dimanche 5 mai 2019

mes enfants, avez-vous quelque chose à manger ? venez manger - textes du jour


dimanche 5

08 heures 34 + La beauté n’est pas un tableau, un paysage, une chose, elle n’est pas matérielle, elle n’est pas physique, elle est d’âme. Le visage de ma chère femme à son éveil, l’angélisme qui se donne à voir, à l’évidence, le revêtement spirituel dont le sommeil nocturne nous gratifie. J’en suis chaque fois surpris et admiratif, de ma femme, et de ce que la vie nous apporte. Le psaume et ceux dont les visages se tournant vers la lumière, en resplendissent. Mais plus encore, la beauté je le crois, est mouvement et rencontre. Mouvement vu, perçu, compris, deviné chez l’autre – ce n’est pas seulement la geste amoureuse, l’émoi – c’est bien davantage : ainsi vendredi, quittant la petite chapelle latérale où est exposé chaque mois le Saint-Sacrement pour notre adoration, voici que sans s’être placé devant l’autel, mais resté en-deçà de la grille, Lucien D. assis en quinconce sur un des bancs de la nef, est là. Je le vois. Je vois surtout le mouvement de ces vingt-cinq ans, de l’abstention, de toute les apparences de l’agnosticisme à la messe dominicale depuis Pâques de l’année précédente (je venais, déjà, auparavant, mais discrètement – il reste discret, il l’a toujours été, même étant maire), et maintenant. Ce n’est pas la peine de parler, me souffle-t-il tandis que je m’approche. Il prie, les yeux ouverts, demi-assis, abandonné physiquement. Et soudain, ma chère femme tout à l’heure : pourquoi, après avoir déposé Marguerite chez son amie, ne pas aller à la cathédrale ? Bernard se promènera dans la vieille ville. Je comprends : la messe, quelque chose avance. Nous irons, notre trésor et moi à notre messe paroissiale, servante d’assemblée et moi portant les amitiés, les rencontres, mes ascendants, ceux qu’aujourd’hui ou depuis seulement ces deux décennies, j’ai mis en tranquillité et en veille dans tous mes moments de prière voulue ou reçue… et ce soir, je recommencerai, avec sa mère, et pensant à elle, à ses propres amies, celles surtout dont la suite des scolarités, des mobilités professionnelles des parents vont la séparer. Les deux minutes vingt-sept de film qu’elle a enregistrées sur les plages du Débarquement  et au mémorial de Caen, le tumulus muet du cimetière allemand , mais surtout cette image de deux mains jointes, serrées, avançant comme une proue en mer, elle et une amie… Nos vies.

