Le 19/03/2019 à
17:59, Bertrand Fessard de Foucault a écrit au Cardinal
Barbarin :
Eminence, très cher Père,
je me réjouis profondément de la manifestation par le Saint Père de sa confiance en vous.
Vous n'avez pas démérité, jamais... et vous avez souffert et s'il faut satisfaire victimes et hurleurs, vous avez plus que payé. Trois ans et plus de commentaires de presse, de manifestes et commentaires en tous médias, mais surtout l'incroyable abus d'autorité judiciaire de laisser projeter un film intervenant en pleines procédures et mettant en scène des personnes nommément - vous surtout.
L'Eglise est souffrante. Elle souffre de ce cléricalisme dénoncé - affectueusement - par le Souverain Pontife dès son grand entretien avec les revues jésuites (Etudes . Août 2013), qui désigne comme vrais coupables : les parents de ces enfants abusés et en détresse. Elle souffre aussi d'une option - juste de fond, mais maladroite et engendrant une vraie vulnérabilité : depuis Humanae vitae, l'obsession de l'éthique sexuelle. Pureté, péché de chair. Le respect de la vie de la conception au dernier souffle est essentiel pour que l'humanité reste digne d'elle-même (et de son Créateur) mais commandements et arguments n'atteignent que des consciences ouvertes, qu'une foi chaleureuse, mais certainement pas ceux qui ne sont pas chrétiens ou qui ne sont qu'au seuil de l'Eglise, et attendent la révélation de Dieu en son Fils, et pas une telle insistance sur une - parmi d'autres - des conséquences de cette révélation. Révélation qui n'a prise sur nos vies qu'intériorisée et expérimentée intimement. Vous le vivez, nous le vivons.
Je milite pour un concile non dogmatique mais réfléchissant sur la vie pratique, celle du clergé comme celle des laïcs. Que ce soit fondamentalement le levain dans la pâte : qu''est-ce que la pâte, qu'est-ce que le levain, qui place le levain, qui pétrit. Comment les hommes du sacrement doivent-ils être du peuple, dans le peuple ? Célibat, paternité, place des femmes (des cardinaux laïcs, femmes)... Des synodes préparant et surtout réfléchissant sur les situations locales, nationales, concrètes. Et un bref concile : la pastorale. Probablement, l'expérience partout et enfin la définition du péché. Parce qu'on l'évoque à longueur de prières, de liturgies, mais banalement pour des gens "bien", pécheurs depuis Adama et Eve, qu'est-ce que commettre un péché ?
Enfin, "profiter" des cas à scandale pour comprendre comment en psychanalyse des personnes consacrées, dédiées - protégées par l'Esprit - peuvent faire l'exact contraire de ce qu'elles prêchent : envoûter, forcer, abuser méconnaître les âmes et les corps, leur liberté surtout. On a une matière première. Vous-même devriez en ce sens interroger les coupables. Et aussi recueillir la pensée de vos prêtres sur ce type effroyable de pente, de chute et de récidive. C'est plus aux psychologues et psychiatres - pour comprendre, et éviter la perpétuation de cela - qu'il faut "livrer" ces pauvres prêtres finalement abusés par eux-mêmes et d'effrayantes casuistiques les exonérant partiellement de toute conscience de leur culpabilité. Aux psychiatres, et bien moins aux juges.
Filialement, fraternellement et en très déférente affection - ma femme et moi, Eminence.
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