Je ne suis ni religieux ni prêtre – je n’appartiens à aucun mouvement d’aucune confession ni à aucun parti politique. Je ne suis que chrétien.
Vous trouverez ci-après – quotidiennement ou presque – une méditation sur les textes de la liturgie du jour de l’Eglise catholique et de fois à autre des essais et rédactions ou de simples esquisses sur ce qui – en moi ou selon d’autres que j’ai rencontrés ou rencontre – a Dieu ou l’attente de Dieu, pour référence.
POUR DIALOGUER : b.fdef@wanadoo.fr
Par
le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des
enfants s'amusent au parterre ;
Et par l'oiseau blessé qui ne
sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la faim et la soif et le délire ardent :
Je vous
salue, Marie.
Par les gosses battus par l'ivrogne qui
rentre,
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et
par l'humiliation de l'innocent châtié,
Par la vierge vendue
qu'on a déshabillée,
Par le fils dont la mère a été
insultée :
Je vous salue, Marie.
Par la vieille
qui, trébuchant sous trop de poids,
S'écrie
: "Mon Dieu !" Par le malheureux dont les bras
Ne
purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils
sur Simon de Cyrène ;
Par le cheval tombé sous le chariot
qu'il traîne :
Je vous salue, Marie.
4 Par les
quatre horizons qui crucifient le Monde,
Par tous ceux dont la
chair se déchire ou succombe,
Par ceux qui sont sans pieds,
par ceux qui sont sans mains,
Par le malade que l'on opère et
qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins :
Je
vous salue, Marie.
5
Par la mère apprenant que son fils est guéri,
Par l'oiseau
rappelant l'oiseau tombé du nid,
Par l'herbe qui a soif et
recueille l'ondée,
Par le baiser perdu par l'amour redonné,
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
Je vous salue,
Marie.
6 Par l'âne et par le boeuf, par l'ombre de la
paille,
Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille,
Par les nativités qui n'auront sur leurs tombes
Que les
bouquets de givre aux ailes de colombe,
Par
la vertu qui lutte et celle qui succombe :
Je vous salue, Marie
o u
Par le
petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants
s'amusent au parterre
Et par
l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup
s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire
ardent
Je vous salue, Marie.
Par les gosses battus,
par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de
pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par
la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère
a été insultée
Je vous salue, Marie.
Par la
vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S'écrie: " Mon
Dieu ! " par le malheureux dont les bras
Ne purent
s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon
de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne
Je
vous salue, Marie.
Par les quatre horizons qui crucifient
le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par
ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le
malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang
des assassins
Je vous salue, Marie.
Par la mère
apprenant que son fils est guéri
Par l'oiseau rappelant
l'oiseau tombé du nid
Par l'herbe qui a soif et recueille
l'ondée
Par le baiser perdu par l'amour redonné
Et par le
mendiant retrouvant sa monnaie
Je vous salue, Marie.
Étudiant polonais en philologie, il joue dans un groupe de théâtre antinazi et entre au séminaire clandestin en 1942. Ordonné prêtre en 1946 en Pologne communiste, il est envoyé pour des études à Rome,
et de retour en Pologne, affecté auprès de la jeunesse à partir de
1949. Après sa thèse sur l'amour, particulièrement conjugal, il est
nommé à l'université par le cardinal Sapieha. Il devient, en 1958, le plus jeune évêque polonais et s'oppose au matérialisme communiste, notamment en faisant construire une église à Nowa Huta, malgré l'opposition du pouvoir.
Pendant Vatican II,
sa maîtrise des langues et de la théologie en font le porte-parole de
l'épiscopat polonais, ce qui le fait remarquer par le futur Paul VI.
Archevêque, puis cardinal en 1967 (le plus jeune), il se fait l'avocat
des ouvriers face au régime communiste, défendant les droits de l'homme.
S'intégrant à la Curie sous le pontificat de Paul VI, il reçoit des voix lors du conclave d'août 1978. À l'issue du conclave d'octobre 1978, qui fait suite à la mort subite de Jean-Paul Ier, il est élu, sur proposition du cardinal König. C’est le premier pape non italien depuis le pape néerlandais Adrien VI en 1522, ainsi que le premier pape polonais et slave de l’histoire du catholicisme.
Son pontificat (26 ans, 5 mois et 18 jours) est à ce jour le troisième plus long de l’histoire catholique après ceux de saint Pierre (37 ou 34 ans selon la tradition, non documentée) et Pie IX
(31 ans et 8 mois). Il a parcouru plus de 129 pays pendant son
pontificat, plus de cinq cents millions de personnes ayant pu le voir
durant cette périodeD 1, et institué de grands rassemblements, comme les Journées mondiales de la jeunesse. Il a béatifié 1 340 personnes et canonisé 483 saints, soit plus que pendant les cinq siècles précédents.
Jean-Paul II est généralement considéré comme l’un des meneurs politiques les plus influents du XXe siècleb.
Plus encore, il est présenté de plus en plus comme le modèle de la
nouvelle évangélisation, portée par l'ensemble de sa vision pastorale et
incarnée jusque dans sa sainteté de vie1. Béatifié en 2011 par son successeur le pape Benoît XVI, puis canonisé par le pape François en 2014, il est considéré comme saint par l'Église catholique et est fêté le , date de son intronisation pontificale.
Karol Józef Wojtyła naît à Wadowice, petite ville de Petite-Pologne, le où réside une communauté juive importante qu'il côtoie quotidiennementA 1.
Son père, Karol Wojtyła (né en 1879), est militaire de carrière. Sous-officier dans l'armée austro-hongroise,
il devient, après l'indépendance de la Pologne en 1918, officier de
l'armée polonaise. Il prend sa retraite en 1927 avec le grade de
capitaine. Il épouse en 1906
Emilia Kaczorowska, de cinq ans sa cadette. Le couple a trois enfants :
Edmund Antoni (né en 1906), Olga Maria (morte dès sa naissance, en
1914), et enfin Karol Józef (prénoms de son père et de l'ex-empereur Charles Ier d'Autriche) en 1920. Très tôt, le petit Karol perd sa mère, atteinte d'une infection rénale (1929)H 1, et son frère aîné, devenu médecin, emporté par la scarlatine (1932)H 1.
Les époux Wojtyła avec le petit Edmund.
Karol Wojtyła père et fils.
Edmund Wojtyła.
Adolescent, Karol Wojtyła est passionné de littérature et de théâtreG 1. Il participe à des représentations théâtrales données par son lycéeA 2. Il se lie d'amitié avec deux actrices de sa troupe, Halina Krolikiewicz(pl)
et Ginka Beer, joue dans de nombreuses pièces et obtient souvent les
rôles principaux, remplaçant même au pied levé un acteur qui ne pouvait
être présentG 2. Il rencontre Mieczysław KotlarczykA 3, professeur d'histoire au lycée des filles de Wadowice et passionné de théâtreG 3 qui, à partir de 1936, le forme à sa propre technique théâtrale, essentiellement fondée sur la force de la parole et du texteG 3.
Ils échangent sur la place de la langue dans la culture et l'identité
polonaise et Karol lui écrit même après son départ de Wadowice. Karol
Wojtyla a alors la volonté de devenir acteur et souhaite se consacrer au
théâtreA 3.
À quinze ans, il devient président d'une association de jeunes qui se consacre à la Vierge MarieA 4. Le 6 mai 1938, Karol Wojtyła reçoit le sacrement de confirmationA 3. En août 1938, il quitte Wadowice, accompagné par son père, pour Cracovie où il suit des études de lettres à l’université JagellonneA 5. Il approfondit sa connaissance de l'étymologie, de la phonétique polonaise, du théâtre et de la poésie lyriqueA 5 et se spécialise en philologie polonaise.
La défaite polonaise de 1939 entraîne le démembrement et l'occupation du pays par l'Allemagne nazie et l'URSS. Parmi d'autres mesures, l'occupant allemand impose la fermeture de l'universitéA 6, et l'interdiction de fêter les saints polonaisA 6. Karol Wojtyła rencontre alors Jan Tyranowski, tailleur féru de spiritualité, homme de prière engagé dans sa paroisseG 4. Une fois pape, Jean-Paul II dit de celui qui était devenu un proche qu'il était « l'un
de ces saints inconnus, cachés comme une lumière merveilleuse au bas de
la vie, à une profondeur où règnent habituellement les ténèbres »A 7. Celui-ci lui propose de participer au Rosaire vivantA 8,
organisation catholique clandestine. Jan Tyranowski pousse les membres
du Rosaire vivant à prier, à se former, à vivre en présence de Dieu et à
faire que « chaque instant serve à quelque chose »A 7,G 4. Tyranowski conseille à Karol Wojtyła la lecture des écrits de saints de l'Ordre du Carmel, comme Jean de La CroixG 4, Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux2.
Karol Wojtyła continue à être acteur dans des pièces de théâtreB 1. Il écrit aussi trois pièces, David, Job et JérémieA 9.
Dans ces pièces on peut voir des parallèles entre le destin de la
Pologne et d'Israël. Le théâtre est conçu par Karol Wojtyła comme un
moyen de résistance et de défense de la patrie polonaise contre
l'occupant naziA 9. Karol Wojtyła donne des représentations clandestines avec des amis : c'est le théâtre surnommé Studio 39A 9.
Pendant l'automne 1940 dans la carrière de ZabrziwekA 10,
il découvre la réalité du travail manuel, puis, en octobre 1940, il se
fait embaucher en tant qu'ouvrier dans l'usine chimique SolvayA 11, ce qui lui permet d'échapper au service obligatoire allemand. Cette expérience marque durablement sa vie : « Cette
expérience de la vie ouvrière avec tous ses aspects positifs et ses
misères, aussi bien qu'à un autre niveau, les horreurs de la déportation
de mes compatriotes polonais dans les camps de la mort, ont
profondément marqué mon existenceA 10. »
Le 16 février 1941 survient le décès de son pèreA 12, dernier membre vivant de sa famillec.
En juin 1941, l'Allemagne nazie déclare la guerre à son alliée l'URSS et toute la Pologne passe sous le joug nazi.
En juillet 1941, son ancien professeur de théâtre Mieczysław Kotlarczyk
rejoint Cracovie avec son épouse. Ils sont hébergés dans l'appartement
de Karol Wojtyła. Un mois plus tard, avec un groupe d'acteurs incluant
Karol Wojtyła, Kotlarczyk fonde le « théâtre rhapsodique ». Ce style théâtral, d'une grande sobriété de moyens, met en exergue le texte à travers un art déclamatoire très travailléG 5. Pour Kotlarczyk, la tension dramaturgique provient de la « parole »
exprimée et reçue, plus que d'une mise en scène spectaculaire. Ce
travail sur la puissance, en soi, de la parole, influence profondément
Karol Wojtyła dans son apostolat de prêtre, puis d'évêque et de papeG 5.
L'éradication de la culture polonaise est un des moyens utilisés
par les nazis pour supprimer toute résistance à long terme dans le pays.
Le théâtre rhapsodique fait dès lors partie d'un vaste mouvement de
résistance culturelle clandestine, baptisé UniaG 6.
L'Unia a aussi une branche militaire. Mais Karol Wojtyła refuse
d'entrer dans la résistance armée, préférant des moyens plus pacifiques,
comme le combat culturel et la prièreG 6,A 13. La troupe du « Théâtre rhapsodique » se produit dans la clandestinité, les acteurs risquant le peloton d'exécution s'ils se font prendreG 5.
Au cours de l'automne 1942, après un long temps de réflexion, il
décide de devenir prêtre, et entre au séminaire clandestin de CracovieA 14,G 7.
Séminariste sous l'occupation
L'abbé Wojtyła, vicaire à Niegowic (1948).
Karol Wojtyła est accepté au séminaire clandestin que MgrSapieha, archevêque de Cracovie, a organisé malgré l’interdiction allemande de former de nouveaux prêtres, en octobre 1942A 15. Chaque étudiant est suivi par un professeur ; les cours ont lieu dans des églises ou chez des particuliersA 15. Karol travaille comme ouvrier la journée et étudie le soirB 2. Il lit alors le Traité de la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie, de saint Louis-Marie Grignion de MontfortA 16. La lecture de Louis-Marie Grignon de Montfort a eu un grand impact dans sa vie, (sa devise en tant qu'évêque puis pape « Totus Tuus », est issue de la lecture du Traité de la dévotion à la très Sainte Vierge Marie). Ses armoiries
comportent un écu d'azur à la croix d'or accompagné dans le canton en
pointe senestre de la lettre M, en hommage à la Vierge Marie3.
Il s'initie aussi à la philosophie, et notamment à la métaphysique.
Celle-ci, dans un premier temps, le déroute. Mais au bout de deux mois
de travail intensif, il y trouve les raisons profondes de son existence
et la confirmation de ses intuitions sensiblesG 8. Il restera toute sa vie passionné de philosophieG 9.
Le 29 février 1944, il frôle la mort. Il est renversé par une
voiture et se retrouve pendant quinze jours à l'hôpital, victime d'un
traumatisme crânienA 17.
Le 6 août 1944, Hitler décide de réprimer l'insurrection de Varsovie.
Karol Wojtyła échappe à une rafle qui a lieu dans son immeuble, restant
silencieusement en prière dans son appartement situé en sous-solG 10,A 18. Menacé par la répression, il trouve refuge au palais épiscopal où MgrSapieha décide de cacher les séminaristesA 19. Il ne sort que très rarement du palais épiscopalA 18 et avec de faux papiersB 3. Il ne retrouve sa liberté de mouvement que le 17 janvier 1945, à la suite de la libération de Cracovie par l'Armée rouge. L'armée soviétique salue l'attitude de l'archevêque face aux nazisB 4.
Karol Wojtyła étudie particulièrement la théologie de Jean de La Croix, de Thérèse d'Ávila et de Thérèse de LisieuxB 5. Il pense d'ailleurs un temps à devenir carme, mais y renonceG 11,4. En 1946, Mgr Sapieha, qui vient d'être nommé cardinal, décide de l'envoyer compléter sa théologie à Rome. Il avance la date de son ordination pour faciliter son départB 5. Karol Wojtyła est ordonné prêtre lors de la Toussaint, le . Il a 26 ans.
Ministère de prêtre
Karol Wojtyła poursuit ensuite sa formation à l’Angelicum de Rome, université alors dirigée par les dominicains, adeptes de la néoscolastique traditionaliste, et où les cours sont dispensés en latinB 6. Il y reste deux ans, pour préparer une thèse de doctorat en théologie sur « La foi dans la pensée de saint Jean de la Croix »B 5,A 20, sous la direction de Réginald Garrigou-Lagrange, strict thomiste. Il loge dans le collège belge, où il apprend le françaisB 6. Pour les besoins de sa thèse, il apprend aussi l'espagnol[réf. souhaitée].
