dimanche 5
08
heures 34 + La beauté n’est pas un tableau, un paysage, une
chose,
elle n’est pas matérielle, elle n’est pas physique, elle est
d’âme. Le visage de ma chère femme à son éveil, l’angélisme
qui se donne à voir, à l’évidence, le revêtement spirituel
dont
le sommeil nocturne nous gratifie. J’en suis chaque fois
surpris et
admiratif, de ma femme, et de ce que la vie nous apporte. Le
psaume
et ceux dont les visages se tournant vers la lumière, en
resplendissent. Mais plus encore, la beauté je le crois, est
mouvement et rencontre. Mouvement vu, perçu, compris, deviné
chez
l’autre – ce n’est pas seulement la geste amoureuse, l’émoi
– c’est bien davantage : ainsi vendredi, quittant la petite
chapelle latérale où est exposé chaque mois le
Saint-Sacrement pour notre adoration, voici que sans s’être
placé
devant l’autel, mais resté en-deçà de la grille, Lucien D.
assis
en quinconce sur un des bancs de la nef, est là. Je le vois.
Je vois
surtout le mouvement de ces vingt-cinq ans, de l’abstention,
de
toute les apparences de l’agnosticisme à la messe dominicale
depuis Pâques de l’année précédente (je venais, déjà,
auparavant, mais discrètement – il reste discret, il l’a
toujours été, même étant maire), et maintenant. Ce n’est pas
la
peine de parler, me souffle-t-il tandis que je m’approche. Il
prie,
les yeux ouverts, demi-assis, abandonné physiquement. Et
soudain, ma
chère femme tout à l’heure : pourquoi, après avoir déposé
Marguerite chez son amie, ne pas aller à la cathédrale ?
Bernard se promènera dans la vieille ville. Je comprends : la
messe, quelque chose avance. Nous irons, notre trésor et moi à
notre messe paroissiale, servante d’assemblée et moi portant
les
amitiés, les rencontres, mes ascendants, ceux qu’aujourd’hui
ou
depuis seulement ces deux décennies, j’ai mis en tranquillité
et
en veille dans tous mes moments de prière voulue ou reçue… et
ce
soir, je recommencerai, avec sa mère, et pensant à elle, à ses
propres amies, celles surtout dont la suite des scolarités,
des
mobilités professionnelles des parents vont la séparer. Les
deux
minutes vingt-sept de film qu’elle a enregistrées sur les
plages
du Débarquement et au mémorial de Caen, le tumulus muet du
cimetière allemand , mais surtout cette image de deux mains
jointes,
serrées, avançant comme une proue en mer, elle et une amie…
Nos
vies.
Hier
soir, la une du Figaro
(l’abonnement offert à mon beau-frère le suit ici) daté du
vendredi 3 : le choc, déjà l’E.N.A « supprimé »,
le débat sur « mon » école, quoique je ne me la sois
jamais appropriée tandis que j’y étais et même y redoublais la
dernière année (rattraper le traumatisme de mes fiançailles
ratées, les premières, les secondes viendraient vite, les
troisièmes m’introduiraient par leur rupture de fait sans
qu’elles
aient été cependant publiées sauf en forme d’un tour de France
de présentation mutuelle… trente-quatre ans de différence
d’âge,
juste treize mois plus âgée qu’EM… et la conclusion seulement
il y a un an par un message dont je doute que beaucoup
d’amoureux
vieillis en aient jamais reçu d’aussi magnifique, simplement),
les
remarques sur la méritocratie et non l’hérédité, sur le manque
d’ascendances ouvrières… comme s’il existait encore des
ouvriers, une « classe ouvrière » en France… Le
Monde en éditorial les
dimanche 28 et lundi 29 Avril, p. 28
auquel il faut que je réponde, mais sans publicité : mon sort
depuis 1982 dans ce journal (1997 à la
Croix) conclut
cependant par la question décisive, qui est le problème
français
aujourd’hui et demain : et si le service public n’était
plus capable d’attirer les meilleurs ? Ce n’est cependant
pas bien dit, qu’est-ce qu’être meilleur, ou le meilleur ?
