondiale, ce à quoi le philosophe Jacques
Maritain répondait que le peuple allemand était
responsable comme peuple. L'ambassadeur français insiste aussi
auprès de Montini pour que Pie XII
renouvelle son soutien au peuple juif en faisant une déclaration
solennelle de compassion en faveur des victimes de la Shoah.
Au sujet des pays d'Europe
de l'Est soumis au régime soviétique, Mgr
Montini adresse aux diplomates occidentaux plusieurs rapports sur la
situation de ces pays. Il continue d'œuvrer au sein du Bureau
d'informations en faveur des prisonniers libérés et des nouveaux
prisonniers que l'épuration a créé. De plus, il se charge de la
création d'un service d'assistance aux émigrés à la fin de
l'année 1946, pour venir en aide aux populations italiennes,
allemandes et polonaises contraintes de quitter leur territoire du
fait des nouvelles frontières dessinées.
Parallèlement au devenir de l'Europe d'après-guerre, Mgr
Montini a un rôle déterminant dans l'évolution politique de
l'Italie,
jusque dans les années 1950. Face à la Démocratie
chrétienne dirigée par Alcide
De Gasperi, d'autres partis dits chrétiens
apparaissent, notamment à gauche. Montini refuse un tel pluralisme
et Démocratie chrétienne se trouve seule à la tête du
gouvernement italien, les autres partis ne recevant pas le soutien de
l'Église. Lors de l'élaboration de la Constitution
de l'Italie faisant suite au référendum du 2
juin
1946,
Montini insiste pour que les accords
du Latran soient inscrits dans le texte
constitutionnel. Lors de la signature du Traité
de l'Atlantique nord en 1949, il se prononce pour
l'adhésion de l'Italie à l'OTAN,
exprimant ainsi sa propre volonté et celle de Pie XII.
Concernant les syndicats, il inspire la création des Associations
catholiques des travailleurs italiens (ACLI). Il promeut en même
temps la création de syndicats indépendants de l'Église
catholique.
Le bras droit de Pie XII
Le pape Pie
XII
n'ayant pas pris de secrétaire d'État depuis la mort de Mgr
Luigi
Maglione, Mgr Montini devient donc le
subalterne direct du Saint-Père aux affaires ordinaires. Partant, il
rédige ou signe pour le pape un grand nombre de discours, messages
ou allocutions à des organisations, personnalités ou pèlerins de
passage au Vatican.
En outre, il aide le souverain pontife dans la rédaction des
encycliques
et autres grands textes pontificaux. Par exemple, à Frédéric
Joliot-Curie qui demande au pape d'intervenir pour
inciter les pays à réduire leur armement, Montini répond que la
véritable paix a sa source « dans la doctrine enseignée par
Notre-Seigneur Jésus-Christ21. »
Autre exemple : quand l'archevêque orthodoxe d'Athènes
Spyridon
Ier
demande au pape de venir à une célébration pour l'occasion du XIXe
centenaire de l'arrivée de saint
Paul en Grèce,
c'est encore Montini qui décline l'invitation.
Pour autant, ces décisions ne reflètent pas toujours la
personnalité du substitut lui-même. Ce dernier est réputé pour
être ouvert d'esprit, et les théologiens condamnés par le
Saint-Office
ou en passe de l'être viennent d'abord se référer à Montini avant
d'aller voir le pape. Un adage se forme ainsi dans les milieux
ecclésiastiques : « Pourquoi aller à la montagne
(Pie XII) quand on
peut passer par Montini22? »
Un exemple permet de mieux comprendre le rôle d'intermédiaire joué
par le substitut : le père Yves
Congar et le père Féret publient dans La
Maison-Dieu un article critiquant la nouvelle
traduction latine du psautier
engagée par Pie XII.
Recevant le père Congar le 21 mai 1946, Montini dialogue avec lui
sur ces critiques puis sur les thèses d'avant-guerre du père
relatives à l'œcuménisme,
jugées suspectes par Rome23.
Montini transmet aux dicastères
compétents des dossiers, envoyés par le père Congar, sur
l'œcuménisme. Montini apporte aussi son soutien au père Henri
de Lubac, théologien controversé depuis son ouvrage
Surnaturel. En 1948, il réussit à convaincre Pie XII
de recevoir en audience Mgr Bruno
de Solages, recteur de l'Institut
catholique de Toulouse, suspecté d'approuver les
idées du père Teilhard
de Chardin. Le 1er septembre de la même
année, il épargne de l'Index
le livre de Maxence
Van der Meersch, La Petite Sainte Thérèse.
Puis, en mars 1949, il reçoit le frère Roger
Schutz et Max
Thurian, responsables de la Communauté
de Taizé, pour entamer avec eux un dialogue
œcuménique et préparer leur audience prochaine avec le pape.
En 1950, Pie
XII
charge Mgr Montini de la préparation matérielle de
l'Année
sainte : calendrier des pèlerinages nationaux et
des audiences publiques, et possibilités d'hébergement notamment.
Quelques jours avant l'ouverture de cette Année sainte, il anime une
conférence à Rome
devant les autorités civiles et politiques de la capitale, visant à
présenter ladite année. L'assistance admire le prélat et d'aucuns
y voient déjà un futur pape24.
1950 est aussi l'année de la publication de l'encyclique Humani
Generis, dans laquelle le pape dénonce notamment
« quelques opinions fausses qui menacent de ruiner les
fondements de la doctrine catholique »25.
Montini relativise la portée du texte en confiant à son ami Jean
Guitton que le pape ne dénonce pas des erreurs
mais seulement des opinions pouvant aboutir à des erreurs26.
L'Assomption
de la Vierge peint par Michel
Sittow, vers 1500.
Autre grand fait majeur pour l'Église en cette même année :
la proclamation du dogme
de l'Assomption
le 1er novembre. Les protestants s'insurgent contre cette
proclamation car elle attribue un privilège supplémentaire à la
Vierge
Marie qui n'est pas attesté historiquement et, aussi,
elle engage l'infaillibilité
du pape, notion que les protestants refusent également. Recevant
Roger
Schutz et Max
Thurian au Vatican, Montini leur fait part de son
souhait d'une « plus grande discipline et un texte qui précise
la pureté de la doctrine »27.
Montini reçoit beaucoup de prélats
et de diplomates
au Vatican. Parmi ceux-ci, dom Hélder
Câmara avec qui il évoque la création d'une
conférence épiscopale pour le Brésil.
Enfin, le substitut effectue un voyage au Canada
et aux États-Unis
en 1951, où il rencontre notamment Mgr
Spellman, archevêque
de New York.
Pro-secrétaire d'État
Refus présumé d'une promotion cardinalice
En novembre 1952, Mgr Montini et Mgr Tardini
obtiennent le titre de pro-secrétaires d'État, distinction
purement honorifique. Lors du consistoire
du 12 janvier suivant, Pie
XII
annonce aux nouveaux cardinaux qu'il les a nommés pro-secrétaires
d'État car ils ont refusé la barrette de cardinal28.
Selon certains, Pie
XII
lui aurait « suggéré » de renoncer à cette promotion,
probablement parce qu'il ne voulait pas de lui comme successeur29.
Quelques auteurs, dont Jean
Guitton, l'ont en effet affirmé. Le philosophe et ami
de Montini dira plusieurs décennies plus tard : « Il y a
des choses que je sais et qui sont difficiles à dire. Il est certain
que ce fut dramatique. À un certain moment, Pie XII
a conçu pour Montini de la défiance. Il a compris que c'était son
devoir d'empêcher Montini de devenir pape30. »
Plusieurs prises de position politiques lui sont en effet reprochées
au sein même de la secrétairerie
d'État, comme par exemple l'unité des catholiques
dans la Démocratie
chrétienne ou encore l'hostilité à la création
d'un syndicat catholique. De plus, il adopte des positions
différentes du Saint-Siège,
quand il défend sans ambigüité le livre Vraie et Fausse Réforme
de l'Église d'Yves
Congar31
ou encore quand il dit à Mgr Lefebvre
que l'Église ne doit pas condamner Réarmement
moral32,
organisation pourtant critiquée par le Saint-Office en 1955. Enfin,
quand Alcide
de Gasperi était président du Conseil, Montini
l'encouragea discrètement, en contradiction avec les instructions de
Pie
XII,
à se rapprocher du Parti Socialiste Italien, dirigé par Pietro
Nenni, pour éloigner ce dernier des communistes. Le
théologien jésuite Alighiero
Tondi compromis dans une affaire d'espionnage
soviétique au Vatican en 1953 fut le secrétaire de Montini33.
Malgré tout cela, Mgr Tardini,
substitut aux Affaires extraordinaires, affirma plus tard que Montini
et lui ont refusé la barrette rouge quand Pie XII
la leur proposa en mai 195234.
Pourtant, ils l'accepteront tous les deux dès le premier consistoire
de Jean
XXIII
le 15
décembre
1958.
L'affaire des prêtres-ouvriers
Article
détaillé : Prêtre
ouvrier.
L'année 1953 est aussi pour l'Église l'occasion d'interdire
progressivement l'apostolat des prêtres-ouvriers
dans les usines, ceux-ci étant suspectés d'être trop politisés et
de se situer dans une mouvance marxiste35.
En juillet, le cardinal Giuseppe
Pizzardo (préfet de la Congrégation
des séminaires) interdit aux séminaristes
d'effectuer des stages dans des usines ; en août, interdiction
est faite aux « religieux-ouvriers » de fréquenter les
usines ; en septembre enfin, le nonce à Paris Mgr
Roncalli (futur Jean
XXIII)
demande aux évêques français d'interdire l'expérience des
prêtres-ouvriers en France. Dans toutes ces condamnations, Montini
approuve le Saint-Siège
et justifie ses décisions. Néanmoins en 1965, devenu pape, il
rétablira l'expérience des prêtres-ouvriers.
Archevêque de Milan (1954-1963)
Une nomination mal ressentie
Le cardinal Schuster,
archevêque de Milan
depuis le 26 juin 1929, meurt le 30 août 1954. Peu de temps après,
Pie
XII
annonce à Montini qu'il songe à le nommer à cette fonction.
Bien que le siège archiépiscopal de Milan fût considéré comme
illustrenote
8, Montini ressent cette nomination comme une
sanction36.
Il souffre en effet qu'on l'éloigne ainsi de Rome. Plusieurs raisons
ont été avancées pour tenter d'expliquer cette nomination :
Pie
XII
ne voyait pas Montini devenir pape et souhaitait donc l'éloigner du
Vatican ; aussi, Montini serait entré en contact, à l'insu du
pape, avec les autorités soviétiques pour améliorer les relations
entre l'URSS
et le Vatican, ce qui aurait scandalisé le Souverain Pontife quand
il l'avait appris, et l'aurait donc incité à éloigner le
pro-secrétaire d'État37.
Cependant, le siège de Milan était un siège éminemment
cardinalice, et même papable (Pie XI
venait de Milan). En lui donnant l'expérience pastorale du plus gros
archevêché d'Italie, Pie XII
compensait partiellement son refus de créer cardinal celui qui
devenait l'un des principaux candidats à sa succession, médiate ou
immédiate.
Quoi qu'il en soit, le futur évêque se prépare à sa nouvelle
charge, et reçoit dès le mois de novembre 1954 l'évêque
auxiliaire et le vicaire général de l'archidiocèse
de Milan. Et le 6 novembre, Mgr Montini
fait ses adieux aux membres du corps diplomatique du Saint-Siège.
Ordination épiscopale
La consécration épiscopale de Montini est célébrée le 12
décembre
1954
en la basilique
Saint-Pierre. Pie
XII,
malade, ne peut procéder lui-même au sacre. Le cardinal Eugène
Tisserant est donc le principal consécrateur du
nouvel évêque ; il est secondé par Mgr Giacinto
Tredici et Mgr Domenico
Bernareggi (en),
coconsécrateurs. Le pape avait néanmoins enregistré un message qui
fut diffusé lors de la cérémonie, dans lequel il adressait sa
bénédiction à son « fidèle collaborateur, devenu
aujourd'hui son frère dans l'ordre épiscopal »38.
Montini est amené à choisir son blasonnote
9 et sa devise épiscopale « In nomine
Domini » (« Au nom du Seigneur »)note
10.
Arrivée dans le diocèse
Mgr Montini part de Rome
le 4 janvier 1955 pour son nouveau diocèse, après avoir dit la
Messe à l'autel saint Pie X
dans la basilique
Saint-Pierre. Il prend le train jusqu'à la ville de
Lodi,
où il est reçu par l'évêque du lieu et le vicaire général de
Milan. Puis, se rendant à Milan en voiture, le nouvel archevêque
descend du véhicule et embrasse le sol de son nouveau diocèse.
Le 6 janvier suivant, jour de l'Épiphanie,
Montini fait son entrée officielle à Milan devant une foule
nombreuse et les autorités civiles et religieuses de la ville.
Debout dans une voiture précédant une file de véhicules officiels,
l'archevêque bénit ses fidèles à travers les rues de la ville.
Arrivé au dôme
de Milan, il prononce un discours mêlant esprit de
tradition (« Notre catholicisme doit être intègre et
fidèle ») et esprit d'ouverture (il faut œuvrer à la
« pacification de la tradition catholique italienne avec le bon
humanisme de la vie moderne »).
Grands traits de l'épiscopat
Tâches de l'archevêque
Le diocèse
de Milan, le plus important d'Italie
avec plus de trois millions d'habitants, est en proie à la
déchristianisation
et à la libéralisation
des mœurs. Le nouvel évêque prend donc la charge d'un diocèse
difficile à gérer, lui qui n'a jamais eu à diriger de paroisse en
tant que prêtre.
Mgr Montini se constitue progressivement un cercle
restreint de clercs qui seront aussi ses conseillers, notamment le
supérieur du séminaire de Milan qu'il reçoit tous les mercredis.
Puis, très vite, le prélat s'implique totalement dans la vie
politique et sociale de son diocèse : visite de la Foire
internationale de Milan en avril 1955note
11, visite des hôpitaux, des usines, des
paroisses et des communautés religieuses de son territoire.
L'archevêque s'implique aussi dans la construction de nouvelles
églises : à son départ en 1963, il a fait construire
soixante-douze églises, plus une vingtaine en chantier. C'est pour
lui l'occasion d'inviter les artistes contemporains à créer pour
l'église. Il redéfinit les paroisses, incitant les prêtres à y
inclure des salles de spectacles et des équipements sportifs. Il
crée des mouvements pastoraux comme un bureau d'études promouvant
de nouvelles méthodes de catéchèse
et éditant des manuels de liturgie ; un « Office pastoral
social » pour insérer les immigrants dans les églises ;
et enfin, un « Office d'assistance sociale » distribuant
des secours aux nécessiteux.
L'intensité de ces activités fragilisant davantage sa santé,
l'archevêque obtient la nomination de deux nouveaux évêques
auxiliaires pour l'aider dans sa tâchenote
12 : Mgr Sergio
Pignedoli et Mgr Schiavini.
Il continue à recevoir Roger
Schutz, Max
Thurian et des ecclésiastiques anglicans, ainsi que
des évêques avec qui il joua plus tard un grand rôle pendant le
Concile,
tels Mgr Maurice
Roy (archevêque
de Québec) ou encore Mgr Léon-Joseph
Suenens (évêque auxiliaire de Malines).
Politiquement, il prend position contre l'ouverture à gauche de la
Démocratie
chrétienne, dont le secrétaire élu en 1959 était
Aldo
Moro.
Selon son ami Jean
Guitton, Montini était triste et « souffrait le
martyre », éloigné de Rome
et des affaires du Saint-Siège
où il avait travaillé pendant 30 ans.
La mission de Milan (novembre 1957)
Peu après son installation, l'archevêque émet l'idée d'une grande
mission diocésaine lors d'une réunion avec des prêtres. Cette
mission, limitée à la seule ville de Milan,
a pour but d'aller vers tous ceux qui sont éloignés de l'Église,
les « égarés et les tourmentés, les perdus et les
solitaires ».
Le projet est annoncé officiellement au début de l'année 1956, le
jour de l'Épiphanienote
13. Pendant plusieurs mois, de multiples
réunions sont organisées et des livres de chants et de prières
pour la famille sont édités.
La mission se déroule durant vingt jours, du 5 au 24 novembre 1957.
L'événement est considérable : deux cardinaux
(Giuseppe
Siri et Giacomo
Lercaro), vingt-quatre archevêques et évêques, plus
d'un millier de prêtres et religieux39
sont mobilisés pour prêcher dans les lieux de la ville. Églises,
places publiques, magasins, usines, hôpitaux, écoles et
administrations profitent des prédications toutes construites sur le
thème « Dieu le Père ». Montini insiste pour que la
mission n'offense personne et s'ouvre à tous les Milanais. Il
utilise tous les moyens modernes (hélicoptère...).
Les fruits de la Mission seront pourtant médiocres car, après une
courte ferveur, la situation religieuse et morale de la ville vont en
se dégradant. Montini déclara plus tard dans un synode diocésain :
« L'impulsion de ferveur religieuse suscitée par la mission
citadine de 1957 n'a pas eu les suites positives auxquelles nous nous
attendions. La situation religieuse de la ville est alarmante. »
Centenaire des apparitions de Lourdes
Pour fêter les cent ans des apparitions
mariales de Lourdes, le prélat organise un pèlerinage
sur ce lieu avec 4 500 fidèles de son diocèse, du 26 juin
au 1er juillet 1958.
Ils rendent grâces ensemble pour les fruits de la Mission de Milan.
Mgr Montini fait deux retraites le mois d'août suivant,
dans l'Abbaye
d'Einsiedeln puis dans celle d'Engelberg
en Suisse.
Cardinal
Armoiries
comme cardinal.
Mort de Pie XII et élection de Jean XXIII
Le pape Pie
XII
meurt le 9
octobre
1958
à Castel
Gandolfo, après trois jours d'agonie. Depuis son
ordination épiscopale, Montini ne l'avait vu qu'à quelques
audiences publiques mais jamais personnellement. En se recueillant
devant la dépouille du pape le 10 octobre, le prélat aurait murmuré
« Comme je lui voulais du bien. Et pourtant nous ne nous sommes
pas compris »40.
Bien que Montini ne soit pas cardinal, certains envisagent quand même
son élection au trône de saint
Pierre, ce qui est canoniquement possible mais ne
s'était pas produit depuis l'élection d'Urbain
VI
en 1378. Certains cardinaux, dont Giuseppe
Siri, s'y opposent néanmoins farouchement41.
Le Conclave
de 1958 s'ouvre donc le 26 octobre et, après deux
jours et dix scrutins infructueux, le cardinal Roncalli est élu le
28 et prend le nom de Jean
XXIII.
Le patriarche de Venise est un ancien diplomate du Vatican en
Bulgarie, en Turquie et en France, qui avait été en contact direct
avec Montini, dès le début de sa carrière, et qui en est proche.
Le Consistoire du 15 décembre 1958
Peu de temps avant son couronnement du 4
novembre
1958,
Jean
XXIII
écrit à Mgr Montini pour l'informer qu'il sera très
bientôt créé cardinal, avec notamment Mgr Domenico
Tardini (nouveau secrétaire d'État), pour réparer
ce que l'archevêque ressent encore comme une injustice de la part de
Pie XII. L'annonce de
la nomination de 23 nouveaux cardinaux devient officielle le 17
novembre suivant.
Mgr Montini est finalement nommé cardinal au titre de
Santi
Silvestro e Martino ai Monti lors du consistoire
du 15 décembre 1958.
Début du concile Vatican II
Article
détaillé : IIe
concile œcuménique du Vatican.
Préparation du concile
Le 25 janvier 1959, Jean
XXIII
annonce officiellement son intention de procéder à un concile
œcuménique, afin de prolonger les travaux du Concile
Vatican I,
interrompu en 1870. Le lendemain, Mgr Montini adresse un
communiqué à ses diocésains en affirmant que ce concile est un
« événement historique de première grandeur [...] grand pour
l'Église entière et pour l'humanité ».
Le 17 mai de la même année est créée une commission
antépréparatoire au concile, dirigée par le secrétaire d'État
Domenico
Tardini, afin tout d'abord de recueillir les vœux des
évêques du monde entier sur les sujets à débattre au concile.
