jeudi 15 juin 2017

là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté - textes du jour


Jeudi 15 Juin 2017


Hier

19 heures 01 + Repris Marguerite à la sortie du collège, endroit habituel ; affaires de danse oubliées, Edith les apportant au Quick… mais notre fille comme un crin puis effondrée de chacun : décès annoncé à la deuxième heure… Jean-Luc LE PARC. Le collège en larmes. Elle a demandé que soit ouverte la « petite chapelle » (la messe du mardi) et a retrouvé tout à l’heure, dans mon ordinateur, spontanément mais certainement avec méthode, des photos des concertations avec ses professeurs à sa première rentrée de Saint-François-Xavier, il y a dix-huit mois : image de lui, avec elle. Image belle et vivante, attention mutuelle.

Politique, continué mon questionnement patelin sur EM et le cours actuel. Je ne rencontre que méfiance sinon anxiété, répétition qu’on ne le connaît pas, certes parce qu’il n’a pas de passé, on ne sait ce qu’il fera. Le voici au Maroc, quand travaille-t-il ? le soir, en avion ? le conseil des ministres ce matin avait-il été reporté .Mais le terrible, c’est la « une » du Monde daté d’aujourd’hui, donc circulé et en kiosque à Paris hier : les inconnues du Parlement Macron… dans l’entourage du président, une question occupe tous les esprits : celle des choix qu’il fera pour les postes-clés de l’Assemblée nationale (autant dire qu’il décide seul et de ce qui ne regarde que l’Assemblée dans un pays où la séparation des pouvoirs est un dogme…) … plusieurs centaines de députés novices devraient entrer au Palais-Bourbon, sur les bancs de la majorité présidentielle. Ces nouveaux élus font confiance à En Marche ! pour les guider dans leurs premiers. « On ne va pas les lâcher dans la nature », assure le parti. Comment appelle-t-on cela ? Comment est-ce arrivé ? évidemment le manque de chef et de charisme dans les deux vieux »partis » partis, qui se sont détruits l’un l’autre. Mais la vraie raison, fondamentale, sinon fondatrice, est qu’une guerre ouverte à la suite de la victoire de la gauche en 1981 vient d’aboutir par le triomphe de la droite en politique, grâce à une victoire remportée depuis une vingtaine d’années déjà, ce qu’avait parfaitement montré le quinquennat législatif de Lionel JOSPIN, et que consacra en quelques mois le quinquennat présidentiel de François HOLLANDE : la victoire de l’idéologie de droite, une idéologie nullement française, ni européenne, mais hors laquelle tout serait naïf, irréaliste, impossible. TROTSKY professait que si la révolution communiste ne conquérait pas le monde entier, elle échouerait à terme. Ce qu’il se passa. Le futur proche ?  évidemment la révolte et le peuple, ce qu’augure en points de suspension et filigrane l’abstention de dimanche dernier. EM ne serait conséquent et vraiment courageux (il remporterait la manche décisive et aurait droit au titre de démocrate) si faisant adopter la représentation proportionnelle intégrale, dans les prochains mois, il dissolvait ensuite, d’ici un an, et acceptait donc une assemblé où la majorité pour chaque vote d’importance serait à gagner vraiment, au lieu de rester dans les automatismes. L’enjeu et l’épreuve de vérité sont là.

Mais « en même temps » (expression qui est dite favorite du nouveau président), la relation avec la presse, EM faisant la liste des journalistes accrédités ou rejetés…, le projet de loi BAYROU atterrant de flou et bêtement ne mentionnant que des textes pris par le quinquennat censuré en oubliant ma demande que BEREGOVOY soit cité en paternité sinon en martyr de ce sujet, l’argent et la politique ... la pérennisation de l’état d’urgence pouvant tout permettre vis-à-vis des manifestants, des récalcitrants, la centralisation du renseignement aux ordres de l’Elysée, EM donnant personnellement, selon le texte en projet et le compte-rendu du conseil des ministres… toutes instructions aux ministres et aux officines. La communication de trois ministres, dont le Premier, sur la manière de travailler Europe… une circulaire, actualisée depuis Michel ROCARD, je crois, aurait du suffire. Le papier est si superficiel que ni le Conseil des représentants permanents à Bruxelles, ni le SGCI ou son successeur chez nous ne sont mentionnés. Le conseiller diplomatique du président a été notre représentant à Bruxelles… C(‘est lamentable et c’est dangereux. Nous allons avoir le système le plus concentré, le plus docile au président du moment : M, et le moins expérimenté, le moins capable et quelques mois de rodage ne compenseront rien.

