Communiqué du président de la conféence épiscopale de France
La révélation dans la presse de faits graves mettant en cause Mgr Michel Santier est un choc pour de nombreux fidèles, en particulier dans les diocèses de Créteil, de Coutances et de Luçon. Je redis ma compassion pour ceux qui ont souffert de ces faits, mais aussi envers toutes celles et tous ceux que ces révélations blessent. Le sentiment de trahison, la tentation de découragement sont autant d’émotions que je comprends et qui nous traversent, tout comme l’incompréhension et la colère de beaucoup devant les actes eux-mêmes. J’entends et je reçois aussi les critiques formulées autour de l’absence de communication des mesures romaines quand elles ont été édictées.
Il ne peut y avoir d’impunité dans l’Église, quelle que soit la fonction de la personne mise en cause. Mgr Michel Santier a été sanctionné par l’autorité du Saint-Siège, après le signalement des faits par l’archevêque dont il dépendait à l’époque, dès que ce dernier en a eu connaissance. De nouveaux éléments portés à la connaissance de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de la province dont dépend désormais Mgr Michel Santier par son lieu de résidence, l’ont amené à informer Rome afin de rouvrir la procédure pour que de nouvelles mesures soient prises en conséquence. Il veille aussi à ce que les autorités civiles soient dûment informées.
J’entends aussi la demande d’une plus grande clarté sur ces procédures canoniques et les mesures qui peuvent en découler. Nous sommes là face à une tension entre les exigences du droit canonique, son usage, ses interprétations qui peuvent varier d’un expert à l’autre, les pratiques de la justice de notre pays, le respect des personnes et l’exigence de transparence que portent beaucoup de fidèles. Nous devons réfléchir à des changements dans nos procédures, dans notre façon de les mener comme d’en communiquer les résultats. Ce sujet important exige une étude sérieuse. Les évêques commenceront à y travailler dès l’assemblée plénière de novembre. Le groupe de travail sur les bonnes pratiques face à des plaintes mis en place après l’assemblée de novembre 2021 aura aussi des recommandations à faire en ce domaine. Nous porterons à Rome le fruit de nos réflexions et nos propositions pour améliorer ce qui peut l’être.
Je redis notre détermination à poursuivre ce chemin de vérité et de justice, pour que la confiance demeure possible et que notre Église soit toujours plus fidèle à sa mission.
+ Éric de Moulins-Beaufort,
archevêque
de Reims,
Président de la Conférence
des évêques de France
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laportelatine.org
La chèvre de M. Seguin
Publié le 20 octobre 2022
3 minutes
accueil Formation Crise de l'Église La chèvre de M. Seguin
Ou : Un évêque aux premières « Loges »
Tous unis dans ce geste de « concorde », selon le mot du Grand Maître, il y a le président du Collège des Vénérables Maîtres de l’Ombrie, et celui du Conseil des Vénérables Maîtres de Terni. L’évêque sourit, applaudit, puis entre dans la Maison maçonnique qui compte en son sein deux temples.
C’est une visite « fraternelle », avec le préfet, le député et le maire de Terni. Tous se félicitent de cette initiative qui favorisera le dialogue et la confrontation des différences, en dépassant les préjugés…
On se demande bien pourquoi cet évêque tenait tant à être aux premières « loges » ? Il se dit qu’il fait partie de « l’Eglise en sortie », promue par François, et qu’il se rend dans « les périphéries ». Mais il fait surtout penser à la chèvre de M. Seguin, qui ne veut plus être attachée au pieu du dogme rigide, car elle aspire à la liberté créative.
A ses côtés, le sourire du Grand Maître rassure et susurre : « Pourquoi me craindrais-tu ? Tu sais bien que je n’existe pas. »
Du XVIIIe siècle jusqu’à Léon XIII, pas moins de vingt documents romains ont condamné la franc-maçonnerie. Et en 1983, la Congrégation pour la doctrine de la foi a rappelé que le « jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques » demeurait « inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise ».
Précisant, en 1985, que « seul Jésus-Christ est le Maître de la Vérité, et c’est seulement en Lui que les chrétiens peuvent trouver la lumière et la force pour vivre selon le dessein de Dieu, en travaillant pour le bien véritable de leurs frères ».
Mais il est difficile de suivre cet enseignement, lorsque – deux semaines auparavant – le pape se rendait lui-même à Astana, au Kazakhstan, où se dresse une « pyramide de la paix et de la concorde », symbole de l’« unité des religions », emblème de la recherche des « points de référence humains communs dans les religions mondiales et traditionnelles », et figure monumentale de « l’ONU des religions ».
Que faisait le pape dans un congrès qui œuvrait à la réalisation de ce vieux rêve maçonnique ? En réalité, le ruban d’inauguration coupé à Terni partait d’Astana. Et même d’Abou Dabi où François a signé en 2019, avec le grand imam d’Al-Azhar, une déclaration « sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ».
Comment tout cela risque-t-il de finir ? « Enorme, immobile, il était là, regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas. » [Alphonse Daudet, « La chèvre de M. Seguin », in Les Lettres de mon moulin, 1869]
Source : DICI n° 425 – FSSPX.Actualités. Illustration : Мазур Владимир, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Abbé Alain Lorans
FSSPX
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