Parmi toutes les réponses recueillies, reviennent régulièrement
une proclamation dogmatique de la médiation de la Vierge
Marie, la condamnation du communisme
et l'instauration de la langue
vernaculaire dans la liturgie.
Montini, interrogé en tant qu'archevêque de Milan, propose lui
aussi l'instauration de la langue vernaculaire, mais ne souhaite
aucune proclamation dogmatique ni aucune condamnation de doctrines
dangereuses. Il propose en outre, pour préparer le concile, des
réunions contradictoires entre catholiques, protestants et
orthodoxes.
Le 5 juin 1960 sont créées dix commissions préparatoires chargées
de rédiger des schémas, textes qui seront soumis au vote des
évêques lors des sessions du concile. Parmi ces dix commissions, la
commission théologique, celle de la liturgie et celle des missions.
Trois secrétariats y sont adjoints : secrétariat pour les
questions concernant la presse, secrétariat technique et
administratif, ainsi que secrétariat pour l'unité des chrétiens.
C'est le pape qui préside la commission centrale, chargée de
superviser l'ensemble des organismes.
Chaque commission est présidée par un cardinal, composée de
plusieurs évêques, prêtres ou religieux compétents dans la
matière concernée, et corroborée par des experts (« consulteurs »)
à qui l'on pouvait faire appel pour divers conseils. Jusqu'en juin
1962, ces commissions tiennent des sessions puis soumettent leurs
travaux à l'approbation de la commission centrale. Mgr
Montini ne fait partie d'aucune de ces commissions mais des proches,
dont son théologien privé don Carlo Colombo, en font partie et
peuvent ainsi le tenir informé de l'évolution des travaux. Le
cardinal organise néanmoins plusieurs sessions d'études dans son
propre diocèse, où il montre un fervent optimisme, expliquant que
ce concile, « à la différence de beaucoup de ceux qui l'ont
précédé, se réunit en un moment paisible et fervent de la vie de
l'Église. »42
À la fin de l'année 1961, Jean XXIII
nomme le cardinal Montini membre de la commission centrale.
L'archevêque y prend la parole une soixantaine de fois durant les
cinq sessions qui se tiennent avant l'ouverture du concile, refusant
la proclamation dogmatique de la médiation de la Vierge Marie, ou
encore se prononçant pour l'abolition de la censure. De plus, il se
prononce en faveur de la liberté
religieuse définie comme un droit que l'homme a, par
sa nature même. Recevant quelques membres de la commission
préparatoire de la liturgie, le cardinal prend position pour
l'emploi de la langue vernaculaire (tout en conservant le latin pour
le canon de la Messe)43.
L'ouverture du concile est fixée au 11 octobre 1962, trop tôt selon
le cardinal Montini44 ;
en effet, beaucoup de textes allaient être proposés à la
discussion des évêques, et aucun plan d'ensemble n'était prévu.
Première session
Le concile Vatican
II
s'ouvre à Rome
le 11 octobre 1962 ; plus de 2 000 évêques et
supérieurs du monde entier, ainsi qu'une trentaine d'observateurs
non catholiques, se rassemblent pour l'occasion dans la basilique
Saint-Pierre. Mgr Montini y est présent,
et il a fait inviter son ami Jean
Guitton parmi les observateurs.
Montini, que Jean
XXIII
a pris soin de loger dans une maison attenante à la basilique, est
resté très discret durant cette première session. Il ne prend en
effet la parole qu'à deux reprises (en latin, comme l'exige le
règlement). Le 11 novembre d'une part, pour défendre le schéma sur
la liturgie qui est proposé au vote, en rassurant les évêques que
les dispositions du texte inquiètent. D'autre part, il intervient
dans les débats le 5 décembre : il y appuie la proposition du
cardinal Léon-Joseph
Suenens qui, deux jours auparavant, avait émis le
souhait que la deuxième session ait pour thème l'Église. Il
demande en outre au pape le 20 novembre, en compagnie des cardinaux
Albert
Meyer et Paul-Émile
Léger, de retirer le texte sur la Révélation
car il estime que ce schéma offre trop peu d'ouverture à l'égard
des non-catholiques.
De manière générale, Mgr Montini déplore que le
concile ne suive pas de plan précis. Dans une lettre adressée au
cardinal Amleto
Cicognani45,
il propose que le concile suive trois sessions : la première
aurait pour but de définir l'Église, la deuxième les fonctions de
l'Église (liturgie, morale et missions), et la troisième les
relations entre l'Église et le monde (œcuménisme,
dialogue interreligieux et relation avec les États). Dans le journal
catholique de Milan,
l'archevêque publie des Lettres du concile dans lesquelles il
résume les travaux conciliaires. À ce titre, il se plaint que les
schémas proposés manquent de cohérence et que les pères
conciliaires prennent trop souvent la parole.
Les 5 et 6 décembre, la voix de Montini est écoutée : Jean
XXIII proclame la
création d'une commission de coordination ayant pour but de relier
les autres commissions entre elles ; elle est composée de cinq
cardinaux : Léon-Joseph
Suenens, Paul-Émile
Léger, Giacomo
Lercaro, Julius
Döpfner et Montini. De plus, le pape réduit le
nombre des schémas de 70 à 17.
Voyages et autres activités
Mgr Montini, outre ses activités au concile et à Milan,
prend des positions publiques et fait des voyages qui en font un
papabile de plus en plus vraisemblable après Jean XXIII.
Il donne ainsi une image de modernité ouverte sur le monde tout en
maintenant une position morale stricte.
Voyages
-
en Amérique (juin 1960) : Mgr Montini accomplit un voyage de treize jours aux États-Unis et au Brésil à l'invitation de Juscelino Kubitschek, président de la République du Brésil, adressée à l'archevêque pour visiter le pays (Montini avait auparavant salué l'inauguration de la capitale Brasilia le 21 avril précédent). Il quitte Milan le 3 juin. Arrivé aux États-Unis, il passe une journée à New York en compagnie du cardinal Francis Spellman puis visite l'université Notre-Dame (Indiana). Il reçoit dans cette dernière un doctorat honoris causa en même temps que le président Eisenhower, à qui il offre une statuette de bronze représentant un ange brisant une chaîne. Ensuite, le cardinal visite Chicago et Boston où il rencontre successivement le cardinal Albert Meyer et le cardinal Richard James Cushing. Puis, il se rend à Philadelphie, Washington puis New York à nouveau. Le 11 juin, l'archevêque atterrit à Brasilia où il est reçu comme un chef d'État. Il visite la capitale en compagnie du président Kubitschek. Il parcourt ensuite les villes de São Paulo (où il rencontre le cardinal Carlos Carmelo de Vasconcelos Motta) et de Rio de Janeiro. Il reçoit dans cette dernière un nouveau doctorat honoris causa et il rencontre Mgr Hélder Câmara qui lui fait visiter une favela de la ville. Montini rentre à Milan le 16 juin.
-
en Irlande (printemps 1961) : Le cardinal Montini effectue un voyage privé en Irlande, où il revoit son ami Antonio Riberi (qu'il nomme cardinal en 1967) et Amleto Cicognani (qui devient secrétaire d'État en juillet suivant).
-
en Afrique (19 juillet au 10 août 1962) : Ayant lancé une mission en Rhodésie en 1961 et souhaitant revoir Mgr Hurley, archevêque de Durban, le cardinal Montini se rend en Afrique, devenant ainsi le premier cardinal européen à visiter le continent noir46. En Rhodésie, Montini visite la mission italienne et donne le sacrement de confirmation à des jeunes Africains. Puis, en Afrique du Sud, il bénit la première pierre d'une église mais ne rencontre pas les autorités politiques du pays (montrant ainsi son désaccord avec l'apartheid). Lors de l'étape suivante, au Nigeria, il visite les différents hôpitaux, écoles et missions de la région. Puis, au Ghana, il visite plusieurs sites et villes avant de rentrer à Milan.
Parmi ses prises de positions, on peut noter la condamnation assez
ferme de la
Dolce Vita de Federico
Fellini, dans le cadre d'une polémique interne entre
les jésuites et le conservateur Siri,
polémique et interdiction qui aurait contribué paradoxalement au
succès du film47.
Pape (1963-1978)
Le conclave de 1963
Article
détaillé : Conclave
de 1963.
Jean
XXIII
meurt le 3
juin
1963.
Dans l'éloge funèbre qu'il prononce dans la cathédrale de Milan
le 7 juin suivant, Mgr Montini exprime son admiration face
au pape disparu, attestant que « sa tombe ne peut renfermer son
héritage, ni la mort étouffer son esprit ». Le 15 juin, la
veille de partir au conclave, Montini écrit au père Bevilacqua
qu'il faut maintenant à l'Église « un pape efficace et
sage », mais précise de suite « Non certes moi, comme
l'habitude de désigner des papes préfabriqués peut l'insinuer »48.
Montini part pour le conclave le 16 juin : il loge d'abord chez
les sœurs de Marie-Enfant puis à Castel
Gandolfo. Le 18 juin, il célèbre la messe à
l'abbaye
Sainte-Priscille.
Paul
VI en 1967.
Le conclave qui va élire le successeur de Jean
XXIII
s'ouvre dans l'après-midi du 19 juin 1963, dans la chapelle
Sixtine. Avec 80 cardinaux présents, c'est à
l'époque le conclave qui réunit le plus grand nombre d'électeurs
de l'histoire.
Le premier scrutin commence le lendemain, 20 juin. Pour être élu,
le futur pape doit recevoir au moins 54 voix en sa faveur. Les
favoris, papables,
sont les cardinaux Montini, Lercaro
et Siri.
Après cinq scrutins infructueux, le cardinal Montini est élu pape
au sixième tour, le 21
juin
1963,
avec quelque 60 voix : il a 65 ans. Il devance les
cardinaux Siri,
Lercaro,
Antoniutti,
Agagianian
et Suenens.
Il était pressenti favori par tous à tel point que le journal La
Croix publia son édition spéciale sur sa
nomination quelques minutes à peine après l'annonce officielle.
Au cardinal doyen (Eugène
Tisserant) qui lui demande s'il accepte la lourde
charge qui lui est confiée, Montini répond « Accepto
in nomine domini »
(« J'accepte au nom du Seigneur »), reprenant ainsi sa
devise épiscopale. À la question portant sur le nom choisi, il
répond « Vocabor
Paulus » (« Je
m'appellerai Paul ») : le nouveau pape se nomme donc Paul
VI, en
hommage à saint
Paul et Paul
V,
pape qui avait mis en œuvre les décisions du concile
de Trente et canonisa Charles
Borromée.
Vers midi, le cardinal
Ottaviani annonce l'élection du nouveau pape à la
foule massée place
Saint-Pierre. Selon la formule rituelle, il prononce
ces mots : « Annuntio
vobis gaudium magnum ; habemus Papam »49
(Je vous annonce une grande joie, nous avons un pape).
Quelques instants plus tard, le nouveau pape apparaît à la loggia
de la basilique
Saint-Pierre : il y donne sa première
bénédiction
Urbi et Orbi,
mais ne prend pas la parole.
Installation du nouveau pape
Après son apparition place
Saint-Pierre, le nouveau pape retourne parmi les
cardinaux et partage un banquet avec eux, en prenant la même place
que pendant le conclave50.
Le lendemain, il prend possession des appartements pontificaux, aux
deuxième et troisième étages du palais
du Vatican. Il y fait d'importants travaux dans les
mois suivants pour son confort personnel : remplacement des
meubles dorés par des meubles au design moderne, œuvres d'art
contemporain, rénovation de la chapelle et terrasse
sur le toit du palais pour sa promenade quotidienne avec accès par
un ascenseur, constituent quelques-uns des changements matériels
qu'il demandera. Le premier soir où il loge dans les appartements
pontificaux, il se plaint d'être gêné par le bruissement des
fontaines de la place Saint-Pierre. Sous son pontificat, elles seront
coupées tous les soirs à partir de 23 h 0, avant d'être
rouvertes le matin.
Le 22 juin, lendemain de son élection, le pape s'adresse aux
cardinaux réunis dans la chapelle
Sixtine dans un message retransmis par Radio
Vatican. Il affirme les principaux objectifs de son
pontificat : reprendre le concile
Vatican II
(« La partie la plus importante de notre pontificat sera
occupée par la continuation du deuxième concile œcuménique du
Vatican, vers lequel sont tournés les yeux de tous les hommes de
bonne volonté. »), œuvrer à la paix entre les peuples et à
l'unité
des chrétiens.
Le 30 juin 1963 a lieu le couronnement de Paul VI.
Pour la première fois dans l'Histoire de la papauté, la cérémonie
se déroule à l'extérieur de la basilique
Saint-Pierre, en raison de l'affluence prévuenote
14. Une centaine d'États est représentée par
leur souverain ou chef d'État. Le pape arrive en sedia
gestatoria. Au cours d'une longue cérémonie,
l'épître
et l'évangile
sont chantés en latin puis en grec (en signe d'unité), puis Paul VI
fait une allocution au cours de laquelle il parle en neuf
langues[réf. nécessaire].
Il y déclare notamment : « Nous défendrons la Sainte
Église contre les erreurs de doctrine et de pratique qui tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église menacent son intégrité
et cachent sa beauté »51.
Après cette allocution, le cardinal Ottaviani,
protodiacre, pose sur la tête du souverain pontife la Tiare
qui a été dessinée selon les indications du nouveau pape :
simple et fuselée.
Le pape du concile
Reprise annoncée du concile
Le 27 juin 1963, le secrétaire d'État Amleto
Cicognani annonce que le concile reprendra le 29
septembre. Pour préparer cette reprise, Paul VI
réunit à deux reprises la commission de coordination, les 3 juillet
et le 31 août. Il approuve l'idée d'organiser les sessions selon un
plan précis, confirme le cardinal Suenens
en tant que légat au sein du concilenote
15, et émet le souhait d'unifier les tendances
traditionnelles et progressistes. Lors du mois d'août 1963 qu'il
passe à Castel
Gandolfo, le nouveau pape s'adonne aux derniers
préparatifs de la reprise du concile : élargissement du
conseil de présidence à douze membres (trois nouveaux membres
nommés : les cardinaux Albert
Meyer, Giuseppe
Siri et Stefan
Wyszyński) et nomination de quatre modérateurs
chargés de diriger les travaux des congrégations générales (les
cardinaux Julius
August Döpfner, Giacomo
Lercaro, Léon-Joseph
Suenens et Grégoire-Pierre
XV
Agagianian).
Il précise ses intentions pour le IIe
concile du Vatican dans un discours du 6 septembre :
« Aujourd'hui, ce mot glorieux aggiornamento
constitue tout un programme. Le concile œcuménique, chacun le sait,
l'a fait sien, polarisant en lui les objectifs de réforme et de
renouveau. Il ne faut pas voir dans cet adjectif qui accompagne les
manifestations les plus hautes et les plus caractéristiques de la
vie ecclésiale un fléchissement inconscient, mais nocif, vers le
pragmatisme et l'activisme de notre temps, au détriment de la vie
intérieure et de la contemplation, lesquelles doivent avoir la
première place dans l'échelle de nos valeurs religieuses. »
Enfin, le 21 septembre, il s'adresse à la Curie
romaine et lui annonce deux projets de réforme :
création d'un conseil d'évêques du monde entier en qualité de
membres dans les congrégations de la Curie romaine (futur motu
proprio Pro comperto sane du 6 août 1967)
et réforme générale de la Curie romaine (futur Règlement général
de la Curie romaine du 22 février 1968).
Suite et fin des sessions du concile
La deuxième
session du concile s'ouvre le 29 septembre 1963.
Encore peu d'évêques des pays communistes
sont présents à cette session. En revanche, nombreux sont les
observateurs non catholiques et laïcs. Parmi ces derniers, outre
Jean
Guitton déjà présent lors de la première session,
assistent désormais douze autres laïcs du monde entier (dirigeants
d'organisations catholiques internationales). Ces observateurs
prennent part à la rédaction de certains textes. La presse est
aussi plus largement informée des déroulements de la session, une
conférence de presse étant organisée quotidiennement.
Dans le discours d'ouverture de cette deuxième session, le pape
réaffirme la vérité de la foi catholique mais invite en même
temps à reconnaître les « richesses spirituelles »
qu'ont gardées les « frères séparés » ; il
affirme aussi que l'Église doit demander pardon pour les offenses
qu'elle a commises dans le passé.
Plusieurs schémas y sont discutés, modifiés et renvoyés devant
les commissions compétentes : le schéma sur l'Église, où a
été âprement discutée la thèse de la primauté du pape ou à
l'inverse celle de la collégialité
des évêques ; le schéma sur la Vierge
Marie, qui ne fut finalement qu'un chapitre à
l'intérieur du schéma sur l'Église, et où la qualité de « Marie
médiatrice de toutes grâces » ne fut pas adoptée. En outre,
est discutée la question de la collégialité
des évêques et les questions sur l'œcuménisme
commencent à jaillir.
Lors de la clôture de cette session le 4 décembre, Paul VI
promulgue deux textes : le décret Inter
Mirifica sur les moyens de communication sociale,
et la constitution Sacrosanctum
Concilium sur la liturgie.
Enfin, le pape annonce solennellement qu'il accomplira son premier
voyage à l'étranger en janvier suivant : un pèlerinage
en Terre sainte. Cette annonce remarquable entraîna
une salve d'applaudissements. C'est la première fois depuis Pie
VII
qu'un pape quitte l'Italie.
Article
détaillé : Pèlerinage
de Paul VI
en Terre sainte.
Dialogue interreligieux
Le dialogue avec les religions non catholiques, en particulier le
judaïsme,
se développa pendant le pontificat de Paul VI,
sous l'impulsion de la déclaration Nostra
Ætate.
En dehors du monde chrétien, le pape rencontra en 1971 Kalou
Rinpoché lors de son premier voyage en Occident. Le
30 septembre 1973, Paul VI
reçut le 14e Dalaï Lama, Tenzin
Gyatso au Vatican52.
En 1975, il rencontra le 16e Karmapa, Rangjung
Rigpe Dorje. En 1974, il rencontra les Oulémas
d'Arabie[réf. nécessaire].
Dialogue politique
Paul VI resta fidèle
aux traditions italiennes qui fait du pape un acteur important de la
vie politique et un leader, de fait, de la Démocratie
chrétienne. Au moment où il lança l'Ostpolitik
du Vatican par le biais de Mgr Casaroli
pour améliorer le sort des catholiques vivant dans les pays
communistes, Paul VI
bloqua toutes les tentatives du PCI
et de son chef Berlinguer
pour accéder au pouvoir en s'alliant à la Démocratie chrétienne.
En effet, Paul VI ne
voulait pas donner l'impression de négocier avec les Soviétiques en
position de faiblesse ou pour des raisons de politique intérieure.
Le PCI ne s'y trompa pas et tenta d'amadouer le pape, sans succès.
Il se retrouve en effet au cœur de la tension entre ces deux
tendances de la démocratie chrétienne (celle anticommuniste de
Giulio
Andreotti, et celle favorable à l'alliance de son
ancien étudiant Aldo Moro), lorsqu’il doit faire face à
l’enlèvement par les brigades
rouges de son ami Aldo
Moro, qui demande une négociation pour sa propre
libération alors que le parti de la démocratie chrétienne refuse
avec Andreotti, toute discussion avec les terroristes. Un des membres
du commando est d'ailleurs le fils d'un ami du pape, qui est appelé
au secours par Moro et qui écrit une lettre demandant la libération
(mais en ayant ajouté "sans préalable"). Moro dans ses
lettres se montre critique vis-à-vis de cette action trop faible à
son goût. Après l'assassinat de Moro qui affecte profondément le
pape, il fait une homélie marquante53.
Mariologie
Le 3 février 1964, Mgr
de Proença Sigaud remet au pape un document, signé
par 510 évêques de 78 pays, demandant de faire droit à
une demande de Notre-Dame
de Fátima : consacrer le monde au Cœur
immaculé de Marie pour la conversion de la Russie.
Paul VI ne fit pas
droit à cette demande mais concéda d'accorder à la Vierge Marie le
titre de « Mère de l'Église » lors de la troisième
session du concile.
Célibat des prêtres
Paul VI publie en 1967
une encyclique, Sacerdotalis
Caelibatus, défendant le célibat des prêtres.
Le 25 janvier 1970, dans le cadre du « Concile pastoral de la
province ecclésiastique des Pays-Bas », les évêques
néerlandais se prononcent en faveur de l'ordination d'hommes
mariés54.