Le voyage au Maroc, après-midi, soir et nuit. Pourquoi ? quelque chose d’essentiel à se dire ? Il eût fallu tranquillement dans quelques semaines ou mois un voyage, au besoin par la route de mer avec incursions par avion au Sahara, qui aurait fait se succéder les trois Etats et qui aurait pu commencer à Tindouf, tout le problème des rivalités et des guerres à notre flanc sud, et à Tamanrasset, puis Tibeïrine : Dieu d’Augustin et d’Abdel-Kader. Le sens du geste…arriver vers le Tell depuis le désert... lequel est la clé de tout là-bas, et ainsi mettre l'Afrique noire en posture la plus utile pour nous et pour tout le monde.

En marche ! quels vont être les « formateurs » des nouveaux élus ? quel est l’organigramme, l’état-major du moment ? quel serait le successeur, la personnalité s’imposant naturellement en continuateur ou en dauphin du jeune homme soudainement interrompu dans une course, celle d’Icare, pas du tout Jupiter, au contraire même.

Les téléphones de FH rapportés par Le Canard. Ne pas laisser dire qu’EM est social démocrate. Tout faux. Evidence pour les Français qu’EM est la droite transformée, bien repeinte, présentable. Il n’y a pas de social-démocratie en France (concept allemand), il y a le socialisme, les socialistes. Même et surtout s’ils ont échoué à libeller puis pratiquer une politique, des imaginations de gauche. La démocratie économique, ce doivent être eux. Structures : le Plan, les nationalisations quand le privé est défaillant (la S.N.C.F. de BLUM et DAUTRY et les banques rendues à l’intérêt général et donc au service public), ce qu’institua ou conserva avec éclat DG, ce que tenta de sauver FM. Ce que permet et prévoit le traité de Lisbonne, et dont se vanta tant : NS.

Edition… ce matin les PJ pour Phe…la ressource :  mon journal de 1964 à 1971, alors manuscrit mais en cours de saisie. Tout y serait, tout y est, et l’évolution, les ressentis, les racines d’alors pourraient intéresser ? Mettre cela au point, dès que ma tentative d’un nouveau livre aura abouti. Ce que je veux pour le courant de Juillet, être présent à l’automne. En danger de vie (titre général de 1964 à maintenant et ensuite, Lebensgefahr) : I – sortir de l’adolescence quand s’achève de Gaulle.



Ce matin

10 heures 12 + Notre fille et la mort. Vanille, il y a cinq ans, mon annonce de sa disparition à mes aimées retour de Strasbourg. Elle s’est raidie : pas pleurer, a-t-elle murmuré, je ne l’avais jamais ressentie souffrant autant. Evocation de tous ceux de nos chiens disparus, il y a quinze jours : c’est horrible, je les pleure et je ne me souviens plus d’eux. Et ce matin, l’adorable, et si prévenant, pédagogue Jean-Luc LE PARC : je pense tout le temps à lui, mais je ne pleure pas. – Rebond de l’enquête sur l’assassinat du si jeune et charmant Grégory V. Celui qui fusille à bout portant un chien. L’atroce humanité de qui jette à l’eau, probablement l’enfant qu’il a vu naître et qu’il a ensuite cotoyé tous les jours, le jette pieds et poings liés, mais surtout le bonnet tiré sur les yeux, ne pas garder, ineffaçable désormais en lui, l’assassin, le regard de l’enfant sur lui… Cette petite fille colombienne, il y a trente ans peut-être, filmée pour le monde entier, et que toutes nos techniques ne parvinrent pas à désengluer de son tombeau de tourbe. Le Christ en croix, celles et ceux qui Le regardaient. Pour nous, tous, en tous siècles et en tous lieux.

Car le Dieu Qui a dit : Du milieu des ténèbres brillera la lumière [1], a Lui-même brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de Sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Cette connaissance, mais de quoi, de qui (sans majuscule) ? que voulu prendre Eve, et qui ne peut qu’être donnée. Paul et les incrédules dont l’intelligence a été aveuglée par le dieu mauvais de ce monde ; celui-ci les empêche de voir clairement, dans la splendeur de l’Evangile, la gloire du Christ, Lui qui est l’image de Dieu. Lisant cela, il me vient – lumineusement, c’est le cas de l’écrire – l’idée d’un livre mais aurai-je force et longévité pour l’écrire, tel que je suis devenu… ? un dialogue du genre du Dialogue des morts qui feraient s’entretenir Mahomet, Paul et Jean, et comme le judaïsme n’a de fondateur que Moïse et que ce dernier n’est pas à convaincre du Christ ni du Dieu trinitaire, il faudrait faire venir avec timidité et orgueil un Jui d’aujourd’hui, introduisant aussi à l’humanisme, à l’athéisme contemporain et aux immenses questions du racisme, de la Palestine, tout le monde se retrouvant et s’accordant sur la fin des temps, et voici (Parousie ou route de Jérusalem à Emmaüs) que soudain Jésus est là. Nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit. Passage paulinien qui est un entretien passionnant sur la Trinité. A creuser en théologie : l’image, de la Genèse à ce texte.  Aujourd’hui encore, quand les fils d’Israël lisent les livres de Moïse, un voile couvre leur cœur. La Synagogue voilée au tympan sud de Strasbourg, l’Eglise en vis-à-vis, et la Vierge aux douze étoiles qu’ADENAUER et GASPERI guidés par le Lorrain SCHUMAN reconnurent comme la figure, puis le drapeau de l’Europe (originellement celui du Conseil de l’Europe). Quand on se convertit au Seigneur, le voile est enlevé, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. [2]J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Simplement que, tellement gratifiés de Son enseignement, de Sa présence réelle dans les sacrements qu’Il a institués et nous a laissés, nous nous efforcions vraiment d’être « super ». Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.