Hier soir, la une du Figaro (l’abonnement offert à mon beau-frère le suit ici) daté du vendredi 3 : le choc, déjà l’E.N.A « supprimé », le débat sur « mon » école, quoique je ne me la sois jamais appropriée tandis que j’y étais et même y redoublais la dernière année (rattraper le traumatisme de mes fiançailles ratées, les premières, les secondes viendraient vite, les troisièmes m’introduiraient par leur rupture de fait sans qu’elles aient été cependant publiées sauf en forme d’un tour de France de présentation mutuelle… trente-quatre ans de différence d’âge, juste treize mois plus âgée qu’EM… et la conclusion seulement il y a un an par un message dont je doute que beaucoup d’amoureux vieillis en aient jamais reçu d’aussi magnifique, simplement), les remarques sur la méritocratie et non l’hérédité, sur le manque d’ascendances ouvrières… comme s’il existait encore des ouvriers, une « classe ouvrière » en France… Le Monde en éditorial les dimanche 28 et lundi 29 Avril, p. 28  auquel il faut que je réponde, mais sans publicité : mon sort depuis 1982 dans ce journal (1997 à la Croix) conclut cependant par la question décisive, qui est le problème français aujourd’hui et demain : et si le service public n’était plus capable d’attirer les meilleurs ? Ce n’est cependant pas bien dit, qu’est-ce qu’être meilleur, ou le meilleur ? Ou les meilleurs ? C’est le dévouement, la vocation, la fidélité qui comptent, et pas au service public, mais au service de l’Etat : ce terme signifie à la fois la France et le bien commun. Toute ma vie professionnelle certes, mais tout le mouvement de mon intelligence, toutes les références de mon esprit, de mon âme sont celles-là. Alors, le Figaro : titre, cela ressemble à « la divine surprise » de MAURRAS, enfin ! Fonctionnaires : vers la fin de l’emprise des syndicats ? Le projet de loi sur la fonction publique ambitionne de bouleverser la gestion des carrières dans l’administration, aujourd’hui largement entre les mains des organisations syndicales… il prévoit de faciliter les restructurations dans l’administration, ainsi que la mobilité des agents et l’obligation de travailler réellement 35 heures par semaine. Les syndicats, qui perdront une partie de leurs prérogatives, condamnent unanimement ce texte… les Français soutiennent majoritairement les principales mesures de cette réforme. Le mensonge sur ce que l’on fait, sur les adversaires qu’on se donne aux fins d’abuser l’opinion publique. C’est n’avoir aucune expérience de la fonction publique d’État ou des collectivités locales que de prétendre qu’on n’y f… rien et qu’y règnent les syndicats. Nous sommes sans doute devenus l’un des pays où l’on se syndique le moins, où l’on joue le moins collectif, et pourtant dans la fonction publique comme dans les entreprises l’appel au dévouement et au don de soi est toujours reçu. Faire croire que la France, l’État, l’économie, la société « marcheront » mieux sans ce qu’on appela au moment de la tentative de réélection de NS : les « corps intermédiaires », censés tout fausser, ce n’est pas même une utopie, c’est une croyance propre à détruire tout notre existant. Nous avons besoin de syndicats, de partis et qui soient achalandés : ils ont la mission naturelle de faire participer les Français. 
Nous sommes entrés en dictature, la réponse aux « gilets jaunes » nous le montre et nous devons cette lumière à ceux-ci. Sans eux, la machine à faire du texte de loi, généralement acquis dans la nuit et à très petit nombre, la réforme judiciaire, aurait continué de paraître légitime.

Toute dictature est un régime de dissimulation et de mensonge. Nous en recevons un ou plusieurs mensonges par jour. Relevant comme chaque mois ou presque le fichier wikipédia sur les « gilets jaunes » et ce que pour la commodité des titres, on appelle maintenant le mouvement des gilets jaunes, je retrouve en référence :  Édouard Philippe : « Nous aurons un débat sur le référendum d'initiative citoyenne », [archive] Les Échos, 16 décembre 2018. Non seulement, ce débat n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu, mais la proposition de loi de la France insoumise a fourni le précédent pour qu’il soit inutile d’en parler désormais. Même le vote blanc a été souverainement refusé par EM en conférence de presse. L’autre mensonge a été hier le début d’une explication de notre intervention en Libye : nous y combattons le terrorisme sans mandat et sans allié, en nous appuyant sur un maréchal (il y en a en Libye, comme en Egypte) honni de la majorité des Libyens. La réalité est que nous établissons le barrage contre l’immigration transméditerranéenne ; il y avait le rideau de fer soviétique, il y a la France des droits de l’homme. Les débats, hier soir, pour commenter le 25ème samedi ont été de cette nature : une députée assure qu’il y a un programme et des actes proprement européens chez EM, vg. les droits d’auteur… ce qui ressort des deux samedis, c’est la volonté du « pouvoir » de trouver des prétextes pour vilipender les manifestants, de même que le referendum britannique a servi d’exemple in vivo à EM pour railler le referendum demandé par les « gilets jaunes », alors qu’évidemment outre-Manche, il n’y eut d’initiative que elle du Premier ministre d’alors. En revanche, images bleuettes… des manifestants en gilet jaune dansent gentiment. Et certains de dire si cela avait été ainsi dès le 17 Novembre, ne serait toujours avec vous. Deux statistiques s’opposent : le soutien durable et pas loin des trois quarts de la population pour les « gilets », et maintenant 63 % des sondés pour que cessent ces fins de semaine...