Mais il n’imprime pas ce travail et, finalement, obtiendra
l’habilitation à l’université jagellone de Cracovie grâce à un travail
sur Max Weber. C’est ainsi qu’il deviendra aumônier des étudiants de Cracovie puis professeur de philosophie morale5.
Le cardinal Sapieha lui demande de visiter l'Europe pendant ses vacances afin d'y étudier les méthodes pastorales. Il voyage alors en France et en Belgique.
Pendant ce séjour, il découvre la réalité du début de la
déchristianisation de la France mais aussi les nouvelles méthodes
pastoralesB 7. Il rencontre le théologien Henri de Lubac et observe l’expérience des prêtres-ouvriers. En Belgique, il rencontre l’abbé Joseph Cardijn, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienneB 7. À son retour en Pologne, il publie dans la revue catholique de Cracovie son impression positive sur les nouvelles formes d'évangélisation en France, pays d'une « magnifique culture intellectuelle catholique », mais pays de mission ayant de nombreux incroyantsC 1.
Il voit alors la nécessité de s'adapter aux situations nouvelles liées à
la disparition d'une foi plus traditionnelle et observe avec intérêt
les nouvelles formes d'évangélisation, qui « montre de nouvelles voies, de nouvelles méthodes pour le travail apostolique »C 2 : une nouvelle évangélisation.
Karol Wojtyła, jeune prêtre, entouré de ses étudiants à Cracovie (1950).
En juin 1948, il est envoyé à NiegowićB 8, un petit village de la campagne galicienne à cinquante kilomètres de CracovieA 21. Il y découvre le développement du stalinisme en Pologne. Il lit Lénine et Karl Marx, afin de mieux comprendre la logique communisteA 22. Il défend cette conception : « Le
socialisme n'est pas contraire aux enseignements de l'Église, mais les
méthodes des communistes sont contre l'Église. Le communisme prétend
imposer aux gens des conceptions matérialistes, il torture la nation »A 22. Face aux pressions faites par le régime communiste, Karol Wojtyła conseille de ne jamais résister, affirmant que « les choses mauvaises doivent être vaincues par la bonté. Nous devons montrer le bon exemple, faire preuve d'humilité »A 23.
Le cardinal Sapieha le nomme en mars 1949 à la paroisse universitaire Saint-Florian de Cracovie. Pendant cette période il découvre « l'importance fondamentale de la jeunesse »A 23,6. Il encadre alors un groupe de jeunes, à qui il donne des conférencesB 9.
Il apprend avec eux, fait du ski avec euxB 10 et organise une nouvelle forme d'évangélisationA 23. Il organise des excursionsB 9, composées de temps de réflexion, de prière et de sport, ceci deux fois par an pendant quinze joursB 11. Il célèbre la messe sur un canoë, chose assez rare avant le concile Vatican II, et s'habille en civil, afin de ne pas se faire repérer par le régime communisteA 24.
Au cours de ces excursions, il écoute et discute beaucoup avec des
jeunes, souvent fiancés, avec qui il parle des différents aspects de la
vie conjugaleA 24. Il innove en discutant ouvertement de la sexualitéA 25. Il invite hommes et femmes « à
apprendre à être ensemble avant de s'engager dans une relation plus
intime. Ils devraient apprendre à se comporter l'un vis-à-vis de
l'autre, à être patients, à s'entendre, à se comprendre mutuellement »A 26.
Il développe une réflexion profonde sur la vocation du mariage, qui
restera toute sa vie l'une des grandes thématiques de son enseignementA 26.
Karol Wojtyła pendant une excursion.
Il est nommé à l'université par le cardinal Sapieha contre sa volontéB 12.
Il étudie alors pour rédiger une thèse de philosophie. Il se spécialise
en éthique et précisément sur la question de l'amour en général et de
l'amour conjugalB 13. Il étudie la philosophie de saint Thomas d'Aquin et les phénoménologues, dont Edith SteinG 12, et sa thèse porte sur le phénoménologue Max Scheler. Il apprend l'allemand, afin de mieux comprendre SchelerB 14. Il obtient son doctorat de philosophie en 1953B 14. Il continue cependant ses excursions avec les jeunes pendant l'étéB 14.
En 1953, il occupe la chaire de théologie morale et éthique sociale de la Faculté de théologie de l'université JagellonneB 15. Il écrit des poèmes sous le pseudonyme d'Andrzej JawieńB 16. Le régime soviétique accentue alors sa répression, développant un culte de la personnalité autour de Staline. Des personnalités catholiques comme le cardinal Stefan Wyszyński sont emprisonnées en septembre 1953A 27. Le prêtre responsable du Rosaire Vivant est condamné à mortA 27. L'enseignement catholique est interdit dans les écolesA 20, et la faculté de théologie de l'université Jagellonne, où enseigne Karol Wojtyła, est ferméeB 17 en octobre 1954A 27.
Après la mort de Staline, les relations deviennent plus libres. Des
manifestations en faveur de la liberté religieuse ont lieu et le
cardinal Wyszyński est libéréB 18 en 1956A 28. En 1954, Karol Wojtyła est nommé professeur d'éthique à l’université catholique de Lublin. Il fonde dans cette ville un Institut de morale dont il conserve la direction jusqu’en 1978.
Karol Wojtyła participe alors secrètement autour du doyen et des
professeurs de philosophie à des réunions afin de discuter de la
situation de l'Église et de la nation. Ensemble, ils développent des
moyens subtils afin de saper le communisme de l'intérieur,
spirituellement et philosophiquement. Karol Wojtyła critique le
communisme, considérant que l'éthique marxiste ne permet pas
d'appréhender la réalité de l'homme en tant que telA 29. Ainsi il estime que les marxistes « considèrent
l'homme comme quelque chose qui peut être créé dans le communisme -
mais il n'y a pas de place pour l'individu, pour l'essence de l'homme.
Parce que l'essence de l'homme s'incarne en chaque individu »A 29.
Karol Wojtyła estime aussi que l'approche chrétienne de la vie et de la
société est extrêmement réaliste, alors que l'approche marxiste finit
par « être purement idéaliste, faute d'être concrète »A 29.
Face à cette opposition, il ne cherche jamais à développer une
confrontation armée ou violente avec les communistes. Il cherche ainsi à
fuir les problèmes politiques et les conflits, afin de ne pas gaspiller
de temps, et concentre son activité au développement de la
connaissance, afin de se consacrer à un travail positifA 29. Ainsi on ne trouve pas de réaction officielle du futur pape lors du soulèvement de Poznań en 1956A 29.
Évêque à Cracovie
Visite
de l'église de la Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie à Cracovie
début juin 1967, peu de temps avant d'être créé cardinal.
Le , le pape Pie XII le nomme évêque auxiliaire de Cracovie. À 38 ans, Karol Wojtyła est le plus jeune évêque de la République populaire de PologneB 19.
Cette nomination est validée par le régime communiste, car Karol
Wojtyła est considéré comme une personne qui ne s'intéresse pas aux
débats politiques, contrairement au cardinal Stefan WyszyńskiA 30. Le régime communiste voit dans le nouvel évêque un moyen de contrer et de diviser l'épiscopat polonaisA 30.
C’est à cette époque qu’il choisit sa devise « Totus tuus » (« tout à toi »), inspirée7
de la spiritualité de Louis-Marie Grignion de Montfort et illustration de sa dévotion à la Vierge Marie.
En tant qu'évêque auxiliaire il est responsable de la pastorale des étudiantsB 20. Il continue alors d'enseigner la morale à la faculté de théologieB 21. Il enseigne principalement saint Thomas d'Aquin, Scheler, Husserl, Heidegger, IngardenB 21.
Il tente de concilier dans sa réflexion, mais aussi dans les articles
qu'il publie, la philosophie de saint Thomas avec la phénoménologie. Il
considère que la phénoménologie propose des outils mais qu'il lui manque
une vision générale du monde propre au thomismeB 18.
Il continue ses activités littéraires, donnant même en 1960 une pièce de théâtre, La Boutique de l’orfèvre, dont le sous-titre est : « Méditation sur le sacrement de mariage qui, de temps en temps, se transforme en drame »8, puis en 1964, une dernière pièce, Rayonnement de la paternité, sous-titrée : « Un mystère ». Il collabore aux revues Znak et Tygodnik Powszechny, signant ses poèmes du pseudonyme « Andrzej Jawień ».
En 1962, l'administrateur apostolique de Cracovie, MgrEugeniusz Baziak,
meurt. Karol Wojtyła est alors nommé pour le remplacer le 13 janvier
1964, devenant ainsi le plus jeune administrateur de diocèse en PologneB 22.
Pendant plus de vingt ans, Karol Wojtyła défend les paroissiens de la ville nouvelle de Nowa Huta,
cité communiste modèle, privée initialement de lieu de culte. Il
soutient la construction d'une église en célébrant des messes de Noël en
plein airD 2. Paul VI lui offre une pierre de l'ancienne basilique vaticaneA 31, qui devient la première pierre de l'église de l'Arche du Seigneur(de), inaugurée en 19779.
Peu de temps après sa nomination comme évêque, le nouveau pape Jean XXIII décide d'ouvrir le IIe concile œcuménique du VaticanA 32. L'évêque Karol Wojtyla est alors invité à participer au concile. La phase préparatoire se déroule du au B 23. Dans la réponse au questionnaire pour le Concile Vatican II, Karol Wojtyła demande que le concile se prononce clairement sur « l'importance de la transcendance de la personne humaine face au matérialisme croissant de l'époque moderne »A 33. Il souhaite que soit renforcé le rôle des laïcs dans l'Église, mais aussi le dialogue œcuménique et le célibat des prêtres qu'il défendA 34,D 3.
Même s'il n'a jamais joué un rôle fondamental au cours du Concile, sa
position semble s'être progressivement renforcée au fil du concile au
sein de la délégation des évêques polonaisA 35.
La première session du concile se déroule du au B 23.
Au cours de ce concile, Karol Wojtyła, parlant le français, l'anglais,
l'allemand, le polonais, le russe, l'espagnol, l'italien et le latin,
devient progressivement le porte-parole de la délégation polonaiseA 36.
Cette délégation étant la plus importante du monde communiste, elle
jouit d'une certaine autorité sur les questions concernant la vie de
l'Église au sein du bloc de l'EstA 37. Au fil des débats, Karol Wojtyła se lie d'amitié avec des évêques africainsB 24, qu'il sent animés d'une foi jeune, vivante, mais aussi avec les évêques allemandsA 37. Il croise des théologiens tels que Hans Küng et Joseph RatzingerD 4. La nomination de Karol Wojtyła comme archevêque en 1964, lui permet d'avoir une plus grande stature au sein de la délégationA 38.
Il participe de manière active au Schéma XIII du Concile Vatican II, contribuant principalement au développement de l'exhortation sur l'Église dans le monde de ce tempsB 13. Lors du concile Vatican II,
deux tendances s'affrontent sur la conception de l'athéisme, souvent
liée à la représentation existante du marxisme. Karol Wojtyła ne prend
jamais ouvertement position pour l'une d'entre elles, mais défend sa
conception face à l'athéisme, lors d'une tribune le : « Nous poursuivons une quête en même temps que nos frères humains… Évitons de faire de la morale ». Il invite l'Église à employer la méthode heuristique, exactement « comme on aide l'élève à découvrir la vérité par lui-même »A 39.
Karol Wojtyła demande alors de considérer l'athéisme, non dans sa
composante sociologique ou politique, mais avant tout dans son état
intérieur de la personne humaineA 39. Ainsi lors de son intervention du , il déclare : « L'athée croit fermement à son « ultime solitude »,
parce qu'il croit que Dieu n'existe pas. D'où son désir de se rendre
d'une certaine manière immortel, à travers la vie de la collectivité.
Nous devons donc nous demander pourquoi le collectivisme favorise
l'athéisme et vice versa ».
Le , Paul VI
reçoit pour la première fois Karol Wojtyła lors d'une audience privée.
Le pape avait suivi ses interventions lors du concile, et il lui
apparaissait comme la figure la plus marquante parmi la délégation
polonaiseA 31,
celle d'un évêque attaché à la tradition mais recherchant résolument le
renouveau de l'Église, défendant l'autorité de l'Église sans étroitesse
d'esprit, tout en étant doté d'une volonté de mettre la personne
humaine et son salut au cœur des préoccupationsA 40.
À la fin du concile, les évêques polonais envoient une lettre aux
évêques allemands, appelant à la réconciliation des deux nations. La
dernière phrase « Nous pardonnons et implorons le pardon »B 25, est vivement critiquée par le régime politique polonaisA 31, qui stigmatise l'attitude des évêques et leur manque de patriotismeD 5.
L'objectif était de favoriser la réconciliation entre les deux nations
et d'éviter les revendications de territoire entre celles-ciD 6,
tout en n'oubliant pas la réalité des tensions historiques entre les
deux pays, liées aux guerres et aux camps de concentration.
Paul VI le nomme archevêque de Cracovie le A 41 au côté du Cardinal Wyszyński, primat de Pologne, et figure de proue de l’épiscopat polonais dans la résistance au communisme. Il entre en fonction le 10.
Cette nomination continue à être soutenue par le régime communiste, qui
considère toujours Karol Wojtyła, du fait de son absence d'implication
dans les débats politiques, comme un allié face au cardinal WyszynskiA 36,D 7. Cette nomination intervient alors même que le cardinal Wyszynski voulait promouvoir d'autres personnes à ce posteA 41.
Ce titre posa des problèmes à Karol Wojtyła qui craignait que le
pouvoir communiste utilise et développe une concurrence entre les deux
archevêques de Pologne. Karol Wojtyla choisit alors de soutenir
inconditionnellement le Cardinal WyszyńskiB 26,D 7.
Il est secrètement convoqué par le régime communiste. Il décide en
juillet 1965, sans l'en avertir, de reprendre et de défendre les
conceptions du cardinal Wyszynski sans montrer la moindre divergence
avec luiA 42. Ainsi Karol Wojtyła refuse de participer au premier Synode des évêques, qui a lieu à Rome, car le cardinal Wyszynski n'est pas autorisé par le régime à y participerD 7. Karol Wojtyła est alors mis sous écoute et espionné par le pouvoir en place ; il est parfois suivi lors de ses déplacementsD 8.
En 1966, l'archevêque organise la célébration du millénaire de la Pologne, lié à la commémoration du baptême de Mieszko Ier de Pologne, le 4 avril 966D 9. Il préside plus de cinquante messes d'anniversaire, dont une messe pontificale au nom du pape Paul VI, qui n'est pas autorisé à entrer en Pologne, au sanctuaire Jasna Góra de Częstochowa, haut lieu du catholicisme polonaisA 42. L'objectif de la célébration du millénaire de la Pologne est aussi de mettre en avant l'héritage profondément chrétien du paysB 27 alors même que le gouvernement communiste promeut l'athéisme.