Après avoir exprimé « de graves réserves » dans une
lettre du 2 février 1970 au cardinal
Villot face à la suggestion de permettre l'ordination
d'hommes mariés dans les cas de forte pénurie de prêtres55,
Paul VI décide de
réunir, fin 1971, un synode
des évêques sur ce thème. 107 pères optent
pour une formule extrêmement restrictive, 87 adoptent une position
proche de la réforme envisagée dans la lettre au cardinal Villot,
et il y a 2 abstentions et 2 bulletins nuls56.
La réforme n'est pas adoptée. Pour Louis de Vaucelles, la procédure
est responsable de cet échec : les dossiers préparés par les
conférences épiscopales ont été sous-utilisés, il n'y a pas eu
de débats, les échanges se réduisant à une série de
monologues57,
et la présidence (trois présidents nommés par le pape) a éludé
des questions de manière arbitraire58.
Ces difficultés ont été accrues par la diversité des mentalités
et des situations pastorales59.
Le renouveau charismatique
Paul VI encouragea le
renouveau
charismatique catholique, qu'il considérait comme une
chance pour l'Église
et pour le monde.
Il déclara lors de son discours
au IIIe
congrès international du renouveau charismatique catholique,
le 19
mai
1975 :
« Car Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ, dont l’Église
est le Corps
mystique, et c’est en elle que l’Esprit
du Christ fut communiqué au jour de la Pentecôte,
quand il descendit sur les Apôtres réunis dans « la chambre
haute », « assidus à la prière », « autour
de Marie, mère de Jésus » »
La Profession de foi de Paul VI
Publiée sous forme de motu proprio le 30 juin 1968, à
l'issue d'une « année de la foi », ce
texte a été rédigé principalement par Jacques
Maritain et transmis à Paul VI
par le cardinal
Journet60
Article
détaillé : Profession
de foi de Paul VI.
L'encyclique Humanae Vitae
Article
détaillé : Humanae
Vitae.
La question de l'homosexualité
En avril
1976,
un article d'Il
Tempo relate les déclarations de l'ancien
diplomate et écrivain français Roger
Peyrefitte, qui dénonce l'hypocrisie de Paul VI
sur la question de l'homosexualité. L'écrivain dit tenir de
personnes de la haute noblesse italienne des informations selon
lesquelles lorsqu'il était archevêque de Milan, Paul VI
avait eu une aventure homosexuelle avec un jeune acteur de cinéma,
dont il dit connaître le nom61.
Paul Hofmann, correspondant à Rome du New
York Times, reprend ces accusations et donne le
nom de l'acteur italien Paolo Carlini62.
En 1993, l'abbé Georges
de Nantes, citant de nombreuses sources, fait quant à
lui état d'un dossier détenu par la Brigade des mœurs de la police
de Milan au moment du conclave de 1963, ainsi que de la clémence du
Vatican pour les religieux homosexuels63.
De son côté, Franco Bellegrandi, membre de la Garde noble
pontificale, affirme que Paul VI,
alors archevêque de Milan, s'est fait interpeller par la police
locale au cours d'une de ses visites nocturnes, que sous son
pontificat des employés furent licenciés pour faire place à ses
favoris, et confirme le fait que l'acteur avec qui il aurait eu une
relation avait libre accès aux appartements pontificaux64.
Tentative d'assassinat
Le 27 novembre 1970, à son arrivée à l'aéroport
international de Manille, Paul VI
réchappa d'une tentative d'assassinat perpétrée par Benjamín
Mendoza y Amor Flores, artiste-peintre bolivien de
35 ans originaire de La
Paz. Déguisé en prêtre, crucifix en main, Mendoza
parvint à approcher le pape avant de le frapper de deux coups de
poignard dans le cou, portés de part et d'autre de la veine
jugulaire. Le secrétaire particulier de Paul VI,
Mgr Pasquale
Macchi, atténua la violence des coups en retenant le
bras de l'agresseur. Le col rigide que portait le pape pour le
soulager de l'arthrose
cervicale contribua à la légèreté des blessures
dont l'existence ne fut toutefois révélée qu'après sa mort en
1979. Paul VI
poursuivit sa visite officielle selon le programme prévu. Mendoza,
qui affirma lors de son procès « vouloir sauver l'humanité de
la superstition », fut condamné pour tentative de meurtre.
Après avoir purgé une peine de 38 mois de prison aux
Philippines, il fut expulsé vers la Bolivie en 197465.
Décès
Tombeau
de Paul VI
Âgé de 80 ans et souffrant d'arthrose,
Paul VI vit ses
derniers jours presque toujours allongé.
Il est victime d'une crise
cardiaque en fin d'après-midi le 6
août
1978
dans sa résidence d'été de Castel
Gandolfo et meurt quatre heures plus tard, à 21h00,
le jour de la Transfiguration
du Christ66.
Il est inhumé le 12 août 1978 et enterré, selon ses souhaits, dans
les grottes du Vatican, après une cérémonie qui a lieu sur le
parvis de la basilique
Saint-Pierre.
Béatification
Article
détaillé : Béatification
de Paul VI.
Son procès en béatification
a été ouvert en 1993 par l'Église
catholique qui le reconnaît donc officiellement
« Serviteur
de Dieu ». Le pape Benoît
XVI
proclame l'héroïcité de ses vertus le 20 décembre 2012 :
Paul VI devient donc
le vénérable
Paul VI67.
Le pape Paul VI est
béatifié le 19 octobre 2014, l'annonce officielle en a été faite
par le Vatican, le 10 mai 2014.
Pastorale
Textes
Encycliques
-
Ecclesiam Suam (6 août 1964)
-
Mense Maio (29 avril 1965)
-
Mysterium Fidei (3 septembre 1965), sur la doctrine et le culte de la Sainte Eucharistie.
-
Christi Matri (15 septembre 1966)
-
Populorum Progressio (26 mars 1967), sur le développement des peuples.
-
Sacerdotalis Caelibatus (24 juin 1967), sur le célibat sacerdotal.
-
Humanae Vitae (25 juillet 1968), sur le mariage et la régulation des naissances. Les réactions à cette encyclique furent très vives : l'encyclique apparaissait comme un acte d'autorité pontificale, allant à l'encontre de « l'esprit du concile »[réf. nécessaire]. En fait, l'encyclique avait été préparée depuis 1965, date à laquelle Paul VI avait suspendu certains passages de la constitution Gaudium et spes. En outre, le pape souhaitait confirmer l'enseignement de Casti connubii de Pie XI, promulguée le 31 décembre 1930.
Exhortations apostoliques
-
Quarta Sessio (28 août 1965)
-
Postrema Sessio (4 novembre 1965)
-
Petrum et Paulum Apostolos (22 février 1967)
-
Signum Magnum (13 mai 1967)
-
Recurrens mensis october (7 octobre 1969)
-
Quinque iam anni (8 décembre 1970)
-
Evangelica Testificatio (29 juin 1971)
-
Marialis Cultus (2 février 1974)
-
Nobis in Animo (25 mars 1974)
-
Paterna cum benevolentia (8 décembre 1974)
-
Gaudete in Domino (9 mai 1975)
-
Evangelii Nuntiandi (8 décembre 1975)
Voyages
Carte
des voyages de Paul VI
Paul VI fut le premier
pape depuis Pie
VII
à voyager hors d'Italie et à populariser la pratique de baiser la
terre à son arrivée sur un sol étranger, pratique reprise par
Jean-Paul
II68.
-
Pèlerinage en Terre sainte (du 4 au 6 janvier 1964).
Article détaillé : Pèlerinage
de Paul VI
en Terre sainte.
« Nous avons décidé, après mûre réflexion et non sans
avoir beaucoup prié, de Nous faire pèlerin sur la terre de Jésus
Notre Seigneur... Nous verrons ce sol béni, d'où partit Pierre et
où nul de ses successeurs ne revint ». C'est lors du discours
de clôture de la deuxième session conciliaire de Vatican II
que Paul VI annonça
son intention de faire un premier voyage en Terre sainte. Jusqu'à la
dernière minute, le projet de pèlerinage était demeuré secret.
À Jérusalem, il est submergé par la foule et manque d'être étouffé et piétiné. Il rencontre à cette occasion le patriarche œcuménique de Constantinople Athénagoras Ier. Paul VI déclara notamment : « grande est notre émotion, profonde est notre joie, en cette heure vraiment historique où, après des siècles de silence et d'attente, l'Église catholique et le Patriarcat de Constantinople se retrouvent à nouveau... » Après une déclaration commune, ils s'échangèrent des cadeaux (Athénagoras remit à Paul VI une icône représentant deux apôtres, Pierre le « coryphée » et André, le premier à suivre Jésus-Christ).
À Jérusalem, il est submergé par la foule et manque d'être étouffé et piétiné. Il rencontre à cette occasion le patriarche œcuménique de Constantinople Athénagoras Ier. Paul VI déclara notamment : « grande est notre émotion, profonde est notre joie, en cette heure vraiment historique où, après des siècles de silence et d'attente, l'Église catholique et le Patriarcat de Constantinople se retrouvent à nouveau... » Après une déclaration commune, ils s'échangèrent des cadeaux (Athénagoras remit à Paul VI une icône représentant deux apôtres, Pierre le « coryphée » et André, le premier à suivre Jésus-Christ).
-
Pèlerinage en Inde (du 2 au 5 décembre 1964). Il se rendit à Bombay en Inde. Après son voyage œcuménique en Terre sainte, Paul VI effectue ici un voyage sur le thème de la pauvreté. S'adressant au peuple de l'Inde, le pape s'adressait en fait au monde entier, en demandant : « Puissent les nations cesser la course aux armements et consacrer en revanche leurs ressources et leurs énergies à l'assistance fraternelle aux pays en voie de développement. Puisse chaque nation... consacrer, fût-ce une partie de leurs dépenses militaires, à un grand fonds mondial pour la solution des nombreux problèmes qui se posent pour tant de déshérités... »
-
Congrès eucharistique national d'Italie (1965)
-
Visite à l'Organisation des Nations unies (du 3 au 4 octobre 1965). Il part aux États-Unis où il prononce le 4 octobre 1965 un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Après avoir rappelé le propos de John Kennedy quatre ans plus tôt, « l'Humanité devra mettre fin à la guerre ou c'est la guerre qui mettra fin à l'Humanité », il ajouta « ...jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C'est la paix, la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l'Humanité ! »
-
Pèlerinage à Fátima (le 13 mai 1967). Visite du pape au sanctuaire de Notre-Dame de Fátima au Portugal, pour le cinquantenaire des apparitions. Sœur Lucie, seul enfant encore vivant à avoir vu les apparitions de la Vierge Marie, est présente au côté du pape qui lui donne la communion.
-
Visite en Turquie (juillet 1967). Paul VI devient le premier pape à visiter la Turquie, où il rencontre le 25 juillet 1967 le patriarche Athénagoras Ier à Istanbul, pour une nouvelle rencontre œcuménique. (Athénagoras Ier sera reçu par le pape à Rome, trois mois plus tard, du 26 au 28 octobre 1967.)
-
Pèlerinage apostolique à Bogotà (août 1968). Il est le premier pape à aller en Amérique latine, en allant en Colombie célébrer des messes à Bogota et Medellín. Plus d'un million de personnes se massent le long du parcours qu'emprunte le cortège de Paul VI, de l'aéroport à la place Bolivar. Il va réunir pendant son séjour tous les évêques d'Amérique latine à une conférence épiscopale. Celle-ci va servir à redéfinir l'engagement de l'Église à l'endroit des pauvres et à donner naissance au concept de théologie de la libération.
-
Visite à Genève (10 juin 1969). Paul VI est reçu à Genève, en Suisse, il parla devant l'Organisation internationale du travail et devant le Conseil œcuménique des Églises.
-
Pèlerinage en Ouganda (juillet 1969). Premier pape à aller en Afrique, il va prêcher en Ouganda, pour honorer les martyrs de ce pays. Il voulut consacrer lui-même le maître-autel du sanctuaire de Namugongo, érigé sur le lieu où Charles Lwanga et ses compagnons subirent le martyre.
-
Pèlerinage au Sanctuaire marial de la basilique Notre-Dame de Bonaria à Cagliari (1970).
-
Pèlerinage en Asie Orientale, Océanie et Australie (du 26 novembre au 5 décembre 1970). Paul VI effectue une série de visites pastorales en Asie orientale et Océanie. Les 26 et 27 novembre il commence par Téhéran en Iran. Le 27 novembre il fait une halte à Dacca au Pakistan (actuellement le Bangladesh), avant de séjourner du 27 au 30 novembre à Manille aux Philippines, où il échappe à un attentat perpétré par un déséquilibré. Le 30 novembre, il fait une halte à Pago-Pago aux Samoa occidentales. Du 30 novembre au 3 décembre, il est à Sydney en Australie. Du 3 au 4 décembre, il est à Jakarta en Indonésie. Il fait une halte le 4 décembre à Hong Kong, avant d'aller à Colombo au Sri Lanka les 4 et 5 décembre.
Audiences
La première audience générale de Paul VI
a lieu le 13 juillet 1963. Jusqu'à sa mort, il tiendra une audience
hebdomadaire tous les mercredis, sauf les jours de fête et ceux où
il y a un empêchement majeur (voyage, maladie, retraite de
carême)note
16. Certaines de ces audiences ont lieu dans la
Salle
Paul VI,
inaugurée en 1971 et pouvant accueillir jusqu'à 12 000 personnes
debout.
Rétrospective
-
Septembre 1916 : entrée au séminaire Santangelo de Brescia
-
1929 : après les accords de Latran, il est nommé Primo Minutante
-
1939 : il se voit confier la responsabilité du bureau d'informations du Vatican
-
Janvier 1940 : Pie XI le charge de diffuser sur Radio Vatican des messages dénonçant les atrocités des nazis
-
Avril 1941 : il est accusé par le ministre Galeazzo Ciano d'avoir diffusé un tract antifasciste
-
Septembre 1942 : il va se trouver au cœur d'un complot visant à renverser Mussolini
-
Octobre 1958 : après la mort de Pie XII, il est pressenti comme un éventuel successeur
-
Fin 1962 : Mgr Montini est critique quant à l'organisation du concile qui n'a pas de plan précis, il sera entendu par le pape Jean XXIII qui organise une commission d'organisation de cinq cardinaux, dont Montini
-
4 décembre 1963 : clôture de la deuxième session du concile Vatican II, à l'issue duquel il sera publié le décret Inter Mirificat, ainsi que la constitution Sacrosanctum Concilium sur la liturgie
Notes et références
Notes
-
↑ L'association avait pour but de défendre les convictions catholiques par le biais de l'action sociale, selon le mode encouragé par l'encyclique Rerum novarum. Il faut rappeler que l'Italie était alors sous le coup d'un interdit : Pie IX, après la perte des États pontificaux, avait défendu dans le décret Non expedit (29 février 1868) aux catholiques italiens d'être électeurs ou élus.
-
↑ L'équivalent italien du baccalauréat français.
-
↑ Membre du gouvernement et ami de Giorgio Montini.
-
↑ Montini préfaça la version italienne de l'ouvrage Trois Réformateurs lors de l'Épiphanie 1928.
-
↑ Saint Ambroise, saint Charles Borromée et Achille Ratti, futur Pie XI, furent archevêques de Milan.
-
↑ Les armes de sa famille représentent trois fleurs de lys au-dessus de six monts superposés.
-
↑ Et non Cum ipso in monte (« avec Lui à la Montagne »), comme il avait souhaité dans un premier temps.
-
↑ Montini est ainsi le premier archevêque à visiter les stands de ladite foire ; il invitera peu de temps après les exposants à une messe au Duomo. Ces visites et ces messes seront renouvelées tous les ans.
-
↑ Mgr Domenico Bernareggi (en), l'un de ses consécrateurs, était déjà à ce poste, ce qui augmente le nombre d'évêques auxiliaires à trois.
-
↑ Quelques jours avant, dans la nuit du 4 au 5 janvier, une bombe explosa sous les fenêtres de l'archevêché, n'occasionnant que des dégâts matériels. Il s'agit d'un acte isolé et non d'une contestation de la politique ecclésiale du prélat.
-
↑ Jusqu'en date de 2009, les papes suivants ont tous été couronnés à cet endroit.
-
↑ C'est le représentant personnel du pape au concile, chose que Paul VI avait annoncée au cardinal dès le 23 juin 1963.
-
↑ Cette tradition des audiences hebdomadaires existe encore au XXIe siècle.
Références
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 13.
-
↑ Yves Chiron, Paul VI, le pape écartelé, Perrin, 1993, p. 14-15.
-
↑ Jour où Thérèse de Lisieux mourut. L'anecdote mérite d'être soulignée car le futur pape aura une grande dévotion pour la sainte (Yves Chiron, op. cit., p. 16).
-
↑ Sa croissance était trop rapide et il avait des problèmes de cœur. Cf. Yves Chiron, op. cit., p. 18
-
↑ Cité par Yves Chiron, op. cit., p. 21.
-
↑ G. Romanato-F. Molinari, Le Letture del giovani Montini, in la Scuola cattolica, p. 43.
-
↑ « La méfiance et la prudence ne doivent jamais cesser, voilà la conclusion, et seuls les superficiels et les irresponsables peuvent éprouver, d'une façon méprisable, une joie complète », écrit-il à ses parents une semaine après la signature des accords. Cité par Yves Chiron, op. cit., p. 62.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 68
-
↑ "G.GN Montini, scritti fucini", Notiziario no 21, juin 1991, p. 82.
-
↑ « Il semble évident qu'un certain nombre de prélats, de religieux, le jugeant suspect, demandèrent qu'il soit démis de ses fonctions. » (Yves Chiron, op. cit., p. 74).
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 91
-
↑ « Cher et Révérend ami, le temps m'a manqué aujourd'hui pour vous voir et parler avec vous de la très dure épreuve à laquelle est soumis en ce moment votre grand pays. J'aurais voulu vous dire combien je vous suis proche, et combien je prie pour que le Seigneur change en bénédictions les amères souffrances de votre patrie, pour elle-même, pour l'Église, pour le monde. Je souhaite et j'espère qu'il en sera ainsi, et je vous le dis de tout cœur, pour que vous sachiez aussi l'amitié de votre J.-B. Montini » (Cardinal Jacques Martin, extrait du « Journal » publié in l'Osservatore romano le 24 septembre 1991.)
-
↑ « Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale » (ADSS), Libreria Editrice Vaticana, 1965-1981, t. 8, p. 475.
-
↑ Ibid., p. 570.
-
↑ Père Paolo Dezza, « Le silence de Pie XII », La Documentation catholique, juillet 1964, col. 1033-1034.
-
↑ Entretien accordé par Marie-José de Belgique au journal La Repùblica le 7 septembre 1983
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 103.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 105.
-
↑ Pie XII nomma à contrecœur un nouveau nonce apostolique en France, Mgr Roncalli (futur Jean XXIII), le précédent (Mgr Valeri) ayant continué sa mission diplomatique à Vichy ; cependant, Pie XII refusa de changer les évêques soupçonnés de collaboration, ayant juste accepté la démission de six d'entre eux. Cf. Yves Chiron, op. cit., p. 112 à 114.
-
↑ M.-D. Chenu, Un théologien en liberté, p. 162-163
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 129
-
↑ Yves Congar, Journal d'un théologien (1946-1956), éd. Cerf, 2000, p. 155
-
↑ « J'ai entendu plusieurs personnes dire entre elles, à la sortie : "Nous avons entendu un futur pape." Souhaitons-le à l'Église. » (rapport de Wladimir d'Ormesson à Robert Schuman en date du 27 mai 1949, Archives historiques du ministère des Relations extérieures, Europe/Saint-Siège, 540, f. 190.)
-
↑ « Le Saint-Siège vise à condamner non des erreurs proprement dites, mais des modes de pensée qui pourraient amener des erreurs, mais qui en eux-mêmes demeurent respectables. » (Jean Guitton, Dialogues avec Paul VI, p. 27-28.
-
↑ Max Thurian, Paul VI et les observateurs au concile, Edizioni Studium, Rome, 1989, p. 252.
