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Messe d'ordination sacerdotale présidée par le Pape François dans
la basilique Saint-Pierre, en mai 2019. (ANSA)
PAPE
En la mémoire du saint Curé d'Ars, le Pape remercie les prêtres
À l’occasion des 160 ans de la mort de saint
Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars présenté par Pie XI comme le
patron de tous les curés du monde, le Pape adresse une lettre à
tous ses «frères prêtres» pour leur exprimer sa reconnaissance
et les encourager dans ce «temps de purification de l’Église»
qui les met à l’épreuve mais qui seront, dans un avenir proche,
«très féconds», s’ils restent fidèles à la volonté de Dieu.
Marie Duhamel – Cité du Vatican
En la mémoire liturgique du saint Curé d’Ars,
le Pape manifeste dans une lettre sa proximité à «ses frères»
qui, «sans faire de bruit», ont «tout quitté» pour
s’engager auprès de leurs communautés, travaillant «dans la
tranchée» en y prenant des risques quotidiennement et «sans
se donner trop d’importance» pour prendre soin du Peuple de
Dieu. Le Pape s’adresse à chacun d’eux «qui, si souvent, de
manière inaperçue et sacrifiée, dans la lassitude ou la fatigue,
la maladie ou la solitude», assument leur mission et écrivent
«les pages les plus belles de la vie sacerdotale».
La lettre du Saint-Père s’articule autour de
quatre mots : souffrance, gratitude, courage et louange.
La souffrance des victimes d’abus ; temps de purification pour l’Église
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La «souffrance» est d’abord celle des
«frères victimes d’abus» de pouvoir, de conscience et
sexuel de la part de ministres ordonnés. Leur «cri» s’est
fait entendre ces derniers temps avec «davantage de clarté»,
eux qui furent souvent «silencieux et réduits au silence».
Le Pape rappelle le ferme engagement de l’Église
pour mettre en œuvre les réformes nécessaires afin que «la
culture de l’abus ne trouve pas d’espace pour se développer et,
encore moins, se perpétuer». Il rejette l’omission qui fut,
par le passé, une forme de réponse; «nous souhaitons
aujourd’hui que la conversion, la transparence, la sincérité et
la solidarité avec les victimes deviennent notre manière de faire
l’histoire».
Cette souffrance n’est pas indifférente aux
prêtres. Le Pape évoque leur «indignation» et souligne
leur sentiment d’impuissance. «La souffrance qu’engendrent
la suspicion et la remise en cause a pu provoquer, chez quelques-uns
ou beaucoup, le doute, la peur et le manque de confiance».
François salue également la mobilisation de certains pasteurs qui
«cherchent des mots et des chemins d’espérance».
Sans nier, ni rejeter le dommage causé par
quelques-uns, le Pape estime qu’il serait «injuste de ne pas
être reconnaissant pour tant de prêtres qui, de manière constante
et honnête, donnent tout ce qu’ils sont et ce qu’ils possèdent
pour le bien des autres». Ces prêtres, innombrables, qui font
de leur vie une œuvre de miséricorde, dans des conditions souvent
inhospitalières, même au risque de leur propre vie. «Dans des
moments de trouble, de honte et de souffrance», le Pape salue
et apprécie leur exemple courageux et constant.
Si les prêtres restent fidèles à la volonté
de Dieu, ces temps de purification seront féconds dans un avenir
proche, assure François. Le Seigneur est «en train de nous
sauver de l’hypocrisie et de la spiritualité des apparences. Il
souffle son Esprit pour redonner la beauté à son Epouse, surprise
en flagrant délit d’adultère».
«Notre humble repentir, qui reste silencieux,
dans les larmes, face à la monstruosité du péché et à
l’insondable grandeur du pardon de Dieu, est le début de notre
sainteté», écrit le Pape à ses frères prêtres.
