TRAITÉ DE S. IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES
La gloire de
l'homme c'est Dieu ; mais le propre de l'homme, c'est de recevoir
l'œuvre de Dieu, toute sa sagesse et sa force. Comme un médecin
fait ses preuves auprès des malades, ainsi Dieu se manifeste aux
hommes. Et voilà pourquoi Paul déclare : Dieu a tout enfermé
dans l'incrédulité, pour accorder à tous sa miséricorde ; et
il disait cela de l'homme : l'homme avait désobéi à Dieu, et avait
été rejeté de l'immortalité ; il a ensuite obtenu par le Fils de
Dieu la miséricorde qui lui permet de recevoir par le Fils
l'adoption filiale.
Car celui qui, sans orgueil ni
prétention, garde la vérité quant aux choses créées, et quant au
Créateur, Dieu, le maître de toutes les choses auxquelles il donne
d'être, celui-là qui demeure dans son amour, dans la soumission et
l'action de grâce, il recevra de Dieu une gloire plus grande et de
devenir progressivement semblable à celui qui est mort pour
nous.
Car voici que le Verbe s'est fait semblable à
la chair de péché : cela d'abord pour condamner le péché et,
en tant que condamné, le rejeter hors de la chair, cela aussi pour
inciter l'homme à lui devenir semblable en lui donnant mission
d'être l'imitateur de Dieu, en le rangeant sous l'obédience du
Père, pour qu'il voie Dieu, et en lui donnant de saisir le
Père.
Oui, c'est le Verbe de Dieu, qui a habité en
l'homme, et qui s'est fait fils de l'homme, pour habituer l'homme à
recevoir Dieu, et habituer Dieu à habiter en l'homme comme cela
paraissait bon au Père.
Voilà pourquoi le Seigneur
lui-même nous a donné le signe de notre salut ; c'est Dieu
parmi nous né de la Vierge. En effet le Seigneur lui-même a
sauvé les hommes, car les hommes ne pouvaient d'eux-mêmes se
sauver. Cette infirmité de l'homme, Paul la proclame en ces termes :
Je sais que le bien n'habite pas en ma chair. Il veut dire
par là que le bien de notre salut ne vient pas de nous mais de Dieu.
Il dit encore: Pauvre de moi, qui me libérera de ce corps de
mort ? et il nous présente alors le libérateur : la grâce
de Jésus Christ notre Seigneur. Isaïe a dit de même : Soyez
fermes, mains molles et genoux tremblants. Courage ! Cœurs faibles.
Soyez fermes et ne craignez pas! Voici notre Dieu : il prononcera son
jugement et rendra justice : il viendra lui-même nous sauver.
Car nous ne pouvons être sauvés par nous-mêmes, mais par le
secours de Dieu.
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