-
↑ « Notre intention avait été de faire entrer dans le Sacré Collège les deux prélats distingués préposés à chacune des sections de la secrétairerie d'État, et leurs noms étaient les deux premiers inscrits sur la liste des cardinaux à désigner que Nous avions préparée. Mais ces deux prélats, par un insigne témoignage de vertu, Nous supplièrent si instamment de leur permettre de décliner cette très haute charge, que Nous crûmes devoir accéder à leurs prières et à leurs vœux répétés. Ce faisant, Nous avons voulu cependant récompenser en quelque manière leur vertu et Nous les avons promus, comme vous le savez, à un poste d'honneur plus élevé. » (discours de Pie XII aux cardinaux lors du consistoire du 12 janvier 1953).
-
↑ J. d'Hospital, Trois papes au tournant de l'histoire, 1969
-
↑ Entretien avec Yves Chiron le 11 mai 1991, Yves Chiron, op. cit., p. 142-143.
-
↑ En 1952, le Saint-Office demande au père Congar de soumettre tous ses écrits futurs au maître général des Dominicains, ce que Montini considère auprès de Wladimir d'Ormesson comme une « erreur commise » (Yves Chiron, op. cit., p. 145).
-
↑ Mgr Lefebvre, alors délégué apostolique pour l'Afrique francophone, alla voir Montini pour qu'une condamnation officielle soit portée par le Saint-Office contre le mouvement. Montini lui répondit « Il ne faut pas toujours condamner. L'Église va apparaître comme une marâtre » (Conférence de Mgr Lefebvre du 20 août 1976).
-
↑ Pierre de Villemarest, L’Espionnage soviétique en France, 1944, 1969 p. 171, 172.
-
↑ Cardinal Tardini, Pie XII, Fleurus, 1961, p. 138.
-
↑ Montini affirma : « Plusieurs de ces prêtres-ouvriers en sont venus à méconnaître chaque jour davantage l'esprit même du christianisme pour se situer en propres termes sur le plan marxiste. » (François Leprieur, Quand Rome condamne. Dominicains et prêtres ouvriers, Plon/Cerf, 1969, p. 294.)
-
↑ (« C'était pour lui un drame dans tous les sens du mot, et même dans le sens affectif [...] ; à ce moment-là je l'ai vu les larmes aux yeux. » Giorgio Montini, « Mon oncle le pape » in La Documentation catholique du 17 janvier 1971).
-
↑ Benny Lai, Les Secrets du Vatican, Hachette, 1983, p. 103-104.
-
↑ Cité par Yves Chiron dans Paul VI, le pape écartelé, Perrin, 1993, p. 156.
-
↑ Charles Journet, le père Bevilacqua et don Primo Mazzolari, récemment condamné par le Saint-Office, font aussi partie de la mission.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 169.
-
↑ Benny Lai, op. cit., p. 59-60.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 178.
-
↑ P.-M. Gy, « Mgr Bugnini et la réforme liturgique de Vatican II », in Revue des sciences philosophiques et théologiques, avril 1985, p. 315.
-
↑ Cardinal G. Colombo, Ricordando GB Montini, Istituto Paolo VI, Rome, 1989, p. 155
-
↑ Publiée dans le périodique Notiziario no 7, p. 11-14.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 183
-
↑ Simonetta Greggio – Dolce Vita 1959-1979 – Stock 2010
-
↑ Lettre du 16 juin 1963 publiée dans Notiziario, no 3, mai 1981, p. 25.
-
↑ Les détails concernant les premiers jours du pontificat sont principalement tirés du livre d'Yves Chiron, op. cit., p. 202-203.
-
↑ Cité par Yves Chiron, op. cit., p. 203.
-
↑ Pierre Brachin « Paul VI et l'Église des Pays-Bas » in: Paul VI et la modernité dans l'Église. Actes du colloque de Rome (2-4 juin 1983). Rome : École française de Rome, 1984. p. 772. url : http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1984_act_72_1_2439 [archive]
-
↑ Pastoraal Concilie et célibat sacerdotal. Lettre de Paul VI et communiqué des évêques des Pays-Bas [archive], Nouvelle Revue théologique 92/3 (1970) p. 310
-
↑ op. cit. p. 755
-
↑ op. cit. p. 756
-
↑ op. cit. p. 757
-
↑ Roger Peyrefitte, « Mea culpa? Ma fatemi il santo piacere », Il Tempo, avril 1976.
-
↑ Paul Hofmann, A Slightly Wicked View of the Holy See, 1984, p. 151
-
↑ Abbé Georges de Nantes, La Contre-Réforme catholique au XXe siècle, 1993.
-
↑ Atila Sinke Guimarães, Vatican II, Homosexuality & Pedophilia, 2004, pp. 159-162.
-
↑ Marc Girard, Les Symboles dans la Bible : essai de théologie biblique enracinée dans l'expérience humaine universelle, Editions Fides, 1991 (lire en ligne [archive]), p. 722
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
-
Paul VI, sur Wikimedia Commons
Bibliographie
-
Yves Chiron, Paul VI, le pape écartelé, Perrin, 1993 (ISBN 978-2-262-00952-6). Éd. révisée et complétée, Via Romana, 2008 (ISBN 978-2-916727-29-5)
-
Jörg Ernesti: Paul VI.: Der vergessene Papst, Fribourg-en-Brisgau: Verlag Herder 2012, ISBN 978-3451307034
-
-
Dialogues avec Paul VI, Fayard, 1967
-
Paul VI et l'Année sainte, Fayard, 1974
-
Paul VI secret, Desclée de Brouwer, 1979
-
-
Yves-Marie Hilaire (s. dir), Histoire de la papauté. 2 000 ans de missions et de tribulations, Tallandier, 1993.
-
Christophe Henning, Petite vie de Paul VI, Desclée de Brouwer, 2014
-
-
article « Paul VI » du Dictionnaire de la papauté, Fayard, 1994.
-
Paul VI et la modernité dans l'Église, Actes du colloque de Rome (1983), École française de Rome, 1984
-
-
Mgr Yves Marchasson, Les Papes du XXe siècle, Desclée, 1990.
Articles connexes
Liens externes
-
Notices d'autorité : Fichier d'autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Service bibliothécaire national • Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat
-
Textes de Paul VI sur le site du Vatican
-
(en) (it) Paul VI (texto, concordancias y lista de frecuencia)
-
Que retenir du pontificat du Bienheureux Paul VI ?, par le Cardinal Paul Poupard
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Paul VI
Paul VI
Saint catholique |
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Biographie
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Nom de naissance
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Giovanni Battista Enrico Antonio Maria Montini
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Naissance
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Décès
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Saint de l’Église catholique
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Pape de l’Église catholique
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Élection au pontificat
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Intronisation
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Fin du pontificat
|
|
||||||||
Cardinal de l’Église
catholique
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Créé
cardinal |
|||||||||
Évêque de l’Église
catholique
|
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Consécration épiscopale
|
|||||||||
|
|||||||||
In
nomine Domini
(« Au nom du Seigneur ») |
|||||||||
Giovanni Battista Montini,
né le 26
septembre
1897
à Concesio,
près de Brescia
en Italie,
et mort le 6
août
1978
à Castel
Gandolfo, est un prélat
catholique
italien, élu pape
le 21
juin
1963
sous le nom de Paul VI
(en latin
Paulus VI,
en italien
Paolo VI).
En qualité d'évêque
de Rome, il est le 262e
pape de l'Église
catholique, et son
pontificat s'étend de 1963 à sa mort en 1978.
Sommaire
Origines
La maison natale de Giovanni Battista Montini à
Concesio.
Issu d'une famille
catholique d'origine montagnarde1,
Giovanni Battista Enrico Antonio Maria Montini est le fils de
Giorgio Montini (1860-1943), directeur du journal catholique Il
cittadino di Brescia, plusieurs fois parlementaire, et de
Giuditta Alghisi (1874-1943).
Après avoir achevé ses études de droit en 1882, Giorgio Montini
prend la direction du journal catholique de la ville de Brescia,
Il Cittadino di Brescia. Représentant dans sa province du
Mouvement catholique (Movimento cattolico)note
1, il fonde des cuisines économiques, un dortoir
Saint-Vincent pour accueillir les déshérités, et un « Secrétariat
du peuple » destiné à donner des conseils juridiques et
administratifs aux paysans et aux ouvriers2.
Giuditta Alghisi est originaire de Verolavecchia,
un village situé au sud de Brescia.
Ayant perdu ses parents très jeune, elle fut placée sous
l'autorité d'un tuteur et envoyée dans un pensionnat religieux à
Milan.
Elle épouse Giorgio Montini le 1er
août 1895 à 21 ans, quinze jours à peine après sa majorité.
Giovanni Battista
Montini naît le 26
septembre
1897
à Concesio.
Il est baptisé
à l'église de Pieve di Concesio le 30 septembre de la même
année3.
Comme le veut la coutume pour les familles
bourgeoises de Brescia,
il est confié à une nourrice. C'est Clorinda Zanotti, une mère de
quatre enfants vivant à Sacca
di Nave (près de Concesio), qui s'occupe de lui
pendant quatorze mois.
Giorgio Montini meurt en janvier 1943. Giuditta
meurt en mai 1943, quelques mois après son mari.
Études (1902-1920)
Scolarité
La façade de l'église Santa Maria della Pace.
En 1902, Giovanni Battista commence sa scolarité
au collège Cesare-Arici de Brescia, tenu par des jésuites.
Il y fait la connaissance d'Andrea Trebeschi, avec qui il entame ses
premières grandes actions pendant la Première
Guerre mondiale. Il fréquente également en
parallèle la congrégation des oratoriens
de Santa Maria della Pace, inspirée par Philippe
Néri.
De santé fragile, il
est handicapé par une croissance trop rapide et souffre de
problèmes cardiaques6,
ce qui le contraint à suspendre sa scolarité au bout de deux ans.
Sa mère le fait alors étudier à la maison.
L'année suivante (en 1905), Montini reprend
l'école. Ses études, quoique décousues, sont assez brillantes, si
bien que ses camarades le surnomment « le bûcheur ». Il
doit suspendre à nouveau ses études en 1910, toujours pour des
raisons de santé. Ses parents décident alors de le retirer
définitivement du collège et de lui faire donner des cours
particuliers, afin qu'il puisse présenter l'examen de fin d'études
secondaires en candidat libre.
Dès le collège, il rejoint l'association
Manzoni, du nom de l'auteur italien Alessandro
Manzoni, qui rassemble des élèves et des étudiants
catholiques.
En 1913, il présente un examen d'études
secondaires au lycée d'État de Chiari
puis passe sa maturità classica, l'équivalent italien du
baccalauréat français, en juin 1916. Il est admis au séminaire à
la rentrée suivante.
Séminariste sans passer par le séminaire
Naissance de sa vocation
Giovanni Battista Montini n'ayant laissé aucun
journal intime, on ne peut déterminer avec exactitude comment est
née sa vocation. Plusieurs épisodes de sa jeunesse l'ont néanmoins
marqué, ce qui a pu déclencher chez lui les premières
interrogations.
En 1903, son père lui
annonce la mort du pape Léon
XIII.
Paul VI avouera plus
tard qu'il en ressentit « une grande émotion7. »
La famille Montini se rend à Rome
en 1907 et est reçue par le pape Pie
X.
La même année, Giovanni Battista Montini fait sa première
communion et reçoit quinze jours plus tard le sacrement de
confirmation.
Toujours la même année, les Montini emménagent au 17 via delle
Grazie, à proximité de l'église
Santa Maria delle Grazie. Ce sanctuaire marial est
régulièrement fréquenté par la famille.
En 1910, une communauté bénédictine s'installe
à Chiari.
Giovanni Battista Montini, contraint de rester chez lui pour
étudier, assiste souvent aux complies
et y fait quelques retraites spirituelles. Il restera toujours en
contact avec les moines de cette abbaye : recevant en 1973 au
Vatican
des abbés bénédictins, il leur dit que c'est à Chiari qu'a germé
sa vocation.
Enfin, après avoir quelque temps songé à la
vie religieuse, il entre au séminaire en septembre 1916.
Déroulement du « séminaire »
Vue de Brescia
dans les années 1920.
C'est au séminaire Santangelo de Brescia
que Giovanni Battista Montini entre en septembre 1916. Pourtant, il
ne suit pas la même formation que ses confrères séminaristes :
son état de santé demeurant fragile, le supérieur du séminaire
et l'évêque de Brescia acceptent d'emblée que le jeune homme ne
soit pas soumis à la vie d'internat. Assistant d'abord aux cours en
habits civils, il ne peut rapidement plus venir au séminaire.
S'ensuit alors une formation solitaire, à la maison, où quelques
prêtres viennent l'assister.
Ces temps de solitude lui permettent de garder un
lien fort avec la société qui l'entoure. Il prend tout d'abord la
présidence de l'association Manzoni en 1917, grâce à laquelle il
lance une « bibliothèque du soldat » destinée à
envoyer aux soldats du front de bons livres leur permettant de se
distraire et d'entretenir leur foi. Il fonde en parallèle la
« Maison du soldat français », où les militaires
peuvent lire journaux et livres.
En juin 1918, Giovanni Battista Montini s'attelle
à un autre grand projet : défendre la liberté de
l'enseignement. Il lance avec des amis le magazine La
Fionda dans laquelle il réclame notamment la
création d'une université
catholique.
Enfin, il prend position en faveur du PPI
dont son père est député à trois reprises. Ce parti prône la
liberté de l'enseignement, la défense de la famille et d'autres
points plus administratifs.
Ces actions sociales
entament nécessairement le temps de formation sacerdotale du jeune
séminariste, dont les études sont alors parcellaires et
discontinues. Hormis les quelques cours particuliers que certains
prêtres viennent lui dispenser, il étudie des compendiums
et lit des ouvrages éclectiques, religieux comme profanes. Ce sont
des « lectures variées et hétérogènes, vastes et
désordonnées8 ».
Le 21
novembre
1919,
il revêt enfin la soutane.
Six mois plus tard, il est ordonné prêtre : entre les deux
dates, il reçoit tous les ordres sacrés : la tonsure le 30
novembre, le sous-diaconat
le 28
février
1920
sont quelques-unes des étapes le conduisant à l'ordination
sacerdotale.
Prêtre (1920-1954)
Ordination
Giovanni Battista Montini, le jour de son
ordination sacerdotale.
Après une retraite spirituelle qu'il doit
interrompre à cause de la chaleur, Montini est ordonné prêtre le
29
mai
1920.
Une dérogation a dû lui être accordée du fait de son âge, le
Code de droit canonique disposant alors que le candidat doit avoir
vingt-quatre ans révolus.
Il célèbre sa première messe le lendemain en
l'église Santa Maria delle Grazie de Brescia ; la nappe
d'autel a été taillée dans une robe de sa mère. Les images
d'ordination qu'il a fait imprimer portent une citation de Pie
X :
« Accordez, ô mon Dieu, que tous les esprits s'unissent dans
la Vérité et tous les cœurs dans la Charité ».
Études romaines
Arrivée à Rome
L'état de santé de
don Montini ne lui permettant pas de lui voir confier la charge
d'une paroisse, son évêque Mgr
Gaggia qui a repéré ses qualités intellectuelles et spirituelles
décide de l'envoyer à Rome
pour compléter ses études9.
La Grégorienne,
une des universités de Rome où le père Montini poursuit ses
études.
Montini arrive à Rome le 10
novembre
1920,
demeurant au séminaire
pontifical lombard. Il y étudie dans deux
universités : à la Grégorienne
(chez les jésuites) et à la Sapienza
(université d'État, laïque). Cette double formation coïncide
avec la ligne directrice qui orientera son pontificat :
l'ouverture vers le monde laïc.
Parallèlement à ses études, il continue de collaborer pour La
Fionda et écrit des nouvelles.
Il aide en outre son père à mener sa campagne
électorale pour la XXVIe
législature du royaume d'Italie. Le PPI n'y obtient
que 107 sièges. Pour la première fois, 35 fascistes
(dont Mussolini)
y sont élus.
Admission à l'Académie des nobles ecclésiastiques
Le 27
octobre
1921,
Montini se fait connaître des autorités vaticanes
par l'intermédiaire d'un ami de son père, le député Giovanni
Maria Longinotti (it)note
2. Il est reçu par Mgr
Giuseppe
Pizzardo, substitut à la secrétairerie d'État.
Recommandé par Longinotti, Montini se voit proposer une inscription
à l'Académie
des nobles ecclésiastiques sise à Rome. Cette
institution de haut niveau avait été fondée en 1701
par Clément
XI
pour former les clercs destinés au service diplomatique du
Saint-Siège.
Entrée de l'Académie
des nobles ecclésiastiques.
Intégré à
contre-cœur en novembre à l'Académie, Montini y étudie le latin,
l'histoire ecclésiastique, la diplomatie et le droit. Il publie un
opuscule commentant l'ouvrage d'un de son maître spirituel le père
Bevilacqua (oratorien
de Brescia qu'il fera cardinal en février 196510),
La Lumière et les ténèbres.
Après avoir voyagé en
Allemagne
et en Autriche
durant l'été 1922note
3, le jeune prêtre passe son doctorat en droit
canon le 9 décembre suivant.
Attaché à la nonciature de Varsovie
En mai 1923,
Montini apprend qu'il est affecté à la nonciature
de Varsovie
en tant qu'attaché à la nonciature. Sans attribution
déterminée, il ne touche aucun traitement et vit de l'argent que
ses parents lui envoient et des honoraires de messes. De la Pologne,
il suit la politique italienne et dénonce dans ses lettres le
rapprochement de certains membres du PPI avec le parti de Mussolini.
Don Battista est admis à revenir à Rome en octobre 1923, grâce au
nonce de Varsovie Mgr
Lauri, et à son père qui fait valoir que la santé de son fils
supporterait très mal l'hiver polonais.
Aumônier du Cercle romain de la FUCI
La FUCI
(Fédération
des universitaires catholiques italiens) est une
branche de l'Action
catholique italienne (it)
(ACI). Il s'agit d'une association composée de différents cercles
en liens étroits avec la hiérarchie ecclésiastique, chaque cercle
étant spirituellement dirigé par un aumônier.
Un an après son retour de Pologne,
Montini est nommé fin novembre 1923 aumônier du Cercle romain de
la FUCI par son protecteur et ami Mgr
Pizzardo. Son travail est de remettre de l'ordre dans ce cercle en y
épurant ses activités politiques agitées pour y remettre un sang
neuf de vie culturelle et religieuse, dans le but indirect de
renforcer les liens entre la FUCI et l'ACI.
Don Battista n'abandonne pas pour autant son
combat politique et milite pour l'indépendance du PPI face au
fascisme pour les élections législatives de 1924.
Toutefois, le parti est divisé et n'obtient plus qu'une quarantaine
de fauteuils à l'assemblée.
Durant l'été 1924,
Montini fait un séjour d'un mois en France :
il prend des cours de français à l'Alliance
française de Paris
dispensés par René
Doumic, et visite notamment le musée
du Louvre et la ville de Lisieux
où repose sainte
Thérèse.
Secrétairerie d'État
Alors qu'il n'a que vingt-sept ans, Montini
reçoit une lettre de Mgr
Pizzardo l'informant que le pape Pie
XI
l'autorise à le faire entrer à la secrétairerie
d'État. Il commence sa fonction le 24
octobre
1924
en tant que préposé, le poste le plus modeste.
Employé à la Curie
Après plusieurs mois d'apprentissage, on le
nomme minutante
le 9
avril
1925
à la section des Affaires ordinaires. Il est chargé de rédiger,
d'après les instructions reçues, les brouillons, instructions et
circulaires envoyés par la section.
Montini continue en parallèle son apostolat
auprès des jeunes, travaillant au Vatican
le matin puis au Cercle romain de la FUCI l'après-midi. Son
activité apostolique n'est pas de tout repos : il organise des
conférences, donne des leçons sur la morale chrétienne et prêche
des retraites. Pourtant, un incident survient au printemps 1925 :
don Battista organise une semaine d'études sociales pour les jeunes
où son frère Lodovico, alors enseignant en sciences économiques
et sociales à Milan,
fait une intervention. Le quotidien du PPI vante l'engagement
politique des Montini dans lequel est inclus le jeune prêtre. Le
cardinal Pompilj
se plaint auprès de Mgr
Pizzardo que le Cercle se « politise ».