La reconnaissance, une «arme puissante»
Dans les moments «de tribulation, de
fragilité (…) de faiblesse et de manifestation de nos limites,
quand la pire de toutes les tentations est de rester à ruminer le
désespoir», le Pape invite les prêtres -et c’est selon lui
«crucial»- à revenir à ce «moment lumineux» où
ils ont fait l’expérience de l’appel du Seigneur; «ce point
incandescent où la grâce de Dieu m’a touché au début du
chemin»; l’étincelle à laquelle chacun peut allumer le feu
quotidien et «porter chaleur et lumière» à ses frères.
Il ne faut pas perdre, écrit-il, la mémoire
reconnaissante du passage du Seigneur dans leur vie, la mémoire de
son regard miséricordieux pour, à leur tour, en témoigner.
Le «Oui» à l’appel de Dieu a une portée dont
l’importance est inconcevable.
La reconnaissance est toujours une ‘arme
puissante’, explique le Pape. «Ce n’est qu’en
étant à même de contempler et d’apprécier concrètement tous
les gestes d’amour, de générosité, de solidarité et de
confiance, ainsi que de pardon, de patience, d’endurance et de
compassion avec lesquels nous avons été traités que nous
laisserons l’Esprit nous offrir cet air frais capable de
renouveler (et non de rapiécer) notre vie et notre mission».
Les remerciements du Pape aux prêtres
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Le Pape prend là un long moment pour remercier
les prêtres, pour leur fidélité aux engagements pris, alors que
la société et la culture actuelle a transformé ‘le superficiel’
en valeur ; pour la joie avec laquelle ils ont donné leur vie,
luttant pour que leur cœur ne s’aigrisse pas mais au contraire
s’élargisse avec les années.
François les remercie de leur effort pour
renforcer les liens de fraternité et d’amitié entre eux et avec
leurs évêques, en se soutenant mutuellement. Rire, pleurer
ensemble pour encourager un frère à assumer ses responsabilités
ou profiter de sa sagesse. «Combien sont nécessaires ces
espaces!» s’exclame François.
Le Pape salue leur témoignage de persévérance
et d’endurance dans l’engagement pastoral. Il les remercie de
célébrer l’Eucharistie et «de faire paître avec miséricorde
dans le sacrement de la réconciliation, sans rigorisme, ni
laxisme, en prenant en charge les personnes et en les accompagnant
sur le chemin de conversion vers la vie nouvelle que le Seigneur
offre à tous».
Le Pape se réjouit pour toutes les fois «où,
en vous laissant émouvoir jusqu’aux entrailles, vous avez
accueilli les personnes tombées, soigné leurs blessures en donnant
de la chaleur à leurs cœurs». Pour lui, rien n’est plus
urgent que cette proximité.
Le cœur du pasteur est celui qui a appris «la
saveur spirituelle de se sentir un avec son peuple» dont il
provient et dont il est au service en adoptant, précise-t-il, un
style de vie austère et simple, sans accepter des privilèges qui
n’ont pas la saveur de l’Évangile.
Le Pape rend grâce enfin pour la sainteté du
Peuple de Dieu. Dans sa constance à aller de l’avant chaque jour,
le Pape voit la sainteté de l’Église militante. «Laissons-les
nous aider et nous encourager par leur témoignage».
Renouveler le courage sacerdotal
Dans cette lettre, le Pape encourage également
longuement les prêtres car la mission à laquelle ils ont été
appelés, ne les immunise pas contre la souffrance ou
l’incompréhension, et que tout le monde a besoin de réconfort.
Le Pape les invite à regarder les problématiques
qui s’imposent à eux ou d’ailleurs leurs propres limites en
face, à les assumer pour laisser le Seigneur les transformer.
Pour connaître leur cœur, le Pape leur propose
un test : voir comment ils réagissent à la douleur : en
détournant les yeux et en ignorant l’homme à terre, en
intellectualisant la douleur ou en s’en approchant de manière
sélective ce qui ne génère qu’isolement et exclusion ? En
faisant ainsi, jamais ils ne toucheront leurs blessures, celles des
autres et ainsi celles de Jésus.
Le Pape les met également en garde contre «le
plus apprécié des élixirs du démon » selon
l’expression de Bernanos, à savoir «la tentation de nous
attacher à une douce tristesse». Elle peut naître d’un
sentiment de déception vis-à-vis de la réalité quotidienne, de
l’Église ou de soi-même. Cette tristesse est «nocive».