21 heures 30 + Les textes de ce jour, entendus ce matin en paroisse avec notre fille et en fin d’après-midi à la cathédrale 1. L’évangile de Jean, son intimisme : Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciple ne savaient pas que c’était lui. Il ne se reconnaît plus physiquement, mais d’intuition, ou selon Sa propre présentation, ou selon les gestes d’un passé qui s’était gravé dans la mémoire des Apôtres : la fraction du pain, la multiplication des pains, la pêche miraculeuse. Elle n’est pas nutritive ici : les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? Car c’est le Christ qui nourrit les siens : Venez manger… Il prend le pain et le leur donne ; de même pour le poisson. A la multiplication des pains (cinq) il y avait aussi du poisson (deux). Cette pêche signifie l’Église, et c’est à la suite de celle-ci que Pierre est confirmé après avoir par trois fois dit son amour à Celui qu’il avait renié trois fois. Car 153 poissons, ce sont la totalité et l’universalité des espèces censément connues à l’époque, ainsi qu’en numérologie un des nombres les plus évocateurs des synthèses, des contrastes. Le groupe qui vit cette aventure fondatrice, ou plutôt imageant la fondation en gestation, est également significatif : deux spirituels, Thomas et Nathanaël, Pierre évidemment et les fils de Zébédée… Je m’en vais à la pêche… nous aussi, nous allons avec toi. Solidarité, vrai compagnonnage. Mais l’appel particulier : suis-moi. Les brebis, leur image, au bord d’un lac, sur une plage : tout est ici d’âme. L’homélie de notre recteur ce matin : l’espérance, c’est le bonheur de la vie en Dieu… la vie de Jésus est subversive parce qu’elle est vérité, source de vérité… Il nous révèle à nous-mêmes. Celle du curé de la cathédrale, tout autre ambiance des lieux et des personnes. Son explication du chiffre de 153, qui est la bonne. Il prépare manifestement, parle d’abondance et facilement, peut-être trop : je ne suis pas pris., mais d’autres visiblement, ses paroissiens, le sont. Les profils de visage quand nous avons devant nous la file de communion : certains beaux et très graves. Une femme, comme j’en ai coutume, approche de celle qui tient ciboire et hostie, avec un vrai sourire : je la regarde. Nous étions dans la chapelle latérale de la sainte Vierge, tableau donné par le roi, jolie statue de Marie et de l’Enfant, aussi… derrière deux filles choristes aux jolies voix, et à peu de distance de la meneuse des chants. Vérité des sentiments quand l’on chante. Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. Vendredi pendant l’heure d’adoration dans notre église, expérience simple, compris seulement ensuite : adorer, c’est ne plus rien savoir, ni être, ni dire, ni parole, ni acte… La vision de Jean : le nombre, cf. les poissons qu’il a compté du vivant de son maître, une multitude d’anges… toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y trouvent (la conclusion de saint Marc pour son évangile, allez dire à toute la création…). Adoration des hommes : les quatre Vivants disaient : « Amen ! », et les Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent. Les réponses : Pierre et son rôle, mais aussi son martyre. Leur rôle fondateur : nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent… Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Ce qui fait la force, l’invincibilité des Apôtres et pour le début de l’Église, c’est qu’ils ont fait l’expérience directe de Dieu, de Dieu fait homme, qu’ils continuent de la vivre, alors que leurs détracteurs, leurs juges,les autorités de l’époque, religieuses qui plus est, ne peuvent l’avoir, sauf s’ils se convertissent. Les gardes au tombeau, ceux allant chercher les prisonniers.


2- Actes des Apôtres V 27 à 41 passim ; psaume XXX ; Apocalypse de saint Jean V 11 à 14 ; évangile selon saint Jean XXI 1 à 19

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