Camérier secret et aumônier national de la FUCI
Mais les événements internes à la FUCI
incitent le pape Pie
XI
à nommer Montini aumônier national de la FUCI
en vue de « dépolitiser » la fédération, de la
désolidariser du PPI et de contrôler les mouvements étudiants.
Pour renforcer l'autorité de l'aumônier, Pie
XI
le nomme camérier
secret, titre qui ne correspond plus à une fonction
précise. Don Battista, que l'on appelle désormais Mgr
Montini en raison de sa fonction, donne une ligne plus culturelle et
religieuse à la fédération.
La direction spirituelle de la FUCI doit faire
face aux multiples incidents qui naissent entre les étudiants
catholiques et fascistes. Par exemple, à l'occasion de la
réouverture de l'église Saint-Yves de Rome, un journal (La
Sapienza) est édité, on y trouve des critiques contre le
gouvernement et, indirectement, contre le pape lui-même, jugé
inactif. Pie
XI
convoque Montini pour avoir le nom de l'auteur de l'article
provocateur. La tentative d'assassinat de Mussolini,
le 31
octobre
1926,
envenime ces oppositions.
Montini adopte alors une nouvelle stratégie pour évangéliser le
milieu étudiant sans risquer de heurts : le combat
culturel, visant à former de l'intérieur le milieu étudiant
en donnant un nouvel élan à la culture catholique. Il fonde la
maison d'édition Studium et crée un bimensuel, Azione fucina.
Tout en publiant des articles, il rédige aussi une importante étude
sur la vie et l'enseignement du Christ d'après le Nouveau
Testament. Ses écrits témoignent de l'influence qu'exercent sur
lui l'abbé Maurice
Zundelnote
4 et le philosophe Jacques
Maritainnote
5.
La montée du fascisme
inquiète Montini, qui émet les plus grandes réserves lors de la
conclusion des accords
du Latran. « La méfiance et la prudence ne
doivent jamais cesser, voilà la conclusion, et seuls les
superficiels et les irresponsables peuvent éprouver, d'une façon
méprisable, une joie complète », écrit-il à ses parents
une semaine après la signature des accords11.
Il accepte toutefois d'y assister. Peu après, il exclut de la FUCI
les étudiants qui refusent de quitter le Groupement universitaire
fasciste. Malgré ses concessions, il est repéré à l'intérieur
comme à l'extérieur de la curie comme un des tenants de la ligne
d'opposition au fascisme. Il rencontre de futurs dirigeants de la
Démocratie chrétienne, parmi lesquels Aldo
Moro, avec lequel il entretient des rapports
personnels d'amitié.
Primo Minutante et démission forcée de la FUCI
Un an après la signature des accords du Latran,
le cardinal Pietro
Gasparri abandonne sa charge de secrétaire d'État,
poste rapidement pourvu par le cardinal Pacelli, futur Pie
XII.
Ce changement de poste est précédé par un remaniement au sein de
la congrégation, et Mgr
Montini est nommé primo minutante en succession de Mgr
Domenico
Tardini, nommé sous-secrétaire.
Malgré son nouveau poste et l'accroissement de
la charge de travail en découlant, Mgr
Montini continue son apostolat auprès des étudiants de la FUCI.
Néanmoins, le
mouvement essuie bientôt de grandes difficultés, et Montini se
voit contraint d'en démissionner. D'une part, la presse fasciste
soupçonne la FUCI et autres mouvements catholiques d'être des
« organisations concurrentes des corporations fascistes »,
ce qui conduit Mussolini
à interdire aux adhérents du Parti fasciste d'appartenir à tout
mouvement d'action catholique12.
Des accords sont signés le 2
septembre
1931
entre le Saint-Siège et le gouvernement, dans lesquels l'Église
fait de nombreuses concessions, ce que désapprouve Montini.
D'autre part, Montini
lui-même doit faire face à plusieurs accusations. Le nouvel
aumônier du cercle romain de la FUCI, Mgr
Ronca, dénonce la circulaire envoyée par Montini (aumônier
national) pour Pâques
1931, dans laquelle il critique notamment « l'inutile et
malséante multiplicité de candélabres, palmes, fleurs, etc. »
qui décore les autels des églises13,
ce qui choque plusieurs aumôniers locaux du mouvement. Ensuite, son
ouvrage La Via di Cristo (La Voie du Christ) n'obtient
que difficilement le nihil
obstat de l'évêque de Brescia.
Enfin, des rivalités naissent entre la FUCI et les jésuites, qui
enseignent à la Grégorienne,
l'enseignement des deux mouvements étant en concurrence.
Le 12
mars
1933,
un article anonyme d'Azione fucina annonce la démission de
Mgr Montini
de sa charge d'aumônier national des associations universitaires
catholiques. Beaucoup pensent qu'il s'agit là d'une démission
forcée14.
Une fois démis de ses fonctions, Mgr
Montini consacre son temps, parallèlement au léger travail qu'il
exerce à la secrétairerie d'État, à l'enseignement et à
l'écriture. Il poursuit en effet son enseignement d'histoire de la
diplomatie pontificale à l'université
du Latran et assure un cours d'introduction au dogme
catholique dans la même université. Il publie en outre La Vie
du Christ et une Introduction à l'étude du Christ, et
réalise une traduction de La Religion personnelle du père
de
Grandmaison. L'été 1934 est pour lui l'occasion de
voyager en France,
en Grande-Bretagne
et en Irlande.
Il s'éloigne de Rome pendant toute l'année 1935 pour des raisons
de santé, et se repose près de sa région natale de Brescia. À
son retour, il retourne à son travail à la secrétairerie d'État,
sans entrain et avec lassitude.
Substitut aux Affaires ordinaires
Fonctions du substitut
Le palais
apostolique, nouveau lieu de résidence de Mgr
Montini.
Lors du consistoire
du 13
décembre
1937,
le pape Pie
XI
crée cardinal Mgr
Pizzardo. Ce dernier est remplacé aux Affaires extraordinaires par
Mgr Tardini,
lui-même remplacé à sa charge de substitut
aux Affaires ordinaires par Mgr
Montini.
Cette promotion importante, faisant connaître
Montini au-delà du Vatican,
s'accompagne d'autres promotions annexes : consulteur de la
Congrégation consistoriale et consulteur de la Congrégation du
Saint-Office. Montini quitte alors le palais
du Belvédère pour loger au palais
apostolique, sous les bureaux de la secrétairerie
d'État. En tant que substitut aux Affaires ordinaires, Montini
devient un proche collaborateur du pape et il est chargé des
relations du Saint-Siège avec les grands organismes de l'Église ;
il peut transmettre des recommandations et des directives de la part
de l'autorité supérieure, en plus d'un rôle d'intermédiaire où
il fait part notamment du point de vue du Saint-Siège à des
personnalités venant le visiter. Sa journée-type commence par une
étude des dossiers, puis une réception par le secrétaire d'État
Pacelli, avant la réception de cardinaux, évêques ou diplomates
lors des audiences qu'il accorde.
Seconde Guerre mondiale
Cependant, la Seconde
Guerre mondiale bouscule cette organisation. Montini,
qui a assisté à la signature du concordat
du 20 juillet 1933 entre le Saint-Siège (représenté
par Pacelli, le futur pape Pie
XII)
et le Troisième
Reich15,
est en effet être un témoin privilégié de la guerre et de
l'action du Saint-Siège face à celle-ci. Le nazisme,
déjà condamné par Pie
XI
dans l'encyclique
Mit
brennender Sorge, continue d'inquiéter le
Saint-Siège quand l'Allemagne
annexe l'Autriche
en mars
1938, lors de l'Anschluss.
Le 10
février
1939,
le pape Pie XI
meurt ; son successeur, le cardinal Pacelli,
est élu le 2 mars suivant et prend le nom de Pie
XII.
Pendant le temps du conclave,
Montini veille à l'organisation matérielle des lieux où se
réunissent les cardinaux. Une fois élu, Pie XII
nomme le cardinal Luigi
Maglione secrétaire d'État, mais garde les deux
substituts. Montini et le pape se voient tous les jours avant la
guerre et pendant celle-ci, multipliant les audiences et les
productions de documents. En juillet et août 1939, le Dr
Manfred Kirschberg, de Paris, demande à Mgr
Montini d'attribuer aux juifs d'Europe un territoire en Angola
(territoire portugais) pour les préserver des persécutions, mais
le projet n'aboutit pas16.
Dès le début de la
guerre, Montini se voit confier la responsabilité du Bureau
d'informations, organe de liaison entre les prisonniers
de guerre ou internés civils et leurs familles,
notamment en donnant à ces dernières des nouvelles des prisonniers
par radio. En janvier 1940, Pie XII
demande à Montini de diffuser des messages via Radio
Vatican pour dénoncer le sort réservé par les
nazis au clergé et aux civils polonais. Après l'entrée des
Allemands dans Paris
le 14
juin
1940,
Montini adresse un message de soutien à l'abbé Martin, seul
Français de son service17.
Outre les activités prenantes du Bureau d'informations, le
substitut accorde de nombreuses audiences aux diplomates en visite
au Vatican, et participe à la distribution de secours, par
l'intermédiaire de la Croix-Rouge,
aux prisonniers et aux populations civiles.
Rapidement, Mgr
Montini est au centre de deux incidents diplomatiques entre l'Italie
fasciste et le Saint-Siège. D'une part, fin avril 1941, il est
accusé par le ministre Galeazzo
Ciano, gendre de Mussolini, d'avoir diffusé un tract
antifasciste à des étudiants romains, mais aucun tract n'est
retrouvé ; d'autre part, une note envoyée au Saint-Siège
l'accuse d'avoir organisé une réunion antifasciste dans les
appartements du Vatican, avec des diplomates étrangers :
l'information est vite démentie par le secrétaire d'État.
En novembre 1941, le substitut préside la nouvelle « Commission
pour les secours », chargée d'envoyer des aides financières
et des médicaments aux prisonniers, alliés ou non. À partir de
1942, le Saint-Siège est informé du sort réservé aux Juifs
d'Europe. Ceux de Slovaquie
sont momentanément préservés de la déportation grâce à
l'intervention de la secrétairerie d'État18
mais, très vite, on informe le Saint-Siège des conséquences de
ces interventions : le 24
juin
1942,
le nonce
apostolique à Berlin
Cesare
Orsenigo informe Mgr
Montini que les démarches tentées en faveur des Juifs « ne
sont pas bien accueillies ; au contraire, elles finissent par
indisposer les autorités »19.
À partir de ce moment, le Saint-Siège, et en particulier le pape
Pie
XII,
réagissent discrètement face aux atrocités nazies, de peur des
représailles20.
À partir de septembre 1942, Montini se trouve au cœur d'un complot
visant à renverser Mussolini21.
La princesse de Piemont, Marie-José
de Belgique,épouse du prince-héritier et
belle-fille du roi Victor-Emmanuel
III,
est reçue en audience le 3
septembre
1942
par Mgr
Montini. Elle explique au substitut que le peuple italien est prêt
à abandonner le régime fasciste, que des hommes sont prêts à
assurer la relève et qu'une paix séparée peut être conclue avec
les Alliés22.
Montini, à qui sa fonction permet de rencontrer les diplomates
alliés, fait donc part de ce projet aux Alliés, qui font preuve de
bonnes dispositions. Néanmoins, ils mettent en œuvre leur propre
stratégie : ils commencent par débarquer
en Afrique du Nord le 8
novembre
1942,
se rapprochant ainsi de l'Italie. À l'issue du bombardement de Rome
par les Alliés le 19
juillet
1943,
Montini accompagne Pie
XII
dans les rues de la ville afin de prier et de secourir les pauvres.
L'approche des Alliés ébranle le gouvernement fasciste ; le
24
juillet
1943,
le Grand
Conseil du fascisme vote les pleins pouvoirs au roi
Victor-Emmanuel
III.
Le 25 juillet au matin, l'un des membres du Conseil qui a voté les
pleins pouvoirs, Alberto
De Stefani (it),
demande à Montini que le Saint-Siège serve d'intermédiaire entre
les Alliés et le nouveau gouvernement à venir23.
Le lendemain, le roi demande au maréchal
Badoglio de former un ministère et ce dernier fait
arrêter Mussolini. Le 13
août
1943,
un nouveau bombardement allié survient sur Rome : Montini
accompagne à nouveau le pape sur les lieux touchés afin de
réconforter la population. Le lendemain, le gouvernement Badoglio
proclame Rome « ville
ouverte ».
Jusqu'à la fin de la guerre, Montini est témoin
des différents événements qui touchent Rome, notamment
l'occupation de la ville par les Allemands à partir du 10
septembre
1943,
puis sa libération par les forces alliées le 4
juin
1944.
Cette guerre est aussi pour lui le temps des épreuves : ses
parents meurent en 1943, et plusieurs de ses amis sont déportés
dans des camps
de concentration ; enfin, son ami Longinotti
(qui l'avait fait entrer à l'Académie
des nobles ecclésiastiques), meurt dans un accident
de voiture en 1944.
Après la guerre
Le secrétaire d'État Luigi
Maglione meurt d'une crise
cardiaque le 22
août
1944.
Le pape Pie
XII
ne le remplace pas et la fonction de secrétaire d'État reste
vacante jusqu'à l'élection de Jean
XXIII.
Malgré cela, Mgr
Montini a un rôle important dans les relations diplomatiques entre
le Saint-Siège
et les États sortant de la guerre. Bien qu'il n'ait pas pris place
dans le dialogue entre Pie
XII
et le gouvernement français pour remplacer quelques évêques
« collaborateurs »24,
il sert d'intermédiaire entre le pape et Jacques
Maritain, nouvel ambassadeur de France près le
Saint-Siège, au sujet de la responsabilité du peuple allemand. Pie
XII avait en effet
estimé que le peuple allemand n'était pas collectivement coupable
de la Seconde
Guerre mondiale, ce à quoi le philosophe Jacques
Maritain répondait que le peuple allemand était
responsable comme peuple. L'ambassadeur français insiste aussi
auprès de Montini pour que Pie XII
renouvelle son soutien au peuple juif en faisant une déclaration
solennelle de compassion en faveur des victimes de la Shoah.
Au sujet des pays d'Europe
de l'Est soumis au régime soviétique, Mgr
Montini adresse aux diplomates occidentaux plusieurs rapports sur la
situation de ces pays. Il continue d'œuvrer au sein du Bureau
d'informations en faveur des prisonniers libérés et des nouveaux
prisonniers que l'épuration a créé. De plus, il se charge de la
création d'un service d'assistance aux émigrés à la fin de
l'année 1946, pour venir en aide aux populations italiennes,
allemandes et polonaises contraintes de quitter leur territoire du
fait des nouvelles frontières dessinées.
Parallèlement au devenir de l'Europe
d'après-guerre, Mgr
Montini a un rôle déterminant dans l'évolution politique de
l'Italie,
jusque dans les années 1950. Face à la Démocratie
chrétienne dirigée par Alcide
De Gasperi, d'autres partis dits chrétiens
apparaissent, notamment à gauche. Montini refuse un tel pluralisme
et Démocratie chrétienne se trouve seule à la tête du
gouvernement italien, les autres partis ne recevant pas le soutien
de l'Église. Lors de l'élaboration de la Constitution
de l'Italie faisant suite au référendum du 2
juin
1946,
Montini insiste pour que les accords
du Latran soient inscrits dans le texte
constitutionnel. Lors de la signature du traité
de l'Atlantique nord en 1949, il se prononce pour
l'adhésion de l'Italie à l'OTAN,
exprimant ainsi sa propre volonté et celle de Pie XII.
Concernant les syndicats, il inspire la création des Associations
catholiques des travailleurs italiens (it)
(ACLI). Il promeut en même temps la création de syndicats
indépendants de l'Église catholique.
Le bras droit de Pie XII
Le pape Pie
XII
n'ayant pas pris de secrétaire d'État depuis la mort de Mgr
Luigi
Maglione, Mgr
Montini devient donc le subalterne direct du Saint-Père aux
affaires ordinaires. Partant, il rédige ou signe pour le pape un
grand nombre de discours, messages ou allocutions à des
organisations, personnalités ou pèlerins de passage au Vatican.
En outre, il aide le souverain pontife dans la rédaction des
encycliques
et autres grands textes pontificaux. Par exemple, à Frédéric
Joliot-Curie qui demande au pape d'intervenir pour
inciter les pays à réduire leur armement, Montini répond que la
véritable paix a sa source « dans la doctrine enseignée par
Notre-Seigneur Jésus-Christ25. »
Autre exemple : quand l'archevêque orthodoxe d'Athènes
Spyridon
Ier
demande au pape de venir à une célébration pour l'occasion du
XIXe
centenaire de l'arrivée de saint
Paul en Grèce,
c'est encore Montini qui décline l'invitation.
Pour autant, ces décisions ne reflètent pas toujours la
personnalité du substitut lui-même. Ce dernier est réputé pour
être ouvert d'esprit, et les théologiens condamnés par le
Saint-Office
ou en passe de l'être viennent d'abord se référer à Montini
avant d'aller voir le pape. Un adage se forme ainsi dans les milieux
ecclésiastiques : « Pourquoi aller à la montagne
(Pie XII) quand on
peut passer par Montini26? »
Un exemple permet de mieux comprendre le rôle d'intermédiaire joué
par le substitut : le père Yves
Congar et le père Féret publient dans La
Maison-Dieu un article critiquant la nouvelle
traduction latine du psautier
engagée par Pie XII.
Recevant le père Congar le 21 mai 1946, Montini dialogue avec lui
sur ces critiques puis sur les thèses d'avant-guerre du père
relatives à l'œcuménisme,
jugées suspectes par Rome27.
Montini transmet aux dicastères
compétents des dossiers, envoyés par le père Congar, sur
l'œcuménisme. Montini apporte aussi son soutien au père Henri
de Lubac, théologien controversé depuis son ouvrage
Surnaturel. En 1948, il réussit à convaincre Pie XII
de recevoir en audience Mgr
Bruno
de Solages, recteur de l'Institut
catholique de Toulouse, suspecté d'approuver les
idées du père Teilhard
de Chardin. Le 1er
septembre de la même année, il épargne de l'Index
le livre de Maxence
Van der Meersch, La Petite Sainte Thérèse.
Puis, en mars 1949, il reçoit le frère Roger
Schutz et Max
Thurian, responsables de la Communauté
de Taizé, pour entamer avec eux un dialogue
œcuménique et préparer leur audience prochaine avec le pape.
En 1950, Pie
XII
charge Mgr
Montini de la préparation matérielle de l'Année
sainte : calendrier des pèlerinages nationaux
et des audiences publiques, et possibilités d'hébergement
notamment. Quelques jours avant l'ouverture de cette Année sainte,
il anime une conférence à Rome
devant les autorités civiles et politiques de la capitale, visant à
présenter ladite année. L'assistance admire le prélat et d'aucuns
y voient déjà un futur pape28.
1950 est aussi l'année de la publication de l'encyclique Humani
Generis, dans laquelle le pape dénonce notamment
« quelques opinions fausses qui menacent de ruiner les
fondements de la doctrine catholique »29.
Montini relativise la portée du texte en confiant à son ami Jean
Guitton que le pape ne dénonce pas des erreurs
mais seulement des opinions pouvant aboutir à des erreurs30.
Autre grand fait majeur
pour l'Église en cette même année : la proclamation du dogme
de l'Assomption
le 1er
novembre. Les protestants s'insurgent contre cette proclamation car
elle attribue un privilège supplémentaire à la Vierge
Marie qui n'est pas attesté historiquement et,
aussi, elle engage l'infaillibilité
du pape, notion que les protestants refusent également. Recevant
Roger
Schutz et Max
Thurian au Vatican, Montini leur fait part de son
souhait d'une « plus grande discipline et un texte qui précise
la pureté de la doctrine »31.
Montini reçoit beaucoup de prélats
et de diplomates
au Vatican. Parmi ceux-ci, dom Hélder
Câmara avec qui il évoque la création d'une
conférence épiscopale pour le Brésil.
Enfin, le substitut effectue un voyage au Canada
et aux États-Unis
en 1951, où il rencontre notamment Mgr
Spellman, archevêque
de New York.
Pro-secrétaire d'État
Refus présumé d'une promotion cardinalice
En novembre 1952, Mgr
Montini et Mgr
Tardini
obtiennent le titre de pro-secrétaires d'État, distinction
purement honorifique. Lors du consistoire
du 12 janvier suivant, Pie
XII
annonce aux nouveaux cardinaux qu'il les a nommés pro-secrétaires
d'État car ils ont refusé la barrette de cardinal32.
