mercredi 10 avril 2019

ma parole ne trouve pas sa place en vous - textes pour ce jour


Val Thorens, mardi 9
 20 heures 56 + Je vais me coucher. Le début des « restitutions » du grand débat est atterrant : EP parle du besoin de transformation profonde de notre pays, or ce que nous voulons c’est que nos gouvernants fassent en sorte que nous restions de nous-mêmes, fiers de nos acquis et de nos savoir-faire et être notamment dans les institutions. Laïusser sur la démocratie participative en plus de la démocratie représentative (du cours de capacité en droit, bac + 1), diagnostiquer que les élus sont mis en question, c’est de tromper complètement : c’est la démocratie directe qui est voulue à tous les niveaux de la vie et de la décision publiques, et surtout la mise en question principale, c’est EM. Plus encore son « mode opératoire » que le contenu de ses décisions et réformes. Or, celui-ci est confirmé par EP comme l’acteur et le décideur principal sinon unique de la suite. Le dogmatisme de l’infaillibilité ou la servitude mentale : quelle racine psychologique ? l’aspect noir de l’esprit français, pis même que l’esprit de cour. C'est le président qui "fixera le cap et annoncera l'ouverture de grands chantiers"... le président de la République, Emmanuel Macron, va prendre des décisions immédiates qui seront « puissantes et concrètes » et compte ouvrir de « grands chantiers ». Autre souci – énorme – quand je recense pour MB les grands ports de la planète, l’Asie domine, écrase, et il n’y a toujours pas d’Europe, aucun projet de novation, inertie complète et muette quant au brexit. Ce devient un crime collectif devant l’Histoire et la simple considération des nécessités et des urgences : crime de notre génération, comme celle au pouvoir dans les années 1930 pour avoir laissé prospérer HITLER. Et toujours la responsabilité des chefs : les affreux discours d’insincérité, ces jours-ci, pour que d’autorité soient analysées les propositions et doléances de tant de bonnes volontés, celles qui se dérangèrent, donnèrent du temps et de la confiance à ce « grand débat national ».
 