Ou les meilleurs ? C’est le dévouement, la vocation, la
fidélité qui comptent, et pas au service public, mais au
service de
l’Etat : ce terme signifie à la fois la France et le bien
commun. Toute ma vie professionnelle certes, mais tout le
mouvement
de mon intelligence, toutes les références de mon esprit, de
mon
âme sont celles-là. Alors, le Figaro : titre, cela ressemble à
« la divine surprise » de MAURRAS, enfin !
Fonctionnaires :
vers la fin de l’emprise des syndicats ? Le projet de loi sur
la fonction publique ambitionne de bouleverser la gestion des
carrières dans l’administration, aujourd’hui largement entre les
mains des organisations syndicales… il prévoit de faciliter les
restructurations dans l’administration, ainsi que la mobilité
des
agents et l’obligation de travailler réellement 35 heures par
semaine. Les syndicats, qui perdront une partie de leurs
prérogatives, condamnent unanimement ce texte… les Français
soutiennent majoritairement les principales mesures de cette
réforme.
Le mensonge sur ce que
l’on fait, sur les adversaires qu’on se donne aux fins
d’abuser
l’opinion publique. C’est n’avoir aucune expérience de la
fonction publique d’État ou des collectivités locales que de
prétendre qu’on n’y f… rien et qu’y règnent les syndicats.
Nous sommes sans doute devenus l’un des pays où l’on se
syndique
le moins, où l’on joue le moins collectif, et pourtant dans la
fonction publique comme dans les entreprises l’appel au
dévouement
et au don de soi est toujours reçu. Faire croire que la
France,
l’État, l’économie, la société « marcheront »
mieux sans ce qu’on appela au moment de la tentative de
réélection
de NS : les « corps intermédiaires », censés tout
fausser, ce n’est
pas même une utopie, c’est une croyance propre
à détruire tout notre existant. Nous avons besoin de
syndicats, de
partis et qui soient achalandés : ils ont la mission naturelle
de faire participer les Français.
Nous
sommes entrés en dictature, la réponse aux « gilets jaunes »
nous le montre et nous devons cette lumière à ceux-ci. Sans
eux, la
machine à faire du texte de loi, généralement acquis dans la
nuit
et à très petit nombre, la réforme judiciaire, aurait continué
de
paraître légitime.
Toute dictature est
un régime
de dissimulation et de mensonge. Nous en recevons un ou
plusieurs
mensonges par jour. Relevant comme chaque mois ou presque le
fichier
wikipédia sur les « gilets jaunes » et ce que pour la
commodité des titres, on appelle maintenant le mouvement des
gilets
jaunes, je retrouve en référence : Édouard
Philippe : « Nous aurons un débat sur le référendum
d'initiative citoyenne », [archive]
Les
Échos, 16 décembre 2018. Non
seulement, ce débat
n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu, mais la proposition de loi
de
la France insoumise a fourni le précédent pour qu’il soit
inutile
d’en parler désormais. Même le vote blanc a été souverainement
refusé par EM en conférence de presse. L’autre mensonge a été
hier le début d’une explication de notre intervention en
Libye :
nous y combattons le terrorisme sans mandat et sans allié, en
nous
appuyant sur un maréchal (il y en a en Libye, comme en Egypte)
honni
de la majorité des Libyens. La réalité est que nous
établissons
le barrage contre l’immigration transméditerranéenne ; il y
avait le rideau de fer soviétique, il y a la France des droits
de
l’homme. Les débats, hier soir, pour commenter le 25ème samedi
ont été de cette nature : une députée assure
qu’il y a un programme et des actes proprement européens chez
EM,
vg. les droits d’auteur… ce qui ressort des deux samedis,
c’est
la volonté du « pouvoir » de trouver des prétextes pour
vilipender les manifestants, de même que le referendum
britannique a
servi d’exemple in vivo à EM pour railler le referendum
demandé
par les « gilets jaunes », alors qu’évidemment
outre-Manche, il n’y eut d’initiative que elle du Premier
ministre d’alors. En revanche, images bleuettes… des
manifestants
en gilet jaune dansent gentiment. Et certains de dire si cela
avait
été ainsi dès le 17 Novembre, ne serait toujours avec vous.
Deux statistiques
s’opposent : le soutien durable et pas loin des trois quarts
de la population pour les « gilets », et maintenant 63 %
des sondés pour que cessent ces fins de semaine...