Selon certains, Pie
XII
lui aurait « suggéré » de renoncer à cette promotion,
probablement parce qu'il ne voulait pas de lui comme successeur33.
Quelques auteurs, dont Jean
Guitton, l'ont en effet affirmé. Le philosophe et
ami de Montini dira plusieurs décennies plus tard : « Il
y a des choses que je sais et qui sont difficiles à dire. Il est
certain que ce fut dramatique. À un certain moment, Pie XII
a conçu pour Montini de la défiance. Il a compris que c'était son
devoir d'empêcher Montini de devenir pape34. »
Plusieurs prises de position politiques lui sont en effet reprochées
au sein même de la secrétairerie
d'État, comme l'unité des catholiques dans la
Démocratie
chrétienne ou encore l'hostilité à la création
d'un syndicat catholique. De plus, il adopte des positions
différentes du Saint-Siège,
quand il défend sans ambigüité le livre Vraie et Fausse
Réforme de l'Église d'Yves
Congar35
ou encore quand il dit à Mgr
Lefebvre
que l'Église ne doit pas condamner Réarmement
moral36,
organisation pourtant critiquée par le Saint-Office en 1955. Enfin,
quand Alcide
de Gasperi était président du Conseil, Montini
l'encouragea discrètement, en contradiction avec les instructions
de Pie
XII,
à se rapprocher du Parti Socialiste Italien, dirigé par Pietro
Nenni, pour éloigner ce dernier des communistes. Le
théologien jésuite Alighiero
Tondi compromis dans une affaire d'espionnage
soviétique au Vatican en 1953 fut le secrétaire de Montini37.
Malgré tout cela, Mgr
Tardini,
substitut aux Affaires extraordinaires, affirma plus tard que
Montini et lui ont refusé la barrette rouge quand Pie XII
la leur proposa en mai 195238.
Pourtant, ils l'accepteront tous les deux dès le premier
consistoire
de Jean
XXIII
le 15
décembre
1958.
L'affaire des prêtres-ouvriers
Article détaillé : Prêtre
ouvrier.
L'année 1953 est aussi
pour l'Église l'occasion d'interdire progressivement l'apostolat
des prêtres-ouvriers
dans les usines, ceux-ci étant suspectés d'être trop politisés
et de se situer dans une mouvance marxiste39.
En juillet, le cardinal Giuseppe
Pizzardo (préfet de la Congrégation
des séminaires) interdit aux séminaristes
d'effectuer des stages dans des usines ; en août, interdiction
est faite aux « religieux-ouvriers » de fréquenter les
usines ; en septembre enfin, le nonce à Paris Mgr
Roncalli (futur Jean
XXIII)
demande aux évêques français d'interdire l'expérience des
prêtres-ouvriers en France. Dans toutes ces condamnations, Montini
approuve le Saint-Siège
et justifie ses décisions. Néanmoins en 1965, devenu pape, il
rétablira l'expérience des prêtres-ouvriers.
Archevêque de Milan (1954-1963)
Une nomination mal ressentie
Le dôme
de Milan.
Le cardinal Schuster,
archevêque
de Milan depuis le 26 juin 1929, meurt le 30 août
1954. Peu de temps après, Pie
XII
annonce à Montini qu'il songe à le nommer à cette fonction.
Bien que le siège archiépiscopal de Milan soit considéré comme
illustre, Montini ressent cette nomination comme une sanction40.
Il souffre qu'on l'éloigne ainsi de Rome. Plusieurs raisons ont été
avancées pour tenter d'expliquer cette nomination : Pie XII,
ne voyant pas Montini devenir pape, souhaitait l'éloigner du
Vatican ; Montini s'écarte de la tradition de l'intransigeantisme ;
Montini serait entré en contact, à l'insu du pape, avec les
autorités soviétiques pour améliorer les relations entre l'URSS
et le Vatican, ce qui aurait scandalisé Pie XII et l'aurait incité
à éloigner son pro-secrétaire d'État41.
Cependant, le siège de Milan est cardinalice, et
même « papable » :
Pie XI venait de
Milan. En lui donnant l'expérience pastorale du plus gros
archevêché d'Italie, Pie XII
compense partiellement son refus de créer cardinal celui qui va
devenir l'un des principaux candidats à sa succession, immédiate
ou non.
Quoi qu'il en soit, le futur évêque se prépare
à sa nouvelle charge, et reçoit dès le mois de novembre 1954
l'évêque auxiliaire et le vicaire général de l'archidiocèse de
Milan. Et le 6 novembre, Mgr
Montini fait ses adieux aux membres du corps diplomatique du
Saint-Siège.
La consécration
épiscopale est célébrée le 12
décembre
1954
en la basilique
Saint-Pierre. Pie XII,
malade, ne peut procéder lui-même au sacre. Le cardinal Eugène
Tisserant est donc le principal consécrateur du
nouvel évêque ; il est secondé par Mgr
Giacinto
Tredici (it)
et Mgr
Domenico
Bernareggi (en).
Le pape a néanmoins enregistré un message qui est diffusé lors de
la cérémonie, dans lequel il adresse sa bénédiction à son
« fidèle collaborateur, devenu aujourd'hui son frère dans
l'ordre épiscopal »42.
Montini est amené à choisir son blasonnote
6 et sa devise épiscopale « In nomine
Domini » (« Au nom du Seigneur »)note
7.
Arrivée dans le diocèse
Mgr
Montini part de Rome
le 4 janvier 1955 pour son nouveau diocèse, après avoir dit la
Messe à l'autel saint Pie X
dans la basilique
Saint-Pierre. Il prend le train jusqu'à la ville de
Lodi,
où il est reçu par l'évêque du lieu et le vicaire général de
Milan. Puis, se rendant à Milan en voiture, le nouvel archevêque
descend du véhicule et embrasse le sol de son nouveau diocèse.
Le 6 janvier suivant, jour de l'Épiphanie,
Montini fait son entrée officielle à Milan devant une foule
nombreuse et les autorités civiles et religieuses de la ville.
Debout dans une voiture précédant une file de véhicules
officiels, l'archevêque bénit ses fidèles à travers les rues de
la ville. Arrivé au dôme
de Milan, il prononce un discours mêlant esprit de
tradition (« Notre catholicisme doit être intègre et
fidèle ») et esprit d'ouverture (il faut œuvrer à la
« pacification de la tradition catholique italienne avec le
bon humanisme de la vie moderne »).
Grands traits de l'épiscopat
Tâches de l'archevêque
Le diocèse
de Milan, le plus important d'Italie
avec plus de trois millions d'habitants, est en proie à la
déchristianisation
et à la libéralisation
des mœurs. Le nouvel évêque prend donc la charge d'un diocèse
difficile à gérer, lui qui n'a jamais eu à diriger de paroisse en
tant que prêtre.
Mgr
Montini se constitue progressivement un cercle restreint de clercs
qui seront aussi ses conseillers, notamment le supérieur du
séminaire de Milan qu'il reçoit tous les mercredis. Puis, très
vite, le prélat s'implique totalement dans la vie politique et
sociale de son diocèse : visite de la Foire internationale de
Milan en avril 1955note
8, visite des hôpitaux, des usines, des paroisses et
des communautés religieuses de son territoire.
L'archevêque s'implique aussi dans la
construction de nouvelles églises : à son départ en 1963, il
a fait construire soixante-douze églises, plus une vingtaine en
chantier. C'est pour lui l'occasion d'inviter les artistes
contemporains à créer pour l'église. Il redéfinit les paroisses,
incitant les prêtres à y inclure des salles de spectacles et des
équipements sportifs. Il crée des mouvements pastoraux comme un
bureau d'études promouvant de nouvelles méthodes de catéchèse
et éditant des manuels de liturgie ; un « Office
pastoral social » pour insérer les immigrants dans les
églises ; et enfin, un « Office d'assistance sociale »
distribuant des secours aux nécessiteux.
L'intensité de ces
activités fragilisant davantage sa santé, l'archevêque obtient la
nomination de deux nouveaux évêques
auxiliaires pour l'aider dans sa tâchenote
9 : Mgr
Sergio
Pignedoli et Mgr
Schiavini.
Il continue à recevoir Roger
Schutz, Max
Thurian et des ecclésiastiques anglicans, ainsi que
des évêques avec qui il joua plus tard un grand rôle pendant le
Concile,
tels Mgr
Maurice
Roy (archevêque
de Québec) ou encore Mgr
Léon-Joseph
Suenens (évêque auxiliaire de Malines).
Politiquement, il prend position contre l'ouverture à gauche de la
Démocratie
chrétienne, dont le secrétaire élu en 1959 était
Aldo
Moro.
Selon son ami Jean
Guitton, Montini était triste et « souffrait
le martyre », éloigné de Rome
et des affaires du Saint-Siège
où il avait travaillé pendant 30 ans.
La mission de Milan (novembre 1957)
Peu après son installation, l'archevêque émet
l'idée d'une grande mission diocésaine lors d'une réunion avec
des prêtres. Cette mission, limitée à la seule ville de Milan,
a pour but d'aller vers tous ceux qui sont éloignés de l'Église,
les « égarés et les tourmentés, les perdus et les
solitaires ».
Le projet est annoncé
officiellement au début de l'année 1956, le jour de
l'Épiphanienote
10. Pendant plusieurs mois, de multiples réunions
sont organisées et des livres de chants et de prières pour la
famille sont édités.
La mission se déroule
durant vingt jours, du 5 au 24 novembre 1957. L'événement est
considérable : deux cardinaux
(Giuseppe
Siri et Giacomo
Lercaro), vingt-quatre archevêques et évêques,
plus d'un millier de prêtres et religieux43
sont mobilisés pour prêcher dans les lieux de la ville. Églises,
places publiques, magasins, usines, hôpitaux, écoles et
administrations profitent des prédications toutes construites sur
le thème « Dieu le Père ». Montini insiste pour que la
mission n'offense personne et s'ouvre à tous les Milanais. Il
utilise tous les moyens modernes (hélicoptère…).
Les fruits de la Mission seront pourtant
médiocres car, après une courte ferveur, la situation religieuse
et morale de la ville va en se dégradant. Montini déclara plus
tard dans un synode diocésain : « L'impulsion de ferveur
religieuse suscitée par la mission citadine de 1957 n'a pas eu les
suites positives auxquelles nous nous attendions. La situation
religieuse de la ville est alarmante. »
Centenaire des apparitions de Lourdes
Pour fêter les cent ans des apparitions
mariales de Lourdes, le prélat organise un
pèlerinage sur ce lieu avec 4 500 fidèles de son diocèse, du
26 juin au 1er
juillet 1958.
Ils rendent grâce ensemble pour les fruits de la Mission de Milan.
Mgr Montini
fait deux retraites le mois d'août suivant, dans l'abbaye
d'Einsiedeln puis dans celle d'Engelberg
en Suisse.
Cardinal
Le pape Jean
XXIII.
Mort de Pie XII et élection de Jean XXIII
Le pape Pie
XII
meurt le 9
octobre
1958
à Castel
Gandolfo, après trois jours d'agonie. Depuis son
ordination épiscopale, Montini ne l'avait vu qu'à quelques
audiences publiques mais jamais personnellement. En se recueillant
devant la dépouille du pape le 10 octobre, le prélat aurait
murmuré « Comme je lui voulais du bien. Et pourtant nous ne
nous sommes pas compris »44.
Bien que Montini ne
soit pas cardinal, certains envisagent quand même son élection au
trône de saint
Pierre, ce qui est canoniquement possible mais ne
s'était pas produit depuis l'élection d'Urbain
VI
en 1378. Certains cardinaux, dont Giuseppe
Siri, s'y opposent néanmoins farouchement45.
Le conclave
de 1958 s'ouvre le 26 octobre et, après deux jours
et dix scrutins infructueux, le cardinal Roncalli est élu le 28 et
prend le nom de Jean
XXIII.
Le patriarche de Venise est un ancien diplomate du Vatican en
Bulgarie, en Turquie et en France, qui avait été en contact direct
avec Montini, dès le début de sa carrière, et qui en est proche.
Le consistoire du 15 décembre 1958
Armoiries du cardinal Montini.
Peu de temps avant son couronnement du 4
novembre
1958,
Jean
XXIII
écrit à Mgr
Montini pour l'informer qu'il sera très bientôt créé cardinal,
avec notamment Mgr
Domenico
Tardini (nouveau secrétaire d'État), pour réparer
ce que l'archevêque ressent encore comme une injustice de la part
de Pie XII. L'annonce
de la nomination de 23 nouveaux cardinaux devient officielle le
17 novembre suivant.
Mgr
Montini est finalement nommé cardinal au titre de Santi
Silvestro e Martino ai Monti lors du consistoire
du 15 décembre 1958.
Début du concile Vatican II
Article détaillé : IIe
concile œcuménique du Vatican.
Préparation du concile
Le 25 janvier 1959, Jean
XXIII
annonce officiellement son intention de procéder à un concile
œcuménique, afin de prolonger les travaux du
concile
Vatican I,
interrompu en 1870. Le lendemain, Mgr
Montini adresse un communiqué à ses diocésains en affirmant que
ce concile est un « événement historique de première
grandeur […], grand pour l'Église entière et pour l'humanité ».
Le 17 mai de la même année est créée une
commission antépréparatoire au concile, dirigée par le secrétaire
d'État Domenico
Tardini, afin tout d'abord de recueillir les vœux
des évêques du monde entier sur les sujets à débattre au
concile. Parmi toutes les réponses recueillies, reviennent
régulièrement une proclamation dogmatique de la médiation de la
Vierge
Marie, la condamnation du communisme
et l'instauration de la langue
vernaculaire dans la liturgie.
Montini, interrogé en tant qu'archevêque de Milan, propose lui
aussi l'instauration de la langue vernaculaire, mais ne souhaite
aucune proclamation dogmatique ni aucune condamnation de doctrines
dangereuses. Il propose en outre, pour préparer le concile, des
réunions contradictoires entre catholiques, protestants et
orthodoxes.
Le 5 juin 1960 sont créées dix commissions
préparatoires chargées de rédiger des schémas, textes qui
seront soumis au vote des évêques lors des sessions du concile.
Parmi ces dix commissions, la commission théologique, celle de la
liturgie et celle des missions. Trois secrétariats y sont
adjoints : secrétariat pour les questions concernant la
presse, secrétariat technique et administratif, ainsi que
secrétariat pour l'unité des chrétiens. C'est le pape qui préside
la commission centrale, chargée de superviser l'ensemble des
organismes.
Chaque commission est
présidée par un cardinal, composée de plusieurs évêques,
prêtres ou religieux compétents dans la matière concernée, et
corroborée par des experts (« consulteurs ») à qui
l'on pouvait faire appel pour divers conseils. Jusqu'en juin 1962,
ces commissions tiennent des sessions puis soumettent leurs travaux
à l'approbation de la commission centrale. Mgr
Montini ne fait partie d'aucune de ces commissions mais des proches,
dont son théologien privé don Carlo Colombo, en font partie et
peuvent ainsi le tenir informé de l'évolution des travaux. Le
cardinal organise néanmoins plusieurs sessions d'études dans son
propre diocèse, où il montre un fervent optimisme, expliquant que
ce concile, « à la différence de beaucoup de ceux qui l'ont
précédé, se réunit en un moment paisible et fervent de la vie de
l'Église. »46
À la fin de l'année
1961, Jean XXIII
nomme le cardinal Montini membre de la commission centrale.
L'archevêque y prend la parole une soixantaine de fois durant les
cinq sessions qui se tiennent avant l'ouverture du concile, refusant
la proclamation dogmatique de la médiation de la Vierge Marie, ou
encore se prononçant pour l'abolition de la censure. De plus, il se
prononce en faveur de la liberté
religieuse définie comme un droit que l'homme a, par
sa nature même. Recevant quelques membres de la commission
préparatoire de la liturgie, le cardinal prend position pour
l'emploi de la langue vernaculaire (tout en conservant le latin pour
le canon de la Messe)47.
L'ouverture du concile
est fixée au 11 octobre 1962, trop tôt selon le cardinal
Montini48 ;
en effet, beaucoup de textes allaient être proposés à la
discussion des évêques, et aucun plan d'ensemble n'était prévu.
Première session
Le concile Vatican II photographié par Lothar
Wolleh.
Le concile Vatican
II
s'ouvre à Rome
le 11 octobre 1962 ; plus de 2 000 évêques et
supérieurs du monde entier, ainsi qu'une trentaine d'observateurs
non catholiques, se rassemblent pour l'occasion dans la basilique
Saint-Pierre. Mgr
Montini y est présent, et il a fait inviter son ami Jean
Guitton parmi les observateurs.
Montini, que Jean
XXIII
a pris soin de loger dans une maison attenante à la basilique, est
resté très discret durant cette première session. Il ne prend en
effet la parole qu'à deux reprises (en latin, comme l'exige le
règlement). Le 11 novembre d'une part, pour défendre le schéma
sur la liturgie qui est proposé au vote, en rassurant les évêques
que les dispositions du texte inquiètent. D'autre part, il
intervient dans les débats le 5 décembre : il y appuie la
proposition du cardinal Léon-Joseph
Suenens qui, deux jours auparavant, avait émis le
souhait que la deuxième session ait pour thème l'Église. Il
demande en outre au pape le 20 novembre, en compagnie des cardinaux
Albert
Meyer et Paul-Émile
Léger, de retirer le texte sur la Révélation
car il estime que ce schéma offre trop peu d'ouverture à l'égard
des non-catholiques.
De manière générale,
Mgr Montini
déplore que le concile ne suive pas de plan précis. Dans une
lettre adressée au cardinal Amleto
Cicognani49,
il propose que le concile suive trois sessions : la première
aurait pour but de définir l'Église, la deuxième les fonctions de
l'Église (liturgie, morale et missions), et la troisième les
relations entre l'Église et le monde (œcuménisme,
dialogue interreligieux et relation avec les États). Dans le
journal catholique de Milan,
l'archevêque publie des Lettres du concile dans lesquelles
il résume les travaux conciliaires. À ce titre, il se plaint que
les schémas proposés manquent de cohérence et que les pères
conciliaires prennent trop souvent la parole.
Les 5 et 6 décembre, la voix de Montini est
écoutée : Jean XXIII
proclame la création d'une commission de coordination ayant pour
but de relier les autres commissions entre elles ; elle est
composée de cinq cardinaux : Léon-Joseph
Suenens, Paul-Émile
Léger, Giacomo
Lercaro, Julius
Döpfner et Montini. De plus, le pape réduit le
nombre des schémas de 70 à 17.
Voyages et autres activités
Le cardinal Montini.
Mgr
Montini, outre ses activités au concile et à Milan, prend des
positions publiques et fait des voyages qui en font un papabile de
plus en plus vraisemblable après Jean XXIII.
Il donne ainsi une image de modernité ouverte sur le monde tout en
maintenant une position morale stricte.
Voyages
-
en Amérique (juin 1960) : Mgr Montini accomplit un voyage de treize jours aux États-Unis et au Brésil à l'invitation de Juscelino Kubitschek, président de la République du Brésil, adressée à l'archevêque pour visiter le pays (Montini avait auparavant salué l'inauguration de la capitale Brasilia le 21 avril précédent). Il quitte Milan le 3 juin. Arrivé aux États-Unis, il passe une journée à New York en compagnie du cardinal Francis Spellman puis visite l'université Notre-Dame (Indiana). Il reçoit dans cette dernière un doctorat 'honoris causa' en même temps que le président Eisenhower, à qui il offre une statuette de bronze représentant un ange brisant une chaîne. Ensuite, le cardinal visite Chicago et Boston où il rencontre successivement le cardinal Albert Meyer et le cardinal Richard James Cushing. Puis, il se rend à Philadelphie, Washington puis New York à nouveau. Le 11 juin, l'archevêque atterrit à Brasilia où il est reçu comme un chef d'État. Il visite la capitale en compagnie du président Kubitschek. Il parcourt ensuite les villes de São Paulo (où il rencontre le cardinal Carlos Carmelo de Vasconcelos Motta) et de Rio de Janeiro. Il reçoit dans cette dernière un nouveau doctorat honoris causa et il rencontre Mgr Hélder Câmara qui lui fait visiter une favela de la ville. Montini rentre à Milan le 16 juin.