Amour et responsabilité
En 1962B 28, il publie Amour et responsabilité dans lequel il développe une conception philosophique et chrétienne de l'amour et de la sexualité.
Cardinal
Paul VI le nomme cardinal de San Cesareo in Palatio, titre cardinalice de l'église de San Cesareo de Appia à Rome, dédiée au Saint Césaire de Terracina, le B 29. Il est alors, à quarante-sept ans, le plus jeune de tous les cardinaux vivantsA 43. À la suite de cette nomination, il passe deux mois par an au VaticanB 30.
Il y devient membre de quatre congrégations : celle pour le clergé,
pour l'éducation catholique, pour le culte divin, et pour les Églises
orientalesA 43. Paul VI le nomme aussi consulteur du Conseil des laïcsA 43.
Au printemps 1968, une révolte des étudiants polonais éclate face
à la censure du régime communiste. Celui-ci accuse les Juifs d’être
responsables de la révolte. Karol Wojtyła prend alors publiquement la
défense des étudiantsD 10 et invite, à une conférence organisée à l’archidiocèse de Cracovie, le philosophe juif Roman Ingarden, montrant ainsi son soutien à la communauté juiveA 44. L'année suivante il visite officiellement une synagogue, affichant une nouvelle fois sa solidarité envers la communauté juiveD 11.
Au cours de ces années, Karol Wojtyła organise l'aide secrète à l'Église de Tchécoslovaquie, en grande partie détruite par le régime communiste. Il ordonne alors secrètement des prêtres à CracovieD 12. Après la mort de l'évêque tchèque Štěpán Trochta
en 1974, le pouvoir interdit à Karol Wojtyła de venir célébrer les
obsèques. Néanmoins, il salue publiquement la figure héroïque du défuntD 13.
Les ouvriers de Pologne se révoltent en 1970
face à l’augmentation des prix. La répression du régime entraîne la
mort d'une quarantaine de personnes. Le cardinal Wojtyła, tout en se
défendant de vouloir agir politiquement, prend la défense des ouvriers.
Il tente d'éviter le durcissement des conflitsA 45.
Une nouvelle révolte éclate le . Des ouvriers manifestent dans la rue. Karol Wojtyła prend la défense des droits de l’hommeD 10, affirmant, lors de l’homélie de la veille du jour de l’an, qu’il défendait « le
droit de manger à sa faim, le droit à la liberté… une atmosphère
d’authentique liberté sans contraintes… que rien ne menace »A 44. Il critique plus tard ouvertement la censureA 45
et les obstacles à la pratique du catholicisme. Cette défense des
droits de l’homme se fait de plus en plus ouvertement. Il va jusqu’à
affirmer en 1977 que « les droits de l’homme ne
peuvent être accordés sous la forme de concessions. Ce sont des droits
innés, qu’il s’efforce de concrétiser au cours de sa vie. Et s’il ne
peut pas les réaliser, les vivre pleinement, l’homme se révolte. Et il
ne peut en être autrement, car il est homme, son sens de l’honneur
l’exige »A 46. Cette défense des droits de l’homme va de pair pour le cardinal Wojtyła avec la défense et la reconnaissance de la nation. Il rejette la conception d’une nouvelle Pologne rattachée au mouvement communiste international et qui oublierait l’histoire et l’héritage du paysA 47.
Parallèlement à ces prises de positions publiques, le cardinal
encourage l’émergence du réseau d’intellectuels clandestins Odrodzenie
(Renaissance), dialoguant fréquemment avec eux.
Le cardinal Wojtyła participe aussi à des congrès internationaux, invité par la philosophe américaine Anna-Teresa Tymieniecka, tant à Naples où il débat avec des phénoménologues sur la place de l'auto-détermination (1974), qu'à Harvard où il participe à une conférence en 1976A 48. Ces voyages lui permettent de rencontrer l'épiscopat américain, et d'acquérir progressivement une stature internationale11.
Dès la fin du concile Vatican II, le pape Paul VI nomme Karol Wojtyła membre de la commission sur les questions de la contraception et de la sexualitéA 43. Le cardinal polonais joue un rôle important dans le groupe qui conseille Paul VI sur le thème de la contraception juste avant l'encyclique « Humanæ Vitæ »,
publiée en 1968. Il reprend la conception de la sexualité qu'il avait
développée au début de son ministère de prêtre. Il préside une
commission d'étude dans son diocèse. Celle-ci est composée de laïcs et
de membre du clergéA 49. Il envoie directement au pape Paul VI le fruit de ses réflexionsA 49. Lors de la publication d’Humanæ Vitæ, Karol Wojtyła se dit très satisfait d'avoir « aidé le pape ». Un prêtre du diocèse de Cracovie affirme que près de soixante pour cent de l'encyclique provient du rapport de WojtyłaA 49.
Une
de ses initiatives originales, en tant qu’archevêque de Cracovie, est
l'ouverture, en 1972, d’un synode pastoral visant à partager la
collégialité de Vatican-II avec les prêtres et fidèles de l’archidiocèseB 31,D 14. Plus de 500 groupes d’études, composés de fidèles de toutes conditions, vont approfondir régulièrement les textes de Vatican-II. Ce sont en tout plus de onze mille personnes qui étudient ainsi les enseignements du concileA 50. Ce synode de Cracovie se poursuit jusqu’en 1979 et contribue à mettre en pratique les principes du concile dans l’archidiocèseB 32,G 13,12.
Karol
Wojtyła participe aux synodes des évêques de 1969 sur la collaboration
des épiscopats nationaux avec le siège apostolique, puis à celui de 1971
sur le sacerdoce et la justice dans le monde. Il est, en 1974, le rapporteur du synode sur l'évangélisation dans le monde contemporainB 33.
Paul VI reçoit souvent le cardinal WojtyłaA 49, dont plus de onze fois pendant la période 1973 à 1976. Cette connivence entre le cardinal Wojtyła et Paul VI conduit ce dernier à proposer à Karol Wojtyła de prêcher les Exercices spirituels du carême 1976D 15 au pape et à la curie romaineA 49,13. La préparation des Exercices spirituels conduit à un échange de correspondance entre Karol Wojtyła et le théologien allemand Joseph Ratzinger qui lui envoie son introduction au christianisme. Ce sera le début d'une amitié entre les deux hommesF 1. Cette retraite prêchée au Vatican fait connaître Karol Wojtyła auprès de la Curie, le rendant pour la première fois papabileA 49,14.
Au cours de ces homélies il développe l'idée que les catholiques
devaient être un signe de contradiction dans le monde, affirmant la
vérité de Dieu, face au silence. Il critique tant le consumérisme de l'Occident que l'athéisme d'État communisteD 16.
Personne et Acte
En 1969 paraît en Pologne une première version de ce qui est considéré comme l'œuvre philosophique majeure du futur Jean-Paul II, Osoba i czyn
(« Personne et Acte »). Il y développe sa conception de l'amour et de
l'homme. Après sa rencontre avec Anna-Teresa Tymieniecka en 1973,
commence une amitié « intense » (selon le journaliste Edward Stourton(en) qui sous-entend une amitié amoureuse d'après les 300 lettres de la main de Karol Wojtyla retrouvées dans la Bibliothèque nationale de Varsovie)15 et une longue collaboration qui aboutira en 1979 à la publication en anglais de la version définitive de l'ouvrage, The Acting Person16.
Le développement de sa conception de l'homme donne une place
primordiale à l'autodétermination de l'être humain, l'individu devant
donner forme à sa vie et décider ce qu'il veut en faire. Cette
conception centrée sur la personne constitue le fondement pour le
cardinal Wojtyła du rôle des systèmes politiques, qui ont pour vocation
d'aider les individus à se déterminer eux-mêmes. Cela le conduit à
critiquer les dérives des systèmes politiques : « Si,
d'une part, un système sociopolitique ne donne pas à l'individu ce
droit légitime — c'est le cas des régimes totalitaires et communistes,
qui abolissent l'autodétermination de l'être humain —, l'État est
pernicieux. D'autre part, si les sociétés et les cultures autorisent
l'individu à devenir strictement individualiste et à négliger les liens
avec la communauté que cette autodétermination exige et établit à la
fois, la cohésion sociale s'effrite »A 51.
Le 26 août 1978, à la mort de Paul VI, Karol Wojtyła, cardinal, participe à l'élection du futur pape. Albino Luciani, patriarche de Venise, est alors élu, et prend le nom de Jean-Paul IerA 52, en hommage aux deux précédents papes qui ont ouvert et fermé le Concile Vatican II, Jean XXIII et Paul VI. Jean-Paul Ier meurt trente-trois jours plus tard. Au cours de ce conclave, Karol Wojtyła aurait déjà reçu quelques voix de cardinaux17.
D'après l'opinion qui s'imposa par la suite, le conclave aurait été divisé entre deux favoris : Giuseppe Siri, archevêque de Gênes, plutôt conservateur et Giovanni Benelli, archevêque de Florence proche de Jean-Paul Ier et grand électeur du conclave précédent18,G 14. Mais aucun ne s'imposeB 34 et Karol Wojtyła, qui était aussi pressenti, est élu au huitième tour de scrutin, le , pape de l’Église catholique. On sait d'autre part, que MgrKönig, archevêque de Vienne, était très proche de lui, et paraît avoir été l'un de ses grands électeursB 35.
Enfin, les cardinaux allemands ont activement fait campagne pour
l'archevêque de Cracovie ; parce qu'ils représentaient une Église aux
moyens financiers considérables, ils passaient beaucoup de temps en
déplacements hors d'Europe pour mettre en œuvre une action caritative
importante (hôpitaux, écoles, etc.) ; ils disposaient d'une forte
notoriété auprès de prélats africains et sud-américains et donc, d'une
influence importante ; moins de quarante ans après l'agression nazie sur
la Pologne, ce soutien était particulièrement symbolique.
D’après George Weigel,
plusieurs facteurs peuvent expliquer son élection. Cardinal depuis onze
années, Karol Wojtyła était bien connu des autres électeurs19. Ses interventions lors du concile Vatican II et sa prédication pendant la retraite papale en 1976 avaient été remarquées20.
Il avait une longue expérience de la résistance culturelle au
communisme qui pouvait contribuer à renouveler l’Ostpolitik du
Saint-Siège. Mais avant tout, selon Weigel, il avait marqué les esprits
dans sa mission d’évêque diocésain, montrant qu’une direction ferme
pouvait être possible au milieu des tensions post-conciliairesG 15. De même, pour Bernard Lecomte, le souhait général des cardinaux était « d'élire un pasteur, un homme ayant l'expérience du terrain »21.
La surprise n'en est pas moins très grande : il est le premier papeslave de l'histoire et le premier non italien depuis Adrien VI en 1522. La foule croit d'abord avoir affaire à un cardinal africain,
et nombre de commentateurs sont pris de court lors de l'annonce,
ignorant tout du nouveau pape, le service de presse du Vatican n'ayant
lui-même pas prévu de fiche biographique. Jean-Paul II
se démarque dans la succession des papes par sa nationalité, sa
relative jeunesse et sa condition d’ancien athlète. Surtout, il vient
d’un pays communiste, d’au-delà du rideau de fer.
Dans sa première déclaration, ce détenteur de l'infaillibilité suggère
avec humour à la foule de le corriger s'il fait des erreurs… en italien.
Le pape est polyglotte.
Après avoir, semble-t-il, renoncé à prendre le même nom que le saint patron de la Pologne, Stanislas, sur demande du cardinal-primat de Pologne, il choisitJean-Paul II, en continuité avec ses trois prédécesseurs immédiats. Il inaugure son pontificat le 22 du même mois.
Son pontificat est le troisième plus long (9 664 jours) de
l’histoire bi-millénaire de la papauté. Sur ses 263 prédécesseurs, seul Pie IX (1846-1878) a régné plus longtemps que lui (31 ans, 7 mois et 17 jours), mais saint Pierre,
le premier des évêques de Rome, aurait régné encore plus longtemps
(34 ans ou 37 ans dont 25 à Rome). Durant son règne, il aura connu trois
présidents français, cinq présidents des États-Unis, et sept chefs d’État d’Union soviétique puis de Russie22.
Les premiers jours de son pontificat sont marqués par des changements de forme : il prépare personnellement ses premiers discours, et va directement à la rencontre du public, montrant alors sa grande indépendance vis-à-vis du protocole et de la curieA 53.
Les premiers discours de Jean-Paul II marquent son attachement au concile Vatican II,
à la collégialité dans l'Église, mais aussi au respect de la tradition,
de la liturgie et sa volonté de poursuivre le dialogue œcuménique et la
recherche de la paix et de la justiceA 54.
Le 22 octobre 1978, lors de la messe inaugurale de son pontificat, il prononce le discours « N'ayez pas peur »
qui marque le début de son pontificat, montrant sa détermination,
appelant à un christianisme plus engagé et à l'ouverture des frontières,
interpellant :
« N'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au
Christ. À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, des
systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture,
de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ
sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait23 ! »
Il visite alors Assise, et se proclame porte-parole de « l'Église du silence », représentant l'église sous les régimes communistesA 55.
Il défend très vite les droits de l'homme, considérant la liberté de
pratiquer sa religion comme le fondement de toutes les autres libertés
lors d'un discours pour le trentième anniversaire de la Déclaration des droits de l'hommeA 56.
Jean-Paul II
décide d'aller au Mexique en 1978. Au cours de son voyage, il multiplie
les rencontres et les allocutions. Il visite le sanctuaire marial de Notre-Dame de Guadalupe. Au cours de ce voyage le pape critique les fonctions politiques que prennent certains prêtresB 36, en partie liés à la théologie de la libération.
Cependant le refus par le pape de fonctions trop politiques de la part
du clergé ne l'empêche pas de prendre position pour la défense des
pauvres et des indigènesA 57. Il invite ainsi à lutter contre l'injustice et dénonce les atteintes portées à la dignité de l'hommeB 37.
Dès l'année suivante il visite la Pologne, l'Irlande, les États-Unis (il est le premier pape à se rendre à la Maison-Blanche24) et la TurquieA 58.
Il débute au cours des audiences papales du mercredi une véritable
catéchèse sur la destinée humaine, la sexualité ou la théologie du
corps. En 1980 il se rend en Afrique, en France et au Brésil. Il défend l'appartenance à l'Église catholique de l'Église uniate, que Staline avait voulu dissoudre et annexer au patriarcat orthodoxeA 58.