Ibidem, mercredi 10

07 heures 43 + Eveillé depuis une heure. Je sortais d’un rêve dont il m’est tout resté. Lieux inconnus, des maisons particulières, mitoyennes, une salle de réception ou de restaurant de l’autre côté de la voie, un terrain vague fermé de murs où je me trouve un moment isolé mais dont je n’ai pas de peine à sortir. Je suis abordé par un petit groupe que je rejoins et dont je devais faire partir, on me montre deux papiers collés l’un sur l’autre, avec une écriture que l’eau a estompée, et il y a une vignette tricolore dessus, aussi. Est-ce une lettre qui m’est destinée ? Il semble que nous ayons à commémorer quelque chose. Le tout se passe sans vue ni perspectives, mais ces arbres quelconques, cette allée, pas de circulation que notre groupe ou quelques personnes sortant des maisons. Ce m’est cependant familier, mais je n’identifie rien ni personne.
A mon lever – grand peine à me mettre debout puisque le matelas secondaire du canapé-lit, est au sol – ce n’est pas le spectacle d’hier à l’aube, le surlignage rose des crêtes, mais du flou, quelques lambeaux de rose quand même, un cercle de nuages, laissant quand même le « haut » du ciel libre. Puis, sur la rambarde de notre balcon, des choucas : restes d’oeufs durs et de tartes aux pommes.
Je mets dans la même posture de responsabilité historique la France et l’Église pour une époque qui a tant besoin de l’une et l’autre ensemble . La boussole d’une liberté et d’une vision du monde constructives, fortes d’expérience. Mais l’Église a, comme toujours, son chef et celui-ci est particulièrement bon, tout en ayant bien distingué ce qui est son mouvement personnel et ce qui est vérité de foi (son entretien avec les directeurs de revues jésuites en 2013), mais il n’est pas relayé par les évêques et pas assez par les chrétiens, au moins pour ce que je vis et ressens chez nous : ce qui est aigu dans les documents du comité permanent de notre épiscopat (la politique à l’automne de 2016 et le vœu d’un débat entre tous les habitants de France, spontané et très antérieur au « grand débat national » d’EM) ou dans la prière répétée du pape (l’accueil de bien davantage d’immigrés) n’est pas relayé. En chaire, le drame et le scandale mis au jour de la pédophilie dans le clergé, n’a commencé d’être évoqué mais jamais qualifié ni explicitement nommé, qu’il y a un mois, et en tant que souffrance de l’Église pour laquelle, etc. La France est en situation inverse. La ressource humaine foisonne, elle est mobilisée, elle analyse et comprend par elle-même, tous mes bouts de conversation depuis que nous sommes arrivés ici : l’authenticité de la montagne, de l’altitude, du ciel libre et les fraternités de qui nous accueillent, les moniteurs, les guides divers, les employés de la maison de Val-Thorens, notre ami François-Xavier et ses amis, la rue même, large et en pente que regardent de partout les crêtes et la neige… et c’est le chef qui est en défaut. Un extraordinaire égotisme qui l’aveugle, au fond un enfant mal élevé qui a été persuadé de naissance qu’il a raison. Objectif ressassé par ses serviteurs : nous transformer. Avec stupeur, je vois maintenant la page une du Monde paru hier et daté d’aujourd’hui : comment le parti d’Emmanuel Macron prépare la campagne présidentielle de 2022. Les gilets jaunes occultés par les casseurs et le grand débat national, celui-ci par les élections européennes, et celles-ci par la prochaine élection présidentielle, dans plus de trois ans, et entretemps les municipales. Aucun approfondissement de la manière dont nous fonctionnons et dont nous avons perverti nos institutions politiques nationales, aucune réponse aux urgences absolues, dont le brexit, dont le vol de nos patrimoines.
Restent nos paysages, reste notre bon sens national, restent la ferveur de notre messe dominicale célébrée avec retard lundi et la vocation, le milieu familial, des héroïsmes pendant la guerre aux frontières franco-suisses. Et puis ces deux amis, aussitôt disponibles pour résoudre le cas de mes amis ukrainiens. Mais la croyance générale, qui absout toute responsabilité de ce qu’il se passe à nos frontières, est que tout est calme (et fini) dans le Donbass et en Crimée.
Prier est un don, des retrouvailles. Des visages m‘accompagnent, des vies apparemment terminées : mon cher André L. dont il faudra que je je sache mieux la destinée terrestre, l’admirable et magnifique Dom Amédée plus encore en habit de choeur pour l’office du matin, quasiment de nuit, que dans son antre aux murs garnis de ces dossiers mis à la poubelle dès sa mort alors que je les eusse accueillis avec honneur et bonheur (les archives caractérisent une civilisation, une société, une communauté pas d’avenir ni d’imagination sans mémoire), et mon lumineux Michel TdeP, enterré dans des cycles qui n’étaient pas les siens, faute que ceux auxquels il avait confié sa vocation aient eu quelque intelligence des circonstances et de sa personnalité. Avec eux, avec mes chers parents à qui j’ai entrepris d’écrire (en danger de vie I – leur fils), avec ma femme aimée, avec notre fille qui dort encore et a du veiller, cet ordinateur et son I-phone jusqu’à passée une heure de cette nuit, j’avance à votre autel, ô Seigneur.
La fournaise, le cantique de Sidrac, Misac et Abdénago, l’ange les ayant rejoints, fureur de Nabuchodonosor et profession de foi finale : vous refusez de servir mes dieux et d’adorer la statue d’or que j’ai fait ériger ? … Béni soit le Dieu de Sidrac, Misac et Abdénago, qui a envoyé son ange et délivré ses serviteurs ! Ils ont mis leur confiance en lui, et ils ont désobéi à l’ordre du roi ; ils ont livré leur corps plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur Dieu. Dieu nous est personnel, et Se fait connaître ainsi. Le Dieu de tes pères, mon Père… Le roi les entendit chanter. Tout le rapport avec le puissant, le dictateur, l’accapareur qu’établissent des saints, des initiateurs, des martyrs ou prophètes du moment, parce que fondés autrement que dans le moment. Le dialogue de Jésus avec ceux des Juifs qui croyaient en lui 1si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens… ma parole ne trouve pas sa place en vous.