21 heures 30 + Les
textes de
ce jour, entendus ce matin en paroisse avec notre fille et en
fin
d’après-midi à la cathédrale 1.
L’évangile de
Jean, son intimisme : Jésus se tenait sur le rivage, mais les
disciple ne savaient pas que c’était lui. Il ne se reconnaît
plus
physiquement, mais d’intuition, ou selon Sa propre
présentation,
ou selon les gestes d’un passé qui s’était gravé dans la
mémoire des Apôtres : la fraction du pain, la multiplication
des pains, la pêche miraculeuse. Elle n’est pas nutritive
ici :
les
enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? Car
c’est le Christ qui nourrit les siens : Venez
manger… Il prend le pain et le leur donne ; de même pour le
poisson. A la
multiplication des pains (cinq) il y avait aussi du poisson
(deux).
Cette pêche signifie l’Église, et c’est à la suite de celle-ci
que Pierre est confirmé après avoir par trois fois dit son
amour à
Celui qu’il avait renié trois fois. Car 153 poissons, ce sont
la
totalité et l’universalité des espèces censément connues à
l’époque, ainsi qu’en numérologie un des nombres les plus
évocateurs des synthèses, des contrastes. Le groupe qui vit
cette
aventure fondatrice, ou plutôt imageant la fondation en
gestation,
est également significatif : deux spirituels, Thomas et
Nathanaël, Pierre évidemment et les fils de Zébédée… Je
m’en vais à la pêche… nous aussi, nous allons avec toi.
Solidarité, vrai compagnonnage. Mais l’appel particulier :
suis-moi.
Les brebis, leur
image, au bord d’un lac, sur une plage : tout est ici d’âme.
L’homélie de notre recteur ce matin : l’espérance,
c’est le bonheur de la vie en Dieu… la vie de Jésus est
subversive parce qu’elle est vérité, source de vérité… Il
nous révèle à nous-mêmes.
Celle du curé de la cathédrale, tout autre ambiance des lieux
et
des personnes. Son explication du chiffre de 153, qui est la
bonne.
Il prépare manifestement, parle d’abondance et facilement,
peut-être trop : je ne suis pas pris., mais d’autres
visiblement, ses paroissiens, le sont. Les profils de visage
quand
nous avons devant nous la file de communion : certains beaux
et
très graves. Une femme, comme j’en ai coutume,
approche de celle qui tient ciboire et hostie, avec un vrai
sourire :
je la regarde. Nous étions dans la chapelle latérale de la
sainte
Vierge, tableau donné par le roi, jolie statue de Marie et de
l’Enfant, aussi… derrière deux filles choristes aux jolies
voix,
et à peu de distance de la meneuse des chants. Vérité des
sentiments quand l’on chante. –
Seigneur,
toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime.
Vendredi pendant l’heure d’adoration dans notre église,
expérience simple, compris seulement ensuite : adorer, c’est
ne plus rien savoir, ni être, ni dire, ni parole, ni acte… La
vision de Jean : le nombre, cf. les poissons qu’il a compté
du vivant de son maître, une
multitude d’anges… toute créature dans le ciel et sur la
terre,
sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y
trouvent
(la conclusion de saint Marc pour son évangile, allez
dire à toute la création…).
Adoration des hommes : les
quatre Vivants disaient : « Amen ! », et les
Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent.
Les réponses : Pierre et son rôle, mais aussi son martyre.
Leur rôle fondateur : nous
sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu
a
donné à ceux qui lui obéissent… Il faut obéir à Dieu plutôt
qu’aux hommes.
Ce qui fait la force, l’invincibilité des Apôtres et pour le
début de l’Église, c’est qu’ils ont fait l’expérience
directe de Dieu, de Dieu fait homme, qu’ils continuent de la
vivre,
alors que leurs détracteurs, leurs juges,les autorités de
l’époque,
religieuses qui plus est, ne peuvent l’avoir, sauf s’ils se
convertissent. Les gardes au tombeau, ceux allant chercher les
prisonniers.
2- Actes des Apôtres V 27 à 41 passim ; psaume XXX ; Apocalypse de saint Jean V 11 à 14 ; évangile selon saint Jean XXI 1 à 19
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