-
en Irlande (printemps 1961) : le cardinal Montini effectue un voyage privé en Irlande, où il revoit son ami Antonio Riberi (qu'il nomme cardinal en 1967) et Amleto Cicognani (qui devient secrétaire d'État en juillet suivant).
-
en Afrique (19 juillet au 10 août 1962) : ayant lancé une mission en Rhodésie en 1961 et souhaitant revoir Mgr Hurley, archevêque de Durban, le cardinal Montini se rend en Afrique, devenant ainsi le premier cardinal européen à visiter le continent noir50. En Rhodésie, Montini visite la mission italienne et donne le sacrement de confirmation à des jeunes Africains. Puis, en Afrique du Sud, il bénit la première pierre d'une église mais ne rencontre pas les autorités politiques du pays (montrant ainsi son désaccord avec l'apartheid). Lors de l'étape suivante, au Nigeria, il visite les différents hôpitaux, écoles et missions de la région. Puis, au Ghana, il visite plusieurs sites et villes avant de rentrer à Milan.
Parmi ses prises de
positions, on peut noter la condamnation assez ferme de La
dolce vita de Federico
Fellini, dans le cadre d'une polémique interne entre
les jésuites et le conservateur Siri,
polémique et interdiction qui aurait contribué paradoxalement au
succès du film51.
Pape (1963-1978)
Conclave de 1963
Article détaillé : Conclave
de 1963.
Jean
XXIII
meurt le 3
juin
1963.
Dans l'éloge funèbre qu'il prononce dans la cathédrale de Milan
le 7 juin suivant, Mgr
Montini exprime son admiration face au pape disparu, attestant que
« sa tombe ne peut renfermer son héritage, ni la mort
étouffer son esprit ». Le 15 juin, la veille de partir au
conclave, Montini écrit au père Bevilacqua qu'il faut maintenant à
l'Église « un pape efficace et sage », mais précise de
suite « Non certes moi, comme l'habitude de désigner des
papes préfabriqués peut l'insinuer »52.
Montini part pour le conclave le 16 juin :
il loge d'abord chez les sœurs de Marie-Enfant puis à Castel
Gandolfo. Le 18 juin, il célèbre la messe à
l'abbaye
Sainte-Priscille.
L'un des portraits officiels de Paul VI.
Le conclave qui va élire le successeur de Jean
XXIII
s'ouvre dans l'après-midi du 19 juin 1963, dans la chapelle
Sixtine. Avec 80 cardinaux présents, c'est à
l'époque le conclave qui réunit le plus grand nombre d'électeurs
de l'histoire.
Le premier scrutin commence le lendemain, 20
juin. Pour être élu, le futur pape doit recevoir au moins 54 voix
en sa faveur. Les favoris, papables,
sont les cardinaux Montini, Lercaro
et Siri.
Après cinq scrutins infructueux, le cardinal
Montini est élu pape au sixième tour, le 21
juin
1963,
avec quelque 60 voix : il a 65 ans. Il devance les
cardinaux Siri,
Lercaro,
Antoniutti,
Agagianian
et Suenens.
Il était pressenti favori par tous à tel point que le journal La
Croix publia son édition spéciale sur sa
nomination quelques minutes à peine après l'annonce officielle.
Au cardinal doyen (Eugène
Tisserant) qui lui demande s'il accepte la lourde
charge qui lui est confiée, Montini répond « Accepto
in nomine domini » (« J'accepte au nom du
Seigneur »), reprenant ainsi sa devise épiscopale. À la
question portant sur le nom choisi, il répond « Vocabor
Paulus » (« Je m'appellerai Paul ») :
le nouveau pape se nomme donc Paul VI,
en hommage à saint
Paul et Paul
V,
pape qui avait mis en œuvre les décisions du concile
de Trente et canonisa Charles
Borromée.
Vers midi, le cardinal
Ottaviani annonce l'élection du nouveau pape à la
foule massée place
Saint-Pierre. Selon la formule rituelle, il prononce
ces mots : « Annuntio vobis gaudium
magnum ; habemus Papam »53
(Je vous annonce une grande joie, nous avons un pape).
Quelques instants plus tard, le nouveau pape
apparaît à la loggia
de la basilique
Saint-Pierre : il y donne sa première
bénédiction
Urbi et Orbi,
mais ne prend pas la parole.
Installation du nouveau pape
Après son apparition
place
Saint-Pierre, le nouveau pape retourne parmi les
cardinaux et partage un banquet avec eux, en prenant la même place
que pendant le conclave54.
Le lendemain, il prend possession des
appartements pontificaux, aux deuxième et troisième étages du
palais
du Vatican. Dès les mois suivants, il y ordonne
d'importants travaux (entre autres : remplacement des meubles
dorés par un mobilier au design moderne ; mise en place
d'œuvres d'art
contemporain ; rénovation de la chapelle
Pauline ; aménagement d'une terrasse sur le
toit du palais pour sa promenade quotidienne, avec installation d'un
ascenseur). Le premier soir où il loge dans ses appartements, il se
plaint d'être gêné par le bruissement des fontaines de la place
Saint-Pierre. Sous son pontificat, elles seront coupées tous les
soirs à partir de 23 h 0 puis remises en fonction le
matin.
Le 22 juin, lendemain de son élection, le pape
s'adresse aux cardinaux réunis dans la chapelle
Sixtine dans un message retransmis par Radio
Vatican. Il affirme les principaux objectifs de son
pontificat : reprendre le concile
Vatican II
(« La partie la plus importante de notre pontificat sera
occupée par la continuation du deuxième concile œcuménique du
Vatican, vers lequel sont tournés les yeux de tous les hommes de
bonne volonté. »), œuvrer à la paix entre les peuples et à
l'unité
des chrétiens.
Le 30 juin 1963 a lieu le couronnement de Paul VI.
Pour la première fois dans l'histoire de la papauté, la cérémonie
se déroule à l'extérieur de la basilique
Saint-Pierre, en raison de l'affluence prévuenote
11. Une centaine d'États est représentée par leur
souverain ou chef d'État. Le pape arrive en sedia
gestatoria. Au cours d'une longue cérémonie,
l'épître
et l'évangile
sont chantés en latin puis en grec (en signe d'unité), puis Paul
VI fait une
allocution au cours de laquelle il parle en neuf
langues[réf. nécessaire].
Il y déclare notamment : « Nous défendrons la Sainte
Église contre les erreurs de doctrine et de pratique qui tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église menacent son intégrité
et cachent sa beauté »55.
Après cette allocution, le cardinal Ottaviani,
protodiacre, pose sur la tête du souverain pontife la tiare
qui a été dessinée selon les indications du nouveau pape :
simple et fuselée. Paul VI aura été le dernier pape à porter la
tiare, son successeur Jean-Paul
Ier
le refusera.
Le pape du concile
Reprise annoncée du concile
Le 27 juin 1963, le
secrétaire d'État Amleto
Cicognani annonce que le concile reprendra le 29
septembre. Pour préparer cette reprise, Paul VI
réunit à deux reprises la commission de coordination, les 3
juillet et le 31 août. Il approuve l'idée d'organiser les sessions
selon un plan précis, confirme le cardinal Suenens
en tant que légat au sein du concilenote
12, et émet le souhait d'unifier les tendances
traditionnelles et progressistes. Lors du mois d'août 1963 qu'il
passe à Castel
Gandolfo, le nouveau pape s'adonne aux derniers
préparatifs de la reprise du concile : élargissement du
conseil de présidence à douze membres (trois nouveaux membres
nommés : les cardinaux Albert
Meyer, Giuseppe
Siri et Stefan
Wyszyński) et nomination de quatre modérateurs
chargés de diriger les travaux des congrégations générales (les
cardinaux Julius
August Döpfner, Giacomo
Lercaro, Léon-Joseph
Suenens et Grégoire-Pierre
XV
Agagianian).
Il précise ses intentions pour le IIe
concile du Vatican dans un discours du 6 septembre :
« Aujourd'hui, ce mot glorieux aggiornamento
constitue tout un programme. Le concile œcuménique, chacun le
sait, l'a fait sien, polarisant en lui les objectifs de réforme et
de renouveau. Il ne faut pas voir dans cet adjectif qui accompagne
les manifestations les plus hautes et les plus caractéristiques de
la vie ecclésiale un fléchissement inconscient, mais nocif, vers
le pragmatisme et l'activisme de notre temps, au détriment de la
vie intérieure et de la contemplation, lesquelles doivent avoir la
première place dans l'échelle de nos valeurs religieuses. »
Enfin, le 21 septembre, il s'adresse à la Curie
romaine et lui annonce deux projets de réforme :
création d'un conseil d'évêques du monde entier en qualité de
membres dans les congrégations de la Curie romaine (futur motu
proprio Pro comperto sane du 6 août 1967)
et réforme générale de la Curie romaine (futur Règlement général
de la Curie romaine du 22 février 1968).
Suite et fin des sessions du concile
La deuxième
session du concile s'ouvre le 29 septembre 1963.
Encore peu d'évêques des pays communistes
sont présents à cette session. En revanche, nombreux sont les
observateurs non catholiques et laïcs. Parmi ces derniers, outre
Jean
Guitton déjà présent lors de la première session,
assistent désormais douze autres laïcs du monde entier (dirigeants
d'organisations catholiques internationales). Ces observateurs
prennent part à la rédaction de certains textes. La presse est
aussi plus largement informée des déroulements de la session, une
conférence de presse étant organisée quotidiennement.
Dans le discours d'ouverture de cette deuxième
session, le pape réaffirme la vérité de la foi catholique mais
invite en même temps à reconnaître les « richesses
spirituelles » qu'ont gardées les « frères séparés » ;
il affirme aussi que l'Église doit demander pardon pour les
offenses qu'elle a commises dans le passé.
Plusieurs schémas y sont discutés, modifiés et
renvoyés devant les commissions compétentes : le schéma sur
l'Église, où a été âprement discutée la thèse de la primauté
du pape ou à l'inverse celle de la collégialité
des évêques ; le schéma sur la Vierge
Marie, qui ne fut finalement qu'un chapitre à
l'intérieur du schéma sur l'Église, et où la qualité de « Marie
médiatrice de toutes grâces » ne fut pas adoptée. En outre,
est discutée la question de la collégialité
des évêques et les questions sur l'œcuménisme
commencent à jaillir.
Lors de la clôture de cette session le 4
décembre, Paul VI
promulgue deux textes : le décret Inter
Mirifica sur les moyens de communication sociale,
et la constitution Sacrosanctum
Concilium sur la liturgie.
Enfin, le pape annonce solennellement qu'il accomplira son premier
voyage à l'étranger en janvier suivant : un pèlerinage
en Terre sainte. Cette annonce remarquable entraîna
une salve d'applaudissements. C'est la première fois depuis Pie
VII
qu'un pape quitte l'Italie.
Article détaillé : Pèlerinage
de Paul VI
en Terre sainte.
Dialogue interreligieux
Paul VI avec le 16e
karmapa, Rangjung
Rigpe Dorje, le 17 janvier 1975.
Le dialogue avec les religions non catholiques,
en particulier le judaïsme,
se développa pendant le pontificat de Paul VI,
sous l'impulsion de la déclaration Nostra
Ætate.
En dehors du monde chrétien, le pape rencontra en 1971 Kalou
Rinpoché lors de son premier voyage en Occident. Le
30 septembre 1973, Paul VI
reçut
en audience le 14e
dalaï-lama, Tenzin
Gyatso au Vatican56.
Le 17 janvier 1975, il reçut en audience le 16e
karmapa, Rangjung
Rigpe Dorje57.
En 1974, il rencontra les oulémas
d'Arabie[réf. nécessaire].
Dialogue politique
Paul VI
resta fidèle aux traditions italiennes qui fait du pape un acteur
important de la vie politique et un leader, de fait, de la
Démocratie
chrétienne. Au moment où il lança l'Ostpolitik
du Vatican par le biais de Mgr
Casaroli
pour améliorer le sort des catholiques vivant dans les pays
communistes, Paul VI
bloqua toutes les tentatives du PCI
et de son chef Berlinguer
pour accéder au pouvoir en s'alliant à la Démocratie chrétienne.
En effet, Paul VI ne
voulait pas donner l'impression de négocier avec les Soviétiques
en position de faiblesse ou pour des raisons de politique
intérieure. Le PCI ne s'y trompa pas et tenta d'amadouer le pape,
sans succès. Il se retrouve en effet au cœur de la tension entre
ces deux tendances de la démocratie chrétienne (celle
anticommuniste de Giulio
Andreotti, et celle favorable à l'alliance de son
ancien étudiant Aldo Moro), lorsqu’il doit faire face à
l’enlèvement par les Brigades
rouges de son ami Aldo
Moro, qui demande une négociation pour sa propre
libération alors que le parti de la Démocratie chrétienne refuse
avec Andreotti, toute discussion avec les terroristes. Un des
membres du commando est d'ailleurs le fils d'un ami du pape, qui est
appelé au secours par Moro et qui écrit une lettre demandant la
libération (mais en ayant ajouté « sans préalable »).
Moro dans ses lettres se montre critique vis-à-vis de cette action
trop faible à son goût. Après l'assassinat de Moro qui affecte
profondément le pape, il fait une homélie marquante58.
Mariologie
Le 3 février 1964, Mgr
de Proença Sigaud remet au pape un document, signé
par 510 évêques de 78 pays, demandant de faire droit à
une demande de Notre-Dame
de Fátima : consacrer le monde au Cœur
immaculé de Marie pour la conversion de la Russie.
Paul VI ne fit pas
droit à cette demande mais concéda d'accorder à la Vierge Marie
le titre de « Mère de l'Église » lors de la troisième
session du concile.
Célibat des prêtres
Paul VI publie en
1967 une encyclique, Sacerdotalis
Cælibatus, défendant le célibat des prêtres.
Le 25 janvier 1970, dans le cadre du « Concile pastoral de la
province ecclésiastique des Pays-Bas », les évêques
néerlandais se prononcent en faveur de l'ordination d'hommes
mariés59.
Après avoir exprimé « de graves réserves » dans une
lettre du 2 février 1970 au cardinal
Villot face à la suggestion de permettre
l'ordination d'hommes mariés dans les cas de forte pénurie de
prêtres60,
Paul VI décide de
réunir, fin 1971, un synode
des évêques sur ce thème. 107 pères optent
pour une formule extrêmement restrictive, 87 adoptent une position
proche de la réforme envisagée dans la lettre au cardinal Villot,
et il y a 2 abstentions et 2 bulletins nuls61.
La réforme n'est pas adoptée. Pour Louis de Vaucelles, la
procédure est responsable de cet échec : les dossiers
préparés par les conférences épiscopales ont été
sous-utilisés, il n'y a pas eu de débats, les échanges se
réduisant à une série de monologues62,
et la présidence (trois présidents nommés par le pape) a éludé
des questions de manière arbitraire63.
Ces difficultés ont été accrues par la diversité des mentalités
et des situations pastorales64.
Le renouveau charismatique
Paul VI
encouragea le renouveau
charismatique catholique, qu'il considérait comme
une chance pour l'Église
et pour le monde.
Il déclara lors de son discours
au IIIe
congrès international du renouveau charismatique
catholique [archive],
le 19
mai
1975 :
« Car Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ, dont l’Église
est le Corps
mystique, et c’est en elle que l’Esprit
du Christ fut communiqué au jour de la Pentecôte,
quand il descendit sur les Apôtres réunis dans « la chambre
haute », « assidus à la prière », « autour
de Marie, mère de Jésus » ».
La Profession de foi de Paul VI
Publiée sous
forme de motu proprio le 30 juin 1968, à l'issue d'une
« année de la foi », ce
texte [archive]
a été rédigé principalement par Jacques
Maritain et transmis à Paul VI
par le cardinal
Journet65
Article détaillé : Profession
de foi de Paul VI.
L'encyclique Humanæ Vitæ
Article détaillé : Humanae
Vitae.
L'environnement
Le pape Paul VI est le premier pape à avoir fait
état de préoccupations écologiques.
- « Mais la mise en œuvre de ces possibilités techniques à un rythme accéléré ne va pas sans retentir dangereusement sur l’équilibre de notre milieu naturel, et la détérioration progressive de ce qu’il est convenu d’appeler l’environnement risque, sous l’effet des retombées de la civilisation industrielle, de conduire à une véritable catastrophe écologique. Déjà nous voyons se vicier l’air que nous respirons, se dégrader l’eau que nous buvons, se polluer les rivières, les lacs, voire les océans, jusqu’à faire craindre une véritable « mort biologique » dans un avenir rapproché, si des mesures énergiques ne sont sans retard courageusement adoptées et sévèrement mises en œuvre. »
En 1971,
pour le 80e anniversaire
de l’encyclique Rerum
novarum, il identifie dans sa lettre apostolique
Octogesima adveniens l'environnement
comme l'une des thématiques sociales émergentes que l’Église
doit désormais considérer sérieusement67 :
- « Brusquement l’homme en prend conscience : par une exploitation inconsidérée de la nature, il risque de la détruire et d’être à son tour la victime de cette dégradation. Non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente : pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu ; mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable. Problème social d’envergure qui regarde la famille humaine tout entière. »
En juin 1972,
il envoie un message pour l'ouverture de la conférence
des Nations unies sur l'environnement de Stockholm68 :
- « Mais comment ignorer les déséquilibres provoqués dans la biosphère par l’exploitation désordonnée des réserves physiques de la planète, même dans le but de produire de l’utile, comme le gaspillage des ressources naturelles non renouvelables ; les pollutions du sol, de l’eau, de l’air et de l’espace avec leurs atteintes à la vie végétale et animale ? Tout ceci contribue à appauvrir et à détériorer l’environnement de l’homme au point, déclare-t-on, de menacer sa propre survie. Il faut enfin relever avec force le défi lancé à notre génération de dépasser les objectifs partiels et immédiats pour aménager aux hommes de demain une terre qui leur soit hospitalière. »
Accusation d'homosexualité
En avril
1976,
un article d'Il
Tempo relate les déclarations de l'ancien
diplomate et écrivain français Roger
Peyrefitte, qui dénonce l'hypocrisie de Paul VI
sur la question de l'homosexualité. L'écrivain dit tenir de
personnes de la haute noblesse italienne des informations selon
lesquelles lorsqu'il était archevêque de Milan, Paul VI
avait eu une aventure homosexuelle avec un jeune acteur de cinéma,
dont il dit connaître le nom69.
Paul Hofmann, correspondant à Rome du New
York Times, reprend ces accusations et donne le
nom de l'acteur italien Paolo
Carlini70.
En 1993, l'abbé Georges
de Nantes, citant de nombreuses sources, fait quant à
lui état d'un dossier détenu par la Brigade des mœurs de la
police de Milan au moment du conclave de 1963, ainsi que de la
clémence du Vatican pour les religieux homosexuels71.
De son côté, Franco Bellegrandi, membre de la Garde noble
pontificale, affirme que Paul VI,
alors archevêque de Milan, s'est fait interpeller par la police
locale au cours d'une de ses visites nocturnes, que sous son
pontificat des employés furent licenciés pour faire place à ses
favoris, et confirme le fait que l'acteur avec qui il aurait eu une
relation avait libre accès aux appartements pontificaux72.
Tentative d'assassinat
Le 27 novembre 1970, à son arrivée à l'aéroport
international de Manille, Paul VI
réchappa d'une tentative d'assassinat73
perpétrée par Benjamín
Mendoza y Amor Flores, artiste-peintre bolivien de
35 ans originaire de La
Paz74.
Déguisé en prêtre, crucifix en main, Mendoza parvint à approcher
le pape avant de le frapper de deux coups de poignard dans le cou,
portés de part et d'autre de la veine jugulaire. Le secrétaire
particulier de Paul VI,
Mgr Pasquale
Macchi, atténua la violence des coups en retenant le
bras de l'agresseur75,76.
Le col rigide que portait le pape pour le soulager de l'arthrose
cervicale contribua à la légèreté des blessures
dont l'existence ne fut toutefois révélée qu'après sa mort en
1979. Paul VI
poursuivit sa visite officielle selon le programme prévu. Mendoza,
qui affirma lors de son procès « vouloir sauver l'humanité
de la superstition », fut condamné pour tentative de meurtre.