1- Daniel III 14 à 95 passim ; cantique ibid. III 52 à 56 ; évangile selon saint Jean VIII 31 à 42


20 heures 56 + Je vais me coucher. Le début des « restitutions » du grand débat est atterrant : EP parle du besoin de transformation profonde de notre pays, or ce que nous voulons c’est que nos gouvernants fassent en sorte que nous restions de nous-mêmes, fiers de nos acquis et de nos savoir-faire et être notamment dans les institutions. Laïusser sur la démocratie participative en plus de la démocratie représentative (du cours de capacité en droit, bac + 1), diagnostiquer que les élus sont mis en question, c’est de tromper complètement : c’est la démocratie directe qui est voulue à tous les niveaux de la vie et de la décision publiques, et surtout la mise en question principale, c’est EM. Plus encore son « mode opératoire » que le contenu de ses décisions et réformes. Or, celui-ci est confirmé par EP comme l’acteur et le décideur principal sinon unique de la suite. Le dogmatisme de l’infaillibilité ou la servitude mentale : quelle racine psychologique ? l’aspect noir de l’esprit français, pis même que l’esprit de cour. Autre souci – énorme – quand je recense pour MB les grands ports de la planète, l’Asie domine, écrase, et il n’y a toujours pas d’Europe, aucun projet de novation, inertie complète et muette quant au brexit. Ce devient un crime collectif devant l’Histoire et la simple considération des nécessités et des urgences : crime de notre génération, comme celle au pouvoir dans les années 1930 pour avoir laissé prospérer HITLER. Et toujours la responsabilité des chefs : les affreux discours d’insincérité, ces jours-ci, pour que d’autorité soient analysées les propositions et doléances de tant de bonnes volontés, celles qui se dérangèrent, donnèrent du temps et de la confiance à ce « grand débat national ».