Au lit, hier soir, pour me détendre du triste deuil de notre fille et de l’atterrante lecture du « compte-rendu » du conseil des ministres (ce devrait n’être qu’un communiqué, permettant aussi, lapidairement, de traiter les interrogations du jour. DG « briefait » lui-même PEYREFITTE avant que celui-ci ne traite avec les journalistes), pris vraiment les lettres à une amie (Georges CLEMENCEAU à une Marguerite…BALDENSPERGER) [3]. J’en retiens de magnifiques maximes : Il y a dans toute consolation humaine des parties d’amertume qui ne peuvent s’en dégager, parce que l’homme voudrait toujours les choses autrement qu’elles ne sont. [4]…  Ne regrettez ni carrière dramatique ni quoi que ce soit, ma très chère amie. Belles apparences, tristesse du fond. Vivre, c’est se tromper avec un rythme de réactions qui parfois nous fournissent des compensations d’autant plus belles que les méprises ont été plus profondes. « S’accorder avec l’univers ». C’est l’état du rocher. Les discordances sont des cimes de personnalité. Il est vrai que sitôt achevée, la personnalité se pour but suprême la fusion de deux existences diverses, ce qui me paraît, je l’avoue, un double phénomène à ne pas mépriser. Se faire pour se donner, élève Marguerite, tenez-vous droite, regardez le bon Dieu (CLEMENCEAU, le laïc, l’incroyant mais dont l’appartement jouxte le collège des Jésuites, rue Franklin, Saint Louis de Gonzague, « mon » collège ») dans les yeux et dites ce que vous pensez de cet emploi de la vie. Et puis foin du Professeur qui ne veut pas qu’on se fasse « arrêter ». Pour nous grandir nous avons besoin des incompréhensions de la foule. [5]… Et magnifique, d’abord l’expression française (l’orateur qui força notre grammaire pour : malgré que… ou vous en avez menti…) puis le décisif, les fleurs, ce qui le fit tellement s’accorder avec MONET et l’aimer : sans me mettre en ligne, je dois vous avouer qu’hier je ne suis pas sorti à cause des brusques variations de la température. J’ai tout simplement fait une douzaine de pas dans le jardin pour aller voir une fleur. Puis ses jolies comparaisons avec le brasier qui fume et ne brûle plus, les étincelles que, pour lui, doit conserver sa belle correspondante de quarante ans plus jeune que lui… tel quel à vous pour toujours. [6]

Cette idée – tout à l’heure – de livre : au grand dialogue du Prophète de l’Islam et des deux Apôtres du Christ faire venir tout simplement car il y a des citation ou des moments qui en valent : CLEMENCEAU donc, mais Jean-Marcel JEANNENEY, d’autres et pourquoi pas Jean-Luc MELENCHON… les non-croyants, Francis JEANSON (la foi d’un incroyant) exemplairement, ce qu’en lisait et m’en disait avec émotion et conviction François BOYER-CHAMMARD (« boyau » pour nous tous, ses élèves de Philosophie ou de Math-Elem.).  

Un président de notre République, qui aurait, au coin de sa table de travail : ce livre de CLEMENCEAU, le fil de l’épée de DG, les exercices spirituels d’Ignace de Loyola (coll. IHS et nulle autre), un des Bloc-notes de MAURIAC et se renouvelant quelques MONTAIGNE, CAMUS, MONTHERLANT, SARTRE et PASCAL… des recours, du silence. En marche ! fort bien, mais la science de l’étape, de la prière. Le discernement inné, EM en a fait preuve. Nous présider est « tout autre chose » qu’arriver. Sinon, ce n’aura été que parvenir…






[1] - Genèse I 3 & Jean VIII 12 : « Je suis la lumière du monde ; qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie »
[2] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens III 15 à IV 1 à 6 passim ; psaume LXXXV ; évangile selon saint Matthieu V 20 à 26
[3] - éd. Gallimard . Octobre 1979 . 650 pages. Je ne l’ai acheté qu’en courtes vacances du Brésil, le 23 Juillet 1985 tandis que s’initiait ma rencontre à « Manrèse » (Clamart) avec Jean LAPLACE sj
[4] - ibid. p. 519 – 28 avril 1928
[5] - ibid. p. 78 – 27 août 1924
[6] - ibidem, p. 143 – 11 mai 1925



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