Après avoir purgé une peine de 38 mois de prison aux
Philippines, il fut expulsé vers la Bolivie en 197477.
Décès
L'ancien tombeau de Paul VI.
Âgé de 80 ans et souffrant d'arthrose,
Paul VI vit ses
derniers jours presque toujours allongé.
Il est victime d'une
crise
cardiaque en fin d'après-midi le 6
août
1978
dans sa résidence d'été de Castel
Gandolfo et meurt quatre heures plus tard, à 21h00,
le jour de la Transfiguration
du Christ78.
Il est inhumé le 12 août 1978 et enterré,
selon ses souhaits, dans les grottes du Vatican, après une
cérémonie qui a lieu sur le parvis de la basilique
Saint-Pierre.
Béatification et canonisation
Béatification
Article détaillé : Béatification
de Paul VI.
Son procès en
béatification
a été ouvert en 1993 par l'Église
catholique qui le reconnaît donc officiellement
« Serviteur
de Dieu ». Le pape Benoît
XVI
proclame l'héroïcité de ses vertus le 20 décembre 2012 :
Paul VI devient donc
le vénérable
Paul VI79.
Le pape Paul VI est
béatifié le 19
octobre
2014,
l'annonce officielle en a été faite par le Vatican, le 10 mai
2014.
Canonisation
Le 6
février 2018,
la Congrégation
pour les causes des saints attribue une guérison
miraculeuse à l'intercession de Paul VI. Le Saint-Siège
annonce que sa canonisation
aura lieu le 14
octobre 2018
à Rome,
durant le synode des évêques pour les jeunes80.
Pastorale
Textes
Encycliques
-
Ecclesiam Suam (6 août 1964) ;
-
Mense Maio (29 avril 1965) ;
-
Mysterium Fidei (3 septembre 1965), sur la doctrine et le culte de l'eucharistie ;
-
Christi Matri (15 septembre 1966) ;
-
Populorum Progressio (26 mars 1967), sur le développement des peuples ;
-
Sacerdotalis Cælibatus (24 juin 1967), sur le célibat sacerdotal ;
-
Humanæ Vitæ (25 juillet 1968), sur le mariage et la régulation des naissances. Les réactions à cette encyclique furent très vives : elle apparaissait comme un acte d'autorité pontificale. En fait, le texte avait été préparé depuis 1965, date à laquelle Paul VI avait suspendu certains passages de la constitution Gaudium et spes. En outre, le pape souhaitait confirmer l'enseignement de Casti connubii de Pie XI, promulguée le 31 décembre 1930.
Exhortations apostoliques
-
Quarta Sessio (28 août 1965) ;
-
Postrema Sessio (4 novembre 1965) ;
-
Petrum et Paulum Apostolos (22 février 1967) ;
-
Signum Magnum (13 mai 1967) ;
-
Recurrens mensis october (7 octobre 1969) ;
-
Quinque iam anni (8 décembre 1970) ;
-
Evangelica Testificatio (29 juin 1971) ;
-
Marialis Cultus (2 février 1974) ;
-
Nobis in Animo (25 mars 1974) ;
-
Paterna cum benevolentia (8 décembre 1974) ;
-
Gaudete in Domino (9 mai 1975) ;
-
Evangelii Nuntiandi (8 décembre 1975).
Voyages
Carte des voyages de
Paul VI.
Le pèlerinage de Paul VI au mont
Thabor en 1964.
Paul VI
fut le premier pape depuis Pie
VII
à voyager hors d'Italie et à populariser la pratique de baiser la
terre à son arrivée sur un sol étranger, pratique reprise par
Jean-Paul
II81.
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Pèlerinage en Terre sainte (du 4 au 6 janvier 1964).
Article
détaillé : Pèlerinage
de Paul VI
en Terre sainte.
« Nous
avons décidé, après mûre réflexion et non sans avoir beaucoup
prié, de Nous faire pèlerin sur la terre de Jésus Notre Seigneur…
Nous verrons ce sol béni, d'où partit Pierre et où nul de ses
successeurs ne revint ». C'est lors du discours de clôture de
la deuxième session conciliaire de Vatican II
que Paul VI annonça
son intention de faire un premier voyage en Terre sainte. Jusqu'à
la dernière minute, le projet de pèlerinage était demeuré
secret.
À Jérusalem, il est submergé par la foule et manque d'être étouffé et piétiné. Il rencontre à cette occasion le patriarche œcuménique de Constantinople Athénagoras Ier. Paul VI déclara notamment : « grande est notre émotion, profonde est notre joie, en cette heure vraiment historique où, après des siècles de silence et d'attente, l'Église catholique et le Patriarcat de Constantinople se retrouvent à nouveau… » Après une déclaration commune, ils s'échangèrent des cadeaux (Athénagoras remit à Paul VI une icône représentant deux apôtres, Pierre le « coryphée » et André, le premier à suivre Jésus-Christ) ;
À Jérusalem, il est submergé par la foule et manque d'être étouffé et piétiné. Il rencontre à cette occasion le patriarche œcuménique de Constantinople Athénagoras Ier. Paul VI déclara notamment : « grande est notre émotion, profonde est notre joie, en cette heure vraiment historique où, après des siècles de silence et d'attente, l'Église catholique et le Patriarcat de Constantinople se retrouvent à nouveau… » Après une déclaration commune, ils s'échangèrent des cadeaux (Athénagoras remit à Paul VI une icône représentant deux apôtres, Pierre le « coryphée » et André, le premier à suivre Jésus-Christ) ;
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Pèlerinage en Inde (du 2 au 5 décembre 1964). Il se rendit à Bombay en Inde. Après son voyage œcuménique en Terre sainte, Paul VI effectue ici un voyage sur le thème de la pauvreté. S'adressant au peuple de l'Inde, le pape s'adressait en fait au monde entier, en demandant : « Puissent les nations cesser la course aux armements et consacrer en revanche leurs ressources et leurs énergies à l'assistance fraternelle aux pays en voie de développement. Puisse chaque nation… consacrer, fût-ce une partie de leurs dépenses militaires, à un grand fonds mondial pour la solution des nombreux problèmes qui se posent pour tant de déshérités… » ;
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Congrès eucharistique national d'Italie (1965) ;
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Visite à l'Organisation des Nations unies (du 3 au 4 octobre 1965). Il part aux États-Unis où il prononce le 4 octobre 1965 un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Après avoir rappelé le propos de John Kennedy quatre ans plus tôt, « l'Humanité devra mettre fin à la guerre ou c'est la guerre qui mettra fin à l'Humanité », il ajouta « … jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C'est la paix, la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l'Humanité ! » ;
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Pèlerinage à Fátima (le 13 mai 1967). Visite du pape au sanctuaire de Notre-Dame de Fátima au Portugal, pour le cinquantenaire des apparitions. Sœur Lucie, seul enfant encore vivant à avoir vu les apparitions de la Vierge Marie, est présente au côté du pape qui lui donne la communion ;
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Visite en Turquie (juillet 1967). Paul VI devient le premier pape à visiter la Turquie, où il rencontre le 25 juillet 1967 le patriarche Athénagoras Ier à Istanbul, pour une nouvelle rencontre œcuménique (Athénagoras Ier sera reçu par le pape à Rome, trois mois plus tard, du 26 au 28 octobre 1967) ;
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Pèlerinage apostolique à Bogotà (août 1968). Il est le premier pape à aller en Amérique latine, en allant en Colombie célébrer des messes à Bogota et Medellín. Plus d'un million de personnes se massent le long du parcours qu'emprunte le cortège de Paul VI, de l'aéroport à la place Bolivar. Il va réunir pendant son séjour tous les évêques d'Amérique latine à une conférence épiscopale. Celle-ci va servir à redéfinir l'engagement de l'Église à l'endroit des pauvres et à donner naissance au concept de théologie de la libération ;
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Visite à Genève (10 juin 1969). Paul VI est reçu à Genève, en Suisse, il parla devant l'Organisation internationale du travail et devant le Conseil œcuménique des Églises ;
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Pèlerinage en Ouganda (juillet 1969). Premier pape à aller en Afrique, il va prêcher en Ouganda, pour honorer les martyrs de ce pays. Il voulut consacrer lui-même le maître-autel du sanctuaire de Namugongo, érigé sur le lieu où Charles Lwanga et ses compagnons subirent le martyre ;
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Pèlerinage au sanctuaire marial de la basilique Notre-Dame de Bonaria à Cagliari (1970) ;
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Pèlerinage en Asie orientale, Océanie et Australie (du 26 novembre au 5 décembre 1970). Paul VI effectue une série de visites pastorales en Asie orientale et Océanie. Les 26 et 27 novembre il commence par Téhéran en Iran. Le 27 novembre il fait une halte à Dacca au Pakistan (actuellement le Bangladesh), avant de séjourner du 27 au 30 novembre à Manille aux Philippines, où il échappe à un attentat perpétré par un déséquilibré. Le 30 novembre, il fait une halte à Pago-Pago aux Samoa occidentales. Du 30 novembre au 3 décembre, il est à Sydney en Australie. Du 3 au 4 décembre, il est à Jakarta en Indonésie. Il fait une halte le 4 décembre à Hong Kong, avant d'aller à Colombo au Sri Lanka les 4 et 5 décembre.
Audiences
La première audience
générale de Paul VI
a lieu le 13 juillet 1963. Jusqu'à sa mort, il tiendra une audience
hebdomadaire tous les mercredis, sauf les jours de fête et ceux où
il y a un empêchement majeur (voyage, maladie, retraite de
carême)note
13. Certaines de ces audiences ont lieu dans la salle
Paul VI,
inaugurée en 1971 et pouvant accueillir jusqu'à 12 000 personnes
debout.
Notes et références
Notes
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↑ L'association avait pour but de défendre les convictions catholiques par le biais de l'action sociale, selon le mode encouragé par l'encyclique Rerum novarum. Il faut rappeler que l'Italie était alors sous le coup d'un interdit : Pie IX, après la perte des États pontificaux, avait défendu dans le décret Non expedit (29 février 1868) aux catholiques italiens d'être électeurs ou élus.
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↑ Membre du gouvernement et ami de Giorgio Montini.
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↑ Montini préfaça la version italienne de l'ouvrage Trois Réformateurs lors de l'Épiphanie 1928.
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↑ Les armes de sa famille représentent trois fleurs de lys au-dessus de six monts superposés.
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↑ Et non Cum ipso in monte (« avec Lui à la Montagne »), comme il avait souhaité dans un premier temps.
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↑ Montini est ainsi le premier archevêque à visiter les stands de ladite foire ; il invitera peu de temps après les exposants à une messe au Duomo. Ces visites et ces messes seront renouvelées tous les ans.
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↑ Mgr Domenico Bernareggi (en), l'un de ses consécrateurs, était déjà à ce poste, ce qui augmente le nombre d'évêques auxiliaires à trois.
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↑ Quelques jours avant, dans la nuit du 4 au 5 janvier, une bombe explosa sous les fenêtres de l'archevêché, n'occasionnant que des dégâts matériels. Il s'agit d'un acte isolé et non d'une contestation de la politique ecclésiale du prélat.
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↑ Jusqu'en date de 2009, les papes suivants ont tous été couronnés à cet endroit.
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↑ C'est le représentant personnel du pape au concile, chose que Paul VI avait annoncée au cardinal dès le 23 juin 1963.
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↑ Cette tradition des audiences hebdomadaires existe encore au XXIe siècle.
Références
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↑ Yves Chiron, op. cit., p. 13.
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↑ Jour où Thérèse de Lisieux mourut. L'anecdote mérite d'être soulignée car le futur pape aura une grande dévotion pour la sainte (Yves Chiron, op. cit., p. 16).
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↑ Avec postérité - 7 enfants.
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↑ Marié, père de deux filles (voir Base de Roglo).
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↑ Cf. Yves Chiron, op. cit., p. 18.
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↑ Cité par Yves Chiron, op. cit., p. 21.
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↑ G. Romanato-F. Molinari, « Le Letture del giovani Montini », dans la Scuola cattolica, p. 43.
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↑ Cité par Yves Chiron, op. cit., p. 62.
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↑ Yves Chiron, op. cit., p. 68.
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↑ « Il semble évident qu'un certain nombre de prélats, de religieux, le jugeant suspect, demandèrent qu'il soit démis de ses fonctions. » (Yves Chiron, op. cit., p. 74).
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↑ Yves Chiron, op. cit., p. 91.
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↑ « Cher et Révérend ami, le temps m'a manqué aujourd'hui pour vous voir et parler avec vous de la très dure épreuve à laquelle est soumis en ce moment votre grand pays. J'aurais voulu vous dire combien je vous suis proche, et combien je prie pour que le Seigneur change en bénédictions les amères souffrances de votre patrie, pour elle-même, pour l'Église, pour le monde. Je souhaite et j'espère qu'il en sera ainsi, et je vous le dis de tout cœur, pour que vous sachiez aussi l'amitié de votre J.-B. Montini » (Cardinal Jacques Martin, extrait du « Journal » publié dans l'Osservatore romano le 24 septembre 1991).
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↑ « Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale » (ADSS), Libreria Editrice Vaticana, 1965-1981, t. 8, p. 475.
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↑ Ibid., p. 570.
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↑ Père Paolo Dezza, « Le silence de Pie XII », La Documentation catholique, juillet 1964, col. 1033-1034.
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↑ Yves Chiron, op. cit., p. 103.
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↑ Yves Chiron, op. cit., p. 105.
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↑ Pie XII nomma à contrecœur un nouveau nonce apostolique en France, Mgr Roncalli (futur Jean XXIII), le précédent (Mgr Valeri) ayant continué sa mission diplomatique à Vichy ; cependant, Pie XII refusa de changer les évêques soupçonnés de collaboration, ayant juste accepté la démission de six d'entre eux. Cf. Yves Chiron, op. cit., p. 112 à 114.
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↑ M.-D. Chenu, Un théologien en liberté, p. 162-163.
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↑ Yves Chiron, op. cit., p. 129.
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↑ Yves Congar, Journal d'un théologien (1946-1956), éd. Cerf, 2000, p. 155.
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↑ « J'ai entendu plusieurs personnes dire entre elles, à la sortie : « Nous avons entendu un futur pape. » Souhaitons-le à l'Église. » (rapport de Wladimir d'Ormesson à Robert Schuman en date du 27 mai 1949, Archives historiques du ministère des Relations extérieures, Europe/Saint-Siège, 540, f. 190).
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↑ « Le Saint-Siège vise à condamner non des erreurs proprement dites, mais des modes de pensée qui pourraient amener des erreurs, mais qui en eux-mêmes demeurent respectables. » (Jean Guitton, Dialogues avec Paul VI, p. 27-28).
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↑ « Notre intention avait été de faire entrer dans le Sacré Collège les deux prélats distingués préposés à chacune des sections de la secrétairerie d'État, et leurs noms étaient les deux premiers inscrits sur la liste des cardinaux à désigner que Nous avions préparée. Mais ces deux prélats, par un insigne témoignage de vertu, Nous supplièrent si instamment de leur permettre de décliner cette très haute charge, que Nous crûmes devoir accéder à leurs prières et à leurs vœux répétés. Ce faisant, Nous avons voulu cependant récompenser en quelque manière leur vertu et Nous les avons promus, comme vous le savez, à un poste d'honneur plus élevé. » (discours de Pie XII aux cardinaux lors du consistoire du 12 janvier 1953).
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↑ J. d'Hospital, Trois papes au tournant de l'histoire, 1969.
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↑ En 1952, le Saint-Office demande au père Congar de soumettre tous ses écrits futurs au maître général des Dominicains, ce que Montini considère auprès de Wladimir d'Ormesson comme une « erreur commise » (Yves Chiron, op. cit., p. 145).
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↑ Mgr Lefebvre, alors délégué apostolique pour l'Afrique francophone, alla voir Montini pour qu'une condamnation officielle soit portée par le Saint-Office contre le mouvement. Montini lui répondit « Il ne faut pas toujours condamner. L'Église va apparaître comme une marâtre » (conférence de Mgr Lefebvre du 20 août 1976).
-
↑ Pierre de Villemarest, L’Espionnage soviétique en France, 1944, 1969 p. 171, 172.
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↑ Montini affirma : « Plusieurs de ces prêtres-ouvriers en sont venus à méconnaître chaque jour davantage l'esprit même du christianisme pour se situer en propres termes sur le plan marxiste. » (François Leprieur, Quand Rome condamne. Dominicains et prêtres ouvriers, Plon/Cerf, 1969, p. 294).
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↑ (« C'était pour lui un drame dans tous les sens du mot, et même dans le sens affectif […] ; à ce moment-là je l'ai vu les larmes aux yeux. » Giorgio Montini, « Mon oncle le pape » dans La Documentation catholique du 17 janvier 1971).
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↑ Benny Lai, Les Secrets du Vatican, Hachette, 1983, p. 103-104.
-
↑ Charles Journet, le père Bevilacqua et don Primo Mazzolari, récemment condamné par le Saint-Office, font aussi partie de la mission.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 169.
-
↑ Benny Lai, op. cit., p. 59-60.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 178.
-
↑ P.-M. Gy, « Mgr Bugnini et la réforme liturgique de Vatican II », dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, avril 1985, p. 315.
-
↑ Yves Chiron, op. cit., p. 183.
-
↑ Simonetta Greggio, Dolce vita 1959-1979, Stock 2010.
-
↑ Les détails concernant les premiers jours du pontificat sont principalement tirés du livre d'Yves Chiron, op. cit., p. 202-203.
-
↑ Cité par Yves Chiron, op. cit., p. 203.
-
↑ Michele Martin, Une Musique venue du ciel : vie et œuvre du XVIIe Karmapa (2003), trad., Éd. Claire Lumière, série « Tsadra », 2005, 414 p. (ISBN 2-905998-73-3), p. 378.
-
↑ Pierre Brachin « Paul VI et l'Église des Pays-Bas » dans Paul VI et la modernité dans l'Église. Actes du colloque de Rome (2-4 juin 1983), Rome : École française de Rome, 1984, p. 772, lire en ligne [archive].
-
↑ « Pastoraal Concilie et célibat sacerdotal. Lettre de Paul VI et communiqué des évêques des Pays-Bas » [archive], Nouvelle Revue théologique 92/3 (1970) p. 310.
-
↑ op. cit. p. 755.
-
↑ op. cit. p. 756.
-
↑ op. cit. p. 757.
-
↑ « Discours du pape Paul VI à l'occasion du 25e anniversaire de la F.A.O. [archive] », 1970, DC no 1575, p. 1051-1056.
-
↑ Paul VI, « Lettre apostolique Octagesima adveniens », 1971, DC no 1587, p. 2-17, lire en ligne [archive].
-
↑ Roger Peyrefitte, « Mea culpa? Ma fatemi il santo piacere », Il Tempo, avril 1976.
-
↑ Paul Hofmann, A Slightly Wicked View of the Holy See, 1984, p. 151.
-
↑ Abbé Georges de Nantes, La Contre-Réforme catholique au XXe siècle, 1993.
-
↑ Marc Girard, Les Symboles dans la Bible : essai de théologie biblique enracinée dans l'expérience humaine universelle, Editions Fides, 1991 (lire en ligne [archive]), p. 722.
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
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Paul VI, sur Wikimedia Commons
Bibliographie
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Yves Chiron, Paul VI, le pape écartelé, Perrin, 1993 (ISBN 978-2-262-00952-6). Éd. révisée et complétée, Via Romana, 2008 (ISBN 978-2-916727-29-5).
-
Jörg Ernesti: Paul VI.: Der vergessene Papst, Fribourg-en-Brisgau: Verlag Herder 2012 (ISBN 978-3451307034).
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-
Dialogues avec Paul VI, Fayard, 1967.
-
Paul VI et l'Année sainte, Fayard, 1974.
-
Paul VI secret, Desclée de Brouwer, 1979.
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-
Christophe Henning, Petite vie de Paul VI, Desclée de Brouwer, 2014.
-
Yves-Marie Hilaire (dir.), Histoire de la papauté. 2 000 ans de missions et de tribulations, Tallandier, 1993.
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-
article « Paul VI » du Dictionnaire de la papauté, Fayard, 1994.
-
Paul VI et la modernité dans l'Église, Actes du colloque de Rome (1983), École française de Rome, 1984.
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Mgr Yves Marchasson, Les Papes du XXe siècle, Desclée, 1990.
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