Ibidem, mercredi 10 Avril 2019

07 heures 43 + Eveillé depuis une heure. Je sortais d’un rêve dont il m’est tout resté. Lieux inconnus, des maisons particulières, mitoyennes, une salle de réception ou de restaurant de l’autre côté de la voie, un terrain vague fermé de murs où je me trouve un moment isolé mais dont je n’ai pas de peine à sortir. Je suis abordé par un petit groupe que je rejoins et dont je devais faire partir, on me montre deux papiers collés l’un sur l’autre, avec une écriture que l’eau a estompée, et il y a une vignette tricolore dessus, aussi. Est-ce une lettre qui m’est destinée ? Il semble que nous ayons à commémorer quelque chose. Le tout se passe sans vue ni perspectives, mais ces arbres quelconques, cette allée, pas de circulation que notre groupe ou quelques personnes sortant des maisons. Ce m’est cependant familier, mais je n’identifie rien ni personne.
A mon lever – grand peine à me mettre debout puisque le matelas secondaire du canapé-lit, est au sol – ce n’est pas le spectacle d’hier à l’aube, le surlignage rose des crêtes, mais du flou, quelques lambeaux de rose quand même, un cercle de nuages, laissant quand même le « haut » du ciel libre. Puis, sur la rambarde de notre balcon, des choucas : restes d’oeufs durs et de tartes aux pommes.
Je mets dans la même posture de responsabilité historique la France et l’Église pour une époque qui a tant besoin de l’une et l’autre ensemble . La boussole d’une liberté et d’une vision du monde constructives, fortes d’expérience. Mais l’Église a, comme toujours, son chef et celui-ci est particulièrement bon, tout en ayant bien distingué ce qui est son mouvement personnel et ce qui est vérité de foi (son entretien avec les directeurs de revues jésuites en 2013), mais il n’est pas relayé par les évêques et pas assez par les chrétiens, au moins pour ce que je vis et ressens chez nous : ce qui est aigu dans les documents du comité permanent de notre épiscopat (la politique à l’automne de 2016 et le vœu d’un débat entre tous les habitants de France, spontané et très antérieur au « grand débat national » d’EM) ou dans la prière répétée du pape (l’accueil de bien davantage d’immigrés) n’est pas relayé. En chaire, le drame et le scandale mis au jour de la pédophilie dans le clergé, n’a commencé d’être évoqué mais jamais qualifié ni explicitement nommé, qu’il y a un mois, et en tant que souffrance de l’Église pour laquelle, etc. La France est en situation inverse. La ressource humaine foisonne, elle est mobilisée, elle analyse et comprend par elle-même, tous mes bouts de conversation depuis que nous sommes arrivés ici : l’authenticité de la montagne, de l’altitude, du ciel libre et les fraternités de qui nous accueillent, les moniteurs, les guides divers, les employés de la maison de Val-Thorens, notre ami François-Xavier et ses amis, la rue même, large et en pente que regardent de partout les crêtes et la neige… et c’est le chef qui est en défaut. Un extraordinaire égotisme qui l’aveugle, au fond un enfant mal élevé qui a été persuadé de naissance qu’il a raison. Objectif ressassé par ses serviteurs : nous transformer. Avec stupeur, je vois maintenant la page une du Monde paru hier et daté d’aujourd’hui : comment le parti d’Emmanuel Macron prépare la campagne présidentielle de 2022. Les gilets jaunes occultés par les casseurs et le grand débat national, celui-ci par les élections européennes, et celles-ci par la prochaine élection présidentielle, dans plus de trois ans, et entretemps les municipales. Aucun approfondissement de la manière dont nous fonctionnons et dont nous avons perverti nos institutions politiques nationales, aucune réponse aux urgences absolues, dont le brexit, dont le vol de nos patrimoines.
Restent nos paysages, reste notre bon sens national, restent la ferveur de notre messe dominicale célébrée avec retard lundi et la vocation, le milieu familial, des héroismes pendant la guerre aux frontières franco-suisses. Et puis ces deux amis, aussitôt disponibles pour résoudre le cas de mes amis ukrainiens. Mais la croyance générale, qui absout toute responsabilité de ce qu’il se passe à nos frontières, est que tout est calme (et fini) dans le Donbass et en Crimée.
Prier est un don, des retrouvailles. Des visages m‘accompagnent, des vies apparemment terminées : mon cher André L. dont il faudra que je je sache mieux la destinée terrestre, l’admirable et magnifique Dom Amédée plus encore en habit de choeur pour l’office du matin, quasiment de nuit, que dans son antre aux murs garnis de ces dossiers mis à la poubelle dès sa mort alors que je les eusse accueillis avec honneur et bonheur (les archives caractérisent une civilisation, une société, une communauté pas d’avenir ni d’imagination sans mémoire), et mon lumineux Michel TdeP, enterré dans des cycles qui n’étaient pas les siens, faute que ceux auxquels il avait confié sa vocation aient eu quelque intelligence des circonstances et de sa personnalité. Avec eux, avec mes chers parents à qui j’ai entrepris d’écrire (en danger de vie I – leur fils), avec ma femme aimée, avec notre fille qui dort encore et a du veiller, cet ordinateur et son I-phone jusqu’à passée une heure de cette nuit, j’avance à votre autel, ô Seigneur.
La fournaise, le cantique de Sidrac, Misac et Abdénago, l’ange les ayant rejoints, fureur de Nabuchodonosor et profession de foi finale : vous refusez de servir mes dieux et d’adorer la statue d’or que j’ai fait ériger ? … Béni soit le Dieu de Sidrac, Misac et Abdénago, qui a envoyé son ange et délivré ses serviteurs ! Ils ont mis leur confiance en lui, et ils ont désobéi à l’ordre du roi ; ils ont livré leur corps plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur Dieu. Dieu nous est personnel, et Se fait connaître ainsi. Le Dieu de tes pères, mon Père… Le roi les entendit chanter. Tout le rapport avec le puissant, le dictateur, l’accapareur qu’établissent des saints, des initiateurs, des martyrs ou prophètes du moment, parce que fondés autrement que dans le moment. Le dialogue de Jésus avec ceux des Juifs qui croyaient en lui 1si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens… ma parole ne trouve pas sa place en vous.

1- Daniel III 14 à 95 passim ; cantique ibid. III 52 à 56 ; évangile selon saint Jean VIII 31 à 42



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