Elle sème le découragement, le sentiment d’abandon et conduit au
désespoir. Elle rend «stérile toute tentative de
transformation et de conversion en propageant ressentiment et
animosité». Si ce sentiment menace, les prêtres sont invités
à demander à l’Esprit de venir les réveiller pour les libérer
de l’inertie.
Il leur rappelle les Paroles de saint Paul à ses
communautés: «Je combats pour que leurs cœurs soient remplis
de courage» pour transmettre la joie de l’Évangile.
La prière du Pasteur
«Le Seigneur est le premier à prier et
combattre pour vous et pour moi». Le Pape insiste sur la force
de la prière. Il n’est pas facile de demeurer devant le Seigneur
reconnaît François, mais c’est à ce moment-là que l’on fait
l’expérience «de notre bienheureuse pauvreté qui nous
rappelle que nous sommes des disciples nécessiteux de l’aide du
Seigneur et qui nous libère de cette tendance ‘prométhéenne
de ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs
propres forces’.» Dans la prière, Jésus procure le repos à
toutes ses brebis, il transforme les fragilités et pousse à la
mission. C’est le Seigneur qui montre le chemin d’espérance, et
non des «réponses faciles, rapides et préfabriquées»,
«les recettes et les priorités» déterminées par le
prêtre.
Comment maintenir le cœur courageux ? Il ne
faut pas négliger ni son rapport avec Jésus, ni l’accompagnement
spirituel. Le Pape les encourage à avoir un frère avec qui se
confronter, discuter et discerner en pleine confiance et
transparence ; avec qui vivre l’expérience de se savoir
disciple. C’est une aide «irremplaçable».
Le Pape leur demande également de faire croître
et d’alimenter le lien avec leur peuple, sans s’isoler ou, pire,
se cloîtrer dans des groupes élitistes, mais en se mettant en
sortie. Devant lui pour le guider, à ses côtés pour le comprendre
et derrière lui pour le maintenir uni et parce qu’il a «un
sens de l’odorat dans la recherche de nouveau chemin pour
marcher».
«La douleur de tant de victimes, du peuple et
la nôtre ne peut être vaine». Le Pape souhaite que les
prêtres manifestent leur proximité à ceux qui souffrent, et
pourquoi pas, pour vivre la misère humaine comme le leur pour les
faire eucharistie. «Notre temps, marqué par de vieilles et de
nouvelles blessures nécessite, juge le Pape, que nous soyons
artisans de relation et de communion, ouverts, confiants et
attendant la nouveauté que le Royaume de Dieu veut susciter
aujourd’hui».
Louange
La dernière parole-clé de cette lettre est la
louange. On ne peut parler de gratitude et d’encouragement sans
contempler Marie qui «nous enseigne la louange capable d’ouvrir
le regard à l’avenir et de rendre l’espérance au présent».
Se tourner vers Marie est recommencer à croire en «la force
révolutionnaire de la tendresse et de l’affection».
Pour cette raison, explique François, «si
jamais le regard commence à s’endurcir, ou si nous sentons que la
force séductrice de l’apathie ou de la désolation veut
s’enraciner et s’emparer du cœur ; si (…)nous nous
sentons poussés vers une attitude élitiste (…) si
parfois nous sommes tentés de nous isoler (…) ou si la
lamentation, la plainte, la critique ou l’ironie s’emparent de
nos actions sans aucun désir de se battre, d’espérer et
d’aimer…regardons Marie pour qu’elle nettoie notre regard de
toute poussière” qui peut nous empêcher d’être attentifs et
éveillés pour contempler et célébrer le Christ qui vit au milieu
de son Peuple.»
En guise de conclusion, le Pape rend, une fois de
plus, grâce aux prêtres pour leur dévouement et leur mission.
«Laissons la gratitude susciter la louange et nous encourager
une fois encore dans la mission de consacrer nos frères dans
l’espérance ». Il les invite à être des hommes qui
témoignent par leur vie de la compassion et de la miséricorde que
Jésus seul peut offrir.
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03 août 2019, 15:36
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