Le mercredi , jour de l'audience générale hebdomadaire qui se tient place Saint-Pierre à Rome, et devant une foule de 20 000 fidèles, Jean-Paul II est victime d’un attentatA 59. Mehmet Ali Ağca, un jeune turc
de 23 ans, déjà condamné dans son pays pour un assassinat commis deux
ans plus tôt, fait feu sur le pape avec un pistolet automatique Browning de calibre 9 mm, à une distance de moins de six mètres. Six semaines plus tôt avait eu lieu à Washington la tentative d'assassinat du président américain Ronald Reagan.
Atteint par trois balles, le pape doit être opéré en urgence, mais aucun organe vital n'est atteint25. L'attentat ayant lieu le jour-anniversaire de la première apparition de la Vierge de Fátima, qu'il devait mentionner dans son discours, Jean-Paul II attribue sa survie à l’intervention de la Vierge de FátimaA 60, et il pense que cet attentat est celui évoqué dans le message de Fátima.
Plusieurs thèses ont été formulées sur un possible commanditaire.
Selon certaines sources, cet attentat pourrait être l’œuvre du GRU, les services de renseignements de l’armée soviétiqueA 61 ; cependant, l'étude des archives des services secrets bulgares
par Allen Weinstein et les membres d'une commission d'enquête
américaine du Center for Democracy ne permit pas de découvrir de preuves
susceptibles d'attester d'une participation bulgare ou du KGB[réf. nécessaire].
D'autres personnes, du fait de la nationalité de Mehmet Ali Ağca,
pensent que des groupes islamistes radicaux pourraient être à l'origine
de l'attentatA 62, le jeune Turc étant contre la visite du pape en Turquie, voyant en lui « le
Commandant des Croisades, Jean-Paul déguisé en chef religieux. Si cette
visite n'est pas annulée, je ne manquerai pas de tuer le
pape-Commandant »A 63. D'autres sources[Lesquelles ?] laisseraient entendre qu'il s'agirait d'une action menée par la mafia
turque commanditée par la mafia italienne. Enfin, certains n'y ont vu
que la volonté propre de Mehmet Ali Ağca, considérant qu'il souffrait de
troubles psychiatriquesA 64.
À la suite de cet attentat, qui a manqué de peu de lui coûter la
vie et qui lui laissera des séquelles, le pape circule parmi la foule
dans une voiture blindée, surnommée la « papamobile ». En 1983, il se rend dans la cellule de Mehmet Ali Ağca pour lui accorder son pardonD 17.
Pologne
En , Lech Wałęsa, qui lance le syndicat Solidarność, place sur les grilles des chantiers navals de Gdańsk des affiches de Jean-Paul II, qu’il présente comme une référence morale. Il obtient la permission de rencontrer le pape en 1981 ; il affirme alors que « sans l'Église rien ne peut se passer » en PologneA 65,D 18. Jean-Paul II publie sa première encyclique sociale entièrement consacrée à la question du travail, Laborem Exercens26.
Il affirme dans cette encyclique la supériorité du travail sur le
capital, définissant une anthropologie catholique du travail. Il défend
aussi la légitimité des syndicatsA 66.
Par cette encyclique, il montre son soutien à la cause polonaise de Solidarność. Il pousse les évêques polonais à défendre les accords qui ont lieu en PologneA 67. Cette période marque un fort rapprochement entre l'administration Reagan et Jean-Paul II, qui partagent des informations confidentielles sur la Pologned. Ronald Reagan soutient aussi la position du pape sur les questions liées à l'avortement. Le , face à l'augmentation des protestations en Pologne, le général Wojciech Jaruzelski déclare la loi martialeA 68. Jean-Paul II
cherche alors à apaiser les revendications, craignant un bain de sang,
et affirmant qu'il faut promouvoir la paix. Lors de sa visite en Pologne
en 1983, il soutient les opposants au régime. Il appelle les Polonais à
suivre leur conscience, à « faire un effort pour
être un individu doté de conscience, appeler le bien et le mal par leur
nom et de ne pas les confondre… développer en soi ce qui est bon et
chercher à redresser le mal en le surmontant en soi-même ». Par
la suite il défend la justice sociale, les droits fondamentaux, les
salaires équitables et les syndicats interdits par la loi martialeA 69. Au cours de cette visite, il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'université jagellonne de Cracovie27.
Attaque à Fatima en 1982
Dans le film Testimony, portant sur la vie de Jean-Paul II, le cardinal Stanisław Dziwisz
affirme que le souverain pontife a été blessé par un coup de poignard
lors d'une visite au sanctuaire marial de Fatima au Portugal en 1982.
Le pape, qui venait remercier, dans ce sanctuaire, la Vierge Marie pour avoir échappé aux coups de feu tirés contre lui par Mehmet Ali Ağca,
est attaqué par Juan María Fernández y Krohn, un prêtre intégriste
espagnol opposé à la libéralisation de l'Église. Celui-ci se précipite
sur le Pape avec un poignard à la main, mais il est rapidement maîtrisé.
L'information n'est pas diffusée et le pape termine son voyage sans
révéler ses blessures. « Je peux aujourd'hui
révéler que le Saint-Père avait été blessé. Quand nous sommes entrés
dans la salle, nous avons vu qu'il saignait », déclare Mgr Dziwisz dans le documentaire.
Jean-Paul II fait un voyage en 1983 en Amérique centrale, au cours duquel il prend position contre la théologie de la libération. Il défend la lutte contre la pauvreté et l'exclusion qui touche ces populations, mais s'oppose aux révolutions arméesA 70.
Face aux théologiens voulant concilier révolution et christianisme, il
appelle à l'unité de l'Église et au dialogue, montrant une opposition à
certains aspects de la théologie de la libérationA 71.
S'il condamne la théologie de la libération et le communisme, il adopte
une posture plus ambiguë envers les dictatures militaires implantées en
Amérique latine. Au Nicaragua, il refuse de donner la main au père Ernesto Cardenal, agenouillé devant lui, pour son adhésion à la théologie de la libération et sa participation au gouvernement sandiniste
en tant que ministre de la Culture. Pourtant, au cours de ce même
voyage en Amérique centrale, il rencontre et salue le dictateur
guatémaltèque Ríos Montt, ultérieurement condamné à 80 ans de prison pour génocide, et au major salvadorien Roberto d'Aubuisson, chef des paramilitaires responsables de l'assassinat de l’archevêque Óscar Romero28.
Lors de son séjour en Argentine alors sous dictature militaire, en juin 1982, après avoir été accueilli « avec une profonde affection » par le général Leopoldo Galtieri,
il refuse de recevoir les organisations humanitaires et s’abstient de
toute critique au sujet des atteintes aux droits de l'homme. En 1987, il
est reçu par Augusto Pinochet
au Chili. Le 3 avril, des opposants à la dictature se rassemblent afin
de tenter d'obtenir le soutien du souverain pontife. La police charge la
foule et des carabiniers ouvrent le feu ; une personne est tuée, six
cents sont blessées et des dizaines arrêtées mais en dépit de ces
violences Jean-Paul II n'interrompt pas sa messe donnée à proximité et n'y fait pas allusion28.
Il rencontre Mère Teresa
et lui demande à partir de 1986 d'être son porte-parole pour défendre
la position de l'Église concernant la vie, et notamment son opposition à
l'avortementD 19. En 1986, il lance les premières Journée mondiale de la jeunesse. Ces journées sont nées de sa volonté de répondre aux préoccupations des jeunes et de les rencontrer. Stanisław Dziwisz
affirme que ces journées sont issues des rassemblements qu'il a eus
avec les jeunes, et particulièrement celui ayant eu lieu à Paris, au
Parc des princes, en 1980D 20. Ces rencontres réunissent des millions de personnes, et ont lieu tous les deux ou trois ans.
L'évènement le plus marquant de son pontificat est peut-être son
initiative d'inviter les représentants de toutes les grandes religions à
Assise, le ,
pour participer à une Journée mondiale de la prière. Pour la première
fois dans l'histoire, toutes les religions sont représentées ensemble
afin de prier pour la PaixD 21. La démarche de Jean-Paul II n'était pas du syncrétisme : toutes les religions étaient ensemble pour prier, mais ne priaient pas d'une seule voixD 22. Cette démarche inter-religieuse fut critiquée par MgrMarcel LefebvreD 22
qui provoqua un schisme deux ans plus tard. Au cours de cette journée
le pape pria avec les autres chefs religieux, et fit acte de repentance,
affirmant que les catholiques n'avaient pas toujours été des bâtisseurs
de paixA 72.
Au cours de cette journée pour la paix, il n'y eut aucun mort sur les champs de batailleD 23.
En 1987 il visite le Chili et est accueilli par Augusto Pinochet.
Cette visite est critiquée, certains y voyant un soutien au dictateur.
Cependant le pape ne critique pas lors de cette visite le vicariat à la
solidarité, organisé par l'Église chilienne, qui aide les opposants au
régimeA 73. Au cours de cette visite, il demanda en privé à Augusto Pinochet de démissionner et de rendre le pouvoir à la société civileD 24.
En 1988, il publie l'encycliqueSollicitudo Rei Socialis29.
Dans cette encyclique, il défend une vision chrétienne du progrès
social, tout en dénonçant les inégalités criantes entre le Nord et le
SudD 25.
Nouveau millénaire
Statue de cire du pape Jean-Paul II au musée Tussaud de Londres en 1992.
La chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de l'URSS, l'année suivante, furent considérées comme étant liées à l'action de Jean-Paul II. Le succès de ses voyages, en Pologne notamment, avaient contribué à déstabiliser le régime. Mikhaïl Gorbatchev affirmera : « Tout
ce qui s'est passé en Europe orientale au cours de ces dernières années
n'aurait pas été possible sans la présence de ce pape, sans le grand
rôle, également politique, qu'il a su tenir sur la scène mondiale »D 26.
Jean-Paul II
critique alors avec plus de force les dérives du capitalisme. Au
Mexique il dénonce les inégalités criantes de richesses dans le monde,
du fait d'un capitalisme qui se développe sans souci du bien communD 27. La même année il publie l'encyclique sociale Centesimus Annus30,
où il critique le néolibéralisme et sa conception capitaliste du profit
qui ne tient compte ni de l'homme ni des ressources de la terre. Jean-Paul II refuse « la primauté des choses matérielles sur l'homme » et insiste sur la nécessité d'une éthique dans l'économie. Il affirme que l'exploitation du pauvre et des ignorants est « un crime contre l'œuvre de Dieu »A 74, affirmant que les pays pauvres jugeront les pays riches.
Lors de sa visite en Pologne à Lubaczów
les 2 et 3 juin 1991, il dénonce avec force la société de consommation.
Il réaffirme également dans ses homélies son opposition claire à
l'avortement et appelle les Polonais à suivre leur conscience et à ne
pas confondre liberté et immoralisme. Il dénonce « toute
cette civilisation du désir et du plaisir qui règne désormais sur nous,
en profitant des divers moyens de séduction. Est-ce de la civilisation
ou de l'anticivilisationA 76 ? »
Il proclame l'année 1994 année de la famille. Il fait de la lutte contre l'avortement l'une de ses prioritésD 29, luttant contre sa légalisation lors de la conférence des Nations unies au CaireD 29. Il dénonce alors une « culture de mort », et invite les catholiques à défendre la vie humaine face aux manipulations génétiques, à l'avortement et à l'euthanasieA 77.
Il organise le Jubilé de l'an 2000 qui marque le deux millième anniversaire de la naissance de JésusF 2. Au cours de cette année, il soutient officiellement la démarche d'annulation de la dette des pays d'Afrique, initiative lancée par Bob Geldof et Bono.
Jean-Paul II
a tenu à ce que l'Église catholique fasse acte de repentance pour les
erreurs commises par les chrétiens dans l'histoire. Cela concerne :
l'affaire Galilée : en 1992, la commission d'étude de la controverse ptoléméo-copernicienne a remis ses conclusions et a reconnu les erreurs commises par les théologiens de l'époque31 ;
les relations avec le judaïsme :
en mars 1998, une déclaration émanant de la Commission vaticane pour
les relations avec le judaïsme, comportant une introduction de la main
du pape lui-même, admettait l'existence d'une culture antijudaïque diffusée par l'Église dans le passé32 ;
L'historien Philippe Levillain estime que trop malade, Jean-Paul II« n'a pas réellement gouverné l'Église » durant les cinq dernières années de son pontificat34.
Jean-Paul II avait réclamé dès l'ouverture de son pontificat que « les malades soient placés au premier rang »35.
Il a lui-même subi en tout six interventions chirurgicales. Après avoir
perdu trois litres de sang lors de l'opération de cinq heures qui a
suivi l'attentat de 1981, il a été transfusé avec du sang contaminé par
un cytomégalovirus, ce qui l’affaiblira énormément par la suiteG 16,36. Il a souffert de la maladie de Parkinson depuis le milieu des années 1990.
Il a été victime d'une tumeur de l'intestin, suivie d'une opération en
1992. Il fit plusieurs chutes, occasionnant notamment une fracture du col du fémur et une luxation de l'épaule.
En 2005, il contracte une grippe qui se transforme en laryngotrachéite aiguë avec des crises de spasmes du larynx, ce qui l'oblige à être hospitalisé le . Le , il est de nouveau hospitalisé à la suite d'une crise d'étouffement, puis on pratique une trachéotomie. Il s'était entraîné à prononcer la bénédiction Urbi et orbi le jour de Pâques mais reste muet à sa fenêtre, sans arriver à dire un mot. Le , il est victime d'un choc septique, d'un collapsus cardio-vasculaire et d'une infection urinaire en même temps. Jean-Paul II refuse alors l'hospitalisation. Dans la journée du , il dit adieu à ses collaborateurs, un par un, puis écoute l'Évangile de Jean prononcé par une des religieuses qui l'avait servi pendant 25 ans.
Trois aéroports — Fiumicino, Ciampino, et l’aéroport militaire de
Pratica di Mare — accueillent quelque 110 avions d’États et une
soixantaine d’avions civils pour l’arrivée de ces délégations qui
comprennent jusqu’à une cinquantaine de membres ; sont notamment
présents lors des funérailles George W. Bush, président des États-Unis, Jacques Chirac, président de la République française, Juan Carlos, roi d'Espagne et Albert II, roi des Belges. Parmi les dignitaires religieux qui se rendent à Rome, on trouve, entre autres, MgrRowan Williams, archevêque de Cantorbéry et président du Conseil mondial des évêques anglicans, et Bartholomée Ier, patriarche orthodoxe de Constantinople.
Plus de 3 millions de personnes viennent à Rome, du 2 au 8 avril
2005. Celles qui vont en la basilique vaticane, saluer la dépouille du
pape, défilent au rythme de 21 000 à l'heure, soit 350 personnes à la
minute. L'attente va de 13 à 24 h, avec une queue maximale de cinq kilomètres.
