LETTRE DE SAINT AMBROISE À ORONTIEN
Dans cette lettre Ambroise répond aux questions que pose à Orontien sur le chapitre 8 de la lettre aux Romains.
D'après saint Paul, celui qui, par l'Esprit, fait mourir le comportement
charnel, celui-là vivra. Ce n'est pas étonnant qu'il vive, puisqu'il
devient fils de Dieu, ayant l'Esprit de Dieu. Il est fils de Dieu à tel
point qu'il ne reçoit pas un esprit d'esclavage mais l'esprit des
enfants d'adoption ; et à tel point que le Saint-Esprit de Dieu rend
témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Ce témoignage
est bien celui de l'Esprit Saint puisque c'est lui qui crie dans nos
cœurs : Abba, Père, comme c'est écrit dans la lettre aux
Galates. Mais ce qui témoigne hautement que nous sommes fils de Dieu,
c'est que nous sommes héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ.
Est héritier avec lui celui qui est glorifié avec lui ; et il est
glorifié avec lui, celui qui, en souffrant pour lui, souffre avec lui.
Pour nous encourager à souffrir, saint Paul ajoute que tout ce que nous
souffrons est peu de choses, sans proportion avec les biens à venir de
cette grande récompense qui rétribuera nos labeurs ; récompense qui se
révélera en nous lorsque nous serons recréés à l'image de Dieu et que
nous pourrons regarder sa gloire en face.
Pour mettre en valeur la grandeur de cette révélation à venir, l'Apôtre
ajoute que la création elle-même attend cette révélation des fils de
Dieu. Cette création est maintenant livrée malgré elle au pouvoir du
néant ; mais elle est dans l'espérance. Car elle espère que le Christ
l'aidera par sa grâce à se libérer de l'esclavage de la dégradation
inévitable, et à recevoir la liberté glorieuse des fils de Dieu. Ainsi y
aura-t-il une seule liberté, pour la création et pour les fils de Dieu,
lorsque la gloire de ceux-ci se révélera. Mais maintenant, tant que
cette révélation se fait désirer, toute la création gémit en attendant
de partager la gloire de notre adoption et de notre rédemption. Elle
enfante déjà cet esprit qui la sauve, et elle veut être délivrée de
l'esclavage du néant. ~
Il est clair que les créatures qui gémissent en attendant l'adoption des
fils ont en elles les premiers dons de l'Esprit. Cette adoption des
fils, c'est la rédemption du corps tout entier, lorsque celui-ci, en
qualité de fils adoptif de Dieu, verra en face ce bien éternel et divin.
Il y a déjà adoption filiale dans l'Église du Seigneur lorsque l'Esprit
s'écrie Abba, Père, selon la lettre aux Galates. Mais cette
adoption sera parfaite lorsque ceux qui seront admis à voir la face de
Dieu ressusciteront tous dans l'immortalité, l'honneur et la gloire.
Alors la condition humaine s'estimera vraiment rachetée. C'est pourquoi
l'Apôtre ose dire : Nous avons été sauvés en espérance. L'espérance sauve en effet, comme la foi, dont il est dit : Ta foi t'a sauvé.
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