Le jour des funérailles, 500 000 fidèles se trouvent place
Saint-Pierre et Via della Conciliazione, 600 000 dans les sites urbains
dotés d'écrans géants installés par la municipalité. La salle de presse
du Saint-Siège et le Conseil pontifical pour les Communications sociales
délivrent plus de 6 000 accréditations (journalistes, photographes,
reporters de radio-télévision) pour la couverture de l'événement.
137 chaînes TV de 81 pays diffusent la Messe de funérailles. On estime à
deux milliards le nombre de personnes qui ont vu la cérémonie
d'enterrement de Jean-Paul II à travers le mondeF 3.
La messe de funérailles est concélébrée par 157 cardinaux, en présence de 700 archevêques et évêques, 3 000 prélats et prêtres.
Carte des pays déclarés en deuil national à la mort de Jean-Paul II.
Au total, 58 pays décrètent une ou plusieurs journées de deuil à la suite du décès de Jean-Paul II37.
Certains sont à majorité catholique comme le Brésil, l'Italie, les
Philippines, la Pologne. D'autres comptent en revanche une part
minoritaire de chrétiens, à l'instar de l'Inde, du Tchad, de l'Albanie,
etc. Dans d'autres pays, dont la France, la Suisse et la Turquie, les
drapeaux sont mis en berne sur les bâtiments publics.
Administration et diplomatie
Rencontres officielles et fondations
Le troisième voyage apostolique en Pologne (1987).
Il a plus que doublé le nombre des nonciatures (ambassades du Saint Siège) qui passent de 85 en 1978 (à son élection) à 174 à la fin du pontificat.
Au 16 octobre 2004,
il a participé à plus de 1 475 entretiens avec des personnalités
politiques, comprenant les 38 visites officielles : 738 audiences avec
des chefs d'État et 246 avec des chefs de gouvernement, 190 ministres des affaires étrangères, 642 ambassadeurs
accrédités près le Saint-Siège. Ces chiffres ne comprennent pas les
diverses rencontres qui ont lieu en clôture de cérémonies liturgiques,
tant au Vatican que de par le monde.
De plus, il a institué la journée du malade (célébrée chaque année le 11 février) et les Journées mondiales de la jeunesse
(JMJ), la journée mondiale pour la Paix, la journée mondiale pour les
migrants et les réfugiés, la journée mondiale pour les communications
ainsi que six autres journées mondiales.
Représentations diplomatiques du Saint-Siège.
En 1989, il rencontre le Chef Raoni afin de discuter des enjeux liés à la préservation de la forêt amazonienne.
Il a été le premier pape à tenir des conférences de presse dans des avions et une dans la salle de presse du Saint-Siège (24 janvier 1994)[pas clair].
L'organisation de l'Église a été profondément remaniée sous le pontificat de Jean-Paul II. Il a, au cours des 9 consistoires, créé 232 cardinaux
et cherché à universaliser la Curie. Dès 1988, la majorité des
cardinaux, ceux qui élisent le pape, venait des pays non européensE 1. Il a également convoqué 6 réunions plénières du collège des cardinaux.
Jean-Paul II
a voulu rendre l'administration du Vatican universelle. Il nomma aux
postes importants de la Curie des cardinaux venant du monde entier comme
Francis Arinze ou François Xavier Nguyen Van Thuan, alors que l'administration était principalement italienne avant son pontificatD 30. Privilégiant la pastorale à la gouvernance du Vatican, il délègue une bonne partie de ses pouvoirs à son cardinal secrétaire d'ÉtatAgostino Casaroli surnommé le « vice pape »38.
Il a nommé plus de 3 500 des 4 200 évêques
encore vivants lors de son décès. Il intervient directement dans la
nomination des évêques, ce qui fut critiqué comme une marque
d'autoritarisme du papeE 1. Il n'a pas fait évoluer la pratique des synodes des évêques, et convoqua 15 synodes :
6 assemblées générales ordinaires (sur la famille en 1980, la
réconciliation en 1983, les laïcs en 1987, la formation des prêtres en
1990, la vie consacrée en 1994 et en 2001 sur le ministère épiscopal), 1 assemblée générale extraordinaire (sur le concile Vatican II en 1985), 7 assemblées spéciales (sur l'Europe en 1991 et en 1999, l'Afrique en 1994, le Liban en 1995, l'Amérique en 1997, l'Asie et l'Océanie en 1998) et un synode particulier (pour les Pays-Bas en 1980). Il réaffirma l'autorité du pape sur les évêques et les églises locales afin de renforcer l'universalité de l'ÉgliseE 2.
Il a consacré environ 10 000 audiences aux évêques venus à Rome.
Il a permis l’ordination d'hommes mariés dans certains cas très
précis (par ex. pasteurs protestants mariés qui se convertissent au
catholicisme). Il a œuvré à la promotion du diaconat.
Il a également voulu associer davantage les femmes au fonctionnement de l’ÉgliseD 31« à tous les niveaux, y compris dans les processus d’élaboration des décisions »39. Il écrit une lettre aux femmes datée du 40. Il nomme le Mme Mary
Ann Glendon (professeur de droit à Harvard, et ancienne représentante
de la délégation pontificale à la conférence de Pékin sur la Femme en
1995) présidente de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Auparavant, il avait déjà nommé : sœur Sara Butler, M.S.B.T., professeur
de théologie à l’université « St. Mary of the Lake »
de Mundelein (Chicago), et madame Barbara Hallensleben, de l’université
de Fribourg, en Suisse à la Commission théologique internationale41.
Jean-Paul II
appuiera tout au long de son pontificat l'émergence et le développement
de nouvelles congrégations religieuses et les nouvelles formes de
rassemblement de catholiques en dehors des structures paroissiales
habituelles de l'Église. Une partie de ces communautés et associations
avaient des origines pré-conciliaires. Il les avait parfois rencontrées
pendant ces voyages durant le concile Vatican II.
Il les appuya durant son pontificat malgré certaines réticences parmi
des membres de la Curie. Il marqua son attachement à ces groupes comme Communion et Libération, le Mouvement des Focolari, la communauté de l'Arche, communauté de vie avec des personnes handicapées ; l'Opus Dei, qui favorise la sanctification sur le lieu de travail ; les légionnaires du christ, mouvement de laïcs ; le Chemin néocatéchuménal, fondé dans les taudis de Madrid ; la communauté de l'Emmanuel, fondée par un laïc ; la Communauté de Sant'Egidio, promouvant un intense engagement social, ou Sodalitium Christianæ Vitæ, mouvement né au Pérou qui a une mission d'enseignementF 4.
Le pape les soutient malgré les risques de déstabilisations que ces
mouvements pouvaient représenter vis-à-vis des structures
traditionnelles de l'ÉgliseF 5.
Jean-Paul II visitant Estelle Satabin lors d'une visite au Gabon en 1983.
Durant son pontificat, Jean-Paul II effectue 104 voyages, représentant 576 jours en dehors du Vatican, 143 voyages en Italie, 740 visites à Rome ainsi qu'à Castel Gandolfo.
Il rend visite à 317 des 333 paroisses de Rome. Il visite 129 nations,
la plupart d'entre elles accueillant un pape pour la première fois, et
614 villes. La distance parcourue lors de ses voyages apostoliques est
de 1 163 835 km soit 28 fois le tour de la Terre ou presque trois fois la distance Terre-Lune.
Les trois pays les plus visités par Jean-Paul II sont : la Pologne, son pays natal (neuf fois) ; la France (huit fois, dont sept fois en métropole et une fois à La Réunion) ; et les États-Unis (sept fois). Jean-Paul II a un attachement particulier pour la France42. Il rappelle, lors de son premier voyage en France en 1980, qu'elle est la « fille aînée de l'Église » et demande, à la fin de son homélie au Bourget :
« France, Fille de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle,
pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? »43. Il effectue également deux voyages à Lourdes (1983 et 2004), un voyage « européen » à Strasbourg, Metz, et Nancy (1988), un voyage pour le 1 500e anniversaire du baptême de Clovis à Reims (1996), et un voyage pour les Journées mondiales de la jeunesse à Paris (1997)44.
Durant son plus long voyage, le 32e, qui a lieu en novembre-décembre 1986, Jean-Paul II, qui a déjà visité l'Inde du 1er
au 10 février de la même année, parcourt le Bangladesh, les Seychelles,
Singapour, les îles Fidji, la Nouvelle-Zélande et l'Australie.
Il est le premier pape à descendre dans un hôtel et non à la nonciature du pays visité (l'hôtel Irshad de Bakou
en Azerbaïdjan, en mai 2000), à dire la messe dans un avion, à dire la
messe pour la communauté catholique la plus septentrionale (à 350 km au nord du cercle polaire à Tromsø en Norvège, en 1989). Il reprend la pratique de Paul VI de baiser la terre à son arrivée sur un sol étranger45.
Il préside 1 160 audiences générales hebdomadaires en présence de
plus de 18 512 300 pèlerins provenant du monde entier, et plus de
1 500 audiences privées. Plus de 160 millions de personnes se rendent à
Rome pour le voir.
Les raisons de ses nombreux voyages sont sa volonté de montrer le
caractère universel de la mission du pape, qui doit parler au monde
entier, et doit être un signe visible de l'universalité de l'ÉgliseA 78. Il veut aussi permettre aux fidèles de voir le pape, en allant lui-même, « comme le Christ », à leur rencontreD 32, d'autant que beaucoup parmi eux n'ont pas les moyens de se déplacer à RomeD 33.
Format des visites apostoliques
Durant ses voyages, il montre une dévotion particulière envers la Vierge Marie, visitant de nombreux lieux lui étant consacrés, dont Lourdes en France par deux fois, Notre-Dame de Banneux en Belgique, Fátima au Portugal, Guadalupe au Mexique, ou encore Notre-Dame de Šiluva en Lituanie46. Ces visites ont trois principales motivations : l'attachement personnel de Jean-Paul II envers la Vierge Marie,
la volonté de renforcer et populariser les pèlerinages vers des
sanctuaires mariaux, et le désir de rappeler la dévotion des catholiques
pour la mère du Christ, dévotion qui n'est pas partagée, au même titre,
par les protestantsA 79.
Ses visites ont la particularité de rassembler des foules gigantesques. Lors de grandes manifestations, comme les Journées mondiale de la jeunesse, le nombre du million de personnes présentes est souvent dépassé.
Doctrine sociale
Le pontificat de Jean-Paul II
a été marqué par un profond engagement social. La dignité de l'homme
est l'aspect le plus marquant de sa doctrine au cours de son pontificatA 80.
Le système soviétiqueanticlérical fut l'objet des critiques du pape dès le début de son pontificat, même si le communisme avait déjà été condamné par Pie XI en 1937E 3.
La dignité de l'homme donne le droit, selon le pape, à des droits
inaliénables. Ce constat le conduit à critiquer les dangers des
idéologies et des totalitarismes qui vont à l'encontre de cette dignité. Cette opposition au communisme sera renforcée par sa conviction que le communisme nie, selon lui, la vérité tant de Dieu, que la nature humaineA 81. Il affirme ainsi que « La vérité est aussi nécessaire que le charbon ».
Au nom de la dignité de l'homme dans le travail, il défendit la
création de syndicats libres, qui étaient interdits sous le régime
communiste. Il favorisa en Pologne
une résistance intransigeante contre le communisme. Son soutien aux
dissidents de l’ex-bloc soviétique, en particulier au syndicat Solidarność et à Lech Wałęsa ainsi son élection comme pape venu de derrière le rideau de fer, ont joué un rôle important dans l’effondrement des régimes communistes en Europe de l’Est à la fin des années 1980. Il fut considéré comme l'un des acteurs principaux de la chute du communismeE 4.
Dénonciation de la pauvreté
Jean-Paul II
s'est également opposé aux inégalités criantes dans le monde. Il
rejette l'impérialisme et toutes formes de négation de l'indépendance
des nations. Dans ses discours, il s'oppose à des idéologies et
politiques telles que le féminisme, l'impérialisme, le relativisme, le matérialisme, le fascisme (y compris le nazisme), le racisme, l'"ultra-libéralisme" et le capitalisme. À plusieurs reprises, il a dénoncé l'oppression des plus pauvres.
Démocratie
L'attitude de Jean-Paul II à l'égard des courants proche du marxisme, et notamment la théologie de la libération,
ainsi que sa dénonciation de certains régimes dictatoriaux, tant en
Amérique, qu'en Asie, ont favorisé, selon certains, la transition
démocratique en Amérique du Sud et en AsieF 6,F 7.
À l’occasion de son voyage au Chili, Augusto Pinochet demanda au pape : « Pourquoi l’Église parle-t-elle sans cesse de démocratie ? Toutes les méthodes de gouvernement se valent. »Jean-Paul II répondit : « Non, le peuple a le droit de jouir de ses libertés fondamentales, même s’il commet des erreurs dans l’exercice de celles-ci47,E 5. »
Au cours de cette même visite, le pape demanda à Augusto Pinochet, lors
d'un entretien en privé avec lui, de démissionner et de rendre le
pouvoir à la société civileD 24.
Le pontificat de Jean-Paul II s’est caractérisé par une intensification des échanges avec les autres religions.
Au cours de ses voyages, il a rencontré bon nombre de leurs dignitaires
et a prié dans plusieurs de leurs lieux saints. Le pape Jean-Paul II
a sensiblement amélioré les relations entre le catholicisme et les
autres religions. À plusieurs reprises, il a invité les responsables de
toutes les religions à une prière commune pour la paix à Assise : , en 1993 pendant la guerre des Balkans et le , quelques mois après les attentats du E 6.
Jean-Paul II a grandi dans un contexte de culture juive florissante, son intérêt pour elle datant de son enfanceF 8,D 34. Il écrit un grand nombre de textes et de discours sur le sujet des relations entre l’Église et les Juifs, rendant hommage aux victimes de la ShoahA 82. Son premier voyage, qui est aussi le premier d’un pape en ce lieu, est à Auschwitz. Il est le premier pape à visiter une synagogue, à la Grande synagogue de Rome en avril 1986A 83,E 7. Il déclare que les juifs sont « nos frères bien-aimés et, d'une certaine manière, […] nos frères aînés »48.
En 1993, Jean-Paul II décide de reconnaître l'État d'Israël,
établissant pour la première fois des liens diplomatiques officiels
avec l'État hébreu, et ceci malgré l'opposition de membres de la Curie qui souhaitaient le règlement de la question palestinienne avant la reconnaissance des relations diplomatiquesA 84. Lors d'un colloque le 49, Jean-Paul II affirme qu'un « examen lucide du passé […] peut démontrer clairement que l'antisémitisme est sans justification aucune et est absolument répréhensible »50.
En mars 2000, Jean-Paul II se rend au Mémorial de Yad Vashem, où il retrouve une rescapée qu'il avait secourue, et demande pardon à Dieu pour les actes antisémites commis par les chrétiensE 6. Dans un billet glissé dans une fente du Mur des Lamentations, il demande à Dieu de pardonner pour les torts faits au peuple juifD 23.
La rédaction par une partie des théologiens juifs du document Dabru Emet en 2000, qui affirme qu'« un
nouveau dialogue religieux avec les chrétiens n'affaiblirait pas la
pratique juive et n'accélèrerait pas l'assimilation des juifs » et affirme la volonté de dialogue théologique avec les chrétiens, montre, pour certains, l'impact du pontificat de Jean-Paul II qui a permis de favoriser l'émergence de ce courant juif dans le développement du dialogue inter-religieuxF 9.
Des polémiques émaillèrent le pontificat de Jean-Paul II. Un carmel s'était établi à Auschwitz. Cette fondation fut très critiquée par une partie de la communauté juive. Jean-Paul II finit, après plusieurs années, par ordonner aux religieuses de déménager, afin de pacifier les relationsA 85,D 35. De même la canonisation d'Edith Stein, juive convertie au catholicisme, morte à Auschwitz fut décriée, et considérée par certains comme une « récupération » de la Shoah par l'ÉgliseG 17, alors que Jean-Paul II, lecteur d'Édith Stein, considérait celle-ci comme exemplaire et sainte.
Islam
Jean-Paul II devint le deuxième pape à avoir visité la Turquie en se rendant dans ce pays en novembre 197951.
Le pape effectue une visite les 18-19 août 198552 à Casablanca au Maroc. Il parle devant 80 000 musulmans. Au cours de cette rencontre le pape affirme « nous adorons le même Dieu »E 8. Plusieurs réactions négatives dans les pays arabes suivirent cette rencontre ; l'Iran et l'ayatollah Khomeini ne reconnurent plus le titre de commandeur des croyants au roi Hassan IID 36. Le pape a effectué une visite d’une journée à Tunis le 14 avril 1996. L'assassinat des moines de Tibhirine en mai 1996 ainsi que celui de l'évêque MgrPierre Claverie ont cependant rendu les relations entre les deux religions plus difficilesE 9.
Il encourage la construction d'une mosquée à Rome, tout en
demandant plus de réciprocité dans la liberté de culte des pays
musulmansA 83. Les attentats du , conduisent Jean-Paul II à condamner toute forme de violence au nom de Dieu, et affirme que ces attentats n'ont rien à voir avec le vrai islamE 9.
Il invita alors à une journée de prière rassemblant toutes les
religions et particulièrement les musulmans, voulant éviter de légitimer
toute guerre des religions entre chrétiens et musulmans.
En mai 2001, Jean-Paul II est le premier pape à se rendre dans une mosquéeD 36. Désireux de se recueillir sur le lieu où se convertit saint Paul, il entre et prie auprès des reliques de saint Jean le Baptiste à la mosquée des Omeyyades à Damas (Syrie).
Bouddhisme
Jean-Paul II a rencontré le 14edalaï-lama, Tenzin Gyatso au Vatican en 1980, 1982, 1986, 1988 et 1990. Plus tard, le , après une audience avec le pape, le dalaï-lama a déclaré lors de sa rencontre avec le président du Sénat italienMarcello Pera : « J'ai dit au pape mon admiration pour ce qu'il a fait pour la paix et l'harmonie religieuse dans le monde ».
Le pontificat est marqué par une volonté de rapprochement avec les églises orientales. Dès le début il se pose en avocat des églises orthodoxes
en grande partie contrôlées par le régime communiste. En se proclamant
le chef de l'Église silencieuse, il affirme sa défense des églises
orientales et occidentales lors de sa première visite en PologneA 86.
Sur le sujet de la primauté du pape, il a proposé aux chrétiens des autres confessions de « chercher,
évidemment ensemble, les formes dans lesquelles ce ministère pourra
réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres » dans l’encyclique Ut Unum Sint (1995).
En 1999, Jean-Paul II visite la Roumanie avec les personnalités locales de l’Église orthodoxe. Il est d’ailleurs le premier pape à visiter un pays à majorité orthodoxe depuis le schisme de 1054. Au cours de ce voyage, il demande pardon au nom des catholiques pour le sac de ConstantinopleD 37.
Lors du Jubilé de l'an 2000, il ouvre la Porte Sainte avec le métropolite orthodoxe Athanasios et le primat anglican George Carey, marquant la volonté d'unité des différents chrétiensD 38. Cependant il ne put jamais se rendre en Russie, le patriarche de Moscou, Alexis II, refusant de le rencontrerE 6.
Le , il signe avec le patriarche œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople la déclaration de Venise « pour le bien de tous les êtres humains et pour la protection de la création », une des premières déclarations communes entre catholiques et orthodoxes depuis le schisme de 105454.
Les tentatives de réconciliation avec les orthodoxes ont aussi
été entravées par des conflits de juridictions et de frontières, les Églises uniates réclamant les églises confisquées par les Soviétiques au profit des orthodoxesE 10. Le pape fut critiqué du fait du prosélytisme des catholiques en Russie, conduisant au refus de l'épiscopat russe de le recevoirE 11. Enfin la reconnaissance par le Vatican de l'indépendance de la Croatie fut très mal vécue par les orthodoxes serbes qui considéraient ce pays comme lié à la SerbieE 11.
En 1983, Jean-Paul II entre dans un temple évangélique luthérien de Rome et y prononce un sermon en allemand, à l'occasion du 500e anniversaire de la naissance de Martin Luther. Aucun pape avant lui n'avait fait un tel geste56.
À plusieurs reprises il demande pardon, au nom des catholiques, pour les torts infligés aux autres chrétiensD 39. Ainsi, lors de son voyage en Slovaquie, il se rend devant un monument commémorant l'assassinat de calvinistes par des catholiquesD 40.
En 1998, les Églises luthériennes signent avec le Vatican ensemble un texte, la Déclaration commune sur la justification par la foi57, sur une conception commune de la « justification par la foi ». Ils parviennent ainsi à un accord sur l'un des points principaux des divergences issues de la réforme de LutherE 12.
Jean-Paul II
développa une véritable théologie du corps au cours de 129 conférences
de 1979 à 1984. Cet enseignement est considéré comme une « bombe à retardement » théologique58,G 18. Dans sa catéchèse, Jean-Paul II affirme, en s’appuyant sur une anthropologie biblique, que le corps, créé à l’image de Dieu, a pour vocation première de permettre la communion
entre l’homme et la femme, cette communion étant à l’image de la
communion des personnes en Dieu. La sexualité ne peut donc pas se
réduire à une relation de plaisir, qui réduit l’homme ou la femme à un objet dont on peut se satisfaire. Cette tendance utilitariste est selon Jean-Paul II une conséquence du péché originel. Cependant selon Jean-Paul II, le Christ contribue à restaurer la sexualité à travers le mariage, qui devient donc le lieu indissociable de la sexualité. Le mariage
est le lieu de la communion entre deux personnes, à l’image de Dieu. La
relation du mariage conduit à une relation de soumission réciproque de
l’homme et de la femme, source de sanctification. La sexualité, le don
des corps selon Jean-Paul II,
dans l’acte conjugal vient donc exprimer et réaliser le don mutuel que
les époux font d’eux-mêmes et de toute leur vie. La sexualité exprime
donc l’amour, la fidélité et l’honnêteté entre les époux.
Cette conception conduit Jean-Paul II à confirmer l’opposition de l’Église à la contraception.
Celle-ci va à l’encontre de la dignité du mariage et du don véritable
des époux, et empêche une communion véritable à l’image de Dieu. Dans un
entretien avec des scientifiques, il affirme qu’il ne veut pas séparer
la sexualité de sa « potentialité procréative », la contraception allant à l’encontre de la vocation de l’homme et de l’ordre dans lequel Dieu l’a créé. Selon Jean-Paul II l’homme n’est pas et ne doit pas être maître de la vie, mais dépositaire de la vieE 13.
Son opposition alla aussi à l’encontre de l’avortement. La vie humaine étant présente dès la fécondation, tout avortement constitue selon lui un meurtreE 14, constituant une atteinte fondamentale tant aux dix commandements« tu ne tueras point », mais aussi à la dignité de l’homme qui est niée.
À plusieurs reprises, il a rappelé l’enseignement de l’Église
concernant l’exigence de fidélité conjugale et la recommandation
d’éviter les méthodes artificielles de contraception. Ainsi quand on l’interrogea sur la possibilité d’utiliser la contraception pour éviter des avortements, Jean-Paul II
affirma que la contraception et l’avortement étaient les deux fruits
d’une même plante, qui conduit à nier toute la vocation à l’amour
présente dans le mariage.
Il n'a jamais prononcé une seule fois le mot préservatif,
mais a par contre insisté de nombreuses fois sur l'efficacité absolue
de l'abstinence et de la fidélité contre les maladies sexuellement
transmissibles59. Cette position fut très vivement critiquée, certains accusant le pape d’être responsable du SIDA en Afrique.
Face aux nouvelles questions de bioéthique et notamment la fécondation artificielle, il publia le document Donum Vitæ60. Le document la considère comme « une technique moralement illicite parce qu'elle prive la procréation humaine de la dignité qui lui est propre et conaturelle », ainsi le détachement de la fécondation de l'acte sexuel, tout comme la contraception est là encore critiquéE 15. Il s’opposa à tous les travaux sur les cellules souches embryonnaires, le clonage humain, qu’il considère comme une atteinte à la dignité humaine.
Il a également confirmé la tradition catholique sur le mariage en s'opposant au mariage homosexuel.
Il a par ailleurs maintenu l’interdiction de la communion sacramentelle
pour les divorcés remariés en raison de leur absence de communion
spirituelle préalable avec l'enseignement de l'Église.
Plusieurs observateurs ont relevé que le Saint-Siège avait tardé à
réaliser l’ampleur du problème des abus sexuels commis par des prêtres61,62. Ces dossiers étaient traités, la plupart du temps, dans les diocèses63, ce qui a pu empêcher une prise en compte globale de ce phénomène. Pour Bernard Lecomte, Jean-Paul II, sans être indifférent, a pu être négligent sur ce problème62. Les accusations en 1998 contre le père Marcial Maciel Degollado, fondateur des Légionnaires du Christ, n'ont pas été traitées avec suffisamment de moyens et de rapidité62,64,65,66. Cette confiance excessive dans la personne du père Marcial Maciel constitue, d'après George Weigel, une erreur de gouvernement du pape67. Les allégations d'abus sexuels contre le cardinal Hans Hermann Groër, n'ont pas non plus donné lieu à une enquête immédiate68,69,70.
L'habitude de traiter les affaires de mœurs dans la discrétion, une
certaine culture du silence qui prévalait sur ces sujets, n'ont pas
favorisé l'émergence de la vérité et la reconnaissance publique des
souffrances subies par les victimes61,69. Pour plusieurs vaticanistes, un tournant est pris en 2001, avec le motu proprio Sacramentorum sanctitatis tutela de Jean-Paul II et la lettre De delictis gravioribus (Les Délits les plus graves), envoyée par le cardinal Ratzinger, imposant aux évêques de faire remonter les dossiers d'abus sexuels à Rome71,63. Une plus grande transparence est alors préconisée71,72,73. En avril 2002, alors que le scandale des abus sexuels de prêtres américains sur des enfants vient d'éclater, Jean-Paul II convoque onze cardinaux, tous venus des États-Unis. À cette occasion, il déclare : « les
gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans la prêtrise et
dans la vie religieuse pour ceux qui feraient du mal aux jeunes. » Il ajoute être « profondément peiné » et tient à exprimer sa « solidarité aux victimes des violences sexuelles et à leurs familles, où qu’elles soient »74.
Il a redonné une impulsion au culte des saints, en célébrant 1 338 béatifications et 482 canonisationsF 5 dont 402 martyrs. Il réforme les exigences de la canonisation, en ne demandant qu'un miracle au lieu de deux pour canoniserA 87,F 10. La volonté du Pape était de montrer l'universalité de la saintetéD 41, le Concile Vatican II affirmant que tous les chrétiens étaient appelés à la sainteté. Jean-Paul II voulait donc revivifier la dévotion aux saints qui avait été un peu oubliée après le Concile Vatican IIF 10,
la vie des saints étant souvent considérée comme exceptionnelle et
éloignée de la réalité quotidienne. II a recherché par ces nombreuses béatifications et canonisations
à démontrer que tous les catholiques étaient appelés à devenir des
saints, et ceci quels que soient leurs pays, leurs cultures et leurs
origines, montrant par là même l'universalité de l'ÉgliseA 87.
Ainsi, il béatifia de nombreuses personnes, tant laïcs que prêtres et
religieux, montrant que tous les états de vies, le mariage comme la vie
religieuse, étaient des formes possibles de la saintetéF 5.
En octobre 1986, il décide de constituer une commission de cardinaux
et d’évêques pour préparer un projet de catéchisme universel romain et
en confie la présidence au cardinal Ratzinger. Le cardinal autrichien Christoph Schönborn en sera l’un des principaux rédacteurs75. Le Catéchisme de l'Église catholique76 est approuvé officiellement77, le , par le pape qui le considère comme un acte majeur de son pontificat78.
La publication du catéchisme de l'Église catholique avait pour
objectif de montrer que le catholicisme pouvait rendre compte de la foi,
de l'amour qui sont à la base de la vie chrétienneF 2.
Dans cet ouvrage sont expliquées la doctrine et la tradition de
l'Église catholique. Il place au cœur de l'enseignement de l'Église
l'enseignement de la VéritéF 11.
Liturgie et spiritualité
Le pape a commencé son pontificat par l'écriture de deux encycliques, Redemptor Hominis et Dives in Misericordia79,
recentrant la foi catholique sur la personne du Christ rédempteur et
invitant à approfondir le mystère de la miséricorde de Dieu80. En 1986, il complète cette trilogie par l'encyclique Dominum et vivificantem, consacrée à l'Esprit Saint81,80.
Il a institué dans le calendrier liturgique, à partir de l'an 2000 (le jour de la canonisation de Faustine Kowalska), le dimanche de la divine miséricorde. Celui-ci a lieu une semaine après le dimanche de Pâques82.
Le , à l'occasion de la célébration du centenaire de la naissance d'Albert Einstein,
il exprime le désir que des théologiens, des savants et des historiens,
animés par un esprit de sincère collaboration, approfondissent l'examen
du cas Galilée. Le , il désigne une commission d'étude chargée de réexaminer l'affaire Galilée, afin de reconnaître les erreurs commises par l'ÉgliseG 19. Le , il reconnaît les erreurs de la plupart des théologiens dans la condamnation de Galilée en 1633.
Théorie de l'évolution
Le , il reconnaît dans un message à l’Académie pontificale des sciences que la théorie de l’évolution est « plus qu’une hypothèse », faisant allusion au qualificatif qu'avait employé Pie XII dans son encyclique de 1950, Humani Generis. Il précise en revanche que les théories qui verraient « l'esprit
comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple
épiphénomène de cette matière sont incompatibles avec la vérité de
l'homme » et « incapables de fonder la dignité de la personne »84.
Jean-Paul II a proclamé François d'Assise patron céleste des écologistes en 197985.
Il a abordé la question écologique sous un angle théologique, en associant la « structure de péché » à ce qui blesse la Création de Dieu. Ses interventions les plus remarquées en matière d'écologie sont :
l'encyclique Redemptoris hominis en 1979, où il met en cause « les
structures et les mécanismes financiers, monétaires, productifs et
commerciaux qui, appuyés sur des pressions politiques diverses,
régissent l'économie mondiale : ils s'avèrent incapables de résorber les
injustices héritées du passé et de faire face aux défis urgents et aux
exigences éthiques du présent. Tout en soumettant l'homme aux tensions
qu'il crée lui-même, tout en dilapidant à un rythme accéléré les
ressources matérielles et énergétiques, tout en compromettant
l'environnement géophysique, ces structures font s'étendre sans cesse
les zones de misère et avec elles la détresse, la frustration et
l'amertume. »
son voyage à Récif en 1980, où, dans une homélie, il exprime son souci de l'avenir de la terre qui sera léguée aux générations futures ;
son appel en faveur du Sahel en 1985 ;
son allocution à un congrès de cosmologie le , où il affirme la nécessaire prise de conscience d’une coresponsabilité à l’échelle mondiale pour la sauvegarde la planète ;
son message pour la journée de la paix, le , où il associe l’écologie à la sauvegarde de la paix entre les peuples86.
« À côté du problème de la consommation,
la question de l'écologie, qui lui est étroitement connexe, inspire
autant d'inquiétude. L'homme, saisi par le désir d'avoir et de jouir
plus que par celui d'être et de croître, consomme d'une manière
excessive et désordonnée les ressources de la terre et sa vie même. À
l'origine de la destruction insensée du milieu naturel, il y a une
erreur anthropologique, malheureusement répandue à notre époque.
L'homme, qui découvre sa capacité de transformer et en un sens de créer
le monde par son travail, oublie que cela s'accomplit toujours à partir
du premier don originel des choses fait par Dieu. Il croit pouvoir
disposer arbitrairement de la terre, en la soumettant sans mesure à sa
volonté, comme si elle n'avait pas une forme et une destination
antérieures que Dieu lui a données, que l'homme peut développer mais
qu'il ne doit pas trahir. Au lieu de remplir son rôle de collaborateur
de Dieu dans l'œuvre de la création, l'homme se substitue à Dieu et,
ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que
gouvernée par lui87. »
En 2001, lors d'une audience générale, il a appelé à une « conversion écologique », soulignant que « Ce
qui est en jeu n'est donc pas seulement une écologie « physique »,
attentive à sauvegarder l'habitat des divers êtres vivants, mais
également une écologie « humaine » qui rende plus digne l'existence des
créatures »88.
Le , il a signé avec le patriarche œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople la déclaration de Venise « pour le bien de tous les êtres humains et pour la protection de la création », une des premières déclarations communes entre catholiques et orthodoxes depuis le schisme de 105489. Cette déclaration fixe six objectifs éthiques54.
Le 8 avril 2005, lors des funérailles de Jean-Paul II, présidées par le doyen du collège cardinalice Joseph Ratzinger, une partie de la foule scande en italien « Santo subito! »« saint tout de suite »90, appuyant cette demande par des calicots écrits en grandes lettres rouges. Le futur papeBenoît XVI,
alors encore cardinal Ratzinger et responsable de l'office religieux,
n'a pas répondu immédiatement à ces souhaits d'autant plus que ce
mouvement était mûrement préparé et non spontané : l'exécuteur
testamentaire de Jean-Paul IIStanisław Dziwisz a joué un rôle non négligeable et des banderoles étaient faites par le Mouvement des Focolari91.
Le cardinal Camillo Ruini, vicaire de l'évêque de Rome, demande que la cause de Jean-Paul II soit introduite sans attendre la fin du délai de cinq ans après sa mort. Le ,
soit 24 ans jour pour jour après l’attentat de la place Saint-Pierre,
et seulement 41 jours après la mort du pape, son successeur Benoît XVI, élu le 19 avril, dispense la cause en béatification de Jean-Paul II du délai de cinq ans.
C'est Jean-Paul II
lui-même qui avait ramené de trente ans (code de droit canonique de
1917) à cinq ans après la mort du candidat le délai requis pour
l’ouverture d’une cause. Mais il avait aussi fait une exception à cette
règle en autorisant, en 1999, l'ouverture du procès diocésain de Mère Teresa deux ans seulement après sa mort92. Antoine de Padoue a été canonisé un an après sa mort, mais depuis que le pape Sixte Quint a instauré, en 1588, la procédure moderne de canonisation, jamais aucune cause n’a été ouverte aussi vite que celle de Jean-Paul II. C'est monseigneur Sławomir Oder qui est nommé postulateur de la cause en béatification du pape défunt.
En novembre 2009, la congrégation pour les causes des saints valide « l'héroïcité des vertus » du défunt pape. Le , le pape Benoît XVI proclame le décret reconnaissant son prédécesseur comme vénérable95.
Le 14 janvier 2011, la guérison de la maladie de Parkinson d'une religieuse du diocèse d'Aix-en-Provence, sœur Marie Simon-Pierre, est reconnue comme un miracle, et le Vatican annonce sa décision de béatifier Jean-Paul II96,97. La béatification a lieu le , place saint Pierre, à l'occasion du dimanche de la divine miséricorde célébré par Benoît XVI devant plus d'un million de fidèles, parmi lesquels beaucoup de Polonais98. Le cercueil de Jean-Paul II, retiré de la crypte vaticane le pour être exposé au public dans le chœur principal de la basilique Saint-Pierre de Rome, est ré-inhumé, le , dans la chapelle Saint-Sébastien de cette basilique, à la place précédemment occupée par Innocent XI99. La canonisation de Jean-Paul II peut donc avoir lieu si une autre guérison miraculeuse, postérieure à la béatification, est authentifiée100,101.
Canonisation des bienheureux Jean XXIII et Jean-Paul II, par le pape François.
Tombeau de Jean-Paul II dans la chapelle Saint-Sébastien de la basilique Saint-Pierre de Rome, dont le nom est modifié depuis sa canonisation.
Le 23 avril 2013, la commission de sept médecins de la Congrégation pour les causes des saints reconnaît le caractère scientifiquement inexplicable d'une guérison attribuée à Jean-Paul II. Il s'agit de Floribeth Mora Diaz, avocate costaricienne, atteinte d'une maladie incurable, plus précisément d'une lésion cérébrale, qui aurait été guérie dans la soirée du , le jour de la béatification de Jean-Paul II102.
La commission des théologiens a reconnu le caractère scientifiquement inexpliqué de cette guérison le , selon la presse italienne.
Le 2 juillet 2013, les évêques et cardinaux membres de la Congrégation pour les causes des saints se réunissent en assemblée plénière pour évoquer différents cas de béatifications et de canonisations. Dès le 5 juillet suivant, le pape François autorise la congrégation à promulguer le décret permettant la canonisation des bienheureux Jean-Paul II et Jean XXIII. Lors du consistoire convoqué le , le pape fixe la date de la cérémonie de canonisation de ses deux prédécesseurs au 103, dimanche de la divine Miséricorde, fête instituée par Jean-Paul II, fixée par lui au deuxième dimanche de Pâques, et au cours duquel il s'éteint le 104.
Le , lors de la messe du dimanche de la divine Miséricorde, le pape François préside la cérémonie de canonisation conjointe des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. C'est la première fois dans l'histoire de l’Église qu'une double canonisation de papes a lieu en présence de deux papes vivants, François, qui préside la cérémonie, accompagné de son prédécesseur Benoît XVI106. Jean-Paul II est fêté le 22 octobre, date de son intronisation pontificale.
Il en va de même pour le parvis des cathédrales de Metz, Nancy (visitées toutes les deux par le pape en 1988) et de Cambrai, et celui de l'église Notre-Dame des Mineurs à Waziers109 et de la basilique Saint-Sernin à Toulouse110. La place jouxtant la cathédrale d'Évry (qu'il avait visitée le ), initialement appelée « clos de la Cathédrale », porte le nom de « square Jean-Paul-II »111.
Buste de Jean-Paul II au monastère de Cimiez (Nice).
Une statue en bronze de 9 mètres de haut du pape Jean-Paul II a été offerte à la ville de Ploërmel, dans le Morbihan, par l'artiste russe Zurab Tsereteli112, nommé citoyen d'honneur de la ville. Cette œuvre d'art, installée au centre-ville, place Saint Jean-Paul II, a été inaugurée le dimanche après-midi
en présence de 2 000 personnes. La subvention du conseil général du
Morbihan pour ce monument a été annulée par le tribunal administratif de
Rennes, à la suite d'un recours de membres de la Libre Pensée du
Morbihan. La même statue (mais non surmontée d'une croix) du même
artiste a été inaugurée le à Paris près de la cathédrale Notre-Dame en présence de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de l'ancien maire de Ploërmel, Paul Anselin et de l'artiste russe, Zourab Tsereteli.
Une autre statue en bronze de 3 mètres et de 7 tonnes de Jean-Paul II a été érigée le sur le parvis de la basilique de Fourvière à Lyon en mémoire de son passage le . Elle a été intégralement financée par le mécénat et la fondation Fourvière à hauteur de 200 000 €.
La maison où il se rendait d'habitude en été pour ses vacances, aux Combes d'Introd, en Vallée d'Aoste, est devenue aujourd'hui un musée. Elle témoigne de son amour pour la montagne, qu'il considérait être l'endroit idéal pour la réflexion et la prière.
À Nice, depuis le , la place sise devant le monastère franciscain de Cimiez porte le nom de Jean-Paul II et est ornée d'un buste le représentant.
Le 18 mai 2020, jour de la réouverture du Vatican, fermé en raison de la pandémie de Covid-19, le pape François célèbre une messe pour le centenaire de la naissance de Jean-Paul II.
Selon un article de février 2002 du New York Post, Jean-Paul II a procédé personnellement à trois exorcismes
pendant son pontificat. Le premier exorcisme qu’il a conduit a eu lieu
en 1982 sur une femme qui se convulsait sur le sol. Le deuxième a eu
lieu en septembre 2000 quand il a pratiqué le rite sur une femme de
19 ans qui était devenue furieuse sur la place Saint-Pierre. Un an plus
tard, en septembre 2001, il a exorcisé une femme de 20 ans.
Jean-Paul II avait été créé cardinal par le pape Paul VI
en 1967. À sa mort, il était donc le prélat le plus ancien ayant reçu
la dignité cardinalice, aucun autre cardinal n’ayant alors autant
d’ancienneté.
Au début de son pontificat et conformément à l'orthographe latine, le double prénom Jean Paul
s'écrivit quelque temps sans trait d'union. Lorsque le site du Vatican
utilisa ce trait d'union sur la partie francophone de son site, cette
nouvelle orthographe s'imposa peu à peu.
Neuf jours après le décès du pape, le maire de Cholet (Maine-et-Loire), décide de renommer la rue du Commerce en rue Jean-Paul-II et ce fut la première rue à porter son nom en France.
D'azur à la croix d'or décentrée à dextre, accompagnée dans le canton en pointe senestre du « M » mariale d'or.
Totus tuus ego sum, Maria « Je suis tout à toi, Marie »
Jean-Paul II
a prononcé 20 351 discours pendant son seul pontificat dont 3 438 hors
d'Italie. Ses écrits et textes de discours représentent plus de
80 000 pages (soit environ 40 fois le volume de la Bible).
Les seuls écrits officiels de Jean-Paul II
représentent 55 volumes auxquels il faut ajouter des publications à
titre personnel et sans doute des milliers de lettres et documents
privés divers.
En tant que Karol Wojtyla, sous son nom ou sous le pseudonyme Andrzej Jawień
Frère de notre Dieu (1944-50) et Écrits sur le théâtre, éditions Cana/Jean Offredo et éditions du Cerf, 1983, 157 p (ISBN978-2-204-01967-5) (Cerf) (ISBN978-2-86335-037-9) (Cana).
La Boutique de l’orfèvre, en 1960, traduit aux éditions Cana/éditions du Cerf, 1983, 157 p (ISBN978-2-204-01455-7).
Depuis son élection sous la signature Jean-Paul II
À l’image de Dieu Homme et Femme : une lecture de Genèse 1-3, les éditions du Cerf, 1981 (ISBN978-2-204-01577-6).
Jeunes mes amis : le pape Jean-Paul II parle à la jeunesse du monde, éditions Lito, 1982 (ISBN978-0-340-27966-3).
Mémoire et identité : Conversations au passage entre deux millénaires, François Donzy (traduction), Flammarion, 2005, coll. « Divers sciences », 217 p. (ISBN978-2-08-210502-6).
Entrez dans l’Espérance, avec Vittorio Messori, 1994, Rééd. Pocket, 2003, 331 p. (ISBN978-2-266-14091-1).
Homme et femme il les créa : une spiritualité du corps, Cerf, 2004, Documents d’Église, 694 p. (ISBN978-2-204-07589-3).
Jean-Paul II parle aux enfants, illustrations de Giulia Orecchia, Flammarion, 2004, Albums jeunesse, 84 p. (ISBN978-2-08-162639-3).
À vous les jeunes. Paroles d’un père spirituel, en coll. avec sœur Joëlle-Marie Micaud (commentaires), Saint-Augustin, 2004, 108 p. (ISBN978-2-88011-343-8).
Ma vocation : don et mystère (à l’occasion du 50e anniversaire de mon ordination sacerdotale), Bayard éditions/Cerf/Fleurus-Mame/Tequi, 1996 (ISBN978-2-7403-0425-9).
Mes prières pour chaque jour de l’année, Plon/Mame, édition 1996 : 604 p (ISBN978-2-259-01412-0).
Mon livre de méditations, textes choisis par Krzysztof Dybciak, Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski (traduction), 287 p., Éditions du Rocher, 2004 (ISBN2268 050 22 X).
Mon dernier livre de méditations pour le troisième millénaire,
textes choisis par Krzysztof Dybciak sous l'autorité du Saint-Siège,
Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski (traduction), 348 p., Éditions du Rocher, 2008 (ISBN978 2268 06512 0).
Disques
En tant que Karol Wojtyla
Karol Wojtyla Poesie,
poèmes de Karol Wojtyla, musiques d'accompagnement écrites par
Jean-Pierre Stora, dits en italien par Giulietta Masina et Romolo Valli,
1979
Karol Wojtyla Poèmes, poèmes de Karol Wojtyla, musiques
d'accompagnement écrites par Jean-Pierre Stora, dits en français par
Judith Magre et Sébastien Lemoine, 2020
Parmi quelques autres, le téléfilmKarol, l'homme qui devint Pape, de Giacomo Battiato, racontant la vie de Karol Wojtyla à partir de ses 18 ans dans la Pologne en guerre et jusqu'à sa mort. La prestation de Piotr Adamczyk dans le rôle de Jean-Paul II
est assez étonnante, notamment par les transformations physiques
majeures de l'acteur pendant le déroulement chronologique du film
(vieillissement du visage et du corps).
Après sa première présentation et projection au Vatican avec le réalisateur et les acteurs, le pape Benoît XVI a qualifié le film de « véritable encyclique » et a déclaré « Le
film montre des scènes et des épisodes dont le réalisme suscite chez le
spectateur un frisson d'horreur instinctif et le poussent à réfléchir
sur les abîmes de cruauté qui peuvent se cacher dans l'âme de l'homme.
Dans le même temps, la révocation de telles aberrations ne peut manquer
de raviver en chaque personne ayant des sentiments justes l'engagement à
faire tout ce qui est en son pouvoir afin que ne se répètent jamais
plus des épisodes de barbarie si inhumaine » en parlant de l'Europe et de la Pologne en guerre123.
Documentaires
2001 : Un Pape pour l'Histoire Jean-Paul II d'après l'œuvre de George Weigel. Commandant L.L.C 2001
2006 : Jean-Paul II - Sa vie, son pontificat produit par le Centre de télévision du Vatican [distr. HDH Communications].
2011 : Jan Paweł II. Szukałem Was… (Jean-Paul II. Je vous ai cherché), long métrage polonais réalisé par Jarosław Szmidt sur un scénario écrit avec Mariusz Wituski
2020 : Christiane Ratiney, Jean-Paul II, le triomphe de la réaction, collection "les coulisses de l'histoire".
Bande dessinée
2019 : Jean-Paul II : N’ayez pas peur par Dobbs, Bernard Lecomte et Fabrizio Fiorentino (Glénat, collection Un pape dans l'Histoire)
Jean Paul II Santo Subito124 de l'abbé Pierre Amar, du Padreblog, Éditions Parole & Silence, Lethielleux125 et réédité en janvier 2016 aux Éditions Artège126.
Comédie musicale
Jean-Paul II de Michel Olivier Michel produite par l'association Revelateur. À Paris les 11, 12, et les 24, . Une comédie musicale avec plus de 50 jeunes chanteurs, danseurs, acteurs sur scène. www.spectaclerevelateur.fr
Discographie
En 1980, Jean-Pax Méfret compose Le messager, dans lequel il chante le rôle du Pape dans la chute du communisme.
Pierre Bachelet en 1986 composa L'Homme en blanc, hommage à tous les voyages de Jean-Paul II dans le monde.
Christine Baud, Jean-Paul II, le messager de la paix. Récit pour enfant de la vie de Jean-Paul II. [distribué par les Éditions des Béatitudes]
Chanson hommage à Jean-Paul II, Un berger de Pologne (vêtu de blanc), texte de Michel Jourdan, musique de Jean-Pierre Stora et Georges Nawrocki
Bibliographie
MgrRenato Boccardo, Dans l'intimité de Jean-Paul II. Vingt regards sur un homme d'exception, Éditions des Béatitudes, 2014
Marco Politi et Carl Bernstein, Sa Sainteté : Jean-Paul II et l'histoire cachée de notre époque, Plon, 1996
Yves Semen, La sexualité selon Jean-Paul II, Éditions Presses de la Renaissance, 2004
Yves Semen, La spiritualité conjugale selon Jean-Paul II, Éditions Presses de la Renaissance, 2010
Yves Semen, Jean-Paul II et la famille, Éditions des Béatitudes, 2011
Alain Vircondelet, Jean-Paul II : la vie de Karol Wojtyla, Éditions Flammarion, 2004
Alain Vircondelet, Jean-Paul II, Julliard, 1994
Alain Vircondelet, Saint Jean-Paul II, Plon, 2011
Alain Vircondelet, Jean-Paul II : naissance d'un destin, Autrement, 1998
Alain Vircondelet, L'Enfance de Jean-Paul II, Artège/Poche, 2015
Alain Vircondelet, La Passion de Jean-Paul II, Presses de la Renaissance, 2005
Alain Vircondelet, Jean-Paul II : la biographie, First éditions, 2004
Alain Vircondelet, Vie et mort d'un géant : le livre du centenaire, Éditions du Signe, 2020
MgrMieczyslaw Mokrzycki, Le mardi était son jour préféré, Éditions des Béatitudes, 2010
Christine Pedotti, Anthony Favier Jean-Paul II, l'ombre du saint, Albin Michel, 2020
Notes et références
Notes
L'administration
américaine donnant au pape des informations stratégiques, notamment des
vues satellites de la Pologne. Cette relation très proche pendant le
mandat de Ronald Reagan peut être considéré par certains comme une alliance tacite entre les États-Unis et le Vatican (cf Livre Sa Sainteté de Carl Bernstein et Marco Politi). Cependant dans ses mémoires Stanisław Dziwisz nie toute « alliance » de la part de Jean-Paul II, même s'il confirme des relations très proches (cf. p. 154 des mémoires de Stanislas Dziwisz).
Le quotidien Le Monde, comme le faisait le Vatican au début du pontificat, écrit Jean Paul II, sans trait d’union. Il peut s’agir d’un latinisme, car le latin ne connaît pas le trait d’union, pas même lorsqu’il est employé par l’Église catholique d’aujourd’hui en tant que langue officielle.
cf. Entretien du pape avec André Frossard : « À
vingt ans, j'avais déjà perdu tous ceux que j'aimais, et même ceux que
j'aurais pu aimer, comme ma sœur ainée qui, paraît-il, mourut six ans
avant ma naissance. »
p. 58.
p. 36-37.
p. 41.
p. 39.
p. 45.
p. 48.
p. 50.
p. 49.
p. 51.
p. 53.
p. 52.
p. 54.
p. 56-59.
p. 59.
p. 60.
p. 61.
p. 61-62.
p. 62.
p. 62-63.
p. 69.
p. 70.
p. 71.
p. 72.
p. 73.
p. 73-74.
p. 74.
p. 76.
p. 79.
p. 77.
p. 76-77.
p. 94.
p. 80.
p. 81.
p. 82.
p. 85.
p. 89.
p. 88.
p. 91.
p. 92.
p. 95.
p. 90.
p. 97.
p. 99.
p. 108.
p. 112.
p. 113, extraits de Boniecki, Kalendarium.
p. 113.
p. 121 à 124.
p. 100.
p. 105.
p. 123.
p. 104.
p. 36-37, 156, 167.
p. 156.
p. 160.
p. 162.
p. 177 à 183.
p. 184.
p. 249.
p. 251.
p. 253.
p. 254.
p. 257.
p. 259.
p. 218.
p. 266.
p. 277.
p. 283 à 290.
p. 323.
p. 308 à 312.
p. 311.
p. 376.
p. 391 à 395.
p. 336.
p. 400.
p. 415.
p. 343.
p. 335.
p. 178 et 340.
p. 116.
p. 245.
p. 194 à 198.
p. 373
p. 374.
p. 198.
p. 187.
p. 328.
p. 46.
p. 70.
p. 78.
p. 83.
p. 84.
p. 87.
p. 88.
p. 98.
p. 99.
p. 100.
p. 101.
p. 44.
p. 102.
p. 43.
p. 106.
p. 103-104.
p. 107.
p. 125.
p. 119.
p. 123.
p. 124-125.
p. 130.
p. 157.
p. 228.
p. 59.
p. 243.
p. 250.
p. 254.
p. 45.
p. 151.
p. 57.
p. 152.
p. 54.
p. 55.
p. 296.
p. 9.
p. 122.
p. 53 à 56.
p. 35.
p. 36.
p. 41 à 43.
p. 41-42.
p. 47.
p. 62-63.
p. 44-45.
p. 68.
p. 52.
p. 66.
p. 65.
p. 36, p. 40.
p. 60.
p. 61.
p. 164.
p. 184.
p. 203 à 206.
p. 193.
p. 245 à 248.
p. 274.
p. 275.
p. 130.
p. 229.
p. 214.
p. 220.
p. 240.
p. 235.
p. 226.
p. 199.
p. 123.
p. 124.
p. 270.
p. 273.
p. 280.
p. 132.
p. 260.
p. 250 à 252.
p. 262.
p. 36.
p. 37 à 39.
p. 34.
p. 32.
p. 23.
p. 22.
p. 21.
p. 72.
p. 74.
p. 67.
p. 68.
p. 69.
p. 44.
p. 44-45.
p. 247.
p. 64.
p. 146.
p. 59 à 61.
p. 62.
p. 52.
p. 69.
p. 67.
p. 68-69.
p. 63.
p. 50-54.
p. 54.
p. 55.
p. 82.
p. 86-89.
p. 90-91.
p. 94.
p. 95.
p. 96.
p. 97.
p. 104.
p. 660.
p. 260.
p. 317.
p. 318-319.
p. 510-515.
p. 656 à 662.
p. 426-427.
Cf. Jean-Marc Barreau, Jean-Paul II, le Saint de la nouvelle évangélisation, Paris, Salvator, 2014, 204 p..
Bernard Lecomte, Jean-Paul II, Éd. Gallimard, 2006, p. 129.
Bernard Lecomte, Jean-Paul II, Éd. Gallimard, 2006, p. 149-150.
Hans Küng, Mémoires II, Le Cerf, , p. 592-593
cf. Entrer dans l'Espérance : « C'est une période de la vie donnée à chacun par la Providence, et donnée comme une responsabilité »… « Pendant
cette période il cherche, comme le jeune homme des évangiles, des
réponses aux questions fondamentales ; il ne cherche pas seulement le
sens de la vie, mais une façon concrète de vivre cette vie… »
Cette pièce a été adaptée pour le cinéma par Michel Anderson sous le titre original La Bottega dell'orefice, La Boutique de l'orfèvre au Québec et The Jeweller's Shop aux États-Unis IMDB [archive].
La conférence qu'il donne à Harvard est reprise par certains médias dont le New York Times.
Bernard Lecomte, Jean-Paul II, éd. Gallimard Folio, 2006, p. 313-317.
Mais à notre époque, l'Église demeure un « signe de contradiction » (Lc 2, 34). Ce n'est pas sans raison que le pape Jean-Paul II, alors qu'il était encore cardinal, avait donné ce titre aux Exercices spirituels prêchés en 1976 au pape Paul VI et à la curie romaine., http://www.libertepolitique.com/public/decryptage/article.php?id=1452 [archive].
Le New York Times inclut Karol Wojtyła dans la liste des 10 papabile après Paul VI en 1976.
(en) Anna-Teresa Tymieniecka, « Karol Wojtyła, between Phenomenology and Scholasticism », dans Phenomenology World-Wide : Foundations - Expanding Dynamics - Life, Kluwer Academic Publishers, (ISBN1-4020-0066-9), p. 487.
(en) David Yallop, The Power and the Glory. Inside the Dark Heart of Pope John Paul II's Vatican, Basic Books, , p. 6.
Bernard Lecomte, Jean-Paul II, éd. Gallimard Folio, 2006, p. 383-384.
Ibid., p. 277.
Mais à notre époque, l'Église demeure un « signe de contradiction » (Lc 2, 34) Exercices spirituels prêchés en 1976 au pape Paul VI et à la curie romaine.
Bernard Lecomte, Jean-Paul II, éd. Gallimard, Folio, 2006, p. 385.
Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 152-154
Marc Girard, Les Symboles dans la Bible : essai de théologie biblique enracinée dans l'expérience humaine universelle, Editions Fides, (lire en ligne [archive]), p. 722.
« Lituanie : 400 ans des apparitions de la Vierge Marie à Siluva », Zenit, (lire en ligne [archive], consulté le ).
Entrevue du cardinal Angelo Sodano, cité dans Georges Weigel, Jean-Paul II, témoin de l’espérance, éd. J.-C. Lattès, 1999 p. 652.
« Message du pape Jean-Paul II adressé le aux participants d'une conférence internationale sur le sida » et « Rencontre avec les nouvelles générations au Stade Nakivubo de Kampala (Ouganda) le 6 février 1993 » dans Bernard Lecomte, Jean-Paul II, folio, 2006, p. 749-750.
Simon M., « Le catéchisme de Jean-Paul II, genèse et évaluation de son commentaire du symbole des apôtres », éd. Peeters Publishers, 2000, p. 648 (ISBN978-90-429-0910-6).
Dives in Misericordia, , Sur la miséricorde divine et Redemptor Hominis, , sur la dignité humaine.
Théo, l'encyclopédie catholique pour tous, éd. Mame, Paris 2009, p. 513.
Dominum et vivificantem, 1986.
Théo, l'encyclopédie catholique pour tous, éd. Mame, Paris 2009, p. 1 064.
Théo, l'encyclopédie catholique pour tous, éd. Mame, Paris 2009, p. 947.
Dont Novo millennio ineunte, au début du nouveau millénaire. Présentation par Mgr Jacques Perrier. Bayard éditions/Centurion/Cerf/MAME, 2001 (ISBN978-2-227-91151-2).
pour correspondre : b.fdef@wanadoo.fr ---
né le 9 Avril 1943, marié, fille née le 22 Novembre 2004 --
carrière apparente . . .
premier ambassadeur de France au Kazakhstan --
conseiller économique et commercial près les ambassades françaises (Portugal, Bavière, Grèce, Brésil, Autriche)--
ancien élève à l'Ecole nationale d'administration - Institut d'Etudes politiques Paris - école Saint-Louis de Gonzague Paris --
universitaire, agrégatif science politique droit public --
-- projet de notes et entretiens politiques : de grandes fréquentations - 1964 à nos jours - ou la constellation de Gaulle
réalité . . .
bibliothèque brochée de ma mère (années 1930 à 1960), mes 20.000 livres : histoire, fiction -- journal manuscrit depuis l'été de 1964 jusqu'en 1976, carnets de terrain : plus de 420 de 1975 à 2015 journaux dactylographiés intimes & publics quotidiens : 1973 à 1992, informatisés depuis 1992 : 300ème fichier ouvert 20 Mars 2015 - inédits romanesques : 10 ; poésie : 3 ; essais philosophiques : 1
--- publié par Le Monde 1972 à 1982 & La Croix 1972 à 1997 - Le Calame